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Royal : Mettre le peuple au carré
Publie le jeudi 23 novembre 2006 par Open-Publishing8 commentaires
de Bernard Lallement
En 2002, après avoir installé son siège de campagne dans un arrondissement populaire de Paris, Lionel Jospin avait affirmé, sur France 2, que son programme n’était pas socialiste.
Pour Ségolène Royal, si son quartier général sera rue de Solferino, elle n’a pas manqué de rappeler, hier, sur TF1, qu’il s’agira de remettre le peuple au cœur du projet socialiste, façon, toute diplomatique, de faire prendre conscience, tout à la fois, que celui-ci avait ignoré les préoccupations des électeurs et qu’il serait, par conséquent, sérieusement amendé.
A peine les résultats du scrutin interne connus, quelques commentateurs, notamment Serge July et Jean-Marcel Bouguereau, ont vu dans l’élection de la Dame du Poitou une mutation du parti socialiste en tout point identique à celle opérée par le SPD au Congrès de Bad Godesberg.
Il s’agit là, d’une méconnaissance de l’histoire contemporaine. En 1959, les sociaux-démocrates allemands ont rompu avec le Marxisme, après un débat idéologique effectivement comparable à celui du Congrès de Tours.
Rien de tel chez les socialistes français qui ont adopté, en juin dernier, leur programme sans aucune remise en cause de quoi que ce soit.
Au demeurant, cela fait belle lurette que la social-démocratie a pris ses aises dans les arcanes du PS. Le 16 novembre, les adhérents ont, tout simplement, été pris d’une social-trouille de perdre la course à l’Elysée, comme en 2002, et de se mettre en contradiction avec la réalité du pays, comme en 2005. Aussi, ont-ils adoubé les prédictions du moment.
Et à entendre les propos de leur candidate, il est clair qu’ils sont destinés à servir de petites mains, afin de tenir le miroir dans lequel les affres populaires sont appelées à se refléter.
Pour la grande prêtresse de nos désirs d’avenir, les partis politiques en générale, et celui dont elle est issue, en particulier, ne sont plus destinés à insuffler la moindre orientation. Ils sont priés de se mettre au service de l’intelligence collective afin d’instaurer, dans une République du respect, un Ordre juste.
Seul compte, pour la présidente de la région Poitou-Charentes, l’état de l’opinion publique. Et son appétence pour les sondages, qu’elle revendique, lui a fait mesurer l’importance de délaisser les discours classiques, sur le rôle, la grandeur et le devenir de la France, pour ne parler qu’aux Français dans leur parfaite individualité.
A cet égard, la dernière étude du Baromètre Politique Français sera, à n’en pas douter, sa prochaine bible et confirme le désintéressement de nos concitoyens pour la politique et leur absence d’idéal.
Ainsi, sont-ils 40 % à considérer qu’il convient de se protéger davantage du monde (+9 points par rapport au printemps 2006). Ils préfèrent l’égalité (52 %) à la liberté. Ils sont 43 % en faveur de la peine de mort (38 % au printemps). 55 % ne s’intéresse pas, ou peu, à la politique et 65 % ne font confiance ni à la droite, ni à la gauche, pour gouverner. Enfin 34 % n’ont aucune orientation politique.
La force d’y croire
medium_Segolene_coule_le_PS_Delize.2.jpgC’est à l’aulne de ce constat qu’il faut apprécier les stratégies de rassemblement. Ségolène Royal n’aucun intérêt à se coltiner une quelconque refondation du PS, par plus qu’il lui est nécessaire de se poser en rassembleur de la gauche.
Dans la métaphysique de l’éphémère, qui caractérise notre époque, il serait suicidaire de vouloir proposer un quelconque programme construit. L’électorat est bien trop volatil. Le discours un peu flou de la compagne de François Hollande participe d’une auberge espagnole où chacun peut se reconnaître, particulièrement ceux qui ont totalement décroché de la vie publique.
La gauche antilibérale a bien compris, et cela attise les ambitions individuelles de ses prétendants, que Ségolène Royal n’a aucune conviction idéologique et n’entend pas structurer, autour d’elle, quelque fraction politique. Elle s’adresse, directement, au peuple, à ceux qui ont la force d’y croire comme elle le dit si bien.
Que le peuple ne soit pas seulement de gauche, qu’il puisse être, aussi et au gré du temps, de droite, voire des extrêmes, vindicatif, haineux voire totalitaire, n’est pas de sa religion.
Sa téléologie n’est pas de porter la gauche au pouvoir, mais d’être la première femme président de la République française. Pour ne pas l’avoir compris, en la plébiscitant, les socialistes ont nommé leur propre liquidateur. Un chef d’œuvre de masochisme.
Malheureux le Roi qui n’a qu’une tête disait Montesquieu.
Messages
1. > Le triomphe de Ségolène Royal, 23 novembre 2006, 10:28
INFO :
108 807 des 220 269 militants socialistes inscrits ont triomphalement plébiscité Ségolène Royal pour les représenter aux prochaines élections présidentielles.
soit respectivement
0,26 % de 0,53% des 41 194 689 électeurs français inscrits (chiffre 2002).
