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SARKOZY : LE "FRENCH BUSH" DEHORS

Publie le lundi 7 novembre 2005 par Open-Publishing
9 commentaires

de Benoît Hamon, député européen le 31 juillet 2005

" (...) Souvent, il m’arrive de me sentir étranger en mon propre pays (...)". C’est Nicolas Sarkozy, venu rencontrer un parterre d’étudiants américains le 4 octobre 2004 à l’Université de Columbia (NY) qui s’est laissé aller à cette curieuse confidence. Il ne faut voir aucun hasard dans cette déclaration, aucune gaffe, aucune légèreté. Dans ce clin d’oeil d’un candidat déclaré à la présidence de la République Française adressé sur le territoire américain à un public travaillé par le sentiment "anti-français", il n’y avait aucun hasard mais un signal et une promesse aux autorités américaines : "je suis des vôtres".

Ainsi, Sarkozy a pu engranger et savourer les compliments complaisants de la presse conservatrice US sur ce Français si différent du reste de la classe politique hexagonale. L’Amérique victorieuse de Bush a choisi son interlocuteur. Il est libéral, communautariste et partage le dessein d’un monde ordonné selon une hiérarchie civilisationnelle qui place les valeurs de l’occident chrétien au sommet de l’axe du bien.

Aux plus belles heures de la querelle transatlantique on ne se souvient pas avoir entendu Nicolas Sarkozy soutenir le refus français de s’associer à une guerre tout aussi illégale que dangereuse pour les grands équilibres mondiaux. Respect des prérogatives du chef de l’Etat ? S’agissant de Nicolas Sarkozy, cette règle ne s’applique pas. En réalité, il est probable que le plus " aligné " des ministres de droite ait opportunément fait silence, l’œil rivé sur les courbes de l’opinion française, sur ses désaccords vis-à-vis de la position française dans le conflit irakien.

La France a son " good guy ". Son projet est simple : le marché, la communauté et le bâton. Le marché comme instrument et espace de régulation sociale et économique, la communauté comme lieu de citoyenneté et le bâton pour maintenir l’ensemble en ordre. Reconnaissons que dans les faits il s’efforce de ressembler à ses maîtres outre atlantique. Les exemples pullulent. Je n’en prends que deux où l’anecdote révèle une pensée et une stratégie inquiétantes.

Tom Cruise fait la promo en France d’un de ses films en 2004. Il est reçu le 30 août par Nicolas Sarkozy alors Ministre de l’économie et des finances. Qu’il soit un missionnaire actif d’une organisation, reconnue comme une secte par l’Etat français et donc surveillée par le Ministère de l’Intérieur, ne l’a absolument pas gêné. Nicolas Sarkozy n’a pas eu à l’égard de l’Eglise de Scientologie, les mêmes préventions que l’ensemble des autorités publiques chargées de lutter contre l’entreprise de manipulation et d’extorsion dont cette secte s’est rendue plusieurs fois coupable. Il considère que ces communautés religieuses, jouent un rôle déterminant dans construction individuelle des consciences. Il attribue aux églises, communautés et médias les fonctions d’intellectuel métapolitique que Gramsci avait identifié comme moteurs de l’hégémonie culturelle préalable à la conquête du pouvoir politique réel. Il juge que la valorisation et la reconnaissance de leur place et de leur rôle est une clé essentielle d’un système fondé sur la soumission des consciences. Il façonne et alimente cette société stigmatisée par Guy Debord où : " pour la première fois, les mêmes sont les maîtres de ce qu’on fait et les maîtres de ce qu’on en dit ". Sarkozy organise le communautarisme.

Simultanément il prépare le désengagement de l’Etat et l’effacement de la République. Sa stratégie est simple, favoriser l’organisation des communautés et leur pérennité. L’Etat leur offre la reconnaissance et leur garantit comme dans le cas de l’Islam à travers le conseil français du culte musulman un cadre légal pour assurer leur financement et leur développement.

