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Il y a 70 ans, le pacte germano soviétique....
samedi 12 septembre 2009
Carte 1 : partage de l’Europe centrale tel qu’il était prévu par le protocole Molotov-Ribbentrop Carte 2 : annexions réalisées
Le 23 août 1939, à Moscou, l’URSS de Staline et l’Allemagne d’Hitler signent un pacte de non-agression. Cette alliance entre le fascisme et le « pays du socialisme » laissa les mains libres à Hitler et désarma le mouvement ouvrier.
Dans un protocole secret, dont l’URSS niera l’existence jusqu’en 1989, les deux puissances se partagent l’Europe orientale. Le 1er septembre, la Wehrmacht envahit la Pologne, suivie le 17 septembre par l’Armée rouge. En totale négation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’URSS annexe la partie orientale de la Pologne, qui est rayée de la carte, les pays Baltes, indépendants depuis 1918, la Bessarabie, une province roumaine.
En application d’autres protocoles secrets, l’URSS fournit du blé et du pétrole à l’Allemagne nazie, lui livre des militants communistes allemands et autrichiens, coopère militairement avec elle contre la résistance polonaise… Bref, il s’agit bien d’une alliance entre Hitler et Staline, qui sera rompue par Hitler qui envahira l’URSS, en juin 1941.
Pour Hitler, l’intérêt du pacte est évident : après l’intermède polonais, il peut concentrer ses troupes sur le front occidental, contre les armées française et anglaise. Quant à Staline, les historiens se sont longuement interrogés sur les raisons de son alliance avec Hitler. Si le pacte permet à l’URSS de revenir aux frontières européennes de l’empire tsariste, il n’empêche pas la guerre et laisse l’URSS isolée contre une machine de guerre nazie plus forte. En tout cas, contrairement à une légende véhiculée par ses partisans anciens ou actuels, Staline n’utilisera pas ce répit de presque deux ans pour se préparer à la guerre contre Hitler. Malgré des avertissements venus de tous côtés, l’Armée rouge sera dans un état d’impréparation totale lors de l’attaque nazie, subissant dans les premiers mois d’effroyables pertes.
Le pacte prend complètement à contre-pied le mouvement communiste international, dont l’identité politique est, depuis l’été 1934, la lutte contre le fascisme et, après 1936, le soutien aux républicains espagnols contre le franquisme. Ce tournant politique à 180° provoque une profonde incompréhension et un immense désarroi : beaucoup de militants déchirent leur carte. Les appareils des partis communistes, contrôlés par Staline, approuvent, après un certain flottement, la nouvelle politique de Moscou, leurs dirigeants craignant pour leur poste et… leur vie.
Au parti communiste français, à l’époque un parti de masse de près de 300 000 membres ayant obtenu 15% des voix aux élections législatives de 1936, le trouble est énorme. 21 députés sur 72 quittent le parti. Le PCF est peu après interdit par le gouvernement de Daladier, dirigeant du parti radical avec lequel le PCF était allié sous le Front populaire. Appelé à Moscou fin 1939, Maurice Thorez défend la « politique de paix » de Staline, ce « grand génie dont toute l’activité se dépense au service exclusif du prolétariat international ». Il dénonce la guerre « impérialiste », auparavant qualifiée d’« antifasciste », déclarée par la France et l’Angleterre à l’Allemagne.
Minuit dans le siècle...
Après la défaite de juin 1940, le PCF appelle à lutter contre le régime de Vichy mais pas contre l’occupant nazi. La direction négocie, en vain, avec les autorités nazies d’occupation la parution légale du journal l’Humanité. Voulant obtenir la légalisation du parti, elle ordonne même à ses membres de sortir de la clandestinité. La police de Vichy en profite pour ficher et arrêter des milliers de militants communistes. Après juin 1941 et la rupture du pacte, le PCF deviendra « le grand parti de la résistance », mais ceci est une autre histoire.
Des historiens réactionnaires, comme Stéphane Courtois, coauteur du Livre noir du communisme présentent le pacte germano-soviétique comme la preuve que l’Allemagne nazie et l’Union soviétique étaient des régimes de même nature, totalitaires. Ceci a, semble-t-il, inspiré le Parlement européen qui a proclamé le 23 août, jour anniversaire de la signature du pacte germano-soviétique, « journée européenne de commémoration des victimes des crimes du stalinisme et du nazisme ».
