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Yémen : Le général Ali Mohsen al-Ahmar a annoncé, qu’il rejoignait la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh

Publie le lundi 21 mars 2011 par Open-Publishing

Déploiement de chars à Sanaa lundi, notamment autour du palais présidentiel, après la défection d’un chef de l’armée

Le général Ali Mohsen al-Ahmar a annoncé, au nom de ses officiers, qu’il rejoignait la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, qui a limogé dimanche son gouvernement.

Des dizaines d’officiers - 60 dans le sud-est - se sont joints à la protestation, selon des annonces faites lundi devant le sit-in de l’Université de Sanaa.

Le général Ali Mohsen al-Ahmar, qui a annoncé lundi qu’il rejoignait la contestation lors d’une allocution télévisée diffusée par la chaîne al-Jazira du Qatar, est l’un des principaux officiers de l’armée yéménite. Commandant de la première division blindée, il a annoncé, au nom de ses officiers, qu’il "soutenait la révolte pacifique des jeunes" qui campent Place de l’Université à Sanaa. Issu de la plus influente tribu du pays, il a accusé le chef de l’Etat de "réprimer les manifestants pacifiques" et de "pousser le pays vers la guerre civile".

Il est le premier officier de cette importance à faire défection depuis le début, fin janvier, du mouvement de contestation contre le président Saleh. Il s’est intensifié après des tirs mortels, dans une attaque attribuée à des partisans du régime, vendredi sur les contestataires rassemblés sur la place de l’Université. Dimanche, une foule massive s’est rassemblée à Sanaa pour les funérailles de certains des 52 manifestants tués vendredi.

Dans son sillage, 60 officiers de l’armée originaires de la province de Hadramaout, dans le sud-est du Yémen, ont décidé de se joindre à la protestation contre le régime, a annoncé lundi l’un d’eux, le général Nasser Ali Chouaïbi.

Le président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, est confronté depuis des semaines à un mouvement de contestation inspiré des soulèvements populaires tunisien et égyptien. La contestation regroupe des courants disparates, opposition parlementaire, tribus, séparatistes sudistes. Un sit-in permanent est organisé sur la place de l’Université depuis le 21 février, pour réclamer le départ du président.

Après la journée sanglante de vendredi

Samedi, des renforts de police avaient été déployés à Sanaa après la journée la plus sanglante depuis le début de la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh qui a déclaré l’état d’urgence vendredi après-midi. L’état d’urgence permet en théorie aux forces de l’ordre de réprimer les manifestations et aux autorités de restreindre les libertés publiques.

Le président Saleh a regretté ces victimes - il y a eu 52 morts et 126 blessés - mais il a demandé aux manifestants d’évacuer la place de l’Université, au centre de Sanaa, symbole de leur mobilisation.

Pour l’opposition yéménite, il s’agit de "massacre", un thème qui a été largement repris samedi par les orateurs à la tribune sur la place de l’Université. Cette dernière accuse également les fils du président Saleh, qui dirigent l’essentiel de l’appareil de sécurité du régime, pour les violences de vendredi.

Pour protester contre les violences, le gouverneur d’Aden 2e ville du pays, a fait défection lundi. Les ambassadeurs du Yémen à l’ONU et à Beyrouth, MM.al-Saïdi et Abourrass, la ministre des droits de l’Homme Mme al-Baan, et le rédacteur en chef de l’agence officielle Saba, M.Moustafa, avaient démissionné samedi et dimanche.

Des réactions internationales

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné lundi la répression de vendredi au Yémen : "Je condamne avec force l’usage de balles réelles contre les manifestants par les forces de sécurité à Sanaa", a déclaré M.Ban à l’issue d’un entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, au Caire.

"Le gouvernement yéménite a l’obligation de protéger les civils. J’appelle à un maximum de retenue et à mettre fin à la violence", a déclaré M.Ban. "Il n’y a pas d’alternative à un dialogue global portant sur des réformes politiques, sociales et économiques, pour traiter la crise politique".

La France a condamné "avec fermeté" les "attaques meurtrières" et jugé "impératif" que cessent ces violences, dans une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

"Il est maintenant impératif que s’arrêtent les attaques des forces de sécurité et de groupes armés pro-gouvernementaux contre des personnes exerçant leur droit d’expression et de manifestation", affirme Bernard Valero.

"Nous sommes extrêmement préoccupés par les nouvelles violences intervenues au cours de la période récente, dans la capitale et d’autres villes du pays", poursuit le porte-parole. "Nous appelons une nouvelle fois les autorités yéménites à protéger, comme elles s’y sont engagées à plusieurs reprises, les manifestants pacifiques, à garantir les droits civils et politiques, et à adopter de manière urgente les mesures concrètes et crédibles allant au-devant des aspirations du pays", ajoute-t-il.

Le président américain Barack Obama a exhorté le président Saleh à autoriser le déroulement des manifestations."Je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd’hui au Yémen", a déclaré M.Obama dans un communiqué, et il a appelé "le président Saleh à tenir sa promesse d’autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement". Les Etats-Unis considèrent M. Saleh comme un allié dans la guerre contre Al-Qaïda, qui est largement implanté dans le sud-ouest de ce pays pauvre où l’Etat contrôle mal les zones tribales.

Combats entre l’armée et les rebelles nordistes au Nord

Des rebelles chiites ont pris le contrôle d’une installation militaire dimanche, dans la région d’al-Jawf, proche de la frontière avec l’Arabie saoudite, lors de combats contre des combattants pro-gouvernementaux.

Ces combats ont fait au moins vingt morts, ont indiqué lundi des sources militaires et tribales. Ils ont opposé des combattants de la rébellion houthie active dans cette région et des soldats et des éléments des tribus soutenant le président Ali Abdallah Saleh.

"Les houthis ont été en mesure de prendre le contrôle de la position, où étaient déployés deux chars d’assaut et des véhicules militaires", a ajouté cette source qui a assuré que d’autres affrontements ont eu lieu ces derniers jours. Les rebelles appartiennent à la branche zaïdite du chiisme, et sont opposés au pouvoir central de Sanaa. Ils sont dirigés par Abdelmalek al-Houthi. Cette rébellion qui dure depuis 2004 a fait des milliers morts et plus de 250.000 déplacés.

Elle inquiète l’Arabie saoudite par sa proximité, et en août 2009 les troupes saoudiennes étaient intervenues pour soutenir l’armée de Sanaa. Un cessez-le-feu est intervenu en février 2010, mais des combats avaient de nouveau éclaté en juillet près du fief des rebelles dans la province d’Amrane. Cette trêve avait mis fin à la "Sixième guerre" entre les rebelles, qui dénoncent une marginalisation politique, sociale et religieuse, et l’armée.

http://info.france2.fr/revolutions-arabes/les-chars-investissent-sanaa-67878848.html