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Un premier succès qui dérange

Publie le mercredi 13 septembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

La décision des Collectifs antilibéraux sur leur ambition électorale ne cadre pas avec la niche que certains voudraient leur réserver.

Les commentateurs de la vie politique sont décidément incorrigibles. Les réunions du Conseil national du PCF et l’assemblée des Collectifs unitaires antilibéraux tenues ce week-end n’ont eu le droit qu’à quelques maigres compte rendus. Au même moment, l’université d’été de Philippe de Villiers et ses diatribes racistes et ultraréactionnaires avaient le droit à une ample couverture radio-télévisée. Quant aux médias qui avaient tout de même décidé de couvrir la réunion des collectifs de dimanche, plusieurs affichent leur embarras pour rendre clairement compte des décisions prises.

Le texte stratégique adopté après un débat fructueux dans les collectifs locaux est pourtant clair et positionne nettement l’ambition du rassemblement visé (voir notre édition d’hier). Il écarte une vision étriquée qui risquerait de détourner le rassemblement de ses objectifs : battre la droite et l’extrême droite en 2007 ; s’adresser pour cela à tout le peuple de gauche pour le rassembler sur des positions antilibérales. Mauvaise perdante, la LCR parlait d’ailleurs hier dans un communiqué de « débat tronqué » à propos de la réunion de Saint-Denis (les 600 participants apprécieront). Ignorant les réponses apportées par les collectifs dans leur cohérence, elle y réaffirme la ligne dont elle ne démord pas et qui justifie à ses yeux la candidature solitaire d’Olivier Besancenot : « Faut-il envisager un rassemblement de toute la gauche alors même que le PS confirme jour après jour son choix social-libéral ? ». C’est précisément à cette équation de la défaite programmée que les militants antilibéraux dans leur diversité, communistes, associatifs, altermondialistes, syndicaux, socialistes, républicains de gauche..., tous acteurs de la victoire du « non », refusent de se résoudre. Et leur ambition dérange, elle ne cadre pas avec les schémas préétablis. Elle bouscule manifestement les visions d’un bipartisme triomphant, flanqué de deux extrêmes durablement marginalisés et écartés des responsabilités.

Décalés, à court de commentaires, certains médias préfèrent du coup les raccourcis, quitte à verser dans le contresens. Libération et le Parisien publient ainsi pour symboliser le rassemblement une photo réunissant deux de ses acteurs, José Bové et Clémentine Autain, aux côtés de celui qui en refuse toujours les contours, Olivier Besancenot. Dans le Parisien, la photo est flanquée de cette légende : « Les militants d’extrême gauche et leurs leaders ne parviennent toujours pas à s’accorder sur la personne capable de les représenter en 2007. » Pas sûr que les militants venus de toutes les familles de gauche réunis dimanche se retrouvent dans ce genre de résumé. À part cela, il est vrai que le débat sur les candidatures n’est pas clos. Pour une bonne raison, il ne fait que commencer. Aussi bizarre que cela puisse paraître à nombre de nos commentateurs, les militants des collectifs avaient tout simplement décidé de ne pas mettre la charrue avant les boeufs et de commencer par mettre en débat leurs objectifs et leur projet.

Pierre Laurent

Messages

  • Il faut y voir une stratégie délibérée des médias. A porter l’essentiel de l’information sur les possibles candidats, ils évitent de parler des programmes (ou non-programmes). Et comme le débat sur l’insécurité permet de favoriser les candidats les plus en vue de la presse, autant donner la parole à Villiers qu’à nos amis anti-libéraux.

  • La LCR mauvaise perdante. Pourquoi elle a perdu ?

    Si elle a perdu pour obtenir une politique claire de refus d’alliance avec les sociaux-libéraux, alors, elle a toute ma sympathie.

    J’ai lu ailleurs dans ce site qu’il existait des amendements de Marseille qui n’ont pas été adopté, sans vote. Quelqu’un pourrait les publier ?

    En tout cas, l’Huma ne s’en fait pas l’écho.

    Et si la grande perdante c’était la démocratie ? - comm’ d’hab !

    • "pour une politique claire de refus d’alliance avec les sociaux-libéraux", la lcr favorise l’accès au pouvoir des sociaux-libéraux, en refusant l’’alliance avec les anti libéraux.
      Seule l’alliance de tous les anti libéraux peut battre le ps.
      La lcr pense que non : quelle tristesse.

    • C’est son droit de penser NON. Où est la tristesse ?

