Accueil > Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?"
Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?"
Publie le lundi 9 juillet 2007 par Open-Publishing9 commentaires

Débat entre militants à Corbeil
de Patrick Coulon
Une initiative de section a permis de réunir près de 80 personnes – membres du PCF, de PRS et des citoyen-nes engagé-es non organisé-es – pour un débat sur les enjeux, de quelle – éventuellement nouvelle - force politique pour la transformation sociale. Jean Luc Melenchon, auteur d’une tribune intitulée "Devoir d’audace"
et Michel Laurent, responsable de "La vie du parti" à la direction du PCF ont été invités à ce débat animé par Elisabeth Gauthier, membre de la direction du PCF et chargée de "L’Atelier national ; quelle organisation communiste du 21ème siècle ?".
Ce fut une véritable soirée de travail. Pas de grands discours, mais des questions, des interrogations, une recherche collective. Une conscience partagée que dans la confrontation politique aujourd’hui, face au capitalisme financier et brutal, pas de salut hors d’une grande ambition de réinventer la politique, et surtout de la construire avec le peuple. L’aller-retour dans la discussion est permanent entre projet politique, projet de société et force politique.
La discussion ne part pas d’abord de la question : quelle organisation voulons-nous. Mais sur quel est le projet sur lequel nous voulons nous engager. Peut-il devenir bien commun ? Pouvons-nous nous retrouver et y travailler ensemble ? C’est le point de départ. Vient ensuite le souci de trouver les moyens de reconstituer la pleine souveraineté politique du peuple, et par conséquent l’enjeu des moyens de faire vivre le projet. Besoin d’un parti politique ?
C’est oui, Mais exigence d’inventer une nouvelle forme parti permettant une toute autre capacité de transformation. Un des axes majeurs souvent abordé durant cette soirée, c’est la nécessité de mener la bataille idéologique, culturelle face aux forces de domination. Les interrogations se précisent : Est-il nécessaire, et envisageable de construire une force politique nouvelle, rassemblant différents courants et traditions à gauche ? Comment réussir à faire du commun, sans se dissoudre, sans étouffer l’autre, sans se renier ? quelle forme serait de nature à dépasser une simple addition de forces : fusion ? confédération ? front commun ? pourquoi pas en installant un SAS dans un premier temps ? Le Linkspartei a fait partie de la discussion. Est venue l’idée d’une articulation des forces transformatrices au niveau européen comme priorité politique. La demande de créer des espaces communs est forte. Et l’idée du PCF de tenir un congrès ouvert, avec participation de non membres du PCF au débat est accueillie avec beaucoup d’intérêt.
Elisabeth Gauthier pense nécessaire de poser trois grandes problématiques. La distance que les milieux populaires ont pris avec toute la gauche dite gouvernementale, à partir du tournant de 83 et qui n‘a cessé de s’aggraver. L’émergence, depuis les années 90, d’une sphère de forces antilibérales, de mouvements divers et de traditions fort différentes qui constitue un facteur politique nouveau mais dont les rapports au politique sont fort contrastés. Et enfin les clivages qui s’opèrent au sein de la social-démocratie dans la mesure où personne ne peut échapper aux choix entre l’acceptation du néolibéralisme ou de sa contestation. Il n’est pas exagéré de dire que se pose aujourd’hui, et non seulement en France, la question de la ré-invention de la gauche, et donc pour le PCF aussi un devoir d’audace ! Cela paraît inacceptable, irresponsable de rester isolés, face à la dureté du capitalisme, entre ceux qui partagent les mêmes objectifs.
L’urgence sociale et politique, l’intensité des recherches, la multiplication d’initiatives rend nécessaire de mettre en débat dès maintenant toutes les hypothèses du débat. Rénovation du PCF, le PCF comme moteur pour réinventer la gauche ? De nombreux militants qui ressentent que les défis se posent aujourd’hui avec une nouvelle ampleur. Qu’il s’agit en fait de travailler en même temps à la rénovation de deux « espaces » , l’espace du communisme, l’espace de la gauche. Les deux sont confrontés à la question : quel sens de la transformation sociale aujourd’hui, comment poser les enjeux de l’émancipation face au systèmes de domination, au capitalisme contemporain. Toute construction d’une nouvelle force demande un processus de travail, avec reconnaissance et valorisation de chacun, et donc à égalité. Une méthode pourrait être la construction par cercles concentriques, en progressant à partir d’un début de d’une dynamique.
