Ukraine : un monde tripolaire en gestation ?

La Russie vient d’enclencher la 2ème phase du plan russe destiné à briser la stratégie d’ encerclement américaine . Sans encore parler d’ éclatement de la Russie , de bipartition ou de la mise en place d’un Etat fédéral , la situation des prochaines élections présidentielles le 25 mai prochain favorisent les petits coups de force aussi bien du côté occidental que du côté russe . Depuis la semaine dernière , la Russie accentue sa pression depuis l’ annonce d’ augmentation du prix du gaz de 80% alors que l’ Etat Ukrainien est en faillite .

L’ occupation des territoires de l’est du pays n’ est pas une surprise : cette région russophone , la plus anciennement industrielle - le Donbass - avec ses ressources minières en charbon , est un lieu de passage important des 2 plus importants pipe-lines de gaz alimentant l’ Ukraine et l’ Europe . Ce plan russe s’ adapte aussi aux réactions des adversaires qui , pour le moment sont timorées , l’Europe et les USA étant elles-mêmes fragilisées par leurs propres situations économiques ; de plus les USA , dans une économie impérialiste déclinante , perdent aussi les moyens d’ intervenir sur plusieurs fronts militaires simultanément préférant se rabattre sur de simples pressions diplomatiques . La Russie continue donc d’ avancer ses pions tant que les adversaires impérialistes ne lui signalent pas ouvertement où se situe la ligne rouge .

Plus globalement , la Russie semble être le fer de lance d’ une nouvelle situation mondiale : l’accumulation capitaliste mondiale stagnante signe le lent déclin de cette économie et dans ce cadre , un secteur particulier n’ a plus les moyens de soutenir la croissance mondiale et de discipliner les conditions du commerce mondial . Sans augurer du cadre géopolitique de l’ avenir à moyen terme , il n’ est pas impossible de voir émerger depuis quelques temps , les signes avant-coureurs d’ un monde tripolaire mieux adapté à une accumulation capitaliste définitivement en berne : une vaste zone de libre-échange américano-européenne ; une zone d’ accumulation asiatique dirigée par la Chine ( mais le Japon a encore son mot à dire ) ; et enfin un secteur intermédiaire eurasiatique avec la Russie en chef de file .

Mais ce scénario n’est qu’une interprétation théorique de ce que les puissants de ce monde en concurrence sont encore capable de faire pour se le partager . Accablées par des conditions de vie qui se dégradent de plus en plus rapidement , les populations laborieuses peuvent encore venir jouer les trouble-fêtes , non pas pour mieux redistribuer les fausses richesses du capital mais pour les détruire .

http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2014/04/07/le-sud-est-en-etat-de-siege

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