Accueil > Sheik Jarrah - Colonialisme et resistance

Sheik Jarrah - Colonialisme et resistance

Publie le mardi 6 avril 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

Jerusalem-Est, le 6 avril 2010

Nous sommes quatre membres de Sud-Etudiant en Palestine, pour une mission civile de solidarité.
Le dimanche 4 avril, nous arrivons à l’aéroport de Tel-Aviv, où, comme le nom du lieu semble l’indiquer, les arabes ne sont pas les bienvenus. Après un contrôle d’identité au faciès, nous voici à la douane. L’un de nous a le tort de porter un nom arabe.

 Pourquoi êtes-vous là ? Où est né votre père ?
 En Algérie … Quand l’Algérie était française. Le regard désapprobateur s’efface.
Lui et la camarade présente à ses cotés n’osent pas demander que le le tampon du visa soit apposé sur un papier libre, plutôt que sur les passeports. Les deux qui le demandent se voient essuyer un refus agressif. La douanière n’est pas du genre à faire un effort pour que des jeunes, plus ou moins basanés, puissent voyager ensuite dans des pays arabes.
Nous apprendrons le soir qu’un français né en Egypte a subi la veille quatre heures d’interrogatoire à cause de son origine suspecte.

Nous sommes peu après à Jerusalem-Est, capitale du futur Etat palestinien.
Les termes « colonisations » et « apartheid » y prennent tout leur sens :
Tout d’abord, les troupes d’occupation de l’armée israélienne sont omniprésentes dans un territoire conquis par la force, au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU.
Ensuite, nous constatons que les bâtiments officiels, dont le Ministère de la « Justice »
pullulent en toute illegalité sur un territoire que tous les pays, hormis Israël, considèrent comme une colonie.
Enfin, non contente de boucler la Cisjordanie pour que « la Pâque juive se déroule dans le calme », l’armée israélienne a décidé de restreindre l’accès de la Mosquée d’Al-Aqsa, qui cristallise un certain nombre de tensions. Cette provocation rappellerait-elle celle de Sharon, à l’origine de la seconde intifada ? Chacun jugera.

La droitisation de la société israélienne semble avoir décomplexe l’armée et les colons : Le quartier de Sheik Jarrah et plus particulièrement la rue Othman Ben Afan, offrent une preuve de l’ignominie inhérente au colonialisme. Depuis le mois d’août, les colons et l’armée occupent cette rue et ont chassé certains de ses habitants de leurs maisons. Le motif est que des familles juives y auraient habité avant la création de l’Etat d’Israël ... Plusieurs familles palestiniennes résistent. L’une d’entre elles voit quotidiennement, depuis le 2 décembre 2009, les militaires et les colons entrer chez elle. Les provocations sont constantes. Le plus souvent, les colons envoient courageusement leurs gosses fanatisés harceler les palestiniens. Des associations internationales de solidarité se relaient pour garder une des maisons. Nous décidons de nous joindre à elles. Les militants anticolonialistes israéliens sont aussi très actifs dans  l’organisation de cette Résistance. Parmi les pacifistes israéliens, des membres de Ta Ayjsh, association dont le but est de créer un lien entre juifs et palestiniens, ou encore les Anarchistes Contre le Mur. Le courage de ces personnes n’a d’égal que la haine qui habite les colons. Les enfants de ces derniers ne comprennent pas les « traitres à leur patrie ». Comique de situation : Dans une discussion avec ces enfants, un anarchiste invoque le droit international pour démontrer que Jerusalem-Est est palestinienne, et ses jeunes interloctueurs, répétant le discours haineux de leurs parents, disent se foutre des lois. Evidemment, les persécutions de l’Etat sont féroces. Mikhail, militant anarchiste israélien, a été arrêté il y a quinze jours à son domicile. La même semaine, une centaine de militants a été interpellée dans une manifestation pour la paix. A l’heure où sont écrites ces lignes, un palestinien est toujours en garde à vue. Les touristes qui fréquentent les musées de propagande, et dont certains sont assez méprisables pour se prendre en photo avec l’armée d’occupation, savent-ils tout cela ? Au mieux, certains remarquent que des enfants palestiniens travaillent, et que certains sont contraints de fouiller dans les poubelles … En opposition au tourisme, une association israélienne organise des « excusions » dans la rue Othman BenAfan pour que des militants internationaux puissent observer l’ignominie de la colonisation. Une vieille femme explique avoir été expulsée de son logement en 1948 et conserver précieusement la clef, comme elle garde maintenant le titre de propriété de la maison que les colons lui ont volée.
Certains promettent d’écrire des articles sur le sujet. Ce sont des militants. Il n’y a pas de Justice pour les palestiniens.

