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Tony part, reste le blairisme

Publie le jeudi 28 septembre 2006 par Open-Publishing

Grande-Bretagne . Le premier ministre a fait ses adieux, à la tribune du congrès travailliste. Une émotion bousculée par les critiques contre sa politique.

de Peter Avis Manchester

Tony Blair a fait des adieux pleins d’émotion hier au congrès annuel du Parti travailliste, le dernier auquel il participera comme leader et chef du gouvernement. Les applaudissements de la salle à Manchester s’adressaient plus au comédien qui quittera bientôt la scène qu’à sa politique, celle-ci créant toujours des dissensions qui continueront à déchirer le parti ainsi que son électorat traditionnel.

Dans un discours axé en partie sur la nécessité de poursuivre la guerre contre le terrorisme « pendant une génération ou plus », Blair a refusé toute idée que l’Ouest pourrait avoir quelque responsabilité dans les attentats terroristes. Et il a refusé l’idée que l’armée britannique doive quitter l’Irak.

une « feuille de route » POUR LES législatives

Le premier ministre a voulu léguer au Labour une « feuille de route » destinée, a-t-il affirmé, à fournir une quatrième victoire consécutive aux législatives : mais son conseil, un peu mince, consiste en résumé à « poursuivre sans peur la recherche des bonnes réponses ».

Dans un tour d’horizon des acquis et des objectifs du New Labour, Tony Blair a employé d’autres belles phrases : « Nous avons défié la sagesse politique conventionnelle, et ainsi nous l’avons changée ; l’aspiration et la compassion ont été réconciliées ; l’efficacité économique et la justice sociale ne sont plus vues comme des ennemis jurés mais comme des partenaires naturels... »

De tels propos ne sont pas de nature à intéresser les manifestants présents devant la salle du congrès pour protester contre les dernières mesures de privatisation dans le service de santé.

Dans un congrès soigneusement géré par les chefs de courant, les délégués ont parfois pu s’exprimer vivement contre les idées reçues de la direction. Hier, pendant un débat sur les affaires étrangères, la politique gouvernementale au Moyen-Orient a été condamnée par bien des participants.

Walter Wolfgang, nouvellement élu au comité exécutif du parti, a accusé la ministre des Affaires étrangères, Margaret Beckett, d’avoir du sang sur les mains après le refus de la Grande-Bretagne de réclamer un cessez-le-feu immédiat dans le conflit au Liban. On se rappelle que « Wolfie », âgé maintenant de quatre-vingt-trois ans, a été élu au comité exécutif par les membres du parti à la suite de son expulsion lors du dernier congrès où il avait été traité de « terroriste potentiel » après avoir imprudemment interrompu un discours de Jack Straw, alors chef de la diplomatie.

Hier aussi, Tony Woodley, secrétaire général du grand syndicat TGWU, soutenu par une quarantaine de députés travaillistes, a essayé d’ajouter à l’ordre du jour du congrès un débat sur la proposition controversée de Blair de renouveler, pour un coût de plus de 35 milliards d’euros, Trident, le système d’armement nucléaire fourni par les États-Unis. La démarche a échoué : la question n’a pas été jugée urgente ! Pour Tony Woodley et bien d’autres délégués, le renforcement de l’arme nucléaire de la Grande-Bretagne n’est pas nécessaire, et les 35 milliards pourraient être dépensés plus utilement.

la guerre éternelle entre blairistes et brownistes

Pourtant, le grand événement pour la presse britannique reste la guerre éternelle entre blairistes et brownistes. Tous les efforts de la direction pour créer l’impression d’une harmonie parfaite entre Tony Blair et son ministre des Finances ont échoué lundi soir. Cherie Blair, l’épouse du premier ministre connue pour son inimitié envers le dauphin présumé, a fait une « gaffe ». Se trouvant devant un poste de télévision pendant le discours de Brown, elle l’a qualifié de « menteur » au moment où il faisait l’éloge du leader partant.

http://www.humanite.fr/journal/2006-09-27/2006-09-27-837447