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Un coup de semonce aux patrons de presse

Publie le vendredi 17 décembre 2004 par Open-Publishing

de Claude Baudry

Le Livre CGT organisait hier, à Paris, une journée nationale d’action pour le pluralisme et pour l’emploi.

Pour « le pluralisme de la presse, l’emploi et les statuts, les effectifs et la charge de travail », l’heure n’est plus aux tergiversations. Et encore moins à la provocation. C’est le sens de la journée d’action organisée hier à l’appel de la Filpac CGT (Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication). C’est un amendement glissé en catimini dans le débat budgétaire qui a mis le feu aux poudres sous le couvert de la « modernisation sociale » de la presse quotidienne nationale et régionale. Traduit en données chiffrées : plus de dix-huit cents départs (657 en presse quotidienne nationale et 1 200 en presse quotidienne régionale) alors que l’accord-cadre, signé le 30 novembre dernier entre les patrons de presse réunis au sein du SPP (Syndicat de la presse parisienne ) et le Livre CGT ouvrait la voie à une perspective de renouveau. Ce jour-là, Xavier Ellie, président du SPP, avait « remercié les négociateurs qui ont fait un gros effort » et considéré que « cet accord (était) un point de départ et un fil conducteur pour la presse parisienne... »

Alors que le gouvernement par la voix de son ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, se targue d’un plan sans précédent d’aides à la modernisation de la presse (38 millions d’euros) dans le budget 2005, l’amendement incriminé révèle la vraie nature de ce plan : l’autorisation de supprimer des emplois. Ce qu’ont du reste compris nombre d’éditeurs qui se sont engouffrés dans cette voie.

La Filpac CGT a perçu l’amendement au collectif budgétaire comme « une déclaration de guerre ». Chacun peut mesurer qui est l’agresseur. Surtout si l’on se souvient qu’il y a un an, en annonçant sa décision de faire quitter le SPP au Figaro, Yves de Chaisemartin s’était déjà déclaré « en guerre » contre les salariés du Livre. Le discours très libéral tenu par Xavier Ellie, patron du SPP lors de la conférence médias des Échos, vendredi dernier, n’a fait que confirmer le propos. Pour lui « le modèle économique de production n’est plus adapté » et, appelant à la « refondation de la presse » et à revenir « dans les normes », il a fait porter le chapeau des difficultés de la presse sur le dos des ouvriers du Livre. Un vieux réflexe. Il faut arrêter de « rejeter les responsabilités de la crise de la presse sur les ouvriers

du Livre », tempête la Filpac CGT. Hier après-midi, lors d’une manifestation à Paris devant le siège de Publiprint, régie publicitaire du Figaro de Dassault, (voir aussi en pages médias), Michel Muller, le secrétaire général de la Filpac CGT, a souligné que « toute élimination des travailleurs n’a jamais fait gagner un lecteur. Le mal de la presse écrite est ailleurs », a-t-il poursuivi. « Il faut inverser la tendance avant que la presse quotidienne nationale ne soit réduite à la portion congrue. » Il a dénoncé « cette purge digne de la pharmacopée des médecins de Molière ». Avec, en jeu, « le contrôle de la circulation des idées ». Il a annoncé le lancement prochain d’une grande campagne pour le pluralisme de la presse.

Plus que jamais, la question d’une véritable remise à plat des questions de la presse, comme de plus en plus de voix la réclament, reste posée. François d’Orcival, le tout nouveau président de la Fédération nationale de la presse française, (poste occupé auparavant par Xavier Ellie), est de ceux qui réclament un débat national. La Filpac CGT a fait savoir hier qu’elle en était plus que jamais partie prenante.

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