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Sarkozy, Royal, et la bombe atomique

Publie le mardi 24 avril 2007 par Open-Publishing
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En quelques secondes, les bombes atomiques peuvent anéantir des millions d’être humains, sans considération de nationalité. Pour sa part, la France déclare posséder 348 têtes nucléaires : environ 1,5 % de toutes celles qui menacent la planète. Ses TN75 font, chacune, 7 fois la puissance de la bombe d�Hiroshima (qui fit 250 000 victimes), et ses ASMP, 22 fois Hiroshima. En cas de crise internationale, la décision de les employer devra être prise en quelques minutes par une seule personne : le chef de l�Etat. C�est vrai pour
les neuf Etats nucléaires, même ceux qui se disent « démocratiques ».

On devine qu’une fois doté de tels pouvoirs de destruction, un homme ambitieux, agressif, violent, un aventurier habile et sans scrupules, représenterait un grave danger non seulement pour les peuples étrangers, mais même pour ses compatriotes. Pour désigner leur futur chef d’Etat, les citoyens français ne peuvent donc se déterminer seulement en fonction de promesses électorales, ils doivent aussi considérer la politique de défense
et la personnalité de chaque candidat. L’élu pourrait entraîner le monde dans une catastrophe pire que celle due à Hitler, qui n’eut jamais d’armes nucléaires à sa disposition mais qui, faut-il le rappeler, est parvenu au pouvoir à la suite d’élections.

Les politiques de défense de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal se
ressemblent. Tous deux veulent maintenir l’effort budgétaire actuel en
faveur des armées (2 % du PIB), tous deux veulent poursuivre la construction
de nouvelles armes nucléaires, tous deux semblent croire à la stratégie de
dissuasion nucléaire, malgré toutes ses incohérences et bien qu’elle
contrevienne à l’article VI du Traité de Non Prolifération et encourage de
ce fait la prolifération des armes nucléaires (qu’ils affirment combattre).

Une différence de taille les oppose néanmoins : comme le parti socialiste,
Mme Royal prône le retour à la doctrine française traditionnelle dite « de
dissuasion », tandis que M. Sarkozy a adopté la doctrine formulée par
Jacques Chirac à l’Ile Longue le 19 janvier 2006. C’est ce que révèlent ses
trois lettres à ACDN, en particulier celle du 18 avril 2007 qui constitue un
scoop (voir : www.acdn.net ).
La nouvelle doctrine de MM. Chirac et Sarkozy multiplie les motifs d’emploi des armes nucléaires, puisque les « intérêts vitaux » qu’elles sont censées défendre ne se
limitent plus à la défense du territoire national. Laissés à la libre
appréciation du chef de l’Etat, ces « intérêts vitaux » incluent la
prévention ou la vengeance d’attentats, l’interdiction faite à un Etat de se
procurer des armes de destruction massive, la protection d’alliés,
l’approvisionnement de la France en matières « stratégiques »… Pratiquement
tout.

Une telle extension du champ d’application de la menace nucléaire la rend
encore plus absurde, tout en rendant sa réalisation de plus en plus
probable. Elle revient en effet à banaliser l’arme nucléaire, à en faire à
la fois un outil de chantage politique et une arme de bataille, à priver les
Etats non nucléaires de la traditionnelle « garantie négative » de ne jamais
être attaqués avec des armes nucléaires tant qu’eux-mêmes n’en auraient pas.
Autant de changements de discours stratégique calqués sur ceux de
l’administration Bush, et qui contribuent à la prolifération nucléaire comme
à l’insécurité mondiale.

Concernant la personnalité des deux candidats à l’Elysée et au Poste de
Commandement nucléaire qu’il abrite (le « PC Jupiter »), nos compatriotes
auront à évaluer laquelle des deux présente le moindre risque. Il est vrai
qu’une mère de famille ne serait guère crédible le jour où elle menacerait
d’anéantir des millions d’êtres humains (elle ferait mieux d’ailleurs de
renoncer, comme 184 autres chefs d’Etat, à cette « posture dissuasive » et
au gâchis financier qui va avec). Mais il est vrai aussi qu’un homme connu
pour ses charges de cavalerie, ses provocations, ses colères, ses menaces,
sa haute image de soi, et qui dès aujourd’hui se dit prêt à riposter par « 
une sanction immédiate » -nucléaire - à toute attaque contre les « intérêts
vitaux » de « la France », ne serait pas des mieux placés pour garder son
sang-froid en cas de crise grave. Il est en tout cas fort éloigné du bon
sens du président Giscard d’Estaing, qui révèle dans ses mémoires (Le
pouvoir et la vie, tome II, page 203-210) qu’il s’était résolu à ne jamais
employer en premier l’arme nucléaire - en dépit de la stupide « doctrine
française ».

Pour notre part, nous avions conclu avant le premier tour de l’élection que
« Nicolas Sarkozy ne doit pas accéder à l’arme nucléaire » et que nous
appellerions nos concitoyens à « ne voter en aucun cas pour lui ». Nous
maintenons cette conclusion.

Vive la France ? Oui. Mais d’abord, vivent les Français et vivent les
humains. NON à la terreur d’Etat, violence organisée. OUI A LA PAIX ET A LA
VIE ! La France doit commencer à négocier le désarmement nucléaire général
et contrôlé qu’exige le TNP.

ACDN
31, Rue du Cormier - 17100 - SAINTES
Saintes, le 24 avril 2007

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