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Stop the train : la désobéissance à la guerre s’intensifie

Publie le mardi 25 février 2003 par Open-Publishing

Stop the train : la désobéissance à la guerre s’intensifie en Italie

Ce week-end, la désobéissance à la guerre à su démonter son efficacité et sa capacité à
nourrir le débat sur les formes d’opposition à la guerre.

En pratiquant le blocus des gares mais aussi des voies ferrées en rase campagne, différents groupes de Désobéissant(e)s du nord du pays ont réussi à bloquer durant tout le week-end de nombreux trains. Causant des retards très importants, ces actions ont fini par faire reporter le planning prévu par le commandement américain des bases situées dans la péninsule en accord avec le gouvernement Berlusconi et la direction de Trenitalia (équivalent de la Sncf, mais déjà privatisée).

Ces « trains de la mort », comme les ont défini les Désobéissant(e)s, transportent des moyens logistiques et technologiques issus des bases américaines situées dans la partie septentrionale du pays afin de rejoindre d’autres bases du Centre de l’Italie, des ports ou encore des aéroports. Loin de s’arrêter à une dimension symbolique, ces actions sabotent réellement la mise en place de la logistique à la guerre, élément fondamental des guerres actuelles. Au total, vingt-sept convois ferroviers sont prévus pour cette seule semaine. Sur les huit prévus jusqu’à ce jour, seulement quatre auraient pu rejoindre leur destination.

Demain mercredi, les « trains de la guerre » reprendront leur activité, leurs opposants aussi ! Une journée nationale de blocus des trains, aéroports et ports destinés à participer à l’effort de guerre sera à nouveau l’occasion de rappeler au gouvernement de Berlusconi et autres vassaux impériaux que dans sa très large majorité la société italienne est opposée à la guerre en Irak. Après les cheminots qui ont menacé, et pour certains appliqué leurs menaces, de ne pas collaborer à l’acheminement de ces convois, c’est au tour des dockers de Livourne d’annoncer qu’ils refuseront de prêter leur aide aux préparatifs guerriers. Ce n’est pas une première pour la Cgil des Dockers puisque ce syndicat ultra-majoritaire dans la profession (87% des inscrits syndicaux) avait déjà pratiqué cette forme de lutte lors du... Vietnam. Bien évidemment différente, la guerre en Irak a réveillé pour autant les mêmes volontés d’opposition concrètes.
Dans ce contexte, les polémiques s’enveniment. Le gouvernement tente de criminaliser ce mouvement « anti-guerre » en le rapprochant sans aucune vergogne au « terrorisme rouge ». Ainsi, le porte-parole de Forza Italia (le parti de Berlusconi) a accusé violemment Sergio Cofferati, l’ex-leader de la Cgil ayant défendu la position des dockers, « à ce rythme, il est aisé de prévoir que le terrorisme rouge ne tardera pas à se manifester vu certaines prises de positions irresponsables et jusqu’au- boutisite ». Mais comme le rappelait Luca Casarini, porte-parole des Désobéissant(e)s, « Cofferati et Epifani (l’actuel leader de la Cgil) sont dépassés par leurs propres inscrits, en effet ce sont les cheminots eux-mêmes qui nous fournissent les informations sur les convois ».

Mais la campagne contre la guerre n’attend pas le passage des trains. ..
Ce mardi matin, un groupe de Désobéissant(e)s du Nordest est venu troublé l’inauguration des travaux d’un nouveau chantier de train à grande vitesse près de Venise où étaient présents le ministre des Travaux publics, Lunardi, et l’un des plus serviles collaborateurs de Berlusconi, le Président de la Région Vénétie, Galan. Malgré un dispositif policier impressionnant, une partie des manifestants a réussi à envahir les lieux des festivités et a déroulé une énorme banderole, « stop the global war ».

Sans aucun doute, cette semaine représente un moment crucial pour la mobilisation contre la guerre mais aussi pour le mouvement des mouvements, ces multitudes en marche contre l’Empire...

Ludovic Prieur, samizdat.net, 25 février 2003