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Réponse à Sarkozy : il n’y a pas un bon et un mauvais capitalisme
Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Par Félix Paoletti, enseignant-chercheur
Le 8 janvier, le président de la République, après avoir dénoncé le capitalisme financier, a aussitôt affirmé, "la crise du capitalisme financier n’est pas la crise du capitalisme". Une telle assertion est pour le moins discutable. La crise, avec ses composantes financière, économique et sociale, ne s’inscrit-elle pas dans le fonctionnement normal du capitalisme ?
Le fonctionnement du capitalisme
Le capitalisme s’est développé dans le cadre du marché, avec une mise en concurrence des différents acteurs économiques. Pour survivre et gagner dans cette compétition, pour être le plus fort, il faut sans cesse augmenter son capital et pour ce faire il est indispensable de réaliser un maximum de profits. Cette recherche du profit maximal constitue le mécanisme fondamental du système capitaliste.
Comment les détenteurs de capitaux peuvent-ils maximiser leurs profits ? Tout d’abord en agissant sur la répartition de la valeur produite dans la sphère économique : celle-ci s’est faite de plus en plus, pendant ces dernières décennies, au profit du capital et au détriment des travailleurs, des salariés.
Cette déflation salariale, cette chute de la part des salaires dans le PIB, va très vite poser un problème de pouvoir d’achat pour une grande majorité de la population, qui ne sera plus en mesure de consommer la masse de biens matériels et de services mis sur le marché.
Pour relancer la consommation, une "solution miracle" va être trouvée : accorder massivement des facilités d’accès au crédit à des couches de plus en plus larges de la population, quel que soient leurs revenus. On va ainsi créer du pouvoir d’achat "artificiel", et on va gonfler de façon monstrueuse la masse du capital financier.
C’est aussi pour réaliser un maximum de profits que les entreprises productrices de biens matériels et de services délocalisent leurs productions, leurs activités vers les pays à faibles coûts de main-d’œuvre où la protection sociale des travailleurs est le plus souvent quasi inexistante.
Enfin, cette recherche du profit maximal va conduire les détenteurs de capitaux à investir massivement dans le secteur financier qui offre une rentabilité supérieure à celle du secteur productif avec, comme conséquence, la création d’une bulle financière que plus personne ne maîtrise et dont on n’est même plus capable d’évaluer l’ampleur.
Une crise systémique aux conséquences dramatiques
L’éclatement de cette bulle révèle une crise plus fondamentale, systémique du capitalisme. Il n’y a pas un mauvais "capitalisme financier" d’un côté et un bon capitalisme de l’autre.
La crise financière et la récession économique sont intimement liées ; elles s’inscrivent dans le fonctionnement normal du système capitaliste, avec des effets sociaux effrayants : amplification du chômage, nombre croissant de pauvres, de personnes dans la misère, d’exclus, de précaires, de SDF. Et que dire des conséquences de cette crise sur les peuples des pays pauvres ou en voie de développement ?
La distinction entre capitalisme et "capitalisme financier", le discours sur la nécessité de moraliser ce dernier, ne sont que pures fictions idéologiques visant à masquer la réalité.
Pour sortir de cette crise, il faudrait donc s’attaquer au principe fondamental du système capitaliste (recherche du profit maximal) et à ses modalités de mise en œuvre (déflation salariale, délocalisations, fonctionnement du secteur financier).
En son temps, Ronald Reagan disait : "L’Etat n’est pas la solution, il est le problème." Tous ceux qui pendant trois décennies lui ont emboîté le pas, tous ces patrons (ainsi que le Medef), tous ces dirigeants, tous ces banquiers, tous ces détenteurs de capitaux, tous ces gros actionnaires qui ont profité du système, qui se sont enrichis de façon éhontée pendant plusieurs décennies, préconisent aujourd’hui l’intervention de l’Etat et élaborent des politiques qui visent à mettre l’argent public au service des banques et des entreprises privées.
Mais ces aides, qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars (ou d’euros) seront, d’une façon ou d’une autre, maintenant ou à l’avenir, payées par les contribuables, par les travailleurs, par l’immense majorité de la population.
Ce que l’on appelle le "retour de l’Etat" n’est en fait que la soumission du pouvoir politique aux exigences des pouvoirs économique et financier.
Les acquis des luttes aujourd’hui remis en cause
Tout au long du développement du capitalisme, les luttes des travailleurs ont permis d’arracher des conquêtes sociales dans différents domaines : augmentation des rémunérations, réduction du temps de travail, amélioration des conditions de travail. Ces avancées se sont souvent traduites dans des lois et dans différentes dispositions du code du travail.
Cependant, ces conquêtes sociales ne sont jamais acquises une fois pour toutes ; leur remise en cause est toujours possible. C’est ce qui s’est passé ces vingt dernières années avec le développement d’un mouvement réactionnaire initié par Reagan et Thatcher.
En France, la politique menée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement conduit à une dégradation sans précédent des conditions de vie et de travail de l’immense majorité de la population ; toutes les catégories sociales, toutes les professions sont concernées par des "réformes" dont le caractère réactionnaire est de plus en plus évident.
Ainsi, cette politique se traduit par la remise en cause de tout un ensemble de dispositions du code du travail protectrices des travailleurs :
* par l’adoption de la loi Tepa (paquet fiscal) essentiellement favorable aux entreprises et aux nantis
* par la démolition progressive, mais systématique, des services publics et la réduction massive du nombre de fonctionnaires
* par un budget du logement social en régression de 30,5% et par la loi Boutin qui va conduire à une aggravation de la crise générale du logement
* par une augmentation du chômage et une régression du pouvoir d’achat pour l’immense majorité de la population
Les financements publics, les aides de l’Etat vont toujours dans le même sens, au profit des banques, des entreprises, du capital et non en faveur des salariés, des travailleurs, ce qui ne peut qu’accentuer le déséquilibre dans la répartition entre le capital et le travail, déséquilibre qui est à l’origine de la crise financière et économique que nous commençons à subir, avec des conséquences sociales dramatiques.