Jean Luc Melenchon présente d’abord l’association ‘Pour une République sociale’ (PRS). Il étaie ensuite son appel au « Devoir d’audace » par la double crise qui frappe l’ensemble de la gauche, au terme de deux cycles, celui du ‘communisme d’Etat’, et celui de la faillite de la social-démocratie à échelle de l’Europe ainsi que de l’Internationale socialiste. Les exemples n’en manquent pas lorsque l’on regarde l’Amérique latine, par exemple. Le mythe du ‘modèle scandinave’ qui permettrait de répondre aux préoccupations sociales contemporaines ne tient pas le choc d’une analyse sérieuse. La gauche manque cruellement de projet et tend à devenir une ‘force des centre-ville’.
Il fait part de son inquiétude quant aux choix que semble vouloir prendre le PS en s’alignant sur ce qui a échoué, en lorgnant vers le centre, trajectoire à laquelle il ne souhaite pas participer. La situation est telle qu’une voie originale pour réconcilier le peuple avec la République doit être trouvée. D’où la proposition – un des axes d’un projet transformateur - d’une Constituante permettant la reprise en main de la République par le peuple, la récupération de sa souveraineté. Le projet doit être conçu pour gouverner. Mais gouverner pour changer, c’est-à-dire imbriquer les citoyens au quotidien. C’est d’un ‘gouvernement d’agitation’ que nous avons besoin, dit Jean Luc Melenchon, en refusant de jeter en bloc ce qui avait fait le programme commun ou encore la gauche plurielle.
Concernant le besoin de recréer la gauche, il prend appui sur le processus ayant conduit à la formation du Linkspartei. Ni absorption, ni dissolution, mais plutôt la création d’un front, de lieux permettant à la fois identité et unité et le démarrage d’un processus. Il insiste sur le besoin d’un parti, dans la mesure où des structures comme des collectifs ou réseaux ne suffisent pas pour affronter les forces adverses et créer un espace structuré, et fait de droits, de pouvoirs pour les adhérents. Réinventer la gauche, c’est pour JLMelenchon le dépassement de formes anciennes, un processus de fabrication en commun d’un objet nouveau.
Michel Laurent partage l’analyse du double échec de la socialdémocratie et du ‘communisme d’Etat’. . Il insiste sur l’analyse des résultats électoraux. La force de la droite est, selon lui, le résultat de deux données. Sarkozy a réussi à donner force à l’idée que la politique peut changer le cours des choses et a porté un projet de changement. La n’a pas présenté de projet de changement, a fait d’abord de l’anti-Sarkozy et tant qu’elle en sera là, elle ne sera pas en mesure de battre Sarkozy. Face à l’enjeu de construire du neuf à gauche, il insiste sur la nécessité d’analyser avec lucidité les expériences qui n’ont pas marché. Et de partir, dès lors qu’il s’agit de travailler à des rapprochements, de ce qui fâche, pour affronter sans détours les obstacles. L’actualité, y compris le renforcement d’autres partis montre que les partis ne sont pas une forme politique dépassée. Mais pour une force de transformation, la rénovation est à l’ordre du jour.
Le PCF a besoin d’un congrès extraordinaire, pour travailler sur son projet, pour voir s’il y a la possibilité d’un nouveau type d’organisation, pour reconstruire la volonté d’un travail commun avec d’autres forces, sur des bases nouvelles. Quant à la question de la création d’une nouvelle force politique, elle n’est pas taboue. Le PCF doit discuter à l’occasion de la préparation de son congrès extraordinaire. Ce congrès véritablement exceptionnel doit permettre aux communistes de construire leurs décisions à partir des discussions avec d’autres, en connaissance de ce que d’autres pensent possible et souhaitent réaliser. Les communistes donnent les signes d’être prêts à construire du neuf si quelque chose de mieux qu’un PCF amélioré se présente comme possibilité réelle. Différentes étapes sont envisagées, avec les congrès en 2007 et 2008 dont la première pourrait déboucher sur un « programme de travail commun » à engager avec d’autres, sans raccourci, pour élaborer un projet qui permette de gouverner pour changer, pour réfléchir à l’outil, le parti, qui peut porter de tels objectifs, et pour voir avec qui il serait possible de le construire.
Conclusion provisoire : cette soirée d’un « atelier décentralisé » laisse entrevoir la possibilité concrète d’organiser un grand débat public national sur l’ensemble des enjeux que révèle le défi de la refondation d’un projet et d’une force politique d’émancipation.
