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Un puissant et urgent besoin de communisme

Publie le samedi 19 avril 2008 par Open-Publishing
12 commentaires

de Michel Peyret

Où en est le peuple de France dans son cheminement de recherche d’une alternative aux exploitations et aliénations qu’impose la domination du capitalisme à toute la société comme à chaque individu qui la compose ?

UN MOUVEMENT DANS LA LONGUE DUREE

Pour nous en tenir aux dernières décennies , c’est certainement en 1992 , lors du référendum sur le traité de Maastricht , qu’il rompt pour la première fois nettement avec la "pédagogie du renoncement" que le florentin Mitterrand lui avait quelque peu machiavéliquement instillée dès 1983 , et reprend l’offensive en s’inscrivant dans le prolongement d’un mai 1968 laissé jusque là dans les jachères de son inachèvement...

Les années 70 sont celles du « programme commun » , de la montée consécutive des aspirations et des illusions , qui aboutissent , après bien des aléas , à l’élection de François Mitterrand en 1981 . Il n’avait pas « mégoté » pour donner une crédibilité à la « rupture avec le capitalisme » qu’il préconisait haut et fort .

Las , très vite , il apparaît , aux dépens des illusions engendrées , que ce n’est pas le mouvement de 1968 qui va enfin trouver son expression finale . Au contraire , avec le « tournant » de 1983 , ce sont les premières mesures de débridement des marchés financiers , l’instauration de la libre circulation des marchandises et des capitaux qui allait accélérer et consacrer une double évolution du capitalisme dans sa mondialisation et sa financiarisation au détriment des peuples .

En France , ainsi , ce sont les gouvernements dits de « gauche » qui mettent en place les fondements de la « Révolution conservatrice » et contribuent à donner à la construction européenne des instruments étatiques nouveaux , notamment monétaires avec l’euro , la BCE et un ensemble de dispositions financières visant à enlever aux peuples des éléments essentiels de leur souveraineté , avec des effets et des conséquences dont le caractère néfaste apparaît maintenant clairement avec la nouvelle crise financière et l’impossibilité d’y apporter des remèdes salvateurs .

LE PEUPLE S’INSURGE !

Mais déjà en est-ce trop puisque le peuple français s’insurge une première fois : au référendum de 1992 , le OUI au Traité de Maastricht l’emporte d’extrème justesse et ce sera l’avertissement majeur qui annonce les mouvements de 1995 , puis la victoire de la « gauche plurielle » en 1997...et la sanction impitoyable de son bilan et de son gouvernement en 2002 !

Le peuple comprend qu’il ne peut compter sur les gouvernements de « gauche » , de « droite », sinon de « cohabition » . Ce sera dans les luttes sociales qu’il cherchera à affirmer sa souveraineté dans une conscience toujours plus claire que , derrière la « gauche » et la « droite » au pouvoir , c’est bien le capitalisme et les formes institutionnelles qu’il s’est donné qui sont l’ennemi qu’il doit combattre .

Ainsi , en 2004 , aux élections au Parlement européen , le peuple confirme et amplifie son rejet de l’évolution vers un Etat européen castrateur en s’abstenant au niveau de 57% , abstention qui monte à plus de 80% dans certains pays de l’Est récemment « admis » dans l’« Union » , avertis qu’ils étaient par l’expérience supranationale dont ils venaient de s’extraire !

Nouvelle insurrection populaire , le rejet est confirmé en 2005 contre l’avis de la quasi-totalité des forces politiques et des médias lors du référendum relatif au Traité constitutionnel . Parallèlement , une étude d’opinion confirme et amplifie ce résultat en mettant en évidence que 61% des Français considèrent le capitalisme comme négatif , pourcentage qui est dépassé jusqu’à plus de 70% chez les jeunes , voire à plus de 80% quand il s’agit du MEDEF , jeunesse qui ne tardera pas à s’affirmer dans des luttes et manifestations remarquables par leur niveau politique et leur responsabilité .

2007 , UNE RUPTURE ?

L’élection présidentielle de 2007 s’inscrit-elle en rupture dans ce mouvement qui se construit et s’affirme dans la longue durée ?

A l’évidence non ! Cette élection est plutôt la négation , la caricature , tant les contrefaçons ont dénaturé , perverti jusqu’à la farce tragique les aspirations démocratiques et sociales du peuple français ! Elle condamne devant l’histoire tous ceux et celles qui ont pris la responsabilité d’apporter leur contribution à cette mystification .

