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USA :L’overclass et son imaginaire : entrevue avec Jacques Mascotto

Publie le vendredi 21 décembre 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

USA :L’overclass et son imaginaire : entrevue avec Jacques Mascotto
15 décembre 2007

Relations : Le néolibéralisme tel que mis en place aux États-Unis à travers ses grandes entreprises multinationales a produit une nouvelle classe de riches que vous appelez l’overclass. Qu’entendez-vous par là ?

Jacques Mascotto : Le génie du néolibéralisme aux États-Unis a été d’élargir, en une trentaine d’années, la base sociale du bloc dirigeant – et donc son pouvoir – grâce à de fortes rémunérations, transformant les managers en quasi propriétaires du capital. Pour ce faire, une de ses inventions a été d’accroître l’éventail des revenus des managers : à la fois en salaire, en stock options, en dividendes, en redevances, en gains de capitaux, etc. Les grandes familles de propriétaires, telles les Rockfeller, Ford et C ie, et les hauts dirigeants d’entreprises, qui composaient à peine 2 % de la population, ont réussi à s’adjoindre ainsi près de 10 % de la population, ce qui est énorme.

Ce bloc dirigeant élargi, c’est ce qu’on appelle l’overclass. Il comprend, outre ces héritiers des grandes familles et ces hauts dirigeants, les classes salariées supérieures exerçant une fonction dirigeante au sens large – avocats, experts, consultants, éditorialistes, etc. – gagnant entre 80 000 $ et 200 000 $ en moyenne par année et formant la constellation savoir-pouvoir-contrôle. Jamais dans l’histoire du capitalisme un bloc dirigeant n’a eu autant de cohésion sociale par ses revenus, son statut social et son imaginaire de la puissance. Il est apte à isoler, à filtrer et à repousser les mobilisations sociales.

L’overclass, ce n’est pas une classe nouvelle par rapport à une ancienne, c’est plutôt l’ancienne classe capitaliste qui s’est transformée, poussant au bout la logique autodestructrice du profit à tout prix, en sapant, par son appétit féroce et son style de vie, les bases mêmes de la société. Car, pour rendre possible cette overclass, on a instauré une répression gigantesque des salaires, ainsi qu’un système financier qui pille les pays du tiers-monde et appauvrit les classes laborieuses, dirigées en masse vers les Wal-Mart. La montée en puissance des organisations et du capital a eu pour effet d’élargir la base sociale et « intellectuelle » de la classe dominante et dirigeante.

Le capitalisme détruit le Welfare State pour instituer un Wal-Mart State autour duquel s’organise tout le système financier américain : acheter à la Chine de petits produits bon marché fabriqués par des travailleurs sous-payés, assurant ainsi la consommation pour les pauvres. À côté, 10 % de la population jouit d’un style de vie basé sur la consommation des biens de luxe. Ils en ont les moyens d’autant plus que l’impôt qu’ils payent est ridicule – à partir de 90 000 $ de revenu, on ne paye quasiment pas d’impôt aux États-Unis pour qui sait manœuvrer – et que la puissance militaire américaine a la capacité d’instaurer un système de ponction des matières premières et autres produits manufacturés dans la périphérie, c’est-à-dire le tiers-monde. Il faut bien considérer que l’overclass sollicite l’interventionnisme dirigiste et autoritaire de l’État pour domestiquer la classe moyenne à l’intérieur et pacifier les peuples de la périphérie.

Rel. : Comment l’overclass justifie-t-elle cet écart croissant entre les riches et les pauvres ?

J. M. : Les grandes entreprises américaines très puissantes, sur lesquelles se fonde le système néolibéral, véhiculent une idéologie de la performance, de la compétence et de la compétitivité qui débouche sur un darwinisme social de la pire espèce. C’est la rhétorique extrêmement violente des winners et des loosers. Ainsi, les petits salariés apparaissent comme des perdants, incapables de suivre le rythme, inadaptés à la rapidité du changement, pour qui les Wal-Mart deviennent comme un don du ciel, une porte de salut. Un intellectuel comme Samuel Huntington, dans son livre Le choc des civilisations, relaie ce discours. Selon cet auteur, les gens vivant dans les régions du monde de religion musulmane ou hindouiste sont incapables culturellement de s’adapter à la performance et au système de production. Une intervention militaire deviendrait ainsi nécessaire s’ils mettaient en péril les rythmes de la croissance mondiale dictés par les lois de la performance économique.

