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Vente à la découpe : la résistance s’organise
Hasard du calendrier, le premier dîner des « découpés » a coïncidé hier avec le vote de la loi dite « Aurillac ». Cette loi vise à protéger les locataires contre la revente de leur appartement par un marchand de biens ayant racheté l’immeuble en bloc à une société d’assurances ou une banque. Organisé par l’association Vivre à Charonne, ce repas a pour objectif de « décompresser. Car beaucoup de victimes sont fatiguées après des années de lutte », explique Odile Ambry, présidente du collectif. Dans son immeuble du boulevard de Charonne (20e), un tiers des appartements ont été vidés, un autre tiers de locataires a eu les moyens de racheter son logement et le dernier tiers est protégé jusqu’à la fin de son bail, mais menacé ensuite d’expulsion s’il ne se porte pas acquéreur. Comme Odile Ambry, qui n’a pas les moyens de racheter son appartement 360 000 e et va « se retrouver à la rue dans un an et demi, seule avec deux gosses... Tout ça pour que l’appartement soit vendu plus cher une fois vide. »
Ce « congé-vente spéculatif », apparu dans les beaux quartiers parisiens, touche de plus en plus les coins populaires. Selon le conseiller juridique de l’antenne parisienne de la Confédération nationale du logement, Alex Maudet, « il ne se passe pas une semaine sans que se crée une amicale de locataires ». La Mairie les soutient. « Quand cela est possible, nous exerçons notre droit de préemption sur l’immeuble entier, comme rue de Chaligny où nous avons créé des logements sociaux après avoir annulé la vente, ou bien lot par lot », explique l’adjoint (PS) au maire de Paris en charge du Logement, Jean-Yves Mano. La nouvelle cible des acheteurs est désormais le parc conventionné. Rue Stendhal (20e), un immeuble construit il y a trente ans grâce au 1 % patronal a été racheté par le promoteur Nexity à l’expiration de la convention obligeant à louer à loyers modérés. Après une lutte acharnée des locataires, la Ville est sur le point de racheter. La loi Aurillac permettra aux locataires de se porter acquéreur avant la première revente en bloc de l’immeuble. Encore faut-il en avoir les moyens.