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Royaume-Uni - Introduction de la carte d’indentité

Publie le mardi 14 mars 2006 par Open-Publishing

La chambre des Communes s’est prononcée le 14 février pour la création en Grande-Bretagne d’une carte nationale d’identité, qui viendra s’ajouter au passeport, l’autre pièce d’identité possédée par la population. Iain Mackay revient sur l’introduction de cette carte. Et s’y oppose dans le bimensuel anarchiste Freedom.
Par 310 voix contre 279, le gouvernement de Grande-Bretagne s’est déclaré favorable à l’introduction d’une carte d’identité. Le projet avait été approuvé en première lecture par les députés en octobre avant d’être bloqué par la chambre des Lords. Selon le texte de compromis élaboré par le gouvernement, cette carte d’identité payante ne sera pas obligatoire dans un premier temps, mais seulement délivrée lors d’une demande ou d’un renouvellement de passeport à compter de 2008.

"La Grande-Bretagne n’est pas, encore, un Etat totalitaire"

L’espoir que les parlementaires du Labour développent une épine dorsale et rejettent les plans les plus malsains du gouvernement a été, sans surprise, écrasé quand ils ont soutenu le projet des cartes d’identité. Bien qu’il ait dans un premier temps admis que les cartes d’identité n’auraient pas empêché les attentats à la bombe de juillet, le gouvernement a employé le spectre du terrorisme pour passer la loi.

Mais pourquoi faisons-nous face à une probabilité croissante de terrorisme ? A cause de la politique impérialiste du gouvernement. Ainsi on se sert d’une politique stupide, inefficace et autoritaire pour en introduire une autre. Est-ce ce que Blair entendait par "s’engager" dans le gouvernement ?

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Cependant les cartes d’identité sont un choix "volontaire". Néanmoins, une fois que les cartes d’identité seront introduites, nous pouvons nous attendre à ce qu’elles soient employées dans de plus en plus d’aspects de la vie, rendant impossible de ne pas en posséder une. Ainsi le choix "volontaire" deviendra assez à fait vite obligatoire. Elles sont actuellement simplement liées aux passeports. Ce qui signifie que si vous souhaitez quitter le pays, vous aurez besoin de la carte d’identité. N’importe quelle société qui se prétend libre devrait être basée sur la libre circulation de ses membres et sur leur libre départ si ceux-ci le désirent.

Ce principe fut, un moment, considéré comme la clé pour distinguer les démocraties et les Etats totalitaires. Et le fait de ne pas pouvoir obtenir la documentation nécessaire pour quitter le pays sans se soumettre aussi à la possession d’une carte d’identité est fondamentalement en désaccord avec celui-ci. Il en va de même pour l’idée que vous deviez informer l’Etat lorsque vous changez d’adresse.

Le gouvernement minimise la valeur de l’information que les nouvelles cartes d’identité contiendront, mais elles doivent évidemment contenir plus d’informations qu’un passeport sinont elles n’auraient pas de raison d’être. Les partisans de la carte notent que d’autres Etats européens disposent des cartes d’identité. Cependant, ils ne mentionnent pas deux choses. Premièrement, ces cartes ne sont pas liées à une base de données nationale stockant le même genre d’information personnelle que celle que Blair veut. Elles ne sont pas non plus biométriques. En tant que tel, elles ne sont pas vraiment comparables.

Deuxièmement, ces cartes ont toutes été imposées par des régimes fascistes et, par conséquent, leurs populations ne pouvaient pas résister à leur introduction. Que, plus tard, les gens les aient utilisé est un argument bien fragile. Les gens, malheureusement, s’habituent souvent aux nombreuses limitations de leur liberté.

La Grande-Bretagne n’est pas, encore, un Etat totalitaire, bien que le New Labour poursuive dans cette voie la dérive entammée par Thatcher. Ce n’est pas une coïncidence si les cartes d’identité ont d’abord été proposées par les Tories (et rejetées par le Labour) dans les années 90. Que le New Labour les refile au public suggère que c’est souhaité par la bureaucratie d’Etat. En tant que tel, c’est du contrôle social. Par ailleurs, cela confirme l’analyse des anarchistes : ce n’est pas les politiciens qui changent le système, c’est le système qui les change.

Tout n’est cependant pas perdu. Nous pouvons résister. Comme les anarchistes l’ont toujours proclamé (et comme nos représentants l’ont tout simplement montré), nous ne pouvons pas compter sur quelqu’un d’autre pour défendre nos libertés. Nous devons compter sur nous-mêmes et sur notre propre force pour résister à ceux au pouvoir. Comme via l’impôt local, nous pouvons employer l’action directe pour résister aux cartes d’identité et en finir avec elles. Les anarchistes devraient être au premier rang en organisant un tel mouvement.

[Iain Mackay, pour le bimensuel anarchiste Freedom]
Traduction par A voix autre http://www.avoixautre.be