À l’opposé, il y a des gagnants, ceux qui ont réussi, dont le prototype est Bill Gates. Ce sont des modèles à suivre pour les membres de l’overclass qui aspirent à devenir comme eux, à la manière de jadis où l’on aspirait à être parmi l’élite de la nation. Ils font l’objet d’une sorte de culte de la personnalité, comme s’ils étaient dotés du don de faire des miracles. On pourrait les appeler des wonderboys, renvoyant par là à l’art, dans lequel le capitalisme est passé maître, de faire fantasmer les gens – comme l’ont si bien compris Herbert Marcuse et Walter Benjamin. C’est la version postmoderne de Cendrillon qui devient princesse.

Mais, en même temps, la domination néolibérale américaine passe par un grand récit qui mobilise la nation – contrairement à la théorie postmoderne qui décrète un peu trop vite la fin des grands récits. Nous pourrions l’intituler America is back ! ou encore, pour reprendre le nom du think tank néoconservateur le plus puissant aux États-Unis, The New American Century. Il conduit à une mentalité de pillage selon la logique de l’accumulation par dépossession. On dépossède carrément les individus, les populations, les régions, etc. de leurs biens et de leurs ressources parce que « nous sommes, tout simplement, en droit de… ». La propriété ne se caractérise plus par un titre de possession individuelle ; elle se confond avec l’opérationnel, c’est-à-dire avec la capacité d’organiser le contrôle et l’appropriation.

L’impérialisme économique pratiqué dans le tiers-monde s’enveloppe parallèlement d’une idéologie humanitaire pernicieuse. On vient au secours des plus démunis au moyen d’organisations internationales de sorte que le système exporte des produits agricoles bon marché. Au moyen de ce dumping, cette aide humanitaire casse les agricultures locales et prépare le terrain aux multinationales telles Monsanto et à leurs OGM. D’un autre côté, les ONG humanitaires court-circuitent les acteurs sociaux nationaux en leur imposant les méthodes et les valeurs des firmes multinationales qui financent cet activisme philanthropique.

Par ailleurs, on entend couramment un discours, relayé par des analyses sociologiques qui décrètent « fort sérieusement » l’insignifiance de la société comme entité sui generis. Au-delà de l’individu souverain, tout au mieux aurait-on des communautés identitaires se substituant à la société comme totalité qui assurait le lien social. Qu’est-ce qui est miné par ce communautarisme si ce n’est l’idée même de solidarité universelle ? Celle-ci déniée, c’est le droit du plus fort qui s’affirme. Il faut comprendre que le recours au concept d’« individualisme » sans société est proprement scandaleux. L’individuation suppose au contraire le collectif : je m’individualise à travers la collectivité en tant que j’ajoute quelque chose ou dans la mesure où je suis responsable, individuellement, du bien commun.

Bien sûr, la solidarité humaine ne peut être biffée si facilement. Elle est donc canalisée au moyen du spectaculaire. C’est l’effet tsunami : des corps qui flottent par milliers sur nos écrans… Les gens s’apitoient pendant que l’État sabre dans les programmes sociaux. Avec cette pseudo-solidarité, on revient à l’aumône comme au Moyen Âge. Les nobles, les riches se baladaient avec de petites bourses remplies d’écus qu’ils lançaient aux pauvres. Comme elles pendouillaient à la ceinture, on les appelait des « bougettes ». En anglais, c’est devenu budget. Les riches se réservaient ainsi un budget quotidien pour distribuer aux pauvres. Cette manière d’allouer l’argent aux pauvres n’est pas si loin du sens des budgets actuels des gouvernements, dans le monde néolibéral. Le budget retrouve sa signification étymologique, charitable. Il attire l’attention, mais l’économie globalisée est ailleurs. D’un côté, il y a les grands domaines – fonciers d’alors ou financiers d’aujourd’hui – pour les riches et, de l’autre, de petits budgets pour le reste du monde afin qu’il reste tranquille… C’est tout le sens du Traité constitutionnel européen : d’un côté l’illégalité absolue de contester le « marché » ; de l’autre des mesures compensatoires, le « filet de sécurité » pour ceux qui sont tombés de la voltige mondiale.

