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Taxe carbone : Borloo et Jouanno ne démissionneront pas
Publie le mercredi 24 mars 2010 par Open-PublishingLa secrétaire d’Etat et le ministre de l’Ecologie ont exclu mercredi de démissionner après l’annonce du report sine die de la mise en place d’une taxe carbone en France.
Il n’y aura pas de deuxième remaniement en une semaine. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno a exclu mercredi de démissionner après avoir affirmé mardi qu’elle était "désespérée" après l’annonce du report sine die de la mise en place d’une taxe carbone en France. "Le Premier ministre a précisé ses propos", a-t-elle expliqué sur RTL, jugeant que le message de François Fillon était : "on maintient l’engagement sur la taxe carbone et, en plus, on développe une négociation européenne". "Le rôle d’un ministre, ce n’est pas de gagner un salaire, c’est de défendre des idées", a-t-elle souligné. "S’il ne défend pas ses idées, s’il ne les exprime pas, à mon avis il ne sert pas à grand chose", a-t-elle ajouté. "Je reste totalement déterminée. Tous ces discours qui consistent à dire si l’économie, l’agriculture et la société vont mal c’est à cause de l’écologie, cette remontée de l’écolo-scepticisme, on ne peut pas l’accepter".
Le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo a également confirmé mercredi qu’il n’avait pas l’intention de démissionner. "La grande machine du Grenelle continue. Il y avait 277 mesures dans le Grenelle de l’environnement et, d’ailleurs, la taxe carbone était une hypothèse qui devait être étudiée, ce n’était même pas une décision", a-t-il souligné sur France 2. "Je comprends complètement Chantal Jouanno. Vous pensez que je ne suis pas déçu moi ? Evidemment aussi. Sur le fond, elle a raison. Le président est déçu", a-t-il répondu. "Ce sont des sujets d’une extrême complexité mais cette taxe carbone a été caricaturée", a-t-il ajouté, dénonçant avec véhémence le rôle joué par l’opposition et certains écologistes.
Fillon précise, Baroin déjà bien actif
François Fillon a annoncé mardi, lors d’une réunion de députés UMP, que la taxe carbone ne pourra être mise en place qu’au niveau européen pour ne pas nuire à la "compétitivité" des entreprises françaises, selon plusieurs participants. L’entourage du Premier ministre a assuré que cela ne signifiait pas l’abandon pur et simple de la taxe carbone. "Nous voulons que les décisions soient prises en commun avec les autres pays européens sinon nous allons voir s’accroître notre déficit de compétitivité", a déclaré le chef du gouvernement, selon des propos confirmés par son entourage (lire l’article). Dans un deuxième temps, il a assuré que son gouvernement est convaincu de la nécessité de sa mise en œuvre de la taxe carbone, "qui constitue un engagement du Grenelle de l’environnement". "C’est pourquoi, le gouvernement va demander à la Commission européenne d’accélérer la mise au point d’une proposition en vue d’une harmonisation des dispositifs de fiscalité écologique dans l’Union européenne", conclut le communiqué de Matignon.
Invité du journal de France 2, le nouveau ministre du Budget François Baroin a dit mardi que la taxe carbone, qui était un engagement de Nicolas Sarkozy, était une "bonne mesure" à "l’échelle européenne", assurant qu’elle "se fera". Il a affirmé que les Sages l’avaient annulée parce qu’"il y avait trop d’exonérations" qui, dans un contexte de crise, "visaient à ne pas affaiblir le tissu économique et les entreprises". "Or nous sommes encore dans la crise et il est certainement plus sage de ne pas créer une distorsion de concurrence entre les pays européens", a-t-il encore dit.
Le Medef soulagé, Duflot "estomaquée"
Après les mises au point, les réactions ont fusé. Le Medef a salué le report de la taxe carbone. "Nous sommes soulagés, notamment pour toute l’industrie qui n’aurait pas supporté ce nouveau handicap de compétitivité", a réagi la présidente du Medef, Laurence Parisot. Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, principal syndicat agricole estime que c’est "une bonne décision, une décision de sagesse". Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR). "On a toujours dit que la taxe carbone n’avait de sens que si elle était européenne. L’argument qui est utilisé pour la suppression de la taxe carbone est exactement l’argument que nous avions utilisé pour contester la pertinence de cette taxe franco-française", a déclaré le délégué général adjoint de la Fédération.
La secrétaire nationale à l’environnement du PS Laurence Rossignol a elle estimé que "l’abandon de la taxe carbone, qui était injuste et inefficace, est une bonne nouvelle pour les ménages". Les écologistes, eux, s’inquiètent d’un possible abandon pur et simple de la taxe carbone. Selon la porte-parole des Verts, Djamila Sonzogni, "le projet, enterré ce jour par Nicolas Sarkozy, ne sera pas regretté par les écologistes". "Mais cet abandon en rase campagne est navrant car il condamne durablement toute tentative d’utiliser la fiscalité écologique", poursuit-elle. Le député (Verts) Noël Mamère a, lui, estimé mardi que le report sine die de la taxe carbone par le gouvernement marquait une volonté "d’enterrer" le Grenelle de l’Environnement. Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, s’est dite "estomaquée" par "l’abandon" de la taxe carbone.
http://lci.tf1.fr/imode/jouanno-ne-demissionnera-pas-apres-les-precisions-de-fillon-5783192.html