    • "Refuser le TCE sous prétexte qu’il n’est pas parfait, c’est faire le jeu des ultra-libéraux", ça vous rappelle quelque chose ?

      "Refuser l’unité des anti-libéraux sous prétexte que les rapports au PS ne sont pas suffisamment clarifiés, c’est faire le jeu du social-libéralisme"...

      On devrait essayer d’argumenter à un meilleur niveau que nos adversaires libéraux... La pensée unique, d’où qu’elle vienne, pffff ...

      On peut aussi citer le célèbre "Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous"...

      OC

    • la declaration dela LCr sur le vote par acclamation et la non pris en compte des amendements et un MENSONGE.. le texte a été réécrit tenant compte du débat (les amendements d’aubagne inclus).Nous avons VOTE l’archimajorité pour le texte présenté (les copains des BDR ont voté pour , j’etais à coté d’eux).
      Fab

  • AU MOINS , A.KRIVINE N’A PAS CHANGE DEPUIS 68 ! SON PIRE ENNEMI , COMME POUR MITTERAND , C’EST LE PCF.

    • première épisode on élimine la LCR, ou plutôt celle-ci devant le bordel généralisé se dit qu’un espace est ouvert par les difficultés du PCf à jouer sa stratégie entre son parti divisé, les comités divisés, et le PS qui mène le jeu et qui est lui-même divisé... Donc tout cela est parfaitement figé dans l’attente du signal de mise en mouvement qui sera donné par le PS...

      Deuxième épisode, après la fête de l’huma, l’empoignade reprend de plus belle entre les bovétistes et les buffetistes, un temps reconciliés autour de la dénonciation de la méchante LCR... Sans parler de ceux qui proposent un clone de l’opération Segolen au PS, c’est-à-dire l’’opération clementine Autain...

      Et tout le monde arrive au présidentielles dans un état de décomposition avancé... Que préfigure assez bien cette fête de l’huma où ,il s’agit seulement de limiter les querelles internes... En vue d’empêcher la dispersion des candidatures et ce qui s’est donc passé en 2002. Parce que bien sûr c’est l’analyse faite par le PS, selon ses caciques qui ne veulent surtout pas remettre en cause le néo-libéralisme et l’union européenne, il a perdu parce qu’il y avait émiettement des candidatures, pas à cause de sa politique... Donc tout le monde attend ce que va décider le PS et le ou candidat(e) de rassemblement à qui il va donner sa bénédiction...

      La LCR tente d’échapper à cela et de plumer définitivement la volaille PCF qui risque bien effectivement ne jamais se relever de cela, ce qu’ont compris les députés communistes comme Boquet, Gérin et autres...

      Ah ! OUi c’est bien triste, c’est même immoral...

    • Ce sont là des raccourcis qui évitent le débat politique. La seule vrai question qui est posée reste celle des alliances, ou le refus des alliances avec le parti (hélas) domnant à gauche : le PS.

      La LCR refuse toute alliance avec le PS tel qu’il est. C’est ce qu’elle a posé comme exigence pour participer à des candidatures unitaires. on a le droit d’être opposé à cette proposition. Pour ma part, je suis d’accord avec eux. A partir du moment où cette exigence est refusée, la LCR présente un candidat. C’est son droit. A moins de considérer qu’il s’agit d’un problème secondaire. Ce qui n’est pas mon cas, je pense que c’est primordial pour l’avenir.

      Le PCF navigue entre plusieurs lignes avec pôurtant des obsessions : présenter MGB, ne pas rompre avec le PS. Il a besoin de lui pour avoir un groupe parlementaire. Le PCF a le droit d’avoir ces objectifs. Ce que je lui reproche, c’est de ne pas être aussi clair que la LCR.

      C’est donc la quadrature du cercle sur un problème de fond.

      Enfin, je suis extrèmement choqué que la réunion de dimanche dernier n’est pas permis à la LCR ainsi qu’à des collectifs locaux, de présenter des amendements. La question démocratique a toujuors été une épine pour le mouvement ouvrier. Je croyais que les leçons étaient tirées de la période stalinienne. Y’a des restes.

      Désormais donc, deux solutions :

      Le PCF refuse de bouger dans le sens de la rupture avec le PS et il y aura plusieurs candidats.

      Le PCF bouge dans ce sens et il y aura un candidat ou plutôt moins de candidats. Je rappelle que Laguilier sera présente et qu’elle conserve une bonne dose de sympathie.

      Marcel (Toulouse)