Messages
1. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 09:26
On devait commencer par parler politique et encore politique pour éventuellement parler in fine recomposition et la on ne parle plus que de recomposition...
Cela n’augure rien de bon....
IlROsso...
1. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 09:29
D’ailleurs m’est venu à l’idée une expression pour décrire ce genre de débat....
Le PCF vient d’inventer un nouveau genre de débat : le débats recompositoire..
En tout cas, peu, très peu voire aucune voie contraire à la formation d’un parti style Linkspartei m’incite à penser que le CN souhaite nous forcer la main....
IlROsso...
2. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 10:08
Pour IlROsso :
Ce débat n’est qu’une partie de l’ensemble des questions qui animent les communistes, le Parti communiste français, et sa direction également.
La question de la recomposition se lie à l’idéologie à définir d’abord du point de vue communiste, et ensuite de celle à construire avec des partenaires dans le cadre de l’établissement de nouveaux rapports de force dans la politique française (si nous le voulons).
Je suis d’accord avec toi, nous manquons de débats idéologiques... Cependant ces questions restent politiques (et non politiciennes).
Mauvais augure...
Au contraire, je trouve cela très positif.
Ben
3. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 12:20
mauvaise augure dans le sens ou parler de ce qui rapproche et de ce qui divise en premier permet
d’éviter les fins chaotiques du genre Décembre 2006...
IlROsso...
2. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 09:30
Un idée parasite par rapport à ce débat :
Sur le fait que Sarko nous rend quelque part service en réhabilitant l’idée que la politique peut changer des choses . La lutte contre la désespérance politique, désespérance qui fait d’abord toujours mal aux travailleurs, a eu là un allié curieux .....et pressé....
Cop.
3. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 16:17
"Vous vous étes fait avoir ’dans le sens de la largeur’ (...), ’on’ vous a fait porter la responsabilité de l’échec du rassemblement alors que c’est la LCR qui la première, (...)"
Nous nous sommes fait avoir, ... Ah Oui ??!
Et les responsables de ce fiasco c’est la LCR, ...Ah Oui ??!
Et à propos du PRS, qui des mois avant, au congrès du Mans, accepte "la synthèse socialiste", il ne vient aucune appréciation, ...? dommage ??
N’est-ce pas vous monsieur Mélanchon, qui en acceptant la "synthèse" avec les Lang, DSK et autre Hollande et Royale avez et bien avant la LCR de Besancenot, enclenché le processus d’explosion du rassemblement unitaire ?
ET c’est quoi ce "quelque chose de mieux qu’un PCF amélioré" ???
Je crois que ce film montre par l’exemple l’absolue inutilité (voir la corosité) qu’il y a a discuter idéologie et stratégie du parti (dans l’état où nous en sommes aujourd’hui !) avec "ceux" de l’extérieure.
C’est au communistes qu’il revient de définir une ligne et une stratégie claire (sans ambiguïté !)
- et de porter aux postes de direction l’équipe idouane -
(Et que ceux qui veulent y particper , ...adhèrent !).
"
Et pour le moment, on s’en fiche un peu de la "recomposition de la gauche" - ce qui m’intéresse là, maintenant, c’est de jeter les bases d’une reconstruction d’un PCF solide , debout sur ses jambes, capable non seulement de rendre les coups mais surtout d’en prendre l’initiative, pour qu’autour de ce PCF puisse se construire ensuite un mouvement comparable à celui du parti de la gauche européenne italienne - qui soit une pierre solide de ce que l’on pourrait appeler un euro communisme.
" (La Louve)
SAd
1. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 17:34
Bon, continuez à opposer définition d’un projet communiste (identité/programme) et modalités de mises en pratiques d’une politique de progrès social (structures/stratégie/alliances) et on continue comme avant...
Bref moi je m’arrête là.
Pour ce qui est de Mélenchon, il s’est expliqué de ses choix sur le congrès du PS, de sa volonté de mener le combat là ou cela lui semblait le plus utile (cf ; éviter un PS social démocrate et cette vidéo montre au moins qu’il sait maintenant qu’il s’agissait d’un combat perdu d’avance) et de sa difficulté effectivement à tenir deux combat en même temps.
Une de nos contradictions qui fait sens : nous recherchons ailleur qu’en nous même les pistes de notre existence. Que ça plaise ou non c’est un fait.
Ben&JeMarrêteLà
2. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 9 juillet 2007, 17:42
Ben t’arret pas STP
le debat doit continue...