Une candidature inspirée par les grands médias capitalistes s’impose finalement au Parti socialiste et aux différents prétendants à la candidature . Elle en affronte une autre , également émanation des forces du capital et de la finance , tandis qu’à « la gauche de la gauche » une comédie tragique ne trouve que de mauvais acteurs pour laisser délibérément et honteusement le champ libre à l’affrontement préfabriqué !

Ne sommes-nous pas là dans les summums de la contrefaçon , de la caricature , de la mystification , de la tromperie collective , de l’imitation burlesque ou de la parodie démocratique ?

CE N’EST PAS LE POUVOIR DU PEUPLE MAIS L’INVERSE !

Ou bien dans les abords de la contre-démocratie chère à Pierre Rosanvallon ?

Ou encore faut-il dire avec Jacques Rancière que la « présidentielle n’est pas l’incarnation du pouvoir du peuple mais l’inverse ! » tandis que d’autres , comme Alex Lantier , considèrent que « les élections locales françaises révèlent le discrédit de l’établissement politique ! » .

Pour sa part , Anicet Le Pors interroge : « Pacte républicain ou dérive bonapartiste ? » tandis que pour Paul Allies il s’agit de l’enlisement de la démocratie locale avec la disparition tendancielle de l’élu local .

Matthieu Baumier , lui , veut penser la modernité post-démocratique , une démocratie virtuelle aidée par une propagande politique et médiatique toute puissante rejoignant de fait Jacques Juillard s’interrogeant aussi sur l’ère post-démocratique :« Fin de siècle ou fin de cycle ? Démocrates , encore un effort ! »

LES FINS D’UN SYSTEME .

Oui , nous sommes sans doute dans les fins du système et , par delà les constats , il conviendrait de définir les causes profondes de ces évolutions profondément négatives .

Oui , il y a des évolutions qui ont été , et sont toujours plus encore funestes pour le pouvoir du peuple , du citoyen que l’on amuse avec des démocraties dites participatives sans compétences et moyens financiers , qui souvent ne sont plus dupes de ces comédies auxquelles on veut les soumettre en les faisant participer à ces parodies .

Nous avons déjà noté le rôle de la « gauche » dans le dérèglement , la dérèglementation des mouvements de capitaux , des marchandises et des marchés financiers qui , ainsi , ont été émancipés de toute maîtrise publique . On se souvient du fameux « Oui à l’économie de marché » de Lionel Jospin et de l’impuissance politique à laquelle il se condamnait ainsi , impuissance qu’il reconnaissait lui-même quand il avouait ne pouvoir rien faire face à un patron comme Michelin décidé à licencier , à fermer un site industriel !

LA DICTATURE DES MARCHES FINANCIERS

En réalité , la « gauche » et la « droite » dans leurs successions aux affaires , ou dans la cohabitation , ont troqué le pouvoir du peuple à un autre pouvoir , celui que donne la propriété des grands moyens de production et d’échanges , des banques et établissements financiers à une classe , la classe capitaliste , et à un système , le système capitaliste qui , aujourd’hui , non seulement veut mettre à bas les acquis démocratiques et sociaux , mais pousse plus loin encore ses ambitions , tandis que l’on voit surgir dans les conséquences des politiques mises en oeuvre des crises profondes de différents aspects fondamentaux de la vie de nos sociétés .

En fait , le système tout entier s’est installé dans la dictature des marchés financiers devant laquelle nul n’est en mesure de prendre quelque initiative que ce soit qui ait l’aptitude d’enrayer les dysfonctionnements du système . Et encore faudrait-il que cette volonté existe !

LA CRISE FINANCIERE

La crise de la démocratie n’est en effet pas la seule manifestation de cette impuissance voulue et assumée .

Il en est aussi ainsi de la crise financière dont personne ne semble savoir comment elle peut évoluer et jusqu’où , tant les marchés les marchés financiers et leurs fournisseurs capitalistes ont pu , peuvent encore , galoper librement sans aucun licol , comme jadis les hordes sauvages déferlaient sur les peuples paisibles . « Ils sont devenus fous ! » , clamait il y a encore peu , un Claude Bébéar décelant , avec quelques autres grands patrons , le gouffre béant qui allait s’ouvrir devant eux , et devant toute la société , les principales victimes devant être toujours les mêmes , les travailleurs chargés d’éponger les notes , de réparer les pots cassés .

LA CRISE ENERGETIQUE...

