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Quelles sont les origines du 1° mai ?
Publie le dimanche 27 avril 2008 par Open-Publishing8 commentaires
de Rosa Luxemburg
L’heureuse idée d’utiliser la célébration d’une journée de vacance prolétarienne comme un moyen d’obtenir la journée de travail de 8 heures[1], est née tout d’abord en Australie. Les travailleurs décidèrent là-bas en 1856 d’organiser une journée de blocage total, avec des réunions et des distractions, pour manifester pour la journée de 8 heures.
La date de cette manifestation devait être le 21 avril. Au début, les travailleurs australiens avaient prévu cela uniquement pour l’année 1856. Mais cette première manifestation eut une telle répercussion sur les masses prolétariennes d’Australie, les stimulant et les amenant à de nouvelles luttes, qu’il fut décidé de renouveler cette manifestation tous les ans.
De fait, qu’est-ce qui pourrait donner aux travailleurs de plus grand courage et de confiance en leurs propres forces, qu’un arrêt de travail massif qu’ils ont décidé eux-mêmes ? Qu’est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ? Donc, l’idée d’une fête prolétarienne fût rapidement acceptée et, d’Australie, commença à se répandre à d’autres pays jusqu’à conquérir l’ensemble du prolétariat du monde.
Les premiers à suivre l’exemple des australiens furent les états-uniens. En 1886 ils décidèrent que le 1er mai serait une journée universelle d’arrêt de travail. Ce jour-là, 200.000 d’entre eux quittèrent leur travail et revendiquèrent la journée de 8 heures. Plus tard, la police et le harcèlement légal empêchèrent pendant des années les travailleurs de renouveler des manifestations de cette ampleur. Cependant, en 1888 ils renouvelèrent leur décision en prévoyant que la prochaine manifestation serait le 1er mai 1890.
Entre temps, le mouvement ouvrier en Europe s’était renforcé et animé. La plus forte expression de ce mouvement intervint au Congrès de l’Internationale Ouvrière[2] en 1889. A ce Congrès, constitué de 400 délégués, il fût décidé que la journée de 8 heures devait être la première revendication. Sur ce, le délégué des syndicats français, le travailleur Lavigne[3] de Bordeaux, proposa que cette revendication s’exprime dans tous les pays par un arrêt de travail universel. Le délégué des travailleurs états-uniens attira l’attention sur la décision de ses camarades de faire grève le 1er mai 1890, et le Congrès arrêta pour cette date la fête prolétarienne universelle.
A cette occasion, comme trente ans plus tôt en Australie, les travailleurs pensaient véritablement à une seule manifestation. Le Congrès décida que les travailleurs de tous les pays manifesteraient ensemble pour la journée de 8 heures le 1er mai 1890. Personne ne parla de la répétition de la journée sans travail pour les années suivantes. Naturellement, personne ne pouvait prévoir la façon brillante dont cette idée allait être un succès et la vitesse à laquelle elle serait adoptée par les classes travailleuses. Cependant, il a suffit de manifester le 1er mai une seule fois pour que tout le monde comprenne que le 1er mai devait être une institution annuelle et régulière.
Le 1er mai revendiquait l’instauration de la journée de 8 heures. Mais même après que ce but fût atteint, le 1er mai ne fût pas abandonné. Aussi longtemps que la lutte des travailleurs contre la bourgeoisie et les classes dominantes continuera, aussi longtemps que toutes les revendications ne seront pas satisfaites, le 1er mai sera l’expression annuelle de ces revendications. Et, quand des jours meilleurs se lèveront, quand la classe ouvrière du monde aura gagné sa délivrance, alors l’humanité fêtera probablement aussi le 1er mai, en l’honneur des luttes acharnées et des nombreuses souffrances du passé.
Sprawa Robotnicza, 8 février 1894.
Titre original : Jak powstalo Swieto Majowe.
[1] La règle était alors de travailler au moins 10 à 12 heures par jour.
[2] Il s’agit de la IIe internationale, qui tenait cette année-là son congrès à Paris.
[3] Raymond Lavigne (1851-1930), militant syndicaliste bordelais. Il créa des syndicats clandestins avant la loi de 1884, qui les autorisait pour la première fois en france. Egalement militant socialiste, de sensibilité marxiste.
Messages
1. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 13:33
Alors là,savoir ça, ça change quoi : RIEN cher LOLA.
1er MAI pas de Muguet (trop cher).
1. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 13:46
c’est sûr que le muguet seras trop cher.
Mais pour ma part je ne connaissais pas l’origine du 1er mai, et je me suis dit que je n’étais pas la seule, tout bêtement, et que celà pouvait en intéresser certains.
Lolita
2. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 14:24
une seule faute ! y’a même les accents :)
BRAVO :)
...
2. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 16:44, par rche
Bravo Lolita, il y en a qui croient que le 1°mai c’est Pétain, voire Le Pen
CN46400
1. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 17:10, par in
Pétain avait effectivement fait du 1er mai la fête du travail alors que ,meci lolita,
c’est la jounée des travailleurs. Quoi qu’en pense certain c’est toujours utile
de connaitre l’histoire du mouvement ouvrier. JP
2. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 17:40
il en est certain qui pensent même que cette journée chômée est tombée du ciel...
comme la sécu, les retraites, l’éducation pour tous et combien d’autres acquis sociaux arrachés par le lutte.
Un peuple sans mémoire est un peuple sans histoire, un peuple sans histoire est un peuple sans avenir !
3. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 20:32
Je ne suis pas de l’avis du premier post... savoir d’où l’on vient est primordial. C’est ainsi qu’on se rend compte que luttes d’aujourd’hui d’aujourd’hui façonnent notre lendemain.
AM 69
4. Quelles sont les origines du 1° mai ?, 27 avril 2008, 23:58
C’est important de connaître l’origine et l’histoire de nos luttes et des symboles forts qui s’y rattachent. Merci Lolita de ces précisions.
Cela nous aide à tenir toujours le flambeau de nos résistances et la mémoire que ce sont ceux qui bougent et luttent qui font avancer les choses et obtiennent gain de cause non seulement pour eux-mêmes mais pour le peuple tout entier.
La majorité silencieuse et les béni-oui-oui qui en ont toujours bénéficié, comme une récompense non méritée, alors qu’ils se contentaient de si peu, devraient au moins y réfléchir plutôt que de critiquer les plus courageux et les plus conscients.
Plus il y aura de salariés dans les syndicats et notamment à la CGT, plus nous pourrons empêcher le patronat et leurs serviteurs zélés du gouvernement d’annuler tous nos acquis et casser nos vies et l’avenir de la jeunesse de ce pays.
"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent" (Victor Hugo)
Maguy