La montée récente des violences antisémites a donné l’opportunité de mettre en application cette stratégie nouvelle des autorités publiques françaises. Observons la politique de Sarkozy à la lumière de ce cas d’école. Son diagnostic est simple : les juifs sont victimes d’agression répétées essentiellement du fait de jeunes issus de l’immigration. Ce constat réduit l’augmentation des profanations de cimetières perpétrées par de jeunes néo nazis et la relance par Bruno Gollnisch de polémiques négationnistes à des manifestations antisémites traditionnelles et finalement négligeables.

Pour régler le problème de la recrudescence des actes antisémites, il faut donc que les communautés se rencontrent et règlent leurs différents entre elles. A l’Etat, la charge du médiateur. Sarkozy organise donc une " rencontre secrète " entre Fouad Allaoui, président de l’UOIF et Roger Cuckiermann, président du CRIJF. Le lendemain cette rencontre est opportunément rendue publique. Aux communautés que le gouvernement met en face de leurs responsabilités en médiatisant leur dialogue, le devoir de mettre fin à leurs conflits. Le résultat de cette stratégie, c’est l’abandon de la République, communauté de droit et de valeurs au profit d’une société dans laquelle la discrimination ou la violence qui frappent un citoyen en raison de ses origines, de sa foi, de ses convictions n’insultent plus la collectivité mais relève désormais du conflit particulier.

Hier, la République était le rempart des citoyens français face à la violence faite à un seul d’entre eux au nom de l’antisémitisme ou du racisme. Aujourd’hui le gouvernement privatise le règlement des conflits et décharge la République de sa mission protectrice et émancipatrice. Nicolas Sarkozy n’est pas Républicain, au sens où on l’entend ici, il est Républicain au sens où on l’entend Outre Atlantique. Bourdieu a écrit : " de toutes les forces de persuasion clandestine, la plus implacable est celle qui est exercée tout simplement par l’ordre des choses. " La force du néo libéralisme est d’obtenir le consentement de ses victimes. Pour parvenir à ce consentement, il faut l’intervention d’acteurs économiques, sociaux culturels qui affirment et démontrent davantage que la suprématie du système libéral : sa fatalité. Il est urgent de propager la dissidence.

http://questionscritiques.free.fr/edito/bh310705.htm

Messages

  • terrible, hein ? à 16 ans, n’avoir aucune perspective d’avenir.
    ces egoistes feraient mieux de rentrer vite fait chez eux et regarder a la télé toutes les mauvaises choses qu’ils ont fait. comme ça, moi qui ne suis pas egoiste, je pourrai retourner au travail comme avant. je suis vendeuse chez orange. chez orange, on aime les gens. on fait dans le service. c’est incroyable, ces jeunes cons ont incendié ma boutique ! alors que je vend des portables dernier cris, qui font photo camera MSN. le paradis, quoi, à portée de main ! bon bien sur c’est pas donné, mais tout le monde a des parents prodigues non ? comment ça, non ? alors ils font comment dans les banlieues ? quoi, ils vendent des portab d’occaz débloqués ??? égoistes !! c’est pas comme ça qu’ils atteindront mon excellence : car oui, moi je ne suis pas chomeuse, j’ai un smic ENTIER. mon entreprise ne me lachera jamais, car je suis compétitive. j’ai bossé toute mes études à me faire des réseaux dans les écoles de commerce. et surtout, je ne suis pas égoiste. le coeur sur la main, je vous dit.

    salauds de jeunes, ils comprennent jamais rien décidément. ils peuvent pas voter comme tout le monde ? a oui je vous ai pas dit je fais aussi de la politique. je VOTE. a chaque fois qu’on me le demande, je donne mon avis par ce moyen démocratique, et c’est aussi pour ça que tout n’est pas mauvais en france. et j’aime aussi sarkosy, parcequ’il sait parler aux femmes. votez orange !

