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Sarko facho ?

Publie le lundi 4 juin 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Point n’est besoin de traiter le nouveau président français de qualificatifs peut-être inapropriés aux conditions socio-politiques de notre époque pour se donner les moyens d’analyser son idéologie et son action. La référence aux analyses historiques peut nous y aider. En ce sens, ce texte de Louis Dumont de 1983 paraît tout à fait d’actualité.

« Etant donné que Hitler se méfie des idéaux et des idéologies, considérés comme les véhicules d’intérêts cachés, et qu’il avoue qu’une doctrine est avant tout nécessaire pour soumettre la masse à la force, on peut se demander s’il existait vraiment pour lui quelque chose à quoi il était véritablemet attaché, à quoi il croyait indubitablement. On répondra qu’il y avait au moins une telle chose, et c’est la lutte de tous contre tous. Lutte pour la vie, pour le pouvoir ou la domination, pour l’intérêt, voilà où était pour Hitler la vérité ultime de la vie humaine. L’idée est au coeur de Mein Kampf. En voici une formulation complète :

« L’idée de combat est aussi vieille que la vie elle-même, car la vie se perpétue grâce à la mort en combat d’autres êtres vivants... Dans ce combat, les plus forts et les plus adroits l’emportent sur les plus faibles et les moins adroits. La lutte est la mère de toutes choses. Ce n’est pas grâce aux principes d’humanité que l’homme peut vivre ou se maintenir au-dessus du monde animal, mais uniquement par la lutte la plus brutale.... » Discours du 5 février 1928.

Voilà un fait de la plus grande importance. Observons d’abord qu’un tel état d’esprit, sceptique, désabusé, voire cynique, et une telle croyance dernière sont certainement très répandus de nos jours au niveau du sens commun, en Allemagne et hors d’Allemagne aussi bien. Voilà donc un point fondamental par lequel Hitler a pu être représentatif de son temps et de son pays, reproduire en quelque sorte, sous une forme intensifiée par sa monomanie, les représentations d’une foule de gens de milieux sociaux variés. Voilà peut-être pourquoi il se flattait de pouvoir seul soulever par le même discours un auditoire intellectuel aussi bien qu’ouvrier. Il se sentait profondément représentatif, même si dans Mein Kampf, pour rapprocher sa condition des ouvriers qu’il veut reconquérir sur les marxistes, il se peint plus pauvre, plus « ouvrier » dans ses années viennoises qu’il ne l’avait été en fait.

De plus Hitler est sans doute à bon droit caractérisé parmi les chefs nazis comme celui qui avait la capacité, ou l’audace, d’aller jusqu’au bout de ses idées, de poursuivre avec une logique implacable les conséquences de principes une fois posés. Cependant, les contemporains ont été dérouté par les contradictions apparentes de son action, et la difficulté demeure pour l’historien, de mettre au jour les principes qui rendraient raison de ces contradictions supposées volontaires. Or nous tenons ici le principe suprême, ouvertement proclamé, qui devrait tout éclairer. On vient de le lire, c’est simplement le principe de « la lutte la plus brutale ». Il faut seulement l’entendre de façon hiérarchique, comme primauté de la lutte à mort sur tout ce qui paraît la contredire : la paix sera la continuation de la guerre par d’autres moyens, la légalité un moyen de bafouer la légalité. La théorie n’est pas articulée dans Mein Kampf, même si elle est tout à fait compatible avec ce qui y est dit, comme par exemple que l’État n’est pas une fin en soi, mais un moyen de servir d’autres fins. C’est la pratique de Hitler une fois installé au pouvoir qui nous renseigne. Au plan intérieur, Hitler savait qu’il ne pouvait se passer des voies légales. Il les conjugua donc avec ce qu’elles sont censées exclure, les modes d’actions extra légaux qui sont d’ordinaire l’apanage des conspirateurs et que ce camouflage rendait d’autant plus redoutables en même temps qu’impunissables.

Ainsi, en 1933, un mois après l’accession solennelle à la chancellerie, l’incendie du Reichstag permet de mettre hors la loi les communistes et de créer les premiers camps de concentration. De même à un tout autre plan en 1938, à peine l’« apaisement » est-il obtenu à Munich de Chamberlain et de Daladier que l’on passe à l’action antisémite avec la « Nuit de cristal ». Voilà comment, quand on ne peut se passer de légalité et de paix, on prend soin de les englober dans « la lutte la plus brutale ». Cette transgression du contrat social, des distinctions fondamentales sur quoi repose la vie sociale moderne et auxquelles tout le monde s’en remet de confiance, apparaît dans sa récurrence comme une méthode cachée, un principe stratégique clandestin asservissant les institutions à la violence et qui, en trompant ou désorientant aussi bien les masses que l’ennemi, a sans doute grandement contribué aux succès répétés de Hitler. »

Louis Dumont, Essais sur l’individualisme, 1983, revue et augmentée en 1985 chez Points.

Messages

  • On entend, un peu tard malheureusement pour ceux qui se sont laissés prendre dans ses filets, que Sarkozy aurait usé de méthodes psychologiques pour tromper son auditoire ! Maintenant, le mal est fait, normal, les gens présentent une maladie très étonnante : la naïveté ou la crédulité ! Sarkozy s’inspire de Berlusconi, par le spectacle, l’image, la mise en scène de sa personne et de sa famille (dans Paris match). C’est Dallas !. On sait aussi comment cela risque de finir, si on en juge par les résultats désastreux en Italie.

    La politique c’est la politique, et le théâtre c’est le théâtre, mais la politique c’est pas du théâtre ! Et le théâtre c’est pas de la politique !

    Quand les gens vont devoir payer 100 euros de franchise (comme il l’a affirmé dans Sud-Ouest avant les présidentielles), ça va faire un drôle d’électrochoc à certains ! j’espère que ces gens-là nous donneront la clé pour sortir de cette mélasse !

  • Sarko est un immonde ivrogne
    LA HONTE MONDIALE

    belle image pour la France !!!

    http://www.youtube.com/watch?v=zzPEH-Ea3DI