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Retraites : pour les syndicats, la situation de Woerth est un « vrai problème ».

Publie le vendredi 3 septembre 2010 par Open-Publishing
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A quatre jours du débat sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, la situation d’Eric Woerth apparaît de plus en plus délicate, voire intenable. Le ministre du Travail a reconnu jeudi être intervenu pour l’attribution de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre - le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt et l’employeur pendant deux ans et demi de sa femme - ce qu’il avait toujours nié.

Pour la première fois, le PS, qui le juge « disqualifié » demande sa démission et les syndicats jusque-là discrets sur l’affaire affichent leur trouble.

Ce vendredi, François Chérèque et Bernard Thibault, les leaders de la CFDT et de la CGT expriment eux aussi leurs doutes : « Comment peut-il gérer en même temps ses problèmes personnels avec l’affaire Bettencourt et la réforme des retraites ?, explique François Chérèque dans une interview aux Echos. Cette situation fait qu’on n’aborde plus du tout le fond du dossier. C’est un vrai problème. »

Le soutien affirmé de Fillon.

Jeudi soir tard, le Premier ministre en personne a fait front, apportant une nouvelle fois son soutien à son ministre. Eric Woerth « fait face à une campagne de dénigrement inacceptable », dénonce François Fillon dans un communiqué. « Eric Woerth mènera à son terme au Parlement cette réforme des retraites qu’il a entreprise », conclut le chef du gouvernement avant une semaine sociale décisive.

Un aveu embarrassant.

48 heures après les révélations sur l’existence d’une lettre qu’il avait écrite en ce sens à Nicolas Sarkozy, Eric Woerth a donné une autre version jeudi. Preuve qu’il a « menti » pour plusieurs voix à gauche qui réclament sa démission.

Le ministre du Travail a finalement reconnu avoir rédigé ce courrier en mars 2007, en pleine campagne présidentielle. Une lettre envoyée, a-t-il dit, « comme un simple député » - à l’époque où il était aussi trésorier de l’UMP et de la campagne de Nicolas Sarkozy. « C’est d’une grande banalité tout ça », a tenté de balayer le ministre, assurant n’avoir jamais nié l’existence de la lettre.

Cette décoration a été au coeur de la récente audition comme témoin de l’ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur de 2005 à 2007. Laurent Solly, 40 ans, avait été le directeur adjoint de la campagne du président de la république avant d’intégrer la direction de TF1 après l’élection. Révélée jeudi par le Journal du Dimanche, cette audition s’est déroulée dans le cadre de l’enquête préliminaire du parquet de Nanterre sur un éventuel trafic d’influence susceptible d’impliquer Eric Woerth.

De moins en moins soutenu.

A la tête de l’Etat, officiellement, ces nouveaux développements n’ont rien changé : le ministre du Travail a toujours « toute la confiance » du président pour défendre devant les députés la réforme des retraites, a-t-on répété jeudi à l’Elysée. Un soutien qui ne fait « pas l’ombre d’un doute », avait affirmé mercredi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, à la sortie du Conseil des ministres.

Seulement, en coulisses, le ton est un peu différent. « Ca devient vraiment très compliqué », lâche un proche du chef de l’Etat.

« On ne pourra pas tenir comme ça pendant deux mois encore », abonde une source gouvernementale. Si François Fillon a redit jeudi que la réforme serait « conduite par le ministre en charge qui ira la défendre devant le Parlement », il a évité de prononcer le nom d’Eric Woerth.

Quant à la participation du Premier ministre jeudi prochain à l’émission de France 2 « A vous de juger », consacrée aux retraites, elle a été perçue comme un nouveau camouflet.

« Il ne sera pas reconduit, c’est clair. »

Eric Woerth est déjà considéré comme l’une des victimes du futur remaniement ministériel annoncé pour novembre. « Il est mort politiquement et ne sera pas reconduit, c’est clair », parie un cadre de la majorité. Ces derniers jours, le ministre est apparu les traits tirés, physiquement marqué par deux mois de polémique. « Il a une très grande lassitude », dit un membre de l’UMP.

A gauche, au PS comme au PCF et au NPA, on demande sa démission.
Côté syndical, François Chérèque (CFDT) juge dans Les Echos à paraître vendredi qu’il y a « un vrai problème ». « On n’aborde plus du tout le fond du dossier », dit-il.

« Eric Woerth est objectivement plus occupé, et préoccupé, par autre chose que par le sujet qui nous, nous intéresse », déclare pour sa part Bernard Thibault (CGT) dans le même entretien.

De son côté l’UMP a apporté jeudi soir « tout son soutien à Eric Woerth face à la nouvelle entreprise de déstabilisation à son encontre, menée par l’opposition et les médias ».

http://www.leparisien.fr/affaire-bettencourt/retraites-pour-les-syndicats-la-situation-de-woerth-est-un-vrai-probleme-02-09-2010-1052771.php

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