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Une erreur grave et significative de Sarkozy dans le discours au CRIF

Publie le dimanche 17 février 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Sans papiers : un lapsus révélateur de Sarkozy au dîner du CRIF

Prenant la parole au dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives), Sarkozy a annoncé une nouvelle initiative, dans le cadre du « devoir de mémoire » concernant le génocide nazi. Il faudra désormais, a-t-il dit, que chaque élève de classe de CM2, apprenne et retienne le nom et le prénom de l’un des « 11.000 enfants français victimes de la Shoah ».

L’affirmation de Sarkozy est erronée. Car s’il y a effectivement eu 11.000 enfants juifs raflés en France puis assassinés dans les camps de la mort, il ne s’agissait pas, pour la majorité d’entre eux, « d’enfants français ».

Des milliers de ces enfants appartenaient à des familles d’étrangers, d’immigrés qui avaient espéré trouver en France moins de persécutions et de misère que dans leurs pays d’origine.

Comme le rappellent tous les historiens sérieux de la période, la politique antisémite, mise en œuvre par un gouvernement français plus nationaliste que jamais auparavant, se focalisa, dans un premier temps après 1940, sur ces « apatrides », ces gens « qui ne sont pas de chez nous, qui ne sont pas comme nous ». Le caractère « non français » du Juif tint une place aussi importante, dans la propagande de Vichy, que les propos sur les tares physiques de cette « race maudite », ou sa légendaire avarice.

Graduelle, l’exclusion des Juifs de la société française, avant l’imposition de l’étoile jaune à tous, commença donc par l’isolement de ceux d’entre eux qui n’avaient pas les bons papiers, une manière aussi de répandre l’illusion temporaire, chez les Juifs détenteurs de la nationalité française, que le pire leur serait épargné. Les rafles les plus précoces et les plus massives, celle du Vel d’Hiv’ en juillet 1942 par exemple, visèrent ainsi prioritairement des Juifs étrangers, les plus vulnérables parmi les vulnérables. Et les rares artisans français de la « Solution Finale » qui eurent à rendre des comptes sur leurs crimes, firent valoir, pour leur défense, qu’en s’efforçant de ne livrer aux nazis que des Juifs étrangers, ils avaient en quelque sorte limité les dégâts.

Comme on le sait, la traque finit par concerner tout Juif résidant en France, sans considérations de nationalité. Mais il reste que ce sont des Juifs étrangers qui ont payé le plus lourd tribut à la déportation depuis la France. Sur les 11.000 enfants cités par Sarkozy, les deux tiers au moins étaient de petits étrangers.

Il est déjà choquant, d’un point de vue factuel, que Sarkozy ait commis une telle erreur, dans un discours prévu de longue date, et alors qu’il dispose de nombreux conseillers à l’Elysée, généreusement payés pour écrire ses textes, en soupeser chaque mot et chaque phrase, ce qu’a confirmé jeudi le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos, en indiquant que l’annonce sur les enfants avait été décidée « après mûre réflexion ».

Mais ce qui l’est encore plus, c’est que le propos émane d’un homme qui, dans la France contemporaine, n’a de cesse de durcir la politique gouvernementale à l’encontre des étrangers, et de faire des déclarations xénophobes, comme on le vit bien pendant la campagne électorale.

En somme, en conférant la nationalité française à titre posthume aux enfants juifs des années 1940, Sarkozy a montré qu’il était capable de compassion pour les sans papiers … ceux qui ne sont plus là.

Par CAPJPO-EuroPalestine

Messages

  • Cest à la fois vrai la majorité de ses enfants étaient issus de l’immigration et faut car pour beaucoup né en France et dechut de leur
    nationalité par le régime de vichy,de plus pour une parti non négligeable bien que nés à l’étranger ils étaient naturalisés et déchu aussi. Ils ont été depuis rendu à leur nationalité Française. S’il s’est
    aventuré sur le terrain de l’émotionel pour faire un coup mediatique,Nicolas l’agité n’a pas totalement fait une erreur historique.
    JP

  • non, ce n’est pas une "erreur", mais bien un calcul obscène.

    Ces enfants étrangers, avec la politique actuelle de Sarkozy, n’auraient pas été admis en France, tout simplement, ou expulsés vers un pays "sûr", dont l’Allemagne de l’époque

    Il ne peut donc pour Sarkozy, exister que des enfants "français" ; ceux là sont seuls dignes d’intérêt ; les autres....

    il oublie volontairement au passage qu’ils ont tous été raflés par la police française de Vichy pour être livrés aux nazis

    l’histoire se répète ? avec à la clef une relecture révisionniste de l’Histoire

    Ce rideau de fumée ne sert qu’à cela : la réhabilitation par l’oubli et la confusion

    Patrice Bardet

  • L’Etat d’yzokraS 1er est de la même glauquitude que celui de ychiV...

    Le glauque, un jour viendra où le peuple va le vomir !

    yzokraS dénature toute pensée digne de ce nom, pour la rendre impensable : c’est une méthode qui oblige le divorce à venir au secours de "l’épousée" :

    s’il a dit "j’aime la France", cela valait ce que valent ses "coups de foudre", et s’il parla de "rupture", cela valait ce qu’a valu la "révolution nationale" de Pétain, comme nous l’a révélé très pédagogiquement le sieur Kessler , penseur du MEDEF, définissant cette "rupture" comme l’abolition des acquis de la Résistance , abolition revancharde souhaitée par le grand patronat fils de collabos et décomplexé de l’héritage ...!

  • Je me rappelle lors de mon cours sur la 2nde Guerre mondiale que notre professeur d’histoire - elle même juive dont les parents ont été déportés - nous avait appris que c’est le régime pétainiste qui a pris l’initiative de livrer les enfants juifs aux nazis. Les larmes aux yeux, elle nous a bien certifié que les allemands n’en avaient pas demandé autant, que pour plaire aux occupants, certains collaborateurs ont fait du zèle et ont encouragé la population à la délation. A l’époque, j’avais quinze ans et j’étais en 3è. Ce cours nous a beaucoup troublés, mes camarades et moi. En témoignent les discussion que nous avons eu à la cantine entre nous et avec les élèves des autres classes. "Pourquoi ON a fait ça ?" se demandaient les ados que nous étions. Nous nous étions sans le vouloir assimilés aux bourreaux et un sentiment de honte et d’incompréhension s’est insinué en nous. La détresse de notre professeur reste ancrée en moi mais aussi en certains de mes anciens camarades.
    Ainsi je me demande si dans son projet de faire paraîner un enfant juif par un enfant de 10 ans, il laissera la possibilité aux enseignants de raconter aussi la vérité. Que les Français sont au moins aussi coupables que les Nazis dans leur mort ? Ou alors doivent ils leur livrer une version édulcorée de la réalité. Faites attention, les enfants détestent qu’on leur mente.

  • Ce qui est absolument dégueulasse, une fois de plus, dans les propos du zigoto c’est qu’il s’appuie sur une corde sensible, celle des enfants. Et que de nouveau il veuille orchestrer la mémoire collective à sa façon.

    On pourrait par exemple lui rappeler que lorsque l’armée française torturait les algériens sous prétexte qu’ils étaient membres du FLN, ce qui n’était d’ailleurs pas toujours le cas, cela fait parti aussi du devoir de mémoire. Surtout lorsque dans les écoles de la république les petits-enfants de ceux dont se passé est inscrit dans leur histoire ignore ou ne font que subodorer la responsabilité du pays qui maintenant est le leur...

    M.M.