Baptiste, Katia, Malika, Vivian

Messages

  • Pays qui se dit démocratique dans la région, pays belliqueux surtout, souffrance pour le véritable peuple de ce territoire à quand une vraie justice.

    • en france aussi le gvt resiste mais très très mollement

      La France a demandé, ce mardi, à "Israël" que "toute la lumière" soit faite sur le récent décès d’une victime Franco-Palestinienne, et s’est dite "gravement préoccupée" des conditions dans lesquelles il aurait été retenu avant sa mort.

      "Nous déplorons la mort de notre compatriote. Nous sommes gravement préoccupés par les conditions dans lesquelles il aurait été retenu plusieurs heures auparavant au point de passage d’al-Hamra et qui ont pu contribuer à son décès", a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Nous appelons les autorités israéliennes à prendre les décisions appropriées", a-t-il ajouté.

      Selon des sources médicales palestiniennes, la victime âgée d’une soixantaine d’années est décédée samedi soir d’une crise cardiaque et de déshydratation après avoir dû patienter pendant plusieurs heures à ce barrage militaire, situé dans le nord de la vallée du Jourdain, alors qu’il se rendait en Jordanie.

      L’armée d’occupation israélienne s’est de son côté, comme prévu, déchargée de toute responsabilité dans son décès.

      , Omar Mohammed Daman, ne possédait pas de carte d’identité palestinienne et "n’avait de ce fait pas le droit de franchir le point de passage", a indiqué un communiqué militaire de l’occupation.

      Bernard Valero a en outre affirmé "avoir pris note des informations communiquées par les autorités israéliennes. Il n’en reste pas moins que notre compatriote n’a pas été traité comme son âge et son état de santé l’imposaient".

      Ce Palestinien "a été inhumé lundi dans son village natal près de Jenine. Un représentant du consulat général était présent

    • Dans un article publié dans le Monde diplomatique, Alain Gresh, spécialiste du Moyen-Orient a estimé que la politique israélienne envers la France fait preuve de mépris, selon ses termes !

      Et de noter : « La politique israélienne contribue à la mort de nos soldats en Afghanistan et en Irak, voilà ce qu’ont dit en substance plusieurs responsables américains, choqués par la manière désinvolte dont M. Benyamin Netanyahou traite les Etats-Unis. Dans le cas de la France et malgré le tournant pro-israélien de sa politique, il s’agit plutôt de mépris ».

      Gresh n’hésite pas à citer des exemples pour appuyer ses conclusions : Ainsi « Le centre culturel français à Jérusalem est encerclé : la police israélienne cherche à interpeller des responsables palestiniens qui s’y trouvent. Le 22 juin 2009, la directrice du centre culturel français de Naplouse est extirpée de son véhicule diplomatique, jetée à terre et rouée de coups par des militaires israéliens ; l’un d’eux lui lance : « Je peux te tuer. »
      Mais encore : « Durant l’offensive contre Gaza, en janvier 2009, le domicile de l’agent consulaire français, M. Majdy Shakkura, est saccagé par les soldats israéliens, qui volent argent et bijoux. Le même mois, la voiture du consul général de France subit des tirs de « sommation ». Le 11 juin 2008, Mme Catherine Hyver, consule adjointe de la France à Jérusalem, est retenue dix-sept heures dans des conditions dégradantes à un point de passage de la bande de Gaza ».

      Gresh poursuit : « Pour son « ami » Nicolas Sarkozy, le premier ministre Benyamin Netanyahou s’était engagé à faciliter la reconstruction de l’hôpital Al-Qods de Gaza : or Israël continue de bloquer l’entrée des matériaux nécessaires, au nom, bien sûr, de la sécurité ; et la construction d’un nouveau centre culturel est paralysée ».

      Enfin Gresh conclut sur un ton indigné : « Aucune de ces humiliations infligées aux représentants de la France n’a donné lieu à une réaction déterminée du Quai d’Orsay . Il a fallu l’utilisation par le Mossad de passeports français dans l’assassinat d’un dirigeant du Hamas, le 19 janvier 2010, à Dubaï, pour susciter une timide invitation au ministère du chargé d’affaires israélien à Paris.

      bref la France carpette en chef