Roberto
3. Vidéo : "Atelier national" - débat du 19 juin 2007 - "quelle gauche demain ?", 30 juillet 2007, 17:45
Bonjour !
J’étais absente de Paris et n’ai pas pu suivre les commentaires faisant suite au débat à Corbeil.
Je suis tout à fait d’accord avec celles et ceux qui disent qu’il faut mobilisiser toutes nos capacités de communistes pour analyser, nommer précisément les contradictions que génère le capitalisme contemporain, contradictions à partir desquelles nous devons développer notre politique afin de faire évoluer les contradictions dans le sens d’un dépassement des logiques du capitalisme financier. A ce propos, je crois nous ne mesurons pas à quel point le passage de ce qu’on peut appeler le ’capitalisme industriel’ au ’capitalisme financier’ modifie la donne : tendance à la généralisation du précariat, dégradation des rapports de force pour le monde du travail et de la création (’exclus’ compris, bien sûr), installation d’une pauvreté durable et structurelle, déstruction de bases (objectivement, subjectivement) de la solidarité comme principe structurant les sociétés....bref, nous devons prendre la mesure des divisions que génère ce type de capitalisme et repenser nos concepts à partir des réalités et contradictions.
Un autre volet de notre réflexion, ce sont les bouleversements que produisent ces changements au sein des forces organisées : syndicales, politiques.....
La socialdémocratie - on le voit dans différents pays européens - est profondément déchirée en raison de ces défis nouveaux qui ne laissent que très peu de place pour des politiques de type ’aménagement’ à côte des marchés. Il faut choisir, face au néolibéralisme. Certain-es optent pour des recherches à gauche. Recherche au cours de laquelle ils peuvent, selon les pays, trouver des partenaires issus d’autres courants de gauche ayant marqué le 20ème siècle. En Grande Bretagne, p.ex., en absence de forces significatives de tradition communiste, le choix d’être véritablelment à gauche prend d’autres tournures qu’en Allemagne où convergent, dans un contexte particulier (la réunification), des forces issues de la 3ème internationale et ayant fait un profond travail sur elles-mêmes avec d’autres ayant quitté recemment la socialdémocrtaie, ou encore des intellectuels d’inspiration marxiste non organisés et ayant milité depuis 30 ans en ’Allemagne de l’Ouest’, ainsi que des militants trotzkistes (n’ayant pas trouvé en Allemagne une présence politique comme en France) et des altermondialstes et militants pacifistes....Pour tout ce que je viens de dire, DIE LINKE ne peut être un modèle pour nous, mais constitue une expérience qui permet d’illustrer des questions autour desquelles nous cherchons, nous mêmes, des réponses.
Par exemple, on constate que dans un pays comme l’Allemagne, un programme véritablement de gauche, antlibéral, s’opposant aux lois du marché....peut rassembler largement dans trois types d’électorats : les ’exclus’, les salariés pauvres, des couches plus aisées mais critiques (disposant d’un certain ’capital culturel’ et refusant les logiques actuelles). Dans une ville comme Bremen, les 8,5% constituent immédiatement un point d’appui pour la radicalisation de la confrontation politique, pour les exigences populaires, et poussent la confrontation à gauche, et singulièrement au sein de la socialdémocratie. Ce qui motive, on le constate, de nouvells forces (notamment syndicales) de franchir le pas en quittant le SPD et rejoignant DIE LINKE.
Durant toute la campagne électorale de Marie George Buffet, il y avait une forte demande de faire parler des invités de forces politiques d’autres pays européens. Je l’ai interprété comme la volonté de montrer que nous faisons partie d’un vaste ensemble de forces véritablement de gauche, antlibérales, cherchant à créer àl’échelle européenne une dynamique commune à laquelle nous-mêmes avions contribué notamment avec la bataille du Non de gauche.
Je voudrais montrer par ces quelques observations que le débat sur capitalisme et construction à gauche est lié. Selon l’analyse que nous faisons de l’essence du capitalisme contemporain et de son évolution rapide dépend, me semble-t-il, la façon dont nous formulerons notre ambition, l’espace à investir, le sens de notre engagement de communiste, l’apport que nous voudrions produire pour un mouvement le plus large possible et l’action concrète de construction d’une force, d’une structure (oui, je pense que nous avons besoin d’un parti dans cette confrontation de classe, politiquement et idéologiquement très dure) et d’une dynamique politique.
Fraternellement
Elisabeth Gauthier