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Rapport Attali… Retour vers le XIXième siècle
Publie le vendredi 25 janvier 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Bon, cela va vous faire un énième article sur le rapport Attali ou Attila… mais ce n’est pas grave… le mien est forcément bien meilleur que ceux de mes éminents collègues bloggeurs (vous aurez une liste de liens sur des thématiques spécifiques en fin de papier)… ben quoi… Je ne vais pas rentrer dans le détail de ce catalogue à la Prévert qu’à défaut de bond en avant, je qualifie avant tout de un grand bon en arrière.
Je préfère m’attacher à découvrir la philosophie générale qui sous-tend à cette bouse de suffisance, constellées d’affirmations gratuites.
Premier constat… si arriver à un point de croissance en plus d’ici 2012 constitue un une objectif ambitieux … pour moi, je qualifie cela d’au mieux d’une montagne qui accouche d’une souris et au pire d’une baudruche vide jamais gonflée… pour rappel… Le gouvernement Jospin parvenait à une croissance supérieure à la moyenne européenne… d’accord, nous étions loin de la croissance chinoise…. Et je m’en félicite… Ah oui… c’est vrai le contexte international s’y prêtait, y a t il eu une récession mondiale depuis que la droite est arrivée au pouvoir ?...
Deuxième constat… sa suffisance Attali semble vouloir se substituer à toute légitimité démocratique… dans ces derniers opus, on sentait bien l’ancien sherpa de Mitterrand en proie à une certaine perplexité face aux manants que nous sommes… Là, il a tranché, son plan est excellent et non amendable car il EST Cohérence… et par conséquent, nul besoin des politiques et encore moins des citoyens.
Troisième constat : une affirmation vaut démonstration… de la suppression des départements, à la fin des professions réglementées, en passant par le haut débit, la destruction du petit commerce (autorisée la vente à perte plus l’ouverture des magasins le dimanche ça risque de donner ça), la fin du principe de précaution ; j’en passe et des meilleurs, tout cela doit donner de la croissance… enfin, ce fameux point en plus, nouveau graal de notre Penseur global, universel et… civilisateur. Pourquoi… ben c’est écrit. Pourquoi se justifier… Attali Est justification.
Quatrième constat : faire disparaître les classes moyennes. Depuis deux décennies, vous, moi, nous subissons de plein fouet une crise non inscrite dans les statistiques mais bien réelle. Quelque soit le continent, les classes moyennes payent un tribu important au veau d’or capitaliste… alors, certes les PIB ne cessent de progresser mais sans que jamais ces foutues classes moyenne n’en voient la couleur… ce qui est logique puisque la répartition travail/capital a vu son curseur se déplaçait au profit du second. Outre une hausse courante et régulière des biens de consommations, dans le même temps, les prestations héritées des « trente glorieuses » sont rognées un peu plus chaque année. A bien sur, c’est pour le bien de l’économie mais comme les dés sont pipés (cf répartition travail/capital), pas de danger que leur sort s’améliore…. Bien au contraire puisque papa Attali exige qu’on augmente encore la franchise médicale accompagné d’un déremboursement progressif de la sécu (ben oui ça veut dire ça l’arrêt de la progression des dépenses de santé et pour couronner le tout, il faut augmenter la TVA et la CSG… en un mot… appauvrir les classes moyennes afin qu’elles soient encore plus malléables malléable à l’économie pour à l’avenir… pour le plus grand bénéfice d’une poignée de privilégiés (c’est quoi la loi TEPA d’ailleurs…)…. Je crois qu’ils sont à Davos en ce moment… ils réfléchissent à notre bonheur…
Cinquième Constat : entretenir l’illusion d’une histoire finie. Dans la lignée de l’historien Fukuyama, Jacques Attali veut, du fait sa supériorité naturelle, nous asséner une autre évidence… la politique n’est plus une question de choix mais uniquement fondé sur l’expertise, réservée cela va de soi à quelques uns. En ce sens, il est significatif la première phrase de ce rapport « Ceci n’est ni un rapport, ni une étude, mais un mode d’emploi pour des réformes urgentes et fondatrices. Il n’est ni partisan,ni bipartisan : il est non partisan. ». Bref, l’histoire est finie et les clivages appartiennent à cette vieille histoire.
Sixième constat : au bonheur de la fluidité. En néoconverti à l’économie mondialisé, des flux de données à l’être humain, rien ne peut désormais plus être pensé sans le prisme de cette fameuse fluidité. Dans son monde parfait, Jacques Attali fluidifie tout et partout… et le résultat ne peut être que bénéfique pour la sacro-sainte croissance… des taxis, au marché de l’emploi en passant par les individus… l’homme sédentaire est donc désormais un frein, un conservateur… il ne participe pas à ce fameux chapitre sur « la croissance, l’affaire de tous ».
Septième constat : la nature… elle s’adaptera. Alors même que Bush commence à s’interroger sur les questions environnementales et sur le réchauffement climatique ; Attali et sa horde d’experts ne se soucie pas ce problème. Au fond notre environnement naturel, notre biosphère si elle n’est en mesure de s’adapter, est, malgré tout, sommée de s’adapter à notre ambition « fluidificatrice ». Même si cette dernière est particulièrement coûteuse en matière de bilan environnemental… développer les taxis, les compagnies aériennes low-cost ne semblent pourtant pas aller dans le sens de l’histoire de la gouvernance…
Huitième constat : dialogue social si et seulement si. Grand Jacques, dans une infinie bonté, veut bien dans son rapport accorder une certaine place au dialogue social et donc à ses représentants syndicaux. Seulement, il y a comme une légère injonction qui flotte dans l’air ; oui il faut au préalable être en adéquation TOTALE avec ses mesures… n’oublions pas que son n’est pas « un inventaire dans lequel un gouvernement pourrait picorer à sa guise, et moins encore un concours d’idées originales condamnées à rester marginales. C’est un ensemble cohérent, dont chaque pièce est articulée avec les autres, dont chaque élément constitue la clé de la réussite du tout ». On prend ou on prend… ça laisse au final peu de place au dialogue social.
Neuvième constat : Sarkozy n’a déjà pas tout compris. Aux dernières nouvelles, notre président Sarkozy partage 313 des 316 propositions… Halte là… la cohérence de son éminence rapporteuse est déjà mise à mal… La France ne mérite pas décidemment pas Jacques Attali.
Dixième constat : Certains lecteurs seront probablement dubitatifs dubitatif sur la sonorité globale de cet article et de son caractère subjectif.. Hélas non, adoubé par notre sainteté présidentielle, son arrogance a déjà commencé à se déverser dans les médias… petit extrait ici.
NDLR : ok ça peut sembler facile de dézinguer ce rapport sans entrer dans le détail des propositions… ben oui, pour écrire ces deux A4, je suis tout seul dans un temps limité (1h30). Ah oui… mes deux A4 correspondent à 4 pages au format rapport Attali… ça ne nous fait plus un 240 pages mais… 120/130… Enfin entre bloggeurs (ok ceux de gauche) nous avons commencé à nous répartir la tache pour commenter l’ensemble des propositions… ça demande un peu de temps.
Messages
1. Rapport Attali… Retour vers le XIXième siècle, 25 janvier 2008, 14:10
bien vus
je venais de faire un copier collé pour éditer votre article, mais vous êtes déjà la.
Lolita
1. Rapport Attali… Retour vers le XIXième siècle, 25 janvier 2008, 15:00, par Marc Vasseur
Merci tout de même :-)