Il en est ainsi de la crise énergétique dont peu , très peu , osent encore avouer la gravité tant elle met en cause leur responsabilité . Le productivisme capitaliste , s’il exploitait et aliénait les travailleurs , pillait également et tout aussi allègrement les ressources naturelles , non sans graves désagréments pour les milieux naturels eux-mêmes . Directement représentées dans les organes du pouvoir , souvent au plus haut niveau , les compagnies pétrolières ont initié des politiques publiques désastreuses fondées sur l’utilisation d’un pétrole abondant et bon marché . Tout un mode de vie en a été conditionné , ne laissant nulle place à une quelconque énergie alternative énergétique . Et aujourd’hui le « pic de production » du pétrole est annoncé , sinon atteint ou dépassé , des masses de nouveaux consommateurs augmentent la demande et la production a du mal à suivre . Mais une certaine mondialisation a vu le jour fondée sur le développement sans limite et sans contrôle des échanges internationaux , de même qu’un aménagement du territoire irresponsable au regard des gaspillages énergétiques qu’il occasionne , et une agriculture et une industrie où le pétrole est sollicité sous différentes formes , y compris sous forme d’engrais , de pesticides , de plastiques...

...ET DE L’ALIMENTATION...

Une crise énergétique donc qui semble conjuguer , sinon provoquer , une crise de l’alimentation pour des centaines de millions d’êtres humains qui connaissent déjà les affres de la faim et de la misère . Engagés dans la production irresponsable de biocarburants de première génération , les stocks de céréales se sont vite épuisés , les prix se sont élevés et le coût de certains aliments traditionnels font qu’ils devenus inabordables pour ceux dont ils constituent le principal de l’alimentation .

...ET DES RELATIONS INTERNATIONALES...

Une crise énergétique qui exacerbe les relations internationales et pousse les principaux pays impérialistes à imposer , au besoin par la guerre , de nouvelles formes de domination au risque , selon les projets les plus insensés , de déclenchement d’une nouvelle catastrophe dont on ne sait quel caractère elle pourrait prendre tant les stocks d’armes nucléaires sont pléthoriques et les doctrines d’utilisation évoluant de la dissuasion vers des stratégies de l’emploi .

...ET DU CLIMAT...

Une crise énergétique qui conditionne pour une grande part une crise climatique sans que ne soient prises les dispositions pour limiter de façon conséquente les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et des phénomènes et catastrophes naturelles qui lui sont liées .

UN CAPITALISME INSATIABLE

Et l’on pourrait évoquer les crises domestiques qui sont déjà à l’oeuvre , les pillages systématiques des finances publiques par les subventions et les exonérations aux grandes sociétés qui vident les caisses de l’Etat au détriment des principaux besoins de la société en salaires , en emploi , en logements , en écoles et en Universités , en recherches , en transport public , en santé et en hôpitaux....

Le capitalisme financier est insatiable , il lui en faut toujours plus pour alimenter les marchés financiers et les exportations de capitaux , les capitalistes français se situant au plus haut niveau dans ce parasitisme social qui se fait au détriment de ceux qui produisent et créent les richesses par leur travail et dont ils sont dépossédés .

Peut-on penser que quelques taxations des mouvements des capitaux et des revenus financiers seraient en mesure de limiter ce pillage des fonds publics et cette appropriation privée des richesses produites ? A la marge certainement , mais les causes principales subsisteraient , elles sont dans la nature même du système .

UN IMMENSE ET URGENT BESOIN DE COMMUNISME

En conséquence il convient de changer de système : oui , il y a un immense et urgent besoin de communisme dans ce pays où il est né et où il s’est affirmé comme un courant politique dans le temps long de l’histoire .

Mais n’est-ce pas ce qu’ont voulu dire les électeurs à l’occasion des dernières élections , notamment au scrutin cantonal où se présentaient des candidats sous l’étiquette PCF dans presque tous les cantons . Ceux-là même qui avaient sévèrement , et à juste titre , sanctionné la candidature de Marie-George Buffet lors des présidentielle , se sont repris et , à 9% , ont voté pour ces candidats communistes alors même que nombre de « dirigeants » du PCF , à tous les niveaux de l’organisation , avaient publiquement fait état de leurs motivations visant à faire disparaître toute force communiste organisée au profit d’une « gauche de la gauche » dont on voit mal en quoi elle se distingue des forces qui ont conduit ces dernières décennies cette mutation mortifère du capitalisme et dont on vient de voir dans l’Italie proche l’estime dont cette « gauche » a bénéficié .

