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Toyota : comment un vice-président d’usine parle à ses salariés...

Publie le mardi 21 avril 2009 par Open-Publishing
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On a appris, hier, par la direction de l’usine, que les salariés de Toyota d’Onnaing (Nord), l’usine qui fabrique la Yaris - une unité bloquée par un conflit à propos de l’indemnisation du chômage partiel - reprenaient progressivement le travail, après la signature d’un accord entre les syndicats et la direction.

Un accord a été "signé par les deux organisations syndicales" concernées (CGT et FO), a déclaré à l’Associated Press le directeur de communication de Toyota à Onnaing, François-Regis Cuminal, lundi après-midi.

Ici, vous lirez une description précise de ce conflit dur.

Il se trouve qu’avant que cette "nouvelle" ne tombe, j’ai reçu, hier matin, dans ma boîte mail, copie du "discours" tenu à ses "troupes" par le vice-président du site Toyota d’Onnaing, M. Toshiyuki Nonaka, le 14 avril dernier...

En effet, ce 14 avril, comme le relatait alors - brièvement - La Voix du Nord, le comité de grève avait été reçu par le vice-président du site onnaingeois. Après cette réunion, son discours avait été distribué à tous les salariés de l’usine.

On apprenait par le journal, qu’il avait tenu "un langage très ferme sur les perturbations causées par les grévistes, qu’il juge inadmissibles".

Une "information" transmise à la presse par le chargé de communication.

Avant d’en lire - stupéfait - la substance, je ne savais pas ce que voulaient dire exactement ces quatre mots : "un langage très ferme".

J’ignorais que cela signifiait, en vérité, un véritable retour aux pires méthodes patronales du XIXème siècle, violence et cynisme compris.

Je vous propose donc de prendre connaissance, comme moi, de l’intégralité de ces trois pages, dans toute leur sécheresse.

Une page sur le net permet de reproduire un texte dans sa longueur. Pourquoi s’en priver ?

Ainsi, vous pourrez, comme moi, mettre de vrais mots - de vrais maux, en fait - derrière ce que le chargé de com. maison nomme "un langage très ferme" et dont nous lémédias (©Daniel Schneidermann) rendons trop rarement compte complètement.

Faute de place...

Faute de temps...

Faute tout court !

J’avoue franchement que je n’imaginais pas qu’au XXIème siècle, dans une usine, en France, on pouvait ainsi user de la menace - pas du tout voilée - en visant nommément et en désignant à la vindicte les délégués syndicaux (j’ai choisi d’occulter leurs noms).

Je n’imaginais pas qu’au XXIème siècle, dans une usine, en France, on pouvait stigmatiser aussi directement les syndicats.

Je n’imaginais pas du tout qu’au XXIème siècle, dans une usine, en France, on pouvait ainsi monter les uns - non grévistes et/ou non syndiqués - contre les autres - grévistes et/ou syndiqués.

Je n’imaginais pas du tout qu’au XXIème siècle, dans une usine, en France, on pouvait brandir la carotte après avoir usé du baton, en promettant, l’air de rien, pour conclure, qu’un autre modèle de Toyota pourrait être construit sur le site, mais uniquement si les salariés se tenaient bien.

Et dire que tout cela ose s’achever par une ode à la "confiance"...

En lisant ce texte, j’ai bien mieux compris le désespoir, l’écoeurement, mais aussi la violence que nous ne voyons souvent monter que "par procuration" dans nos journaux télévisés nationaux ou régionaux.

Je suis donc particulièrement reconnaissant à monsieur Toshiyuki Nonaka de m’avoir permis d’effleurer la réalité.

http://www.lepost.fr/article/2009/0...

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