Rel. : N’assistons-nous pas, avec ce détournement de l’espace public, à la représentation d’un monde où serait occultée l’existence concrète des gens, leurs besoins, leurs souffrances, leurs désirs ?

J. M. : Je crois que les gens de l’overclass n’ont aucune idée de la condition de vie de la grande majorité de la population. Les médias sont certainement la courroie de transmission de cette mise entre parenthèses de la réalité. Le grand absent, il faut le souligner, parce qu’il est emblématique de cette dé-réalité, c’est le travail. On arrive même à affirmer, sans rougir, sa « disparition ». Sous le couvert de pourcentages, on montre que tel secteur de l’industrie a perdu un nombre important d’emplois, par exemple. Mais on ne voit pas que dans les faits ce sont d’autres qui travaillent trois heures de plus par semaine et qu’ils ont moins de congés payés. À l’ombre des chiffres, gît la dure réalité de ceux et celles qui peinent pour survivre. Et ils sont légions. N’oublions pas que le nombre d’enfants qui travaillent ne figure jamais dans les statistiques. Combien de jeunes au Québec ont des petits boulots nécessaires à la survie de ce qui reste de la famille ?

En fait, l’authentique et unique travailleur dans le monde néolibéral, c’est le capital. Nous retrouvons cette « réalité » aliénante dans l’expression « mon argent travaille pour moi ». Comme si l’accroissement de la valeur ne provenait pas du travail, des travailleurs en chair et en os. Au temps du mouvement ouvrier, les travailleurs étaient conscients que leur travail était à la base de l’économie nationale, qu’il était la condition de la reproduction de la société qui reliait les générations entre elles dans un même mouvement d’émancipation. Maintenant cette réalité est occultée. On revient à une mentalité féodale. C’est la grande mystification du capitalisme. C’étaient les seigneurs, c’est maintenant l’overclass qui procure de l’emploi et fait participer le reste du monde à sa richesse, par pure générosité. « Nous vous employons, alors soyez donc reconnaissants, vous êtes des privilégiés. » C’est ce qu’on a vu avec Lucien Bouchard qui a gagné 200 000 $ en quelques semaines de négociation pour dire aux travailleurs de la SAQ qu’ils étaient privilégiés d’avoir un salaire annuel de 25 000 $ !

Que des hauts dirigeants d’entreprises s’octroient des augmentations de salaire de 400 %, que leur revenu s’élève à des centaines de millions, ne pose pas de problème dans cette logique. C’est une richesse qui leur revient de droit. À tout seigneur, tout honneur ! Il n’y a pas d’injustice parce qu’il n’y a pas d’inégalité. En parlant du Moyen Âge, personne n’aurait jamais osé poser le problème d’une inégalité entre le seigneur et le serf ; c’était une différence de nature aussi éloignée l’une de l’autre que Dieu et l’humanité. De plus en plus d’ailleurs, le concept de différence se substitue à celui d’inégalité pour justifier les écarts salariaux. L’overclass se perçoit comme « homme nouveau » ou nouvelle espèce.