    • En effet, terrible de se dire que le futur, c’est la galère, la zone, la démmerde ! je ne ferais pas crâmer une caisse pour dire que j’ai la haine, mais je comprends ces gamins despérados qui sont arrêtés pour leur gueule et évincés du système scolaire et professionnel pour les mêmes raisons. SarKo, il a été jusqu’au bout de sa logique : l’autoritarisme, le populisme bien pensant, il est un concurrent direct de Le Pen. Il a gagné avec les urnes qu’on se le dise ! Alerte ! Il nous faut réagir avec solidarité, humanisme et compréhension. Je suis française de pure souche et j’ai honte de la France d’aujourd’hui. Qu’en est-il de notre patrie des droits de l’homme ? de cette intégration qu’on n’a jamais réalisée ?
      C’est notre problème, nous les french ! et la couleur a toujours été plus prolifique, plus gaie et plus créatrice que le sombre des fascismes de tous ordres !
      Oui, Sarko, tu dois démissionner car la France de demain est dans la rue ! J’ai un fils de 14 ans, je veux qu’il aime et vive en paix. je suis prête à me battre pour une vraie vie sans discrimination, sans à priori ! il suffit de partager, regarder à côté et résister aux discours faciles, à l’individualisme et la propriété !
      ce que te disent les jeunes, Sarko, c’est qu’ils veulent vivre sans ta loi, ta dictature et ta froideur, tu n’as pas voulu écouter, normal, tu n’es pas fait pour les autres, ton opportunisme et ton ambition t’ont bouffés .... tu perdras tout, un jour ou l’autre, et la vie, derrière, elle continue.

      Je n’en veux pas à l’homme mais à sa manière d’occuper la fonction, il l’a choisie, il assume ...
      Il est temps maintenant d’en tirer les conclusions ...

    • Je suis entièrement d’accord, SARKOSY est dangeureux, je pense qu’il l’ai plus encore que LE PEN. En effet, iL est plus intélligent, il arrive à faire passer ses idéos très limites, voir anti démocratiques comme une lettre à la poste. Effectivement, il mise en partie sur la médiatisation, la communication à outrance et ca fonctionne... Pauvre France, sommes nous trop crédules pour ne pas le voir arriver avec ses gros sabeaux, j’espère que nous allons nous reveiller, ouvrir les yeux sur ses réelles intentions avant qu’il ne soit trop tard !!!

    • Je suis outrée par votre message, Mme qui travaillez chez orange, n’arrivez vous pas à voir plus loin que votre nombrile ? Bien entendu que ses actes sont à condamner mais vous etes vous déjà poser la question : pourquoi en sont ils arrivez là ? Qu’avons nous bien pu rater pour qu’ils n’aient plus que ce moyen là pour ce faire entendre. Vous avez réussi à trouver un job, c’est très bien, par cela vous avez acquit une identité sociale, vous etes autonome financièrement et donc vous pouvez vous créer un avenir. Ces jeunes, on ne leur donne pas cette chance.
      Depuis au moins 50 ans, ces personnes sont victimes de discriminations, pas pour leur manque de motivations, ils souhaitent pour la très grande majorité travailler, mais parce qu’ils ont un nom à consonnance Magrhébinne, la peau un peu trop foncée, ou parce qu’ils habitent un endroit peu recommandé ou peu fréquentable. Après avoir tant essayer, sans jamais trouver d’issue favorable, nous pouvons donc comprendre ces gestes de déséspoir sans pour autant les aprouver. Et nous devrions chercher des solutions afin que toutes les personnes vivants en France est les mêmes chances, les mêmes droits et je penses que nous ne rencontrerions plus ces situations si critiques !!

  • C’est terrible de voir un immigré de la première génération comme Sarkosy qui ne sent pas bien dans son pays d’accueil !

