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Villepin : plus de 30 000 CNE déjà signés... Le décompte de l’ANPE s’était arrêté à 600... Cherchez l’erreur

Publie le samedi 17 septembre 2005 par Open-Publishing

de Julie Joly

Des déclarations inexactes ont fait croire au succès fulgurant du contrat nouvelle embauche

Ils ont coché la mauvaise case. Et fait exploser le compteur. Personne au sein du gouvernement n’ose encore l’avouer, mais tous les intéressés le savent : le succès fulgurant du contrat nouvelle embauche (le fameux CNE, instauré par Dominique de Villepin pour les très petites entreprises) n’est pas le seul fruit du talent. Il doit aussi beaucoup... à une bête erreur statistique.

Rappelez-vous : à la fin d’août, le Premier ministre faisait sa rentrée sur les chapeaux de roue, annonçant une nouvelle aussi extraordinaire qu’inattendue. En à peine un mois d’existence, plus de 30 000 CNE avaient déjà été signés. Un tel résultat est inespéré. Suspect, même. Deux semaines plus tôt, en effet, le 19 août, le décompte de l’ANPE s’était arrêté à 600. Les observateurs s’étonnent de cette passion soudaine en plein cœur du mois d’août. Les patrons auraient-ils profité de la torpeur estivale pour troquer leurs CDI contre ces « contrats au rabais » ? Très vite, pourtant, le gouvernement temporise. Thierry Breton puis Jean-Louis Borloo parlent de simples « estimations » et appellent à la prudence. Les petits patrons eux-mêmes, calment le jeu. « Nos chefs d’entreprise sont manifestement très intéressés par le CNE, affirme Pierre Perrin, à la tête de l’Union professionnelle artisanale. Mais de là à parler d’engouement... »

Et pour cause. De source sûre, plus de 10 000 contrats nouvelle embauche ont été comptabilisés par erreur. En apparence, le gouvernement avait trouvé l’outil statistique idéal : la déclaration unique d’embauche. Toutes les entreprises y sont soumises chaque mois et 40% d’entre elles répondent via Internet. Depuis le début du mois d’août, donc, les employeurs internautes peuvent préciser sous quelle forme de contrat (CNE, CDD ou CDI) leurs nouveaux salariés ont été engagés. Mais c’est là le piège : pensant bien faire, beaucoup ont coché la case « contrat nouvelle embauche » pour chacune de leurs... nouvelles embauches. C’est-à-dire, chaque fois, quel que soit le type de contrat utilisé. Alertée de la bévue, l’Acoss, chargée d’éplucher lesdits formulaires, s’échine depuis deux semaines à rectifier le tir. Les entreprises sont rappelées une à une. L’erreur est humaine, mais pas en politique.

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