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Ce que je retiens de "Le mouton qui blasphème"
Ecrit par Fethi Benslama Ecrivain, psychanalyste
Le texte est sur le site du Manifeste des libertés.
http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=302
I - Une approbation admirative...
A - Son regard sur le passé...
Il s’adresse je cite " à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas savoir, ne veulent pas comprendre, que voici des années, au nom de l’islam, tout est prétexte non seulement à interdire, à condamner, à excommunier, mais aussi à éradiquer ce qui peut représenter l’« ironie de la communauté », la critique de son mythe, la désidentification à ses saintetés viriles et carnivores. Voici des années que la tonsure de l’esprit arme le censure qui tue. Car la censure au nom de l’islam tue, sacrifie, grille au feu de l’Enfer et dévore les insoumis, afin de les soumettre à la religion de la soumission.".
Le ton est donné par ce paragraphe, l’auteur donne ensuite la longue liste des "souvenirs" qui confirment son propos. Il faut lire ses dix souvenirs. C’est impressionant.
"Dans les périodes les plus sombres de leur histoire, quand le colonialisme faisait régner son ordre de mépris et de négation des droits les plus élémentaires, les musulmans n’ont jamais considéré que leur Dieu était « humiliable », ni que les figures idéales de leur culture pouvaient être facilement diffamées : leur lutte pour leur dignité faisait simplement appel à l’égalité des droits, et non à la fabrique de la vengeance aveugle de l’ « humiliation » - une notion inventée en Europe, qui appartient au lexique ecclésiastique de l’abaissement, de la honte, de la mortification, bref, à l’imaginaire de l’orgueil.
Quand on tue des civils en masse, quand on égorge des hommes devant la télévision au nom de l’islam, n’est-ce pas la l’atteinte la plus grave contre laquelle les musulmans devraient protester ? Combien l’ont-ils fait ?"
B ... et sa revendication d’égalité dans la critique de la religion .
"Nous parvenons aujourd’hui à cette situation de ségrégation ou un homme ou une femme de culture musulmane a moins de légitimité à critiquer l’islam que des Européens de le faire pour le christianisme ou le judaïsme. Les premiers seront soupçonnés ou accusés d’« islamophobie », d’être les alliés objectifs de la droite raciste, alors que les seconds ne feraient qu’exercer un droit évident. Certains descendants des Lumières sont devenus aveugles aux lumières des autres."
...et du droit mondial au blasphème des fétiches comme résistance à l’intégrisme.
"Profitant de la supposée humiliation par les caricatures du Prophète, du supposé blasphème de personnes qui ne partagent pas la croyance des musulmans (peut-il y avoir blasphème là ou il n’y a pas croyance ?), les cinquante-sept pays de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) viennent de demander que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, vouloir remplacer la Commission des droits de l’homme de Genève, d’inscrire dans son texte fondateur l’article suivant : « La diffamation des religions et des prophètes est incompatible avec le droit la liberté d’expression. » Ils proposent de donner mandat au nouvel organisme de « promouvoir le respect universel de toutes les religions et valeurs culturelles », et de « prévenir les cas d’intolérance, de discrimination, d’incitation à la haine et à la violence [...] contre les religions, les prophètes et les croyances ». L’amendement de l’OCI précise que les attaques contre les religions causent des « dissonances sociales qui conduisent à des violations des droits de l’homme »."
II - ...mais une interprétation ambigüe et un déni que je réprouve
Fethi Benslama poursuit "Le combat antiraciste pour le droit et l’égalité est aujourd’hui détourné, par le faux aiguillage de l’humiliation, vers la défense des mythes identitaires les plus terrifiants, vers le soutien à la religiosité des paranoïaques criminels, dont il blanchit les méfaits, en faisant de ses prédicateurs des victimes de notre liberté de penser, de parler et d’écrire.
Tout d’abord qui procède d’un tel usage de l’antiracisme en défendant les mythes identitaires terrifiants, la religiosité des paranoïaques criminels ? Les extrémistes religieux ? Ils se soucient peu du racisme comme moyen d’intervention. Son propos s’adresse-t-il au MRAP ? C’est possible. Ce serait faux et secondaire. Il se peut que le terme d’humiliation soit employé par des antiracistes . Mais fondamentalement, ce n’est pas dans l’orientation du MRAP.
Ensuite et surtout, son propos signifie-t-il qu’elle ne voit pas non plus le dérapage raciste de Robert Redeker ? C’est plus grave. Car la philosophie de Redeker s’apparente plus à la bonne vieille pensée raciste du XIX siècle. Il n’emploie plus ni le même ’outil - la "biologie des races" est remplacée par une pseudo critique de la religion - et le contexte a changé :le "choc des civilisation " lui sert désormais de cadre. Mais le dérapage raciste (1) est bien là.
Christian DELARUE
Signataire de l’Appel du Manifeste (soutien) février 2004
Secrétaire national du MRAP
Membre du CA d’ ATTAC France
Messages
1. > Sur "Le mouton qui blasphème", 13 octobre 2006, 00:05
Lisez plutôt ce que Fethi Benslama écrit sur Redeker.
Il est on ne peut plus clair sur le "dérapage" du raciste :
http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=352
2. > Sur "Le mouton qui blasphème", 14 octobre 2006, 19:17
(.....) La barbarie n’a pas disparu. Sous la hideuse figure de l’intégrisme religieux, elle impose désormais sur le sol de la République, le régime de la terreur et menace la liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle nous tenons à apporter un soutien inconditionnel à Robert Redeker. Exprimer sur cette affaire la moindre réserve, c’est déjà faire une concession à la barbarie. (.....) La liberté d’expression, ne saurait se réduire au droit de tout dire sauf ce qui est susceptible de heurter l’opinion de l’autre, ou sa croyance, ou même sa foi qui, dans le droit républicain, n’est qu’une des figures possibles de l’opinion. Face à certains commentaires, particulièrement nauséabonds, qui ont pu s’exprimer à propos de la situation de Robert Redeker, il paraît nécessaire de rappeler que le droit de critiquer une religion, un livre sacré, ou un prophète fait partie de la liberté d’expression, au même titre que le droit de critiquer une croyance, un livre, ou une personne quelconques. (.....)
Une pétition est disponible : ICI.
3. Contre la barbarie !, 15 octobre 2006, 17:56
(.....) La barbarie n’a pas disparu. Sous la hideuse figure de l’intégrisme religieux, elle impose désormais sur le sol de la République, le régime de la terreur et menace la liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle nous tenons à apporter un soutien inconditionnel à Robert Redeker. Exprimer sur cette affaire la moindre réserve, c’est déjà faire une concession à la barbarie. (.....) La liberté d’expression, ne saurait se réduire au droit de tout dire sauf ce qui est susceptible de heurter l’opinion de l’autre, ou sa croyance, ou même sa foi qui, dans le droit républicain, n’est qu’une des figures possibles de l’opinion. Face à certains commentaires, particulièrement nauséabonds, qui ont pu s’exprimer à propos de la situation de Robert Redeker, il paraît nécessaire de rappeler que le droit de critiquer une religion, un livre sacré, ou un prophète fait partie de la liberté d’expression, au même titre que le droit de critiquer une croyance, un livre, ou une personne quelconques. (.....)
Une pétition est disponible : ICI.