    • salut,

      oui, mais SARKOZY est français de souche !!!! lol !!!!!
      j’en suis sûr qu’il a oublié le ’’FETA’’.

      certes, ce que les jeunes FRANCAIS issue de l’immigration, comme SARCOZY lui même, est inacceptable est dégradant pour une socièté française accueillante et humanitaire.

      mais les propos de cet immigré, en traitant sa propre population de ’’racaille’’ est encore pire.

      en plus, ces propos du ministre de l’intérieur vont bien avec le titre de l’article<>.
      heureusement, qu’il se manifeste sur sa réalité avant les prochaines élections.
      merci dieu !! alerte au peuple français ce type est dangereux.ça sonne ’’la scientologie’’

      je salue les propos de chirac dans la gestion des choses, quoi que un peu tardifs.

      je fais appel aux jeunes pour qu’ils arrêtent la destruction des biens publiques. votre message est arrivé.
      il a même était compris par votre élu le’’ bush french’’ .

      remarquer que ses propos ont changé et il a maigri de 10 kg en 10 jours.

      maintenant il sait qu’il est aussi étrangé et d’une culture aussi lointaine que le votre.

  • Dans ce que représente M. Sarkosy, j’ai vraimént ce malaise ... qui devant l’actualité devient une vraie inquiétude. J’arrive à croire que nous nous trouvons devant un fondamentalisme larvé de la part de personnes qui en principe représente la République et surtout notre démocratie. J’ai vraiment e ressentir le faite de participer à une sorte d’"évangéliation" sur une forme de croyance avec un "Dieu" le Marché ou les finances. Je débloque peut etre complétement mais M. Sarkosy a des réactions communautaires des plus étranges et votre réflextion me conforte un peu plus dans cette interrogation
    Nicole

    • Effectivement, chaque année, la France est le pays de l’Union, derrière la Turquie pour le continent, qui est le plus condamné par la Cour de Justice européenne pour infractions aux Droits de l’Homme.

      VOICI un peu d’histoire non manipulée par la confrérie de Ron Hubbard :

      L’AN DE GRÂCE 1685,quarante-deuxième du règne de LOUIS XIV,le parlement de Flandre signale au roi des troubles dans les gouvernements de Lille et de Cambrai.

      Par une ordonnance en date du 6 mars 1685, "Sa Majesté exige que ceux qui pourront être appréhendés et arrestés soient condamnés à estre bruslés vifs si il se trouve qu’ils aient effectivement bruslé quelque maison ; ou roués si ils n’ont fait qu’écrire et envoyer ou jeter des billets"

      A quelque temps de là, le petit village de Malplaquet connaît un grand émoi:la grange de Capouillet est en flammes et le feu menace les habitations.Capouillet connaît l’auteur de ce forfait et parle.

      Cordier, son beau-frère est arrêté et avoue avoir incendié "méchamment et par haine".

      Les tribunaux condamnent "ce monstre à estre conduit sur la place d’Avesne avec un écriteau portants ces mots:INCENDIAIRE SOMMEUR ET ASSASIN pour y faire amande honorable ;être ensuite rompu vif, jeté au feu et réduit en cendres".

      Le jour où la sentence doit être exécutée, la foule est rassemblée sur la place.

      Cordier est amené est livré au bourreau :
      "Le patient ayant été attaché à la roue, le bourreau commença de lui rompre lentement de sa masse de fer les os des jambes et des bras avant de lui donner le coup de grâce en lui brisant la nuque.Ensuite le corps fut écartelé, puis brûlé ;la tête, placée en haut d’un mât, fut exposée afin de terrifier ceux qui auraient pu être tentés d’imiter son exemple criminel".

      Cordier a été puni !

      ALORS ATTENTION, ATTENTION !

      QUE NOUS COMMANDENT LES EVENEMENTS RECENTS :

      OU BIEN UNE NATION A DES REGLES ET DES LOIS, OU BIEN ELLE N’EN A PAS !
      Auquel cas, c’est aux Pères et Mères que nous sommes d’établir le véritable portrait de ceux qui nous gouvernent.
      Imitons en cela Jean-Jacques Rousseau qui brûla son Contrat social.

