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Vo Nguyen Giap : légende d’une photo
Publie le mercredi 14 mars 2007 par Open-Publishing6 commentaires

Entretien d’Ivan Lavallée avec Marine Guigné
Au Conseil de campagne de Marie-George Buffet, il arrive que les rencontres soient surprenantes.
Sur l’écran d’un ordinateur portable, une photo noir et blanc.
Le général Vo Nguyen Giap fixe l’objectif.
Aux côtés d’ Ivan Lavallée, le vieil homme sourit. "Cette photo a été prise par l’aide de camp du général Vo Nguyen Giap. C’était en 1993". Ivan Lavallée, enseignant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris, s’amuse de notre surprise. Il poursuit son récit : " A l’époque, j’étais chef de projet à l’Institut francophone d’informatique à Hanoï. Je devais mettre en place cet institut de 3ème cycle pour former des informaticiens de niveau international en français. Un beau défi,alors qu’à Singapour et Hong Kong c’est le règne de l’anglais dans ce type de formation .
Je savais que le général Vo Nguyen Giap,francophone et francophile, s’intéressait de près aux questions scientifiques et techniques. En tant que membre du Comité de coopération scientifique et technique avec le Vietnam, (CCSTVN), je voulais lui présenter ce projet de coopération entre la France et le Vietnam.
Par courrier, je lui ai adressé une demande de rendez-vous. Quelques jours plus tard, au bas de mon hôtel, une voiture m’attendait. C’est son aide de camp qui m’a conduit au domicile du général. Vo Nguyen Giap occupait l’ancienne maison du gouverneur militaire d’Indochine… Le général et sa femme, Bich Ha,m’ont accueilli chaleureusement.
C’est en toute simplicité que nous avons pris le thé avant de parler longuement de la France. Tout de suite, je me suis senti à l’aise en présence de ce petit homme,géant de l’Histoire. Son visage était empreint de douceur. Il parlait un français délicieux. De cet homme à la parole assurée émanait une " force tranquille ". Assis près du vieil homme, il avait alors 82 ans, j’ai senti passer le souffle de l’Histoire ".
Ivan Lavallée, regarde la photo.
Il semble que près de quinze ans après cette rencontre, il n’y croit toujours pas, lui, le militant qui en 1975, après le discours de De Gaulle à Phnom Penh faisait partie des manifestants qui protestaient devant l’ambassade des Etats-Unis. Un brin pensif, Ivan Lavallée marque une pause avant de poursuivre : "Cette photo, c’est un moment très important de ma vie. Elle incarne la réussite du projet que je portais alors, la création de l’Institut francophone d’informatique d’Hanoï. Une forme de récompense pour mon engagement au Vietnam".
L’enseignant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes connaît bien ce pays. Un pays qu’il a découvert en novembre 1977. Un choc. Dans les rues d’Ho Chi Minh Ville, des milliers de familles dormaient sur des nattes posées à même le trottoir. Toutes les artères de la ville offraient alors ce même spectacle de désolation. Poussés par la misère, ces paysans avaient quitté la campagne et ses rizières parsemées de mines. Sans moyens de productions, les cheptels de buffles ayant été décimés par l’armée américaine. Ils fuyaient un pays laissé exsangue par la guerre. Dans les hôtels d’Ho Chi Minh Ville , l’eau courante fait défaut.
La population est soumise au rationnement : 250 grammes de viande et 8 kg de riz par personne et par mois. Ivan Lavallée se souvient aussi de l’aéroport Than Son Nhat ultramoderne mais où tout était arrêté. Rien ne fonctionnait. "Nous avons relancé le système informatique de l’aéroport que les Vietnamiens avaient pris aux Américains. Nous étions de jeunes informaticiens et nous sommes restés sur place pendant trois mois" précise avec une ombre de fierté Ivan Lavallée.
Il a enregistré sur son ordinateur portable, la photo du vainqueur de Dien Bien Phu, elle ne le quitte plus. "Une rencontre et une photo qui ont marqué ma vie », une petite phrase en guise de conclusion. Notre entretien aurait pu se poursuivre encore quelques heures, tant les souvenirs vietnamiens d’Ivan foisonnent et passionnent.
Messages
1. Vo Nguyen Giap : UN GÉNIE !, 14 mars 2007, 22:39
Oui, Vo Nguyen Giap est un génie, un des meilleurs parmi tous les génies qu’à produit la résistance vietnamienne contre tous les impérialismes, les Viets n’ont eu aucune défaite !
Et si nous aussi nous devenions des résistants dignes de ce nom ?
2. Vo Nguyen Giap : légende d’une photo, 15 mars 2007, 09:48
Grand respect évidemment pour le général Giap, mais aussi pour Ivan Lavallee dont je ne connaissais pas l’histoire.
Même si son arme est un clavier d’ordinateur et non un fusil mitrailleur, il est lui aussi un authentique combattant révolutionnaire.
Chapeau bas.
Jips
3. ANNECDOTE, 15 mars 2007, 09:52
A chaque fois que j’ai pu disposer d’une caméra je filmais des vieuxs camarades qui racontaient leurs jeunesse leurs expérience la Résistance le Parti.
Louis me raconte : Après le maquis comme beaucoup de jeunes résistants je suis incorporé dans la nouvelle l’armée française et je pars en INDOCHINE. Je tioens a dire que ceux qu’on appélait les "p’tits niakoués" et bien chapeau . Les vietnamiens sont gentils intelligents et surtout d’un courage incroyable et pourtant ils en ont bavé. Quand on nous envoyait en opération la plupart d’entre nous trainaient des pieds parce qu’on avait beaucoup de respect pour ces petits bonshommes. Et en plus on venait de combattre les fachistes et on devait combattre des communistes. Ah oui les vietnamiens chapeau !!! C’est pas comme certains...."
Sa femme MARIE ROSE à coté marmonne : " tais toi "
Louis se retient " enfin , tu vois de qui je veux parler " (LOUIS et ROS EMARIE habitent près d’une cité HLM au pied d’un immeuble et c’est pas tous les jours la joie. Leur maison est juste au pied d’un immeuble et LOUIS enrage de voir tous les jours des détritus, jetés par les fenètres, dans son jardin qu’il bichonne amoureusement, ou la nuit des gamains venir le sacager. ) Il se retient et ne dit rien parce qu’il est communiste et n’en veut pas " aux pauvres" mais ça le rend malade.
Je me souviens aussi que même BIGEARD parlait des vietnamiens avec respect et raconter comment les viets avaient hissé des canons en haut d’une colline a la force des bras, et d’ingéniosité avec des bouts de ficelle. Et mettre une patée a une armée moderne.
Je me demande pourquoi nous n’avons pas eu une imigration vietnamienne en FRANCE.
Rester au pays alors que c’est la misère est sans doute la raison qui fait que le VIETNAM s’en sort , garde une immense dignité et que tous les autres pays le respecte.
ANDRE 18