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USM-CGT
Les deux syndicats CGT de l’entreprise AKER YARDS de Saint-Nazaire (ouvriers et Cadres, Techniciens et Agents de Maîtrise) répondent à leur Direction suite aux attaques portées contre la CGT lors du conflit des salariés grecs.
RETOUR SUR DES CONFLITS QUI ONT FAIT COULER BEAUCOUP D’ENCRE
La campagne d’insultes et de dénigrement menée contre la CGT par la Direction des Chantiers, à l’occasion de deux conflits impliquant des salariés étrangers, n’est pas passée inaperçue. La violence des propos, celle des mots et des accusations proférées a surpris beaucoup de monde, tant dans l’entreprise qu’à l’extérieur ! :
LA DIRECTION A DECLARE LA GUERRE À LA CGT, NOUS DIT-ON !!
Historiquement la CGT a toujours préféré les valeurs pacifistes aux discours guerriers même si, au cours de l’histoire, le monde du travail a dû se défendre parfois violement.
Il est facile d’accuser de tous les maux ceux qui refusent l’inacceptable.
Dans le monde où nous vivons, il est plus facile de se coucher que de relever la tête,
nous en avons tous les jours des exemples dans l’actualité…
Pour notre part, jamais nous n’accepterons l’injustice d’où qu’elle vienne et quelque
soit la justification apportée.
SUR LE FOND DU PROBLEME
Sur un site industriel comme le nôtre où se côtoient des milliers de salariés, les
conflits sont nombreux et fréquents. Ils peuvent impliquer des salariés Chantiers, des
sous-traitants ou des intérimaires. Qu’ils soient français ou étrangers, la CGT n’a
qu’une seule démarche ! :
faire respecter leurs droits et défendre leurs revendications.
LE PREMIER DE CES DROITS,
C’EST CELUI D’ETRE PAYE POUR LE TRAVAIL EFFECTUE
N’en déplaise à la Direction, ce n’est pas la CGT qui porte la responsabilité de laisser
des travailleurs sans salaire pendant des mois !! C’est cela le véritable scandale et c’est
bien dans le camp patronal qu’il faut chercher les coupables !!
Si l’on suit la logique de notre Direction, ce ne sont pas ces scandales à répétition qui
ternissent l’image de marque des Chantiers mais le fait d’en parler ou de manifester
pour les faire cesser !!
Curieuse conception, mais comme la Direction nous l’a souvent répété « !l’entreprise
n’est pas une démocratie ! »…
SUR LES FAITS
Puisque l’on parle du fond du problème, occulté dans les écrits de la direction
concernant les salariés grecs, il est nécessaire de rappeler les faits ! :
• Ces trois salariés travaillaient 56 heures par semaine.
• Ils n’ont jamais eu de contrat de travail, ni de bulletin de salaire.
• Ils sont venus sur une base verbale de 2200 euros net par mois
• Ils n’avaient pas la carte E-101 (carte Sécurité Sociale européenne)
• Ils ont été victimes d’insultes et de menaces de mort de la part de
l’encadrement turc.
Quand ils ont demandé leurs contrats de travail avec leurs bulletins de paie et qu’ils
ont refusé de travailler plus de 6 heures le samedi, ils ont été licenciés verbalement (le
11 février 2008).
Le 5 mars, lors d’une réunion à l’Inspection du Travail, l’employeur a enfin présenté des
contrats de travail rédigés en allemand (langue que les salariés ne connaissent pas.).
Les salariés n’avaient jamais vu ces contrats, mieux, les signatures n’étaient pas les
leurs mais celles des responsables de la police grecque qui ont signés leurs cartes
d’identité !! (Constat fait par les Inspecteurs du Travail).
La somme de 8000 euros chacun a été calculée sur la base de la Convention Collective
de la Métallurgie (coef 255) pour un peintre de même qualification et ancienneté.
A cela s’ajoute les heures supplémentaires, les heures de nuit, les repos
compensateurs, les congés payés, les salaires incluant le mois de mars, et des
dommages et intérêts pour licenciement abusif.
SUR LA JUSTICE !
Beaucoup de voix se sont élevées pour que cette affaire soit portée en justice devant
les prud’hommes. Le consensus était même remarquable ! : la Direction, les autres
syndicats, les pouvoirs publics en la personne du sous-préfet, la quasi-totalité des
partis politiques de droite comme de gauche, tous unis dans un même élan solidaire
pour montrer la voie à suivre ! : il suffisait de déposer un référé pour tout régler en
un claquement de doigt.
Pour certain, la manoeuvre était habile pour se débarrasser d’un problème pour le moins
encombrant, pour d’autres cela relève (nous l’espérons) de graves méconnaissances du
sujet.