En fait , il semblerait qu’à l’occasion de ces dernières élections , ce peuple qui cherche sa voie dans la longue durée ait amorcé une nouvelle étape , d’une part en sanctionnant sévèrement le gouvernement actuel et sa politique , d’autre part en affirmant le besoin ressenti d’une force communiste déterminée pour l’aider à construire une alternative à la domination du capitalisme qui s’avère plus que jamais néfaste et certainement hors d’état de pouvoir sortir la société des crises qu’il a lui-même provoquées . Et ce besoin de communisme , il l’a affirmé face à des « dirigeants » liquidateurs dont manifestement il n’a que faire .

Cette manifestation d’un déjà fort besoin de communisme rejoint l’initiative d’un certain nombre de communistes girondins qui ont initié dès juin 2007 un Appel pour des Assises du communisme ayant vocation à déterminer les grandes lignes d’un communisme du 21eme siècle dans la réunification de la force communiste et dans un projet de changement de société , sinon de civilisation , issu d’une co-élaboration avec toute la société et d’abord avec les 92% de salariés que compte la population active .

Cet Appel , aujourd’hui élargi à nombre de communistes d’autres départements , a en conséquence acquis une dimension nationale pour être mieux encore au service de ce peuple qui a besoin de son entière souveraineté , et d’abord là où se produisent les richesses , dans le temple d’un capitalisme qui apparaît avoir fait son temps et suffisamment nui .

Michel Peyret

m.peyret@cegetel.net

Messages

    • Marx a clairement écrit que c’était au prolétariat lui-même et dans son ensemble de prendre le pouvoir, pour arriver à une vraie démocratie.

      Il y a besoin de luttes sociales fortes, et d’en finir mondialement avec toute forme de capitalisme.

      Voir aussi : La position des communistes.

    • C’est aux communistes qu’il appartient de décider la forme de l’organisation qu’ils veulent se donner et c’est aux communistes de décider s’ils veulent ou non l’unification de toute la famille communiste aujourd’hui dispersée . L’union fait la force , c’est bien connu , et sans union il n’y a pas de force . Quels pourraient être les sectaires qui se refuseraient à prendre les mains tendues ? ce serait tout à fait étonnant de membres d’un parti qui s’est voulu le "parti de la main tendue" .
      MP.

    • Oui , pour Marx , ce sont les" masses" qui font l’histoire , je préfère parler des peuples et essayer de montrer le mouvement dans la longue durée , un mouvement qui doit effectivement allier différentes formes de luttes et d’expression de sa volonté , les élections sont l’expression du rapport des forces à tel ou tel moment , la lutte de classe ne peut donc se limiter aux seules élections . Dans le bilan qu’il reste à faire sérieusement du siècle écoulé , il conviendra sans doute d’évaluer le thèse de "la voie parlementaire" qui fut à l’ordre du jour .
      MP.

    • Bien sûr , il faut en finir avec la domination du capitalisme à l’échelle de toute l’humanité . Mais il faut bien commencer quelque part et je pense que c’est déjà le cas , la domination du capitalisme est battue en brèche dans plusieurs pays , il s’agit d’étendre ce qui existe déjà , à chaque peuple de décider et de créer les conditions pour engager le processus , je pense illusoire de penser que tous les peuples du monde pourraient le faire en même temps .
      MP.

  • Un vrai Communisme surement . Pas celui qui depuis 1917 ,n’a servi qu’a engraisser les profiteurs et a affamer des millions d’hommes.

  • Je lis et j’essais de faire une analyse de tout. Il me semble que ce dont nous avons le plus besoin c’est de communisme enraciner dans les luttes, mais que l’organisation parti, tel qu’il est, me semble un frein.
    C’est de construction et non d’aménagement du caital qu’il est nécessaire. Je pense que le communisme doit se mener sur le lieu d’exploitation, l’entreprise, sur le lieu de la bataille idéologique, l’entreprise, toutes les entreprises. À partir de là dégager une organisation horizontale des secteurs d’entreprises et créer des transversalles avec les autres secteurs où la coopération serait de mise.

    Je pense, je peux me tromper, mais pas tant que l’on aura pas essayé

    JC de Marseille

  • Bien sûr , il faut en finir avec la domination du capitale,

    mais surement pas avec le PC actuel, il faut déjà commencer, par changer tous ses dirigeants, qui ont fait que le PC est si bas au moment des elections, depuis si longtemps déjà.

    Donc il faut l’ assainir et changer tous ses dirigeants qui non fait que carrière en oubliant ce qu’ était le mot communiste.

    Lolita