Je crains que le néolibéralisme et sa civilisation de la performance – si rien n’est fait pour les contrer – portent ce concept de différence à son apothéose en distinguant l’humanité suivant qu’elle est génétiquement enrichie ou génétiquement pauvre ; une humanité de trop, non rentable, qui est non seulement impuissante à suivre le courant, mais le freine, le menace au point où l’humanité adaptée serait en droit de l’éliminer ou de la maintenir en état d’infrahumanité. Avec la dégradation des écosystèmes, il pourrait y avoir une overclass de seigneurs, capables de vivre dans la pollution, grâce à une occupation des lieux les moins pollués et à l’accès à de coûteuses thérapies nanotechnologiques renforçant le système immunitaire contre les virus et les pollutions biologiques que leurs grandes entreprises auront provoqués. Cela consisterait en une version extrême d’un système de santé à deux vitesses. Une « humanité à deux ou trois vitesses » : la surhumanité ou transhumanité, humanité « banale » et sous-humanité…

La science-fiction est dans bien des cas de la bonne sociologie. Le meilleur des mondes de Huxley et 1984 d’Orwell sont des mondes complémentaires, l’un étant la condition de l’autre. Nous nous en rendons compte. Lourde tâche que celle qui nous incombe de défendre l’humanité commune. Notre résistance commence en appelant l’inégalité par son nom, en dénonçant l’écart actuel entre les riches et les pauvres comme une injustice vis-à-vis de la condition humaine, sinon l’accomplissement du concept de différence nous conduira à la post-humanité.

Entrevue réalisée par Jean-François Filion et Jean-Claude Ravet

Référence : Mascotto, Jacques,« L’overclasset son imaginaire », Relations, septembre 2005 (703), p. 17-20.
Professeur au Département de sociologie de l’UQAM, Jacques Mascotto enseigne depuis plusieurs années la sociologie des élites, ce qui l’a amené à s’intéresser au nouveau bloc économique dirigeant américain.

http://cap.qc.ca.edu/2007/12/15/l&#...

Messages

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    Thanks, Hoipolloi Cassidy, New York.

  • Ce bloc dirigeant élargi, c’est ce qu’on appelle l’overclass. Il comprend, outre ces héritiers des grandes familles et ces hauts dirigeants, les classes salariées supérieures exerçant une fonction dirigeante au sens large – avocats, experts, consultants, éditorialistes, etc. – gagnant entre 80 000 $ et 200 000 $ en moyenne par année et formant la constellation savoir-pouvoir-contrôle. Jamais dans l’histoire du capitalisme un bloc dirigeant n’a eu autant de cohésion sociale par ses revenus, son statut social et son imaginaire de la puissance. Il est apte à isoler, à filtrer et à repousser les mobilisations sociales.

    J’avais bien accepté le mot de nomenclatura bourgeoise...

    Bon peu importe les termes il est très utile de bien discerner ce qui se passe :

    Une partie des revenus des salariés ont eu leurs revenus transférés vers le capital, mais aux USA (et à moindre niveau en Grande Bretagne et dans les états européens) cette évolution était difficilement distinguable. C’est qu’en fait une couche étroite de salariés dirigeants (privés et publics) était en train de s’extraire nettement en ayant des revenus de plus en plus hors nomes.

    Facticement dans beaucoup d’états , de 5 à 10% des revenus étaient passés du salariat au capital mais la réalité semble cacher quelque chose d’autre de bien plus inégalitaire, c’est la catégorie des salaires hors normes des petits chéris salariés de la bourgeoisie.

    C’est si l’on veut, au symbolique la gâterie de DSK dans ses nouvelles fonctions, la goinfrerie de Sarko qui se vote des douceurs à niveau grande bouffe, ....

    Ceci étant, ce mouvement tranche un peu avec le passé et recoupe d’autres évolutions. Le pouvoir bourgeois élargi d’un côté sa base sociale en extrayant des salariés cette super-nomenclatura qui a l’avantage d’être homogène mais d’un autre côté liquide en partie les alliances qu’il avait avec une partie de la petite-bourgeoisie (les artisans, commerçants, professions libérales) sauf si ils sont en situation de rentrer dans les top guns (mais ça sera une petite minorité, le reste sera prolétarisé), avec la paysanerie (maintenant liquidée pour l’essentiel dans les pays riches, le reliquat partagé entre RMI et minuscule caste sur-mécanisée), enfin les alliances larges construites sur des cadres, des fonctionnaires sont étranglées.

    Dans la classe ouvrière (au sens large) les fonctionnaires sont mis à diète commune, ainsi que l’essentiel des cadres (leur statut ne veut plus rien dire alors qu’il était prestigieux avant), les restes des ITC (ingénieurs techniciens et cadres là enlevés) passant également dans le mixeur.

