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Une pensée pour la Grèce, que va-t-il se passer ?
Publie le jeudi 18 décembre 2008 par Open-Publishing3 commentaires

de Anastassia POLITI
Chers tous,
Je reviens d’Athènes,
Il est indescriptible l’état dans lequel se retrouve mon pays.
Par quoi commencer ?
Par l’état de corruption de l’appareil de l’état et du gouvernement ?
Par la colère et le désespoir d’une grande partie des gens ?
J’essaie d’organiser mes idées, merci de votre patience de me lire :
Ce que tout citoyen grec sait (et que, quasiment tous les médias admettent), c’est que le gouvernement vend notre pays, ses terres publiques, ses lacs ( et ses ports, ses autoroutes, ses services publiques), de façon illégale, depuis longtemps.
Hier, le premier ministre " a pris la responsabilité en personne" disant qu’il "n’avait pas compris" ce qui se passait depuis de longues années avec l’affaire dite " Monastère Vatopaidiou" et qu’il ne recherchera pas de responsabilité politique (et encore moins pénale) pour un scandale auquel au moins une dizaine de ministres en poste sont impliqués et devraient démissionner s’ils avaient un peu d’honneur...
D’autre part, notre état ne versera pas les retraites ni ne couvrira les frais de santé de personnes âgées et handicapées ayant cotisé pendant des années. Les médecins conventionnés refusent dorénavant de soigner les malades s’ils ne reçoivent pas à l’avance, en argent comptant, la totalité de leurs honoraires, car la sécurité sociale ne prend plus en charge la somme qu’en théorie elle doit prendre en charge. Les pharmaciens refusent aussi dorénavant de donner de médicaments, s’ils ne reçoivent pas la totalité des prix indiqués, pour les mêmes raisons, pour la même défaillance de la sécurité sociale (IKA) grecque.
Les salaires des jeunes en plein temps (diplômés de deuxième ou de troisième cycle ) sont de l’ordre de six cents ou sept cents euros net par mois. Dorénavant, vu que la flexibilité de l’emploi va être d’une toute autre nature, un employeur pourra engager sur un seul poste deux personnes, chacun étant payé à mi-temps, le salaire étant divisé en deux parties égales. Or, en cas de maladie d’une des deux personnes attachées au poste, l’autre salarié aura l’obligation de remplacer l’absent sans aucune récompense de salaire supplémentaire...
Il semble que les personnes âgées et handicapées et les agriculteurs seront aussi dans la rue bientôt, bloquant, les uns, avec leur chaises roulantes, les places publiques, les autres, avec leurs automobiles, les autoroutes.
Ils manifesteront leur désarroi aux côtés des étudiants, lycéens, collégiens, immigrants, employés, cadres moyens ou supérieurs, marginaux, citoyens qui se sentent "trahis" par l’état de décomposition de ce que nous avions -il y a longtemps- convenu d’appeler "LA CITE"... Des arrestations de plusieurs jeunes et de manifestants ont eu lieu mais il semble que se sont les immigrés qui en sont le plus visés.
Ce qui se joue en Grèce, aujourd’hui, est non seulement la crise financière internationale et locale et ses conséquences matérielles, mais aussi la noblesse du coeur et de l’esprit de ses citoyens qui exigent de ne plus être pris pour des "moutons" ne comprenant rien, ne réagissant pas aux absurdités écrasantes.
Espérons que les Grecs, jeunes ou moins jeunes, ne supportent plus un mécanisme d’état complètement corrompu et inefficace (qui a été responsable du fait que la moitié du pays a brûlé l’année dernière, sans secours).
Espérons que l’on ne supportera plus l’hypothétique "régulation" de l’économie par le marché (sachant que plus d’un billion d’euros en chèques "en bois" ont été repérés depuis novembre dernier sur le marché d’Athènes...).
Et que des économistes éclairés plaideront à nouveau pour l’Etat -Providence.
Demain, 18 décembre, des manifestations auront lieu dans toutes les villes grecques.
Six cent collèges et lycées sont déjà occupés, la majorité des universités, des mairies, des radios, des plateaux de télévisions...
Une grande fête, fière, joyeuse, dangereuse et coûteuse aussi - tout comme manipulable, et fragile.