L’URSS est devenue dans les années 1930 une dictature sanguinaire s’appuyant sur le travail forcé et la terreur. L’objectif de ses chefs n’est pas l’expansion de leur système, encore moins de favoriser les révolutions dans le monde entier comme à l’époque de Lénine et de Trotsky, mais de conserver leur pouvoir et leurs privilèges, par tous les moyens. Staline a d’abord recherché l’alliance avec les « démocraties occidentales » contre la menace militaire nazie. Sans succès, les impérialismes français et britannique étant irréductiblement opposés au système socio-économique de l’URSS, basé sur la propriété étatique des moyens de production et le monopole du commerce extérieur. Lors des accords de Munich en septembre 1938, plutôt que de faire la guerre à Hitler, ils préfèrent lui livrer la Tchécoslovaquie, une démocratie parlementaire qui est leur alliée. Alors, dans un mélange de realpolitik cynique et d’aveuglement, Staline s’allie à Hitler. Les peuples en ont payé le prix fort.
Lemmy K.
Messages
1. UNE DOC RAREMENT CONNUE !, 16 septembre 2009, 13:15, par jehanrictus
aprés cette intervention,il ne te reste plus qu’à joindre ta voix au parlement polonais décidé à l’issue d’un vote à mains levées à faire admettre la motion de génocide
nonobstant cette remarque ,je t’invite à parcourir les monde diplo aout 2009
et mai 2005 contribution dans ce meme journal de Mme Lacroix Riz"l’union Soviétique par pertes et profits" non sans négliger la lecture des deniers ouvrages de cette historienne respectée et comme de juste on peut comprendre pourquoi ignorée des médias.
2. UNE DOC RAREMENT CONNUE !, 16 septembre 2009, 14:14, par joga
Ok, c’est l’analyse officielle mille fois entendue. Une analyse du pacte qui n’évoque même pas les négociations France, Angleterre, URSS, qui l’ont précédé ! S’il s’agit de recycler un texte déjà écrit pour d’autres occasions, indiquez-nous le lien, ça suffira.
Chaque point mériterait un commentaire, je n’en ferai qu’un : tout ce qui est présenté ici comme une conséquence du pacte est en fait une constante de la politique à l’égard du PCF, qui a précédé et suivi le pacte, de Daladier à.. Gérard Courtois (belle référence !). Il faudrait lire par exemple, De Monzie, ministre de Daladier puis de Pétain, pour s’en rendre compte. Il faudrait lire aussi les archives des messages de l’Internationale Communiste 1939-1941 (texte intégral traduit en français). Sans quoi, ce genre d’analyse à l’emporte-pièce sur une période historique très complexe, ne fait qu’ajouter du bruit au tintamarre.
3. UNE DOC RAREMENT CONNUE !, 16 septembre 2009, 17:24
A titre d’info, ci-après copie d’une lettre envoyée à la RTBF par un spectateur de la série "Apocalypse
A l’attention de Mme Françoise de Thier,
Médiateur - RTBF
Concerne : l’instrumentation politique des faits historiques
Madame de Thier,
Je m’adresse à vous après avoir regardé, ce jeudi 20, à la télévision le programme « Apocalypse » traitant de la Seconde guerre mondiale et dont la présentation et certains passages ont attiré mon attention puisque chargés, me semble t-il, d’une intentionnalité politique douteuse.
Je vous précise tout d’abord que je ne suis pas spécialiste du sujet, encore moins historien. Simplement un citoyen, intéressé certes par les questions de l’histoire moderne mais, surtout, par le phénomène si visible et croisant dernièrement, du « modelage » des opinions publiques avec le concours des médias.
Ainsi, voilà comment la RTBF présente le programme ci-dessus mentionné :
« Après avoir pris le pouvoir et installé le système nazi en Allemagne, Hitler décide de faire main basse sur l’Europe. Il s’allie avec Staline (1) puis envahit la Pologne, le 1er septembre 1939. La France et l’Angleterre n’ont plus le choix (2) : elles déclarent la guerre à l’Allemagne. Mais les Allemands et les Soviétiques dépècent tranquillement la Pologne (3). Les persécutions des Juifs et des tziganes commencent. ..(…)…. »
(Les soulignés et les numéros sont à moi).
A ce propos (et suivant la numérotation ci-dessus) :
(1) Pouvez-vous m’expliquer ce qu’autorise à utiliser l’expression selon laquelle « (Hitler) s’allie avec Staline » ?
Vous me répondrez, (c’est dans l’air du temps), « la signature du Pacte germano-soviétique de non-agression entre Molotov et Ribbentrop ».
Questions :
– Est-ce que la signature d’un Pacte de non-agression vaut « alliance » ?
– Est-ce que l’on peut parler d’alliance et du « Pacte » sans mentionner que ce
Pacte fut signé après que la France et l’Angleterre eurent signé, avec Hitler à Munich, le Traité du même nom facilitant, dans les faits, l’annexion de la Tchécoslovaquie par les allemands ?
