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SE REAPPROPRIER LA MONNAIE : DE LA BCE A LA BANQUE DU SUD.
Publie le dimanche 3 février 2008 par Open-Publishing1 commentaire
SE REAPPROPRIER LA MONNAIE :
DE LA BCE A LA BANQUE DU SUD.
L’idée d’un service public de la monnaie (1) semble assuré dans le mouvement altermondialiste mais c’est le cadre territorial qui fait débat.La création récente d’une banque publique pour l’amérique latine (2) relance l’idée d’articuler reprise en main para étatique et espace d’intervention élargie des mécanismes de régulation.
1- ATTAC Suisse : "Faut-il réformer les banques centrales pour lutter contre
le chômage ?" (Réformes qui iraient à l’encontre des préceptes
monétaristes.)
http://www.suisse.attac.org/Faut-il-reformer-les-banques
2 - La Banque du Sud est née à Buenos Aires
http://www.suisse.attac.org/La-Banque-du-Sud-est-nee-a-Bueno
I- LE DEBAT SUR LES MODALITES DU "SORTIR DU FEODALISME MONETAIRE"
– Dépasser la vision classique en conservant ce qui est pertinent...
Pour "sortir du féodalisme monétaire", pour en finir avec les crises
financières et bancaires, les faillites et le chômage... il importe que ce
soit l’Etat qui crée la monnaie et non les banques privées. C’est un
principe qui avait toute sa pertinence en 1992 lorsque "les Européens ont
abandonné (le 7 février 1992), le droit "régalien" de l’État de création
monétaire, au profit des seules banques". La revendication était encore
juste en 1993 quand "l’article 104 du Traité de Maastricht, transposé en
France dans la loi du 4 août 1993, a interdit aux Banques centrales
d’autoriser des découverts, d’accorder tout type de crédit au Trésor public
et à tout autre organisme ou entreprise publique.Et que "parallèlement, les
banques peuvent quasiment allouer autant de crédits qu’elles le souhaitent
(que demandé) en créant, à cette occasion, la monnaie sur laquelle elles
feront payer des intérêts".
Cf. Bellaciao 1 fevrier 2008 : Ce n’est pas aux banques de créer la monnaie
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article60502
– ...en l’articulant avec les institutions des espaces continentaux et
mondial.
Le problème est que depuis 2005 les peuples européens ne veulent pas revenir à 1993. L’euro est la monnaie des européens. Mais les européens ne veulent pas pour autant de l’Europe oligarchique et libérale. Si ces deux éléments de la situation sont admis alors l’enjeu est de construire une Europe démocratique, sociale et solidaire disposant d’institutions para-étatiques de régulation . Mais il ne s’agit pas d’une régulation du coeur capitaliste visant à l’adoucir ou l’humaniser en laissant sa logique d’accumulation et de production de valeur intacte . Non il sagit d’une autre régulation radicalement différente . Pour le dire plus nettement il faut aller vers les Etats unis socialiste d’Europe même si la formule laisse encore des zones d’ombre. Tout cela ne se fera pas sans passer par une crise évolutionnaire en Europe.
II - ARTICULER SERVICES PUBLICS ETATIQUES BANCAIRES ET AUTORITE CONTINENTALE PUBLIQUE DE CREATION DE LA MONNAIE (BCE et Banque du sud)
Au niveau européen il n’y a pas encore à proprement parler d’Etat c’est donc une autorité publique fonctionnant comme un service public de la monnaie et du financement qui doit assumer la mission publique de création monétaire. Pour autant au niveau de chaque Etat européen une reprise en main de chaque secteur bancaire privatisé est possible à commencer par la modification des fonctions et missions du Trésor. Une articulation complexe de services publics étatiques bancaires et d’autorité européenne publique de création monétaire est à construire.
– Retour sur la nature de la monnaie : la démarchandiser et en faire un bien commun.