Une telle politique ne peut conduire à une sortie de crise.
Messages
1. Réponse à Sarkozy : il n’y a pas un bon et un mauvais capitalisme, 20 février 2009, 08:13
L’ Europe et ses banques : Montée du risque .
Analyse postée le 16 Feb 2009, 16:46
S’ il fallait citer un exemple type d’ institutions financières européennes touchée par la crise bancaire, il y aurait fort à parier que les noms de Fortis et d’ UBS figureraient en bonne place dans toute liste , vu la médiatisation dont elles ont fait l’ objet .
Aucun membre de l’ Union Européenne n’ a été épargné par la secousse sismique financière . La plupart des banques européennes se sont retrouvées prises au piège du crédit , qu’ il soit lié à l’ Immobilier espagnol , ou encore à l’ achat massif d’ actifs toxiques US , voire même à l’ avalanche de prêts en direction des pays d’ Europe de l’ Est , perçus comme le nouvel Eldorado de l’ économie européenne :
http://www.daily-bourse.fr/analyse-L-Europe-et-ses-banques-Montee-du-risque-vtptc-7334.php
Le vent de panique sur les changes en Europe centrale provisoirement calmé
VIENNE, 19 fév 2009
Le vent de panique déclenché mardi par les avertissements de l’agence de notation Moody’s sur les graves risques pesant sur les banques occidentales engagées massivement en Europe centrale et orientale, s’est nettement calmé jeudi sur les marchés de ces pays qui restent néanmoins sur leurs gardes.
"La vague qui a emporté les marchés ces derniers jours, basée sur les inquiétudes sur de nouvelles dégradations des notes des banques, avait sans doute atteint son maximum mercredi (...) mais nous allons voir d’autres mouvements de ce genre, car les problèmes ne sont pas réglés en Europe centrale et orientale", a indiqué à l’AFP à Prague Tomas Vlk, analyste chez Patria Finance.
En République tchèque, comme notamment en Pologne, Hongrie et Ukraine, la monnaie nationale avait piqué du nez mardi et mercredi suite aux propos alarmistes de Moody’s.
Jeudi, réconfortés par les promesses de la Commission de Bruxelles et d’autres institutions européennes (BERD et BEI notamment) de ne pas laisser ces pays sombrer dans la faillite, les marchés des changes et places boursières se sont nettement ressaisis.
Ainsi la couronne tchèque est remontée jeudi en fin de matinée à 28,76 couronnes pour un euro, contre 28,88 couronnes mercredi et même 29,48 couronnes mardi.
La Bourse de Prague aussi s’est ressaisie, l’indice PX gagnant 3,9% à la mi-journée après avoir chuté la veille à son plus bas niveau depuis cinq ans.
Même remontée prudente en Roumanie. Le leu s’échangeait jeudi à 4,26 lei pour un euro, contre 4,31 lei la veille.
Selon Valentin Lazea, économiste en chef de la Banque nationale de Roumanie, l’afflux de capitaux étrangers après l’entrée du pays dans l’UE en 2007 a entraîné une "appréciation peu saine du leu". Après les corrections effectuées on assiste "actuellement à une surestimation de la dépréciation" : il est "très difficile de calmer un marché irrationnel et des sentiments négatifs".
En Pologne, le gouvernement n’a pas hésité, pour contrer le pessimisme sur les places boursières et des changes, à mettre en vente mercredi pour soutenir le zloty une partie des 3,2 milliards d’euros de fonds structurels européens.
La devise s’est rapidement remise de ses accès de faiblesses et s’échangeait jeudi matin à 4,68 zlotys pour un euro, après avoir atteint son plus bas depuis 2004 à 4,92 zloty mardi.
En Hongrie, la bouée de sauvetage de 20 milliards d’euros accordée en octobre pour sauver le pays de la banqueroute, n’a semble-t-il pas permis de sauver le forint. Après avoir sombré à un nouveau record de 309,5 forints pour un euro mardi, il se reprenait cependant jeudi autour de 301 forints.
Après avoir présenté un vaste programme de réformes fiscales et des dépenses, le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany a proposé la création, par les pays de l’UE, d’un fonds de soutien aux banques d’Europe de l’Est de 100 milliards d’euros. Il soutient ainsi l’idée d’un plan d’action européen concerté en faveur de l’Europe de l’Est cher à l’Autriche, qui milite depuis plusieurs semaines en ce sens sans grand succès.
Au-delà des frontières de l’UE, la devise de l’Ukraine, qui a particulièrement souffert ces derniers jours de la tourmente sur les marchés des changes de la région, s’est, elle aussi, légèrement ressaisie jeudi à 8,23 hryvnia pour un dollar.
Empêtrée dans une situation politique des plus instables et une économie fragile, l’Ukraine a vu la valeur de sa monnaie chuter de 50% entre septembre et décembre, avant de se reprendre légèrement. Début septembre, le cours officiel de la hryvnia s’élevait encore à 4,84 hryvnas pour un dollar.
Cette semaine elle s’échangeait autour de 8,65. La dépréciation s’explique en partie, selon les analystes, par les hésitations du Fonds monétaire international à débloquer la deuxième tranche d’un prêt de 13 milliards d’euros accordé en novembre à Kiev.
http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=212931