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Sarkozy, Pérol : "Attrape-moi si tu peux"

Publie le jeudi 26 février 2009 par Open-Publishing
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Terrorisés à l’idée de devoir annoncer les pertes historiques des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires, les cadres de l’Elysée se démènent depuis plusieurs semaines pour limiter la casse... dans l’opinion. Quitte à prendre quelques libertés avec la vérité, la déontologie et la loi. Mais est-ce vraiment l’important ?

Banque Populaire vient d’annoncer une perte nette de 468 millions d’euros sur l’année 2008, loin de l’ardoise affichée de la Caisse d’Epargne : 2 milliards d’euros. Principale cause, les très mauvais résultats de leur filiale commune, Natixis, qui enregistre une perte de 2,8 milliards d’euros et dont le portefeuille est devenu totalement invendable. Certains s’aventurent à évaluer les actifs risqués de la banque à 40 milliards d’euros. Rassurant...

Elysée Bank

Au sommet de l’Etat, ces résultats sont connus depuis bien longtemps et pour l’Elysée, il était absolument impensable de laisser cette annonce catastrophique se faire sans montrer les crocs. C’est chose faite. Les comités d’administration des deux banques ont voté la fusion, sous la houlette menaçante de l’Etat qui investira 5 milliards en échange d’une option sur 20% du capital. Et c’est donc François Perol, conseiller de Nicolas Sarkozy, qui chapeautera la nouvelle entité, constituant désormais le deuxième groupe bancaire français avec plus de 35 millions de clients.

François Perol : entre fusion et confusion

L’homme est un ancien banquier d’affaires, métier qui n’a pas grand chose à voir avec celui de banquier commercial, son nouveau boulot. Mais passons, car l’homme s’y connait en fusion... Ancien cadre de la banque Rotschild, il conseilla les Banques populaires pour rapprocher Natexis et Ixis. Natixis est ainsi née dans la joie et la bonne humeur... un des plus beaux désastres bancaires français ! On ne change pas une équipe qui gagne...

Autre point de détail. La fusion des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne a été signée dans le bureau élyséen de François Perol, sous son autorité. Or, un malheureux article du Code pénal (poétiquement codifié 432.13) précise justement qu’un fonctionnaire ne peut enchainer une activité de conseil, "de surveillance ou de contrôle d’une entreprise privée" et la perception d’une "participation par travail, conseil ou capitaux" dans cette même entreprise avant l’expiration d’un délai de trois ans après sa démission. Difficile de faire plus clair... et plus risqué : deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Prise illégale d’intérêt ?

Mais c’est sans importance, puisque Nicolas Sarkozy l’a affirmé : il est com-pé-tent. A voir son CV et sa réussite dans le dossier Natixis, on aurait presque pu en douter, mais puisque le chef le dit... D’autant que "la commission de déontologie a donné son point de vue, et son point de vue a été communiqué aux deux banques. Il sera rendu public" a affirmé le président de la république, confirmant ainsi qu’il n’y avait "pas d’inconvénient pénal". Sauf que ladite commission n’est toujours pas au courant et que seul son président, Olivier Fouquet, a été invité à donner son avis à titre très personnel "en off" et sans aucun caractère officiel... justement parce que Perol ne souhaitait pas saisir formellement cette commission. Depuis, les témoignages de juristes, de membres de cette commission de déontologie (dont le président Olivier Fouquet qui prend ses distances) confirment le caractère litigieux de la chose... "C’est à ses risques et périls (...) C’est un délit pénal" a déclaré Olivier Fouquet, après quelques heures de réflexion.

Oups...

Mais enfin... rappelons nous qu’en 1997, Nicolas Sarkozy, alors Maire de Neuilly achetait à titre personnel un duplex sur l’île de la Jatte au Cabinet Lasserre. Lequel Cabinet Lasserre était une des sociétés immobilières les plus sollicitées par... la Mairie de Neuilly, notamment dans le cadre du chantier de... l’île de la Jatte. Nicolas Sarkozy l’a d’ailleurs lui-même reconnu. Et l’article 432-12 du Code Pénal est formel sur ce point : il s’agit purement et simplement d’une prise illégale d’intérêts, même si aucun bénéfice n’a été tiré de l’affaire. Punition théorique ? 75000 euros d’amende et cinq ans d’emprisonnement. Peine aménagée, à l’Elysée...

Alors, pourquoi se gêner...

http://www.lesmotsontunsens.com/sar...

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