Pour le salarié public ou privé, l’argent - la monnaie - n’est qu’un simple
moyen de paiement pour l’achat d’un bien ou d’un service . Du coup la
distinction qui lui sera importante résidera dans le caractère marchand ou
non marchand du bien ou du service produit. Puisque derrière le marché il y a la logique de profit des entreprises privées il sera porté - outre la
revendication de l’augmentation des salaires d’une part à réduire la place
du marché et de l’appropriation privée et d’autre part à souhaiter
l’extension des services publics et entreprises publiques.
Mais la monnaie est bien plus qu’un simple instrument dans l’échange
marchand.
1) Pour ceux qui peuvent transformer l’argent en capital - le capitaliste
donc - il a des vertus que non capitaliste ne voit pas . C’est ce que Marx a
appelé le fétichisme de largent comme survalorisation symbolique qui masque les rapports sociaux derrière l’échange marchand.
2) Au-delà pour la reproduction du système capitaliste, pour son financement ou pour l’accumulation du capital la monnaie doit être une création permanente ce qui pose problème .
Jean-Marie HARRIBEY insiste sur le fait que la monnaie qui n’est pas une
chose sans histoire mais bien une construction sociale au service de
l’accumulation privé.
Alain VIDAL de Nante précise "Longtemps, la monnaie fut gratuite, au service de tous, ce fut une formidable invention pour faciliter et pacifier les échanges
(payer, de « pacare »... faire la paix). Mais elle fut transformée en
marchandise par les banquiers modernes. Le poids des intérêts cause une
pénurie artificielle d’argent générant la misère. Les intérêts dépassent
d’infiniment loin, les dépenses de fonctionnement des banques".
Dans de nombreux pays la non possession de monnaie signifie non accès à la nourriture et donc à la vie et pour ceux qui vivent sans cette angoisse
quotidienne posséder suffisamment "d’argent" est nécessaire pour se loger
convenablement que ce soit comme propriétaire ou comme locataire.
Mais c’est sous un autre angle que se pose le problème de l’appropriation
privée de la monnaie. On l’a vu en 2005 au moment du rejet du TCUE, et la question réapparait avec le traité de Lisbonne, l’indépendance de la BCE
correspond à une quasi privatisation puisque le bien public monnaie est mis au service quasi exclusif de l’accumulation privée. La BCE n’est pas
véritablement une institution en capacité de mener des politiques publiques
au service des peuples d’Europe. C’est le moins qu’on puisse dire !
– L’exemple de la création de la banque du sud à Buenos Aires en Amérique latine
Elle montre qu’une alternative est pensable pour financer à l’échelle
continentale un alterdeveloppement harmonieux qui soit à l’opposé du
développement inégal et combiné constitutif de la logique d’expension du
capital. En effet ; cette banque doit être le premier pas vers la création
d’une monnaie propre à l’Amérique du Sud. Une espérance nait pour nos pays. Si les forces sociales qui portent ce projet sont très différentes de celles de la BCE alors le possible deviendra réalité.
Voir le site ATTAC Suisse et le document en cliquant sur le lien
La Banque du Sud est née à Buenos Aires
http://www.suisse.attac.org/La-Banque-du-Sud-est-nee-a-Buenos
Christian DELARUE
ATTAC Rennes
Messages
1. SE REAPPROPRIER LA MONNAIE : DE LA BCE A LA BANQUE DU SUD., 4 février 2008, 09:45
Pistes pour le changement de société :
Toutes les analyses restent au niveau du point de vue du capital,il serait bon de voir l’autre versant et les pistes d’emancipation potentielles possibles.
L’alternative de la Banque du Sud se heurte directement au refus etatsunien de rendre les milliards de $ du Sud,qui sont entreposées dans les banques US.
Pour l’instant cette partie n’est pas gagnée,car la restitution peut causer l’effondrement du dollar,les
sommes en jeu etant enormes et leur depart creuserait encore plus, a un point de rupture le deficit US.