    Cette recomposition des alliances est inédite. La bourgeoisie a donc réduit la voilure du cout de ses alliances, se sépare violemment et distinctement des alliances du passé et en construit une nouvelle + réduite mais mieux nourrie et surtout plus homogène .

    D’un autre côté la classe ouvrière est mieux placée (ci elle arrive à se constituer en classe consciente d’elle-même) pour se réunifier, attirer à elle les couches sociales et classes passées au hachoir et auparavant gâtées par la bourgeoisie.
    La bourgeoisie gagne une alliance + cohérente et + réduite à qui est offert l’intégration réelle dans ses rangs. la nomenclatura bourgeoise c’est la stagiérisation , en attendant la titularisation dans les rangs de la bourgeoisie. Ce qui n’a jamais été offert réellement aux ex-couches sociales que la bourgeoisie avaient avant comme alliées.

    Autre chose, il est évident que les mœurs de guerre sociale agressive vont affecter profondément la bourgeoisie et introduire en son sein (déjà que ça n’était pas le grand amour....) plus de dureté qu’avant . Des bourgeois vont être dé-fenestrés par leurs "amis" avec cruauté.

    Autre chose, la bourgeoisie qui se contentait de l’état national comme parti politique à elle va être obligée de trouver d’autres relais et c’est ce qu’elle fait : think-thanks, OMC, banque mondiale, davos, Bilderberg, trilaterale, direction de l’UE, etc.... la bourgeoisie et la nomenclatura dispose maintenant de nombreux clubs mis en musique hiérarchique chargés de construire idéologie, orientations, mises en application pratiques , etc.

    Copas

  • Tiens tiens tiens, interressant ça, interressant. Vieux stal borné.

    • Intéressant car ça veut dire réduction de la base sociale et des alliances de la bourgeoisie, introduction à un niveau + intense des règles de la jungle en son sein pour extraire les meilleurs ....

      Mais il y a toujours deux lectures dans un processus d’évolution majeur : Soit on mesure avec effroi la largeur des chenilles de tanks soit on dit que ça va être du tir aux pigeons d’argile sur ces mastodontes....

      Les deux sont justes .

      J’insisterai quand même sur la faiblesse croissante de la base sociale de la bourgeoisie, ses alliances se réduisant de plus en plus ...

      également il faut prêter attention sur le paradoxe de la concentration inouïe de moyens par télés, radios et journaux, qu’a la bourgeoisie qui tient des discours d’une exceptionnelle homogénéité, et en même temps l’exceptionnelle fragilité de cette domination qui ne se conçoit qu’avec un contrôle absolu de la parole. La moindre faille les fait devenir fous d’angoisse (le net est par exemple devenu l’objet infernal et obsessionnel de leur paranoïa) . C’est le syndrome Mai 2005.

      Donc à la concentration de la bourgeoisie et son pool de stagiaires à salaires astronomiques (il faut distinguer : la bourgeoisie et la nomenclatura qui touche d’énormes salaires, ce n’est pas toujours la même chose) se lie une concentration médiatique exceptionnelle et une homogénéisation exceptionnelle du discours (rien d’étonnant : les grands présentateurs, animateurs , etc, font partie des stagiaires , leurs revenus sont en ligne pour entrer avec tambours et trompettes dans la nomenclatura qui dirige le monde).

      Mais le dispositif a incontestablement ses faiblesses du point de vue de la domination idéologique. Le relais charnel de proximité n’existe plus (symboliquement le discours tombe des hauts parleurs), le discours s’écarte de plus en plus de la réalité et devient transparent, enfin la moindre faille (syndrome mai 2005) le fait voler en éclats (la haine et le désir de contrôle du Net par la petite bande bourgeoise illustre une des grosses failles du dispositif).
      Sur des points accessoires, comme la domination des lieux de la pensée économiste bourgeoise (les Echos, la Tribune), le désir de suprématie et de contrôle crée une faiblesse incroyable de la bourgeoisie qui cherche à liquider toute solution de porter même un regard lucide sur ses enteprrises.

