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UFAL : Retraites , Un « débat » réclamé pour éviter le combat ?

Publie le jeudi 7 octobre 2010 par Open-Publishing
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Par Christian Berthier

Le plus frappant dans le « débat » sur les retraites, c’est l’éloignement progressif des uns et des autres des positions et principes qu’ils défendaient avant le combat entamé par Sarkozy – et quelques-autres syndicalo-politiciens plus furtifs – pour démolir les retraites par répartition.

Je n’ai jamais vu qu’en plein combat il était temps de réclamer un « débat ». Et ce « débat » est lui même faussé, il évite les vieilles questions qui fâchent.

Voici un bref rappel de positions traditionnelles blotties au fond de ma mémoire archaïque :

1- Pour assureurs et banquiers, il ne s’agit pas uniquement de détourner l’épargne populaire quant elle existe vers la capitalisation et la Bourse, mais, plus directement, de faire main basse sur cette épargne, les fonds collectifs publics et mutualiste pour tenter de « se refaire » après le krach financier de 2008-2009.

2- Les allégements de cotisations sociales des entreprises n’ont jamais prouvé leur capacité à défendre ou à maintenir l’emploi. Les bénéficiaires en sont les clients, les créanciers et les actionnaires. La destination finale de ces « allègements » n’est pas non plus les “investissements” mais les faux-frais d’entretien de l’oligarchie financière et de la spéculation dans les casinos des bourses de “valeurs”.

Leur but politique est, depuis 1983, de rompre le lien direct entre « patron » et « salarié », lien fondateur des syndicats et des négociations sociales et qui prend en compte la « qualification » du travail effectué en échange d’une rémunération reconnaissant cette « qualification. C’est l’Etat qui deviendrait progressivement le répartiteur de « revenus » fixés en fonction des besoins de l’employé, du chômeur, du retraité, etc.

3- La baisse des salaires directs et indirects a comme conséquence immédiate une réduction de la consommation des 90% des français dépendante de ces salaires et de celle d’une d’épargne pour ceux qui le peuvent encore. En conséquence, les familles réduisent leurs dépenses et les entreprises leur production et leur emploi. C’est pour arrêter cette course folle à une dépression accrue, qu’il faut au plus vite supprimer tous les allégements de “charges sociales”, les reconvertir en salaires directs ou indirects et recréer des emplois socialement utiles. Ce genre de revendications disparaît de plus en plus, même des discours les plus « à gauche ».

4- La notion de « valeur » devient de plus en plus incantatoire et réservée aux seuls marchés financiers. Or, la “valeur” ne tombe pas du ciel. Elle est comme le pudding dont l’existence n’est prouvée que s’il est mangé. Elle ne se réalise que dans sa destruction dans un processus productif. Sinon, elle est détruite, n’existe plus que dans le souvenir des espoirs de “placement”. Tout employeur, tout financier et tout vendeur savent qu’un investissement n’est rentable que s’il permet la production et la vente effectives à un prix suffisant. Sinon, il détruit de la valeur chez le postulant “producteur” et/ou chez ses concurrents. Si de la « valeur » n’est pas concrétisée dans une forme de consommation sociale concrète, elle disparaît et est remplacée par une dette.

Comme le dit fort justement Dexia : « Money does not perform. People do ! »

5- Force est de constater que la hausse de productivité dans l’industrie, l’agriculture et la construction permettrait à une proportion de plus en plus réduite de travailleurs de produire les biens de consommation “physiques” de l’immense majorité des familles. Ne produire que pour une minorité “solvable” conduit à un sous-emploi massif de la force de travail humain et des “machines” de tous types, parmi lesquelles il faut compter les moyens et les infrastructures de transports et e communication.

La question plus jamais abordée par nos « politiques » est ici de remettre au travail les citoyens pour satisfaire leurs besoins “matériels” et donc de concrétiser dans la vraie vie les”valeurs” du travail effectué. Ce que le système actuel en crise s’avère incapable de faire… Et voici ce que pourtant, sans Trésor, sans fonds bancaires et avec les caisses de retraites privées dévalisées, la République est arrivée à faire, de 1945 à 1982, par la généralisation du principe de répartition immédiate des fruits du travail : Sécurité sociale, retraites, investissements massifs dans EDF, la SNCF, les PTT, les logements, l’emploi, y compris face à l’exode rural et à l’arrivée des rapatriés d’Algérie !

6- C’est en se laissant guider par les besoins individuels et collectifs sociaux, que l’on est amené à aborder la question des besoins non directement matériels. Pour les satisfaire, il faut considérer les services publics non seulement comme un développement des services régaliens de l’état, plus ou moins accessibles aux citoyens, mais comme des organes collectifs de satisfaction des besoins individuels et collectifs définis par et pour les citoyens. Qui ne comprend alors le lien entre les organes élus de la démocratie républicaine et la mise en place, puis la gestion, de services destinés a satisfaire les besoins des électeurs et de leur famille. Communes, départements, régions, Parlement sont des services publics politiques. Lorsqu’ils ne le sont plus, il n’y a rien de plus urgent que de les rétablir dans ce rôle. Les employés de ces services ne sont pas des parasites vivant des salaires des braves gens contribuables, mais des producteurs de réponse aux besoins réels. Ce sont des médiations par lesquelles se concrétisent les valeurs de leur activité et/ou celles de l’activité des producteurs des biens matériels. Parmi les cas les plus nets, citons les enseignants de toutes disciplines permettant à la force de travail de reproduire et de développer les qualifications et les personnels de santé permettant, notamment, le développement de l’intégrité physique des citoyens pour leurs activités de tous types.

Christian Berthier
responsable du secteur Services Publics de l’UFAL"

http://www.ufal.info/sante-protecti...

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