      Ensemble, pour les plus courageux habillés en bourgeois de Calais allons Brûler tout nos contrats d’assurances automobiles compris devant l’Elysée, Matignon et préfectures.

      Pour les autres, les plus frileux envoyez une lettre (fictive ou non) de résiliation de vos contrats rendus inapplicables,obsolètes,caduques par la perte de vos garanties selon (article L122-1 et S.du code des assurances) à votre compagnie suite atteintes personnelles directement ou indirectement de violences urbaines, d’ émeutes ou mouvements populaires, de faits de guerre civile, d’actes de terrorisme ou de sabotage commis dans le cadre d’actions concertées...et profitez-en pour trouver une nouvelle compagnie européenne aus prix plus attractifs !

      N.B.:Ne perdons pas de vue que la France est le pays des droits de l’homme au bout du monde et de la violence au bout de la rue !

      P.S.:Qu’on se le dise ! Faites passer autour de vous, le 20 novembre étant la journée de célébration des droits de l’enfant...
      Merci de votre attention.

  • JUSTICE D’EXCEPTION...
    POURQUOI LA JUSTICE DYSFONCTIONNE SI BIEN DANS NOTRE BANANA REPUBLIC :

    Y aurait-il un paraléle à faire ? ¨Pour le Père Ben c’était vrai sa femme est scientologue... Mme Gaymard de l’Opus Dei, y aurait-il de la Nouvelle Acropole sous M. Clement ?

    D’aprés : http://www.voltairenet.org/article15571.html

    L’administration Bush 2
    Alberto Gonzales, le juriste de la torture

    Le président George W. Bush a nommé son fidèle conseiller, Alberto Gonzales, secrétaire à la Justice de la nouvelle administration. Après avoir été l’avocat d’Enron, il avait rendu des décisions à la Cour suprême du Texas outrageusement favorables au lobby de l’Énergie, puis, à la Maison-Blanche, il avait protégé le secret du Groupe Cheney sur l’Énergie. Le nouveau ministre s’était surtout illustré en affirmant que le Texas n’était pas tenu d’appliquer la Convention de Vienne, puis en affirmant que les États-Unis ne sont pas tenus par la Convention de Genève. Membre d’une association d’extrême droite, la Federalist Society, M. Gonzales a déjà mis en place des juridictions d’exception et généralisé l’usage de la torture. Il se propose maintenant d’épurer le département de la Justice.


    22 novembre 2004

    Régime Bush

    Alberto Gonzales est le premier Hispanique à accéder à la fonction d’attorney general des États-Unis. En rendant publique sa nomination, le 10 novembre 2004 au salon Roosevelt de la Maison-Blanche, le président George W. Bush n’a pas manqué de souligner ses origines modestes [1]. Né dans une famille d’immigrants mexicains, d’un père ouvrier en bâtiment à peine titulaire d’un brevet des collèges, il suivit des études brillantes qui lui permirent, via l’Air Force Academy, de poursuivre des études supérieures. Il passa un diplôme de sciences politiques à la Rice University, puis de droit à Harvard. Son parcours exemplaire illustrerait donc à merveille le « rêve américain » de promotion individuelle par l’initiative et l’effort. Il serait un motif d’encouragement et de fierté pour tous les Latino-Américains [2].

    Cependant, M. Gonzales ne doit sa fulgurante ascension qu’au dévouement et à la loyauté dont il a fait preuve vis-à-vis de son patron George W. Bush. Après avoir travaillé une douzaine d’années au sein du cabinet d’avocats Vinson & Elkins à Houston (Texas), il devint conseiller juridique du gouverneur Bush, en 1994.