      Cop.

  • bonjour ;
    Jai mis en ligne cet entretien pour lancer le debat sur l’analyse des classes au niveau mondial,vu que la nous sommes encore balbutiants !!
    Merci Copas pour la reprise,la vision d’ensemble avance,il faut y integrer a mon avis la partie imaginaire representation de soi qui se revele dans l’article incomplet (plus de 25000 caracteres) mis en ligne a la suite :
    La bonne publicité est la pire Nicolas Renaud
    http://www.e torpedo.net/article.php3 ?id_article=1046

    Les nouvelles techniques de domination,manipulation sont issues des mecanismes de la publicité etendues a
    l’ensemble des formes de domination .Ce n’est pas un hasard si toutes les institutions ,y compris le Pentagone ont de tres performants services de relations publiques,travaillent en permanence avec les lobbystes etc.

    La couche dirigeante mondiale issue de la mondialisation a une meme culture homogene qui resulte tant de sa pratique que de son ideologie.
    N’en deplaise a 91.***.32.***,ils ne sont arrivés que parce qu’ils ont su ecraser les concurrents et leur seul merite fut d’etre plus feroces que d’autres !!
    Leur ferocité,appat du gain,sont leurs marques de fabrique et leur signe de reconnaissance,ce sont nos ennemis impitoyables aucune chance de s’entendre avec eux,aucun compromis possible !!

    Maintenant il faut entamer l’analyse fine sur la pratique de la caste dirigeante Europeenne et l’usage reciproque des Sociodems en leur sein.
    Vladimir

     

    • L’analyse me semble pertinente, mais elle ne prend, à mon avis pas en compte l’existence d’une "super hyper class" qui ne mesure plus son influence en dollars, en valeur fiduciaire, mais en pouvoir pur.

      En gros, le changement qualitatif de la richesse en pouvoir accompli chez un petit nombre ou il n’y a plus besoin de richesse financière pour dominer.

      Cette classe est devenue dominante totalitaire et possède par cela TOUTE la richesse existante par cette seule qualité. Elle se reproduit entre elle, vit entre elle, meurt entre elle, et présente tous les aspects d’un pouvoir impérial oligarchique.

      Et ceux-là n’ont plus besoin d’autre chose que leur propre identité pour avoir tout le pouvoir du Monde.

      Je dirais même plus que la perennisation de leur état justifie à leur yeux de détruire toute richesse ou accumulation de celle-ci qui pourrait amener d’autres à leur niveau. Et même ceux qui pensent pouvoir accèder à leur niveau deviennent tôt ou tard leur point de mire. Je parle ici des 10 % cités dans le texte. Et qui ne sont que les mignons destinés à les faire disparaître à la perception du commun et à leur servir de fusible et de bouclier.

      Ceux-là n’apparaissent que très rarement en public, et leurs noms, bien que connus si on cherche dans les Who is Who ou les Agendas de la Finance, y figurent sans paraître comme importants au commun des mortels. Pourtant ce sont eux qui font et défont les grandes lignes politiques du Capital et leurs figures de proue.

      G.L.

    • Ceux-là n’apparaissent que très rarement en public, et leurs noms, bien que connus si on cherche dans les Who is Who ou les Agendas de la Finance, y figurent sans paraître comme importants au commun des mortels.

      Regarder les listes de noms des participants à la trilaterale, à bilderberg, à Davos, relever les noms des commissaires européens, des dirigeants de la BM, le FMI, relever qui est négociateur à l’OMC, et grosso-modo tu auras la liste de ceux qui "comptent" réellement, ceux qui expriment les tendances et grands axes économiques et politiques mondiaux de la bourgeoisie. C’est très instructif et très discret..... (sauf le déploiement policier et militaire géant qui entoure ces forums bourgeois mondiaux).

      Ceci étant il est intéressant de noter que ce qui importe dans ce genre de truc c’est la "réussite", la connivence est du même tonneau qu’une discussion d’un groupe de requins face à un repas possible.

      Cop.