Jusqu’au années 30,Le capital realisait la plus value lors de la production, aujourd’hui il a etendu son extraction a la production comme a la consommation, une nouvelle totalité qui lui permet paradoxalement de s’extraire des contraintes du marché, de la vente et de la crise de surproduction : sa nouvelle logique dominante ; gaspillage maximum y compris humain.
Une illustration parmi d’autres : la domination bancaire a commençée lors de la mise en place de l’obligation faite a chaque salarié d’avoir un compte en banque sur lequel il fut tenu deposer son salaire obligatoirement payé par cheque ou virement.
Le salariat devint de fait captif par la mensualisation et l’avance de sa force de travail faite au capital. Le credit devint alors une pratique de masse "naturelle"et la banque l’ecole obligée.
Un salaire de 1000€ deposé, ouvrait un credit possible pour la banque de 9 000€ (effet de levier,ratio Cock 8%),la banque creait ainsi un capital de 9000 € ,gratuitement grace au travail du proletaire, en prets,en credits,qui ouvraient de nouveaux credits,etc.
La creation monetaire,aujourd’hui devenue propriété exclusive des banques privées n’est que la consequence de leur domination sur le salariat.Elle devint hegemonique et se multiplia dans tous les produits derivés ces 10 dernieres années.
Ce mecanisme est a la racine de la financiarisation et de la crise actuelle.
Son extention effrenée n’est que sa logique reelle exprimée par “ils sont devenus fous”.
Le capital peut se permettre le luxe inoui pour nous, de perdre en apparence du capital ,il s’en fout un peu,ce ne sont que des faux-frais, puisque immediatement le proces de reproduction lui offre gratuitement un nouveau capital a travers la collecte salariale comme les echanges captifs ,chaque mois il remplit la caisse !!!
Au niveau global il y a seulement redistribution du profit speculatif et pas destruction ,seul le salariat et la société trinquent .Les projections de maisons saisies aux USA pour 2008 : 10 millions.
La logique immediate des banques US,provoque non seulement la saisie et la ruine de millions de famille,expulsées de leur logement ;mais entraine egalement par la mise en vente simultanée de millions de maisons un effondrement des prix et du marché immobilier.La spirale de la catastrophe est enclanchée ;c’est la fuite en avant aveugle du capital.Le moratoire n’a pas encore reussi a s’imposer et freiner la debacle.
Il nous faut donc construire un rapport de force mondial face a la finance mondialisée,terrain totalement delaissé en pratique par les organisations type Attac dont pourtant c’etait l’ambition.
Les pertes publiées ne sont que la partie visible de l’iceberg,les nouvelles regles comptables vont declancher le tsunami financier a partir de mars 2008.
Les “seuls” a y voir un inconvenient sont les actionnaires individuels qui voient fondre leurs dividendes,et l’Etat ses impots, jusqu’au jour ou il sera obligé de fermer la caisse vidée par la panique des proletaires venus retirer leurs especes derisoires devaluées par l’ampleur de l’inflation ( Argentine 2001).
Un nouvel espace d’echappement collectif au salariat semble possible ,comme reponse obligée non pas ideologique mais de survie collective mondiale ,basée sur le revenu garanti inconditionnel (dans lequel les biens publics gratuits predominent y compris le logement, la part monetaire etant indexée sur l’inflation et non saisissable),les monnaies fondantes alternatives non speculatives,et la cooperation.
L’independance collective par rapport aux banques devient alors un objectif pratiquable,le boycott du credit de gré ou de force peut devenir une pratique de masse, precedant ou accompagnant ce nouvel espace en gestation . L’effondrement du dollar entrainant l’effondrement social aux USA et ailleurs n’est plus a exclure.
Dans un monde globalisé,les centaines de milliards ou plus, de $ de perte des banques ,qui ressemble de plus en plus à un collapsus au ralenti de l’ensemble du système financier ne laissera personne indemne y compris en Europe.
Une piste parmi d’autres :
Secrets d’argent, intérêts et inflation
Par Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant Pays-Bas
http://www.courtfool.info/fr_Secrets_d_argent_interets_et_inflation.htm