    À ce titre, Alberto Gonzales fut notamment chargé d’étudier les recours en grâce des condamnés à mort. Le magazine conservateur Atlantic Monthly [3], a étudié les 57 mémos qu’il a rédigés. Tous mettent en avant le détail des crimes et passent sous silence l’insuffisance des droits de la défense, les conflits d’intérêts des jurés et magistrats, les preuves douteuses, et même les preuves d’innocence.

    Exécution capitale par
    injection au Texas Systématiquement, le gouverneur Bush a refusé les grâces, s’est retranché derrière les décisions de justice (or, précisément la grâce n’est pas une décision judiciaire, mais politique) et s’est appuyé sur les mémos pour stigmatiser les condamnés.
    Le cas le plus célèbre est celui de Terry Washington, un assassin de 33 ans, reconnu coupable du meurtre atroce d’une jeune restauratrice. M. Washington était un attardé mental, dont le niveau de compréhension était comparable à celui d’un enfant de 7 ans. Enfant, adolescent et adulte, il avait été lui-même martyrisé de manière elle aussi particulièrement cruelle. Il fut exécuté comme les autres.
    Dans le cas d’Irineo Tristan Montoya, Alberto Gonzales refusa au prévenu le droit d’être jugé dans sa langue. Il écrivit au département d’État des États-Unis pour indiquer que l’État fédéré du Texas n’était pas signataire de la Convention de Vienne et ne se trouvait pas obligé de la respecter par la signature qu’y avait apposée le gouvernement fédéral des États-Unis d’Amérique. Le condamné, qui avait signé des aveux rédigés en anglais en croyant qu’il s’agissait d’un formulaire d’immigration, avant de se rétracter lorsque son avocat lui révéla la supercherie, fut lui aussi exécuté bien qu’il n’eût cessé de clamer son innocence [4].

    Pendant les six années de gouvernorat de George W. Bush, 152 personnes furent exécutées au Texas. Dans la biographie qu’il lui a consacrée, James Hatfield relate les plaisanteries que ce châtiment inspirait au gouverneur [5].

    M. Gonzales conseilla également à M. Bush de ne pas siéger comme juré lorsqu’il fut tiré au sort. Il argua qu’un gouverneur ne pouvait être juré dans une affaire car cela ferait perdre au prévenu la possibilité de requérir la grâce d’un tiers s’il était condamné. En réalité, il protégea ainsi M. Bush d’avoir à révéler la condamnation dont il avait fait l’objet et qui aurait dû lui faire perdre son droit d’éligibilité, mais qui, grâce aux relations de son père, se résuma à des travaux d’intérêt général [6]

    En 1998, Alberto Gonzales est nommé par M. Bush secrétaire d’État du Texas. Et, en 1999, il est élu juge à la Cour suprême du Texas.

    Pendant cette période, le cabinet d’avocat Vinson & Elkins, dont M. Gonzales était devenu associé, défendit les intérêts de la société de courtage en énergie, Enron. La compagnie fut le principal contributeur de la campagne de réélection du juge, qui perçut au total 100 000 dollars de l’industrie de l’énergie. Magistrat notoirement corrompu, il accepta 2 000 dollars du Texas Farm Bureau pendant le délibéré d’une affaire où cette assurance était prévenue, pour conclure en la relaxant. De même, il accepta 2 500 dollars de la Royal Insurance pendant un autre délibéré qui se conclut par la victoire du donateur [7].

    En 2001, George W. Bush s’empara par la fraude de la Maison-Blanche. Il appela son fidèle Alberto Gonzales auprès de lui, comme conseiller juridique de la présidence.

    Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Alberto Gonzales rédigea un décret présidentiel instituant des « commissions militaires » pour juger les terroristes. Ces commissions ne doivent pas être confondues avec les tribunaux militaires, et encore moins avec les juridictions civiles. Elles ne disposent pas de code de procédure et les militaires qui la composent conviennent entre eux, au fur et à mesure et selon leurs besoins, de la procédure qu’ils suivent. Les prévenus n’ont pas le choix de leur avocat et la commission peut siéger à huis clos. Seule restriction : ces commissions ne peuvent juger que des étrangers [8].