Pensons-y...
Pour finir ce "reportage" qui n’en est pas un, voici une adaptation du chant d’un groupe de rockers (Kitrina Podilata), à la mémoire de l’adolescent assassiné, Alexis Grigoropoulos .

"Je tourne le dos à l’avenir
que vous m’avez construit
sans demander mon avis
Sur de terrains brûlants
je retrouve mon élan
je donne des coups de pieds
à vos chemins
Je me laisse habiter
par une humeur panique
humeur sacrée, antique
Je prends de l’élan
les rues dansant
je donne des coups de pieds
à vos carcans
Toutes vos armées de policiers
ne suffiront pas
pour empêcher
ma volupté
de vous voir trembler
devant ma soif
de liberté
Alexis,
je ne t’oublie pas
tu vis dans mon coeur
Alexis
je n’oublie
ni notre Héllade,
ni notre Terre
ôtons-les
d’entre les mains
des assassins,
des faussaires
rendons à Héllade
son coeur
sa dignité
son bonheur
Ah,
les copains
Ah,
Aléxis
rendons à la Terre
son coeur
sa santé
son bonheur
Chassons les imposteurs,
banquiers, politiciens, clergé,
bonimenteurs...
Je tourne le dos à l’avenir..."
Bonne soirée
Anastassia
ps : REGARDONS LES IMAGES : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article76344
Messages
1. Une pensée pour la Grèce, 18 décembre 2008, 17:07
Efkaristo Poly anasstassia pour cette lettre magnifique et ces nouvelles (pas réjouissantes hélas) que tu nous donnes de la grèce.
Quand j’ai fait mes études il y a avait bcp de jeunes grecs avec moi dans la section de philosophie du droit et plus tard de droit public. La grèce c’est un pays que j’ai tjs profondément aimé, son histoire, ses cultures, ses traditions , ses musiques, et j’ai de très profonds liens avec les grecs et la grèce depuis.. oh... longtemps.
Si tu peux nous tenir au courant le plus régulièrement possible en effet de ce qui s’y passe ce serait superbe. Mais j’imagine que tu as du boulot ...
En tout cas, le peuple grec en lutte a tout notre soutien...ne perdons pas espoir que la lutte devienne européenne car ça ne va nulle part.
Fraternellement, Yasou,
Osémy
2. Une pensée pour la Grèce, 18 décembre 2008, 17:17
C’est quand même étrange de trouver partout en Europe une convergence des chefs d’état de s’employer à mater à tout prix leur population. Il y a 2 choses qui apparaissent nettement aujourd’hui :
– la volonté de fer de Bruxelles de faire ployer tous les peuples européens à sa seule volonté, sa seule vision d’une Europe ULTRA-libérale, quitte à utiliser la force, la chasse à l’homme, l’intimidation en posant en devanture "les droits de l’Homme" pour faire diversion. C’est le loup qui se pointe la pate enfarinée, ni vu ni connu, qu’il croie.
– aucun chef d’état de l’UE n’ose s’élever contre la dictature, l’autoritarisme de Bruxelles, pas même l’Irlande qui vient d’accepter le verdict, faire revoter les Irlandais. Le fric, rien que le fric à pêcher.
L’UE, par ses agissements antidémocratiques, brutaux, scandaleux, donne raison une fois de plus aux communistes qui ont vu juste et qui par conséquent veulent sortir de ce piège à cons qu’est l’Europe.
Si nous n’avons pas encore compris, si les images de violences contre les jeunes (Grèce, France) ne suffisent pas, si les réformes ne nous convainquent pas, notamment celles qui sont en cours en ce moment chez nous, c’est grave.
Oui pensée émue pour ces jeunes Grecs, dont la police vient de blesser une nouvelle fois un jeune d’une balle (TV). Elle dira après, une fois de trop, que c’est une balle qui a richoché. Une fois, pas deux le doute n’est plus permis.
3. Une pensée pour la Grèce, 18 décembre 2008, 18:25, par politi dominique
la Grèce n’est elle point le berceau de la civilisation méditéranéenne ce qui se passe aujourd’hui, devrait donner matiere à réflexion à tous les dirigeants européens.avant qu’il de soit trop tard .