– Est-ce que cette annexion n’allait pas dans le sens des vœux d’Hitler, à savoir, de sa marche vers l’Est, et donc vers les frontières soviétiques ?
– Est-ce que ce Pacte ne fut pas postérieur au Pacte, également de non-agression, signé par Bonnet (ministre des Affaires étrangères de la France) et le même Ribbentrop ? Pourquoi alors traiter si distinctement ces 2 Pactes et oublier l’un d’entre eux ?
(2) Pourquoi dire : « La France et l’Angleterre n’ont plus le choix » ?
N’était donc pas un « choix », selon votre présentation :
– celui de refuser de signer la capitulation, c’est à dire le Traité de Munich ?
– ou celui de soutenir, au lieu de l’ignorer, la proposition de l’URSS d’envoyer ses troupes en Tchécoslovaquie pour faire face aux appétits hitlériens ?
– N’était pas un choix donner suite aux demandes, bien anciennes, de l’URSS de constituer une alliance pour faire face au danger nazi ?
(3) « Les Allemands et Soviétiques dépècent tranquillement la Pologne » dit, à manière de conclusion, votre présentation laissant sous-entendre que, puisque « alliés », ils s’invitent ensemble à un « festin » au détriment de la Pologne.
Oubliant de dire :
– que suite à son isolement (cf. points 1 et 2 ci-dessus) et suite au fait que la Wehrmacht venait d’occuper toute la partie occidentale de la Pologne, si l’URSS ne bougeait pas, les troupes nazies se trouveraient exactement à sa frontière.
– que l’URSS n’a pas agi « ensemble » avec l’Allemagne, comme pourrait le laisser entendre cette douteuse formulation, mais attendu que la Pologne capitule officiellement pour, plus de 2 semaines après, occuper la Galicie occidentale (donc assurer ses frontières).
– oubliant également de mentionner que Winston Churchill peu suspect, à ma connaissance, d’accointances communistes ou pro-soviétiques, avait reconnu que cette opération soviétique (à propos de laquelle il se congratulait) constituait une mesure de nature à bloquer l’agressivité des plans du Reich ? (1)
Finalement, ledit programme, sans citer la moindre source, sans donner la moindre référence affirme que, lorsque les troupes nazies occupèrent Paris, « Staline envoya un télégramme de félicitations » (sic) à Hitler. Ne croyez-vous pas, chère Madame, qu’une telle affirmation si grave, si importante, mérite un minimum de sérieux dans son traitement ?
Si je me permets ces observations, ce n’est pas, absolument pas, pour faire l’allégeance du stalinisme dont la nécessaire critique n’est pas le sujet de ce courrier ; c’est parce que je crois que ce genre de présentations fait partie d’une entreprise politique très peu honnête consistant en façonner les opinions publiques et qu’un Média comme la votre se doit d’être attentif à ce genre de risques. C’est en croyant au droit des spectateurs à une information équitable et donc au respect, que je me permets de vous demander si, au cas où vous estimiez que mes remarques ont de la pertinence, vous pourriez envisager de faire le nécessaire pour que votre public puisse avoir l’opportunité de connaître un regard moins partisan à propos de ces importants événements historiques.
Avec mes respectueuses salutations,
X
PS : J’ai tardé de vous écrire ce courrier en cherchant, infructueusement, toute trace du « télégramme » et parce qu’il me fut impossible de contacter les responsables du programme par le site Internet même. Consultés, vos collègues de la rédaction m’ont alors conseillé de m’adresser à vous directement. Ils ont fait la remarque également que le programme questionné est un programme « français ». Français ou chinois, peu importe, le spectateur est belge et le problème planétaire.
(1) Voici ce qu’écrivait Churchill dans ses mémoires sur la deuxième guerre mondiale en faisant référence notamment aux atermoiements des occidentaux vis-à-vis des propositions soviétiques d’alliance : « l’offre des Soviétiques fut ignorée dans les faits. Ils ne furent pas
consultés face à la menace hitlérienne et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l’esprit de Staline. Les évènements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n’existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela. » W. Churchill, The Second World War, volume 1, p. 104
1. UNE DOC RAREMENT CONNUE !, 16 septembre 2009, 18:37
A titre d’info, ci-après copie d’une lettre envoyée à la RTBF par un spectateur de la série "Apocalypse
A l’attention de Mme Françoise de Thier, Médiateur - RTBF
Concerne : l’instrumentation politique des faits historiques
(...)
Le signataire de cette lettre adressée à la RTBF, dont début ci-dessus, est VLADIMIR CALLER