    Le 25 janvier 2002, Alberto Gonzales remit au président Bush un mémo indiquant que « la guerre au terrorisme est une nouvelle forme de guerre », « ce nouveau paradigme rend obsolètes les strictes limitations des Conventions de Genève sur l’interrogatoire des prisonniers ennemis et rend caduques certains de leurs dispositions » [9], une analyse en droite ligne de celle qu’il avait formulée au Texas sur l’applicabilité de la Convention de Vienne. C’est en vertu de ce document que les prisonniers détenus à Guantanamo ne sont pas protégés par les Conventions de Genève [10].

    Le 1er août 2002, Alberto Gonzales franchit un pas de plus en approuvant dans un nouveau mémo le recours à la torture [11]. C’est ce document qui a servi de base légale à la généralisation de la torture en Afghanistan et en Irak, notamment sur la base militaire de Bagram et à la prison d’Abu Ghraib [12] .

    Enfin, Alberto Gonzales se montra inflexible pour défendre les secrets de la Maison-Blanche. Il fit obstacle à toute communication publique des mémos relatifs aux diverses nominations de magistrats par la présidence. Surtout, dans la continuité de son service pour Enron, il empêcha le Congrès d’accéder aux documents internes du Groupe de développement de la politique énergétique nationale (National Energy Policy Development Group, NEPDG), la fameuse « Cheney Task Force » [13].

    M. Gonzales n’est pas un homme isolé. Il arrive au département de la Justice avec une équipe nombreuse recrutée au sein d’une association de juristes d’extrême droite liée au lobby de l’Énergie, la Federalist Society [14]. Il devrait s’appliquer dans les prochains mois à noyauter toute l’administration de la Justice.


    [1] « President Nominates Judge Al Gonzales as Next Attorney General », Service de presse de la Maison-Blanche, 10 novembre 2004.

    [2] « Alberto Gonzales reemplazará a Ashcroft » par Fernando Torres », Alia 2/Red Voltaire, 12 novembre 2004.

    [3] « The Texas Clemency Memos » par Alan Berlow, The Atlantic Monthly, juillet-août 2003.

    [4] « Lone Star Justice, Alberto Gonzales’ strange views on international law » par Alan Berlow, Slate, 15 juin 2004.

    [5] Le Cartel Bush par James Hatfield, Timéli éditions, 2003.

    [6] « He could be the next Supreme Court Justice » par Joan Biskupic, USA Today, 18 mars 2002.

    [7] « Justices collect prejudgement premium », Texans for Public Justice.

    [8] « Martial Justice, Full and Fair » par Alberto Gonzales, The New York Times, 30 novembre 2001 (traduction française reproduite en annexe de L’Effroyable imposture.

    [9] « Application of the Geneva Convention on prisonners of war to the conflict with Al Qaeda and the Taliban » Téléchargement.

    [10] « The Roots of Torture » par John Barry, Michael Hirsh et Michael Isikoff, Newsweek, 24 mai 2004.

    [11] « An August 2002 memo by the Justice Department that concluded interrogators could use extreme » par David Johnston et James Risen, The New York Times, 27 juin 2004.Téléchargement du document.

    [12] Dès 2002, le Réseau Voltaire avait alerté ses lecteurs sur la pratique de la torture par les Etats-Unis, ne recueillant que les sarcasmes de la presse atlantiste qui l’accusait alors, dans la grande tradition maccarthyste, d’anti-américanisme. Ces faits sont aujourd’hui publics et incontestés. Voir notre dossier « Les États-Unis d’Amérique rétablissent la torture ».

    [13] Voir « Les ombres du rapport Cheney » par Arthur Lepic, Voltaire, 30 mars 2004.

    [14] La Federalist Society a été créée par Spencer Abraham, secrétaire sortant à l’Énergie. Voir « Spencer Abraham, un homme de confiance », Voltaire, 15 avril 2004.