Il ne fait aucun doute par exemple que la CFE/CGC qui nous « !tire à boulets rouges ! »
dans un communiqué, et qui se permet de nous donner des leçons, a une solide
expérience des conflits d’ouvriers étrangers et qu’elle a solutionné, pour eux, de
nombreux problèmes devant la justice !!
Ceux qui ont eu déjà l’occasion d’aller en justice dans ce type d’affaire, savent que ce
n’est pas si simple. Si beaucoup de conseilleurs parlent en ne connaissant rien au sujet,
la CGT qui a déjà traité des dossiers de ce type sait, elle, de quoi elle parle !!
Quelques éléments d’appréciation ! :
1. Le recours à la justice ne doit pas se substituer à la négociation et les juges ne
doivent pas être considérés comme des magiciens qui savent tout régler
2. Ce n’est pas le syndicat qui va en justice mais le salarié, qui peut se faire aider
d’un syndicat ou d’un avocat. Comme l’a dit un des salariés grecs ! : « !nous sommes
venus en France pour travailler pas pour passer devant un tribunal.!!! »
3. Le salarié se doit de « !monter ! » son dossier avec l’ensemble des pièces
nécessaires. Dans les cas qui nous intéresse, ceux-ci n’avaient ni contrat de
travail, ni bulletin de paie !! C’est d’ailleurs quand ils ont réclamé ces pièces (en
même temps que leurs salaires) qu’ils ont été licenciés. En d’autre terme le
salarié doit faire la preuve de ce qui lui est du. S’il n’y parvient pas il peut être
accusé de procédure abusive qui, avec les frais de justice et d’avocat, lui coûte
en moyenne 3000 euros.
4. On veut faire passer le référé pour le TGV de la justice. C’est pour nous une
aberration !!! En fait la procédure engage deux juges, un, représentant le
patronat, l’autre, les salariés.! : on a coutume de dire qu’ils représentent les juges
de « !l’évidence ! », dans le cas qui nous intéresse ils s’agit de 3 salariés grecs
sous contrat avec une entreprise allemande….travaillant en France. Sans siège
social de cette société dans notre pays, l’issue était déjà écrite « !ils auraient
été renvoyés à mieux se pourvoir ! » autrement dit à aller porter leur dossier
dans une autre instance juridique. Autrement dit le tribunal des Prud’hommes.
Pour être complet sur le sujet, ces juges, quelque soit le cas, n’émettent qu’un
avis provisoire susceptible d’un appel.
5. En ce qui concerne le tribunal des Prud’hommes qui, au demeurant, est très
efficace dans la résolution de problèmes concernant des salariés français
travaillant pour une entreprise nationale, il n’en va pas de même pour les
situations du type que nous évoquons. La première phase consiste à statuer sur
sa compétence à juger ou non ce type d’affaire. Le plus souvent l’affaire est
renvoyée devant un juge départiteur qui émettra un délibéré.
Deux cas de figure ! :
˝ Ou le tribunal est déclaré compétent et l’on revient au jugement,
˝ Ou bien il est déclaré incompétent et le salarié est « !renvoyé à mieux se
pourvoir ! » autrement dit à « !aller se faire pendre ailleurs..! ».
Pendant ce temps le fond du problème n’est pas évoqué…et le temps passe !!
Tout ceci est bien compliqué quand la justice est confrontée aux problèmes de
mondialisation que nous vivons sur notre site.
Un exemple parmi d’autres…
Celui d’un salarié portugais, défendu par la CGT ! : embauché par une entreprise
portugaise pour travailler à St Nazaire, celui-ci a travaillé du 22 janvier 2004 au 16
août 2004 aux Chantiers. Il attend toujours le solde de ce qui lui est dû !! (Heures sup.
déplacement…).
Petite chronologie ! :
• Demande déposée auprès du tribunal le 21 mars 2005.
• Conciliation le 28 avril 2005.
• Jugement sur la compétence du tribunal des Prud’hommes 29 septembre 2005.
• Renvoi devant juge départiteur 20 mars 2006.
• Jugement sur la compétence du tribunal 10 avril 2006
• Contredît, retiré dans les semaines qui suivent, 23avril 2006
• Retour sur le fond à l’audience du 28juin 2006 ! ; (on commence à parler du salaire du).
• 8 novembre 2007 ! : Le tribunal demande une instruction qui est toujours en cours….
SUR LE RESTE…
Si il y aurait beaucoup de chose à répondre sur les prétendus mensonges et
manipulations d’un syndicat classé « !archaïque ! » par un patronat moderne et
irréprochable, il est une chose que nous ne pouvons pas laisser passer ! :
Les insinuations selon lesquelles la CGT aurait poussé et encouragé ces salariés à la
grève de la faim, mettant, par la même, leur santé, voire leur vie en danger.
C’est de la diffamation à l’état pur et c’est abject !!