On attend de connaître le choix des quelques 99 % d’électeurs français qui ne se sont pas encore exprimés...
Le Yéti
1. > Le triomphe de Ségolène Royal, 23 novembre 2006, 11:34
Oui le Yéti c’est vrai !
Et rappelons nous que les adhérents PS avaient voté OUI à plus de 60% lors du référendum interne sur le TCE....
On sait ce qu’il est advenu par la suite !
Jips
2. Complément d’info, 23 novembre 2006, 12:57
Voilà d’autres chiffres qui me paraissent intéressants et révélateurs :
Présidentielles – 1er tour - 5ème république
1965
37 De Gaulle
27 Mitterrand
1969
34 Pompidou
18 Poher
1974
36 Mitterrand
27 Giscard d’Estaing
1981
23 Giscard d’Estaing
21 Mitterrand
1988
27 Mitterrand
16 Chirac
1995
18 Jospin
16 Chirac
2002
14 Chirac
12 Lepen
Vous noterez que tous les pourcentages sont donnés par rapport à l’ensemble du corps électoral (ce qui me semble beaucoup plus judicieux pour tenter d’en faire une interprétation).
Que conclure de ces résultats ? Difficile à dire. Cependant un certains nombres de constat apparaissent clairement. Les pourcentages de Chirac (16-16-14) et de Lepen (11-11-12) sont restés relativement constants. Par contre, ceux du PS sont fortement décroissant depuis 1988 (27-18-11)… ce qui justifie pleinement cette question : le PS est-il moribond ?
En ce qui concerne Lepen, l’observation de ses résultats laisse dubitatif.
1988 - 1er tour – 11
1995 - 1er tour – 11
2002 - 1er tour – 12
2002 - 2ème tour – 13
A noter que le résultat qu’il a obtenu au second tour ne lui aurait jamais permis de passer le premier tour d’une élection de la 5ème république (à part en 2002)… Ce qui fait de lui un épouvantail bien moins effrayant qu’on aurait pu le penser. Le vote utile ne serait donc envisageable que pour faire barrage à un second tour Sarkozy - Lepen… mais en est-on arrivé à craindre un second tour Sarkozy – Lepen ? Si c’est le cas, la situation est bien plus désespérée que je ne le crois.
Je pense donc que s’il existe un vote utile, ce sera celui d’une expression libre et entière.
Aes
3. > Le triomphe de Ségolène Royal, 23 novembre 2006, 13:30
Oui le Yéti c’est vrai !
Et rappelons nous que les adhérents PS avaient voté OUI à plus de 60% lors du référendum interne sur le TCE....
On sait ce qu’il est advenu par la suite !
Jips
4. > Le triomphe de Ségolène Royal, 23 novembre 2006, 15:42
Dans les 99% d’électeurs restants, il y a encore 50% de femmes. Peut-être aimeraient -elles triompher autrement que par présidente de la république interposée.
On a déjà vu une première première ministre dans la gloire de la solitude, puis s’en aller sans nous laisser grands souvenirs... Peu de mots pour s’exprimer, mais c’était la première fois que j’entendis une femme de gauche parler de charters pour immigrés, et sans rougir. Pourtant, j’avais la télé en couleurs.
5. > Le triomphe de Ségolène Royal, 27 novembre 2006, 15:09
Monsieur le Yéti, vous êtes en république et sans vouloir vous donner des leçons de civisme (étudiez notre Constitution) ce sont les partis
démocratiques qui désignent leurs candidats !
On peut toujours déplorer le faible nombre d’adhérents dans chaque parti mais il ne tient qu’aux citoyens dont vous êtes de changer cet état de fait.
L’affluence record des nouvelles adhésions au PS ces derniers temps a été révélatrice de la volonté de nombreux citoyens d’intervenir dans les choix politiques et le choix des candidats.
Il arrive que l’on se moque des partis politiques, qu’on juge inutiles ou encombrants.
Dans le monde il y a trop de pays ou les partis politiques n’ont pas le droit d’exister... et dans ce cas c’est la dictature.
Une campagne électorale ce n’est pas l’addition d’experts et de communicants.
C’est l’enthousiasme et l’énergie de militants qui croient que le changement est possible et dont l’espérance devient contagieuse.
La montagne est très haute ? raison de plus pour prendre nos sacs à dos et partir à l’assaut contre Sarko dès aujourd’hui.
PS :
Heureux que Ségolène ait choisi comme chanson de campagne Bella ciao.
http://mudar.free.fr/mp3/Bella%20Ciao%20-%20Thomas%20Fersen.mp3
Michel(e)
6. > Le triomphe de Ségolène Royal, 27 novembre 2006, 21:48
Bien sur qu’elle a choisie la chanson "Bellaciao"elle ne sait pas ce que ça veut dire et elle ne connait pas les paroles.Ca parle de soufrance de revolte d’ouvriéres pas d’énarque en mal de trone !
Jean Claude des landes
7. > Le triomphe de Ségolène Royal, 27 novembre 2006, 22:28
Non, la version la plus répandue, et de loin, parle d’un partisan qui meurt.