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Samir Amin (Conférence : "Qu’attendons-nous de la gauche aujourd’hui ?" vidéo 35’)
Publie le samedi 3 janvier 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Archives mai 2008

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1. Samir Amin (Conférence : "Qu’attendons-nous de la gauche aujourd’hui ?" vidéo 35’) , 3 janvier 2009, 23:42, par Copas
En complément il aurait été utile de porter attention sur le renforcement numérique du prolétariat planétaire, dans celui-ci, du renforcement de la classe ouvrière. A côté de ce phénomène massif, l’urbanisation massive a gagné plus de la moitié de l’humanité (avec de gigantesques contradictions écologiques et alimentaires, mais ça a une signification en terme de classes sociales).
Le niveau d’accumulation des forces productives des "suds" est sous-estimé, sans que ça n’entame la question de la domination et de la hiérarchie des impérialismes.
Les résidus de classes, et les classes autres que le prolétariat et la bourgeoisie, ont été en grande partie laminés numériquement dans les dernières décennies.
La "base sociale" sur laquelle s’appuyait la bourgeoisie s’est restreinte d’une façon importante. Partout dans le monde. La bourgeoisie, pour plusieurs raisons, ne peut plus s’appuyer sur d’autres classes puissantes comme la paysannerie, sur une petite-bourgeoisie pléthorique qui a été traitée comme le prolétariat et laminée pas à pas .
Dans son mouvement violent d’ensemble, la bourgeoisie s’est concentrée et en même temps a compressé les différences internes à la classe ouvrière, se permettant même de traiter ses couches les plus fidèles (comme l’armée et la police) au pain sec et à l’eau (voir la précarité des soldats britanniques) , exacerbant le gouffre régnant entre les couches salariées dirigeantes des entreprises et le reste des encadrements productifs (voir la concentration des revenus dans les couches de "salariés" les plus hautes aux USA, qui troublent les statistiques sur le partage des richesses produites).
Dans ce mouvement planétaire de concentration, concentration de la classe bourgeoise, croissance de ses revenus en proportions des richesses planétaires produites (remontées des profits depuis 83, etc), concentration et réduction de sa base sociale, de l’autre extension des bases productives sur la planète, augmentation nette du prolétariat et de la classe ouvrière, croissance des forces productives dans la plupart des régions planétaires, urbanisations croissantes et maintenant dominantes numériquement pour l’humanité, la question de l’internationalisme et des bases de coopération entre un mouvement ouvrier des vieux pays industrialisés et le mouvement ouvrier du reste de la planète se posent différemment du passé.
Les questions du "sud" et du "nord" dessinent des mondes qui n’ont plus du tout mêmes figures qu’il y a 40 ou 50 ans quand ces regards furent forgés.
Avant, le sud c’était des "multitudes" paysannes pauvres et misérables (ça existe toujours) des matières premières, une bourgeoisie nationale couchée dans les fourgons de l’impérialisme.
Maintenant ce sont de grandes concentrations ouvrières, des multitudes d’ateliers petits et grands, des informaticiens par dizaines de milliers (Inde), une agriculture industrielle et concentrée, pollueuse (Brésil, etc), des villes immenses, 1 milliard et demi d’habitants en bidonvilles, etc.
De gigantesques métropoles prolétariennes sont apparues sur toute la planète, que dans celle-ci le prolétariat soit divisé, souvent entre un lumpen-prolétariat, un prolétariat de paysans fraichement prolétarisés et des couches prolétaires plus minces et plus anciennes, nul doute. la question chinoise, par exemple, et ses migrants, leurs révoltes, l’urbanisation géante, le développement des forces productives, le partage des richesses devenu violemment + favorable à la bourgeoisie (+ de 400 000 millionnaires de dollars en actifs pour la Chine, + 20% en un an, baisse de 8% de la part de la classe ouvrière dans les richesses produites dans le même pays).
Des bases industrielles existent et se sont confortées, même au rythme des crises qui ont secoué le tiers monde, dans tout le "sud". Avec des mouvements sociaux et ouvriers qui les secouent maintenant régulièrement, de l’Afrique du Nord, à l’Iran, de l’Irak au Pakistan, de l’Inde à la Chine, de la Corée du Sud aux états d’Amérique latine, de la Turquie à la Roumanie.
Nous sortons de la logique d’un sud, ou tiers-monde, paysan opposé et pillé par un nord industriel. Le pillage demeure mais les sociétés se sont rapprochées.
Les questions posées pour humaniser ce monde et le révolutionner se posent tout autrement qu’il y a 40 ans. les bases matérielles objectives et le rapport de forces numérique entre les classes sont beaucoup plus favorables même si maintenant sérieusement sous la contrainte écologique.
le prolétariat est infiniment plus puissant numériquement.
Je situe les questions posées par Samir Amin dans ce cadre.
Et je pense qu’il faut construire des réponses et des batailles politiques dans ce cadre, pas seulement dans le cadre de camps (un petit impérialisme contre un gros, etc), sinon on se retrouve paralysé quand le pouvoir iranien fait fouetter des militants ouvriers ayant eu tord de manifester le 1er mai, on se tait de voire une militante communiste assassinée par des fondamentalistes du kurdistan irakien, on a du mal et du retard à l’allumage dans la solidarité ouvrière avec les travailleurs chinois qui manifestent et s’affrontent à la police de la bourgeoisie, on a de la gratouille partout de soutenir les ouvriers des filatures en grève au Pakistan, on , etc...
On peut au contraire se jeter en avant aux côtés et en solidarité des camarades ouvriers de la planète, franchement.
Bien des états, sud compris, disposent maintenant de prolétariats supérieurs en proportions de la population qu’à l’époque des batailles mythiques fondatrices de l’imaginaire du mouvement ouvrier européen.
Vus sous cet angle on mesure le chemin parcouru.
Sous la pression de ces changements les bases de la prochaine internationale sont tout autres, elles seront plus prolétariennes, plus radicales sur le fond en mettant à l’ordre du jour de l’histoire le pouvoir des travailleurs,
à condition qu’on n’oublie pas que ce qui domine socialisation et partage des richesses est bien le pouvoir concret et défini des travailleurs sur les moyens de production, une question qui ne soumet pas la classe ouvrière à un parti, mais les partis révolutionnaires et leurs regroupements internationaux à l’objectif de ce pouvoir des travailleurs.
L’internationale qui vient, devra partir de ces questions et d’une analyse des changements dans la composition des classes à l’echelle mondiale.