EN CONCLUSION
Si nous pouvons nous satisfaire du dénouement positif pour les salariés polonais et
grecs, nous faisons malheureusement le constat que rien n’est réglé sur le fond pour la
main d’oeuvre étrangère.
Les protections juridiques nécessaires n’ont pas accompagné le recours massif à de la
main d’oeuvre en provenance des pays à bas coûts.
Dans un certain nombre de cas, les entreprises de ces pays ramènent avec elles des
pratiques maffieuses qui sont totalement inacceptables sur notre site, dans notre
pays.
Il est facile de faire l’autruche, de marginaliser, de minimiser les événements mais
mesurons-nous vraiment l’impact de ce dumping social pour le monde du travail !?
Comment exiger de meilleurs salaires si à, côté de soi, des salariés, sans droit,
travaillent sans être payés !!
Comment défendre des garanties collectives quand les règles les plus élémentaires du
code du travail sont bafouées sans vergogne pour certains !?
Ce sont des grandes questions qui doivent tous nous interpeller
car ce n’est que collectivement que nous pourrons y apporter des
réponses.
Messages
1. Saint-Nazaire : SALARIES GRECS, 9 avril 2008, 00:35, par Denis de ST Brévin
Nous avons déjà les syndicalistes "preneurs d’otages".
Nous avons maintenant les syndicalistes "racketteurs".
Aurons-nous demain les syndicalistes "terroristes".
Epoque pétainiste (réference au livre de Badiou : "de quoi Sarkozy est le nom") où les héritiers de la restauration, le Medef et son pouvoir politique, "modernisent", "reforment"...
Renversement des mots, renversement des valeurs.
De quoi demain sera t-il fait, si les travailleurs de partout et d’ailleurs ne défendent pas, pied à pied, leurs camarades de travail de partout et d’ailleurs ?
Les camarades de l’USM CGT sont la figure du résistant du début de ce XXI siècle.
Messieurs de Aker Yard, vous avez si peur du peuple ?
Messieurs de la cour, de la basse-cour des patrons, vous les cadres et autres valets, réfléchisez bien, ce n’est pas la "fin de l’histoire", peut-être vous faudra-’il, un jour, retourner votre veste, vous regarder dans le miroir. Rassurez-vous, d’autres l’ont fait avant vous et ils n’en sont pas morts, même pas de honte.
1. Saint-Nazaire : SALARIES GRECS, 9 avril 2008, 05:05
Bravos à toute la CGT et ceux qui vous soutiennent contre ces crapules.
Viva la révolution et merci au site de BELLACIAO.
Alain 04
2. Saint-Nazaire : SALARIES GRECS, 10 avril 2008, 00:04
en plein racismes social et esclavagismes .
avec la conplicités de certain syndicats.......( ) proche,tres proches du medef !
nous devons faire aucune distinction entre les patrons et ceux qui les soutiennent .
a commencer par une campagne nationale d’information sur les syndicats traitres.
a+
3. Saint-Nazaire : SALARIES GRECS, 6 juillet 2008, 15:45, par michael conan
Bonjour Je trouve ton blog génial
j’aimerait vraiment avoir ton talent bravo ton blog déchir grave pourrait tu me donné des petit conseil pour savoir un peut déssiné ?
en espérant avoir une réponse de ta par
je te dit a bientot j’espere ?
Voici Mon EMAIL Msn
michael.conan@hotmail.fr
4. Saint-Nazaire : SALARIES GRECS, 9 juillet 2008, 15:08, par Charles Thibiéroz
Ce n’est ni le premier ni le dernier cas d’exploitation des salariés aux chantiers de l’Atlantique (AKER YARDS, principal actionnaire le coréen STX shipbuilding). Dans le même temps, une cinquantaine de travailleurs polonais avaient les mêmes problèmes.
D’autres travailleurs (indiens et autres) arrivent avec des contrats de droit étranger (extra-communautaires) en cascade pour pouvoir dissoudre les sociétés exploiteuses à peu de frais (quitte à en recréer, immédiatement, une autre). Et, derrière ce trafic humain, on trouve des sociétés occidentales ayant tout à fait pignon sur rue.
Si vous voulez mieux connaître les rouages de cet esclavage, pratiqué sur notre propre sol, regardez le film "Un monde moderne", si vous en avez l’occasion.
Comme vous le savez ou l’ignorez, les trois grévistes de la faim grecs ont gagné début avril. De retour chez lui le 12, l’un d’eux, Nikos Aslamazidis, est mort, à l’âge de 35 ans, dans la nuit du 13 au 14 avril.
Je ne sais pas ce qu’il faudra pour qu’enfin l’information passe de manière massive dans la presse et que chaque citoyen sache ce qu’il se passe.
Merci à la CGT pour son soutien, mais aussi à la CNT, à Lutte Ouvrière et à bien d’autres. Ils restent trop peu nombreux, mais c’est bon de savoir qu’ils existent et agissent.