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appel d’un collectif

Publie le samedi 18 juin 2016 par Open-Publishing
7 commentaires

Ce gouvernement a peur
Par un collectif — 17 juin 2016 à 18:47

Une soixantaine d’intellectuels, de militants et de syndicalistes appellent à résister au gouvernement et poursuivre les grèves, blocages et occupations.

Ce gouvernement a peur

Les voilà, leurs grandes peurs et leurs grands moyens pour essayer de la masquer en jouant les fiers-à-bras qui ne cèdent pas. On s’y attendait depuis des mois, et la voici brandie, la menace d’interdiction des manifestations. Un sommet dans l’inacceptable ? Il peut toujours y avoir pire avec ce gouvernement. Celui-là même qui commémore cyniquement les grèves du Front populaire. Qu’il défende ses intérêts, ceux des puissants, ceux des profits et de l’argent ; c’est de bonne guerre, c’est sa guerre ; mais qu’il ravale ses célébrations et récupérations d’un passé qu’il ne cesse de fouler au pied.

Ce gouvernement a peur : rien d’étonnant. Car il y a de quoi, devant nos solidarités face au pouvoir et son bras armé. Combien de témoignages sur ces manifestant·e·s qui, sans avoir besoin de rien se dire, prennent soin des blessé·e·s, malgré les gaz, les coups de matraque et les grenades de désencerclement ? Combien d’images de blessé·e·s que des policiers continuent de frapper à terre, tandis que spontanément se forment des chaînes pour les entourer et les protéger ? Combien d’initiatives, de textes, de rassemblements, de soutiens résolus contre les gardes à vue, les mises en examen, les condamnations iniques ? Pour les manifestant·e·s blessé·.e·s, mutilé·e·s, éborgné·e·s, dans le coma, combien de policiers seront inculpés ?

Hollande, Valls et leurs alliés voudraient briser cette vague énorme, celle qu’on a vu manifester par centaines de milliers. Ils mènent leur guerre sur tous les fronts : par une violence physique déchaînée ; par une violence judiciaire de magistrats aux ordres qui emprisonnent et brisent des vies ; par une violence médiatique faite de désinformation et de discrédit ; par une violence antidémocratique à coups de 49-3, d’interdictions de manifester et d’assignations à résidence au nom de l’état d’urgence ; par la violence sociale infligée à des millions d’hommes et de femmes précarisé·e·s ou licencié·e·s. Ce pouvoir voudrait à toute force empêcher ce qui lui apparaît dangereux et qui est immense par ses convergences : des quartiers populaires où l’on bataille depuis des années contre les violences policières, des luttes des migrant·e·s et des sans-papiers, des syndicalistes mobilisé·e·s, des étudiant·e·s et des lycéen·ne·s qui ne lâchent rien. La détermination est puissante, tout comme le sentiment que des personnes, des collectifs, des organisations qui jusque-là ne se parlaient pas ou peu se sont trouvés ou retrouvés. Ce pas franchi est si important qu’il le restera, et pour longtemps.
Mépris

Nous ne convaincrons pas les tenants de ce monde – et nous ne cherchons pas à le faire. Mais contre le discours dominant et tout-puissant, nous pouvons convaincre celles et ceux qui connaissent bien la violence au quotidien. La violence du mépris social et des abîmes qui nous séparent des possédants. La violence du chantage à l’emploi qui conduit à tout accepter, fait voler en éclats les solidarités et jusqu’à la dignité parfois. La violence de la souffrance, au chômage, au travail, de la mise en concurrence, du management par l’obéissance. La violence des contrôles au faciès et des discriminations. Forces de l’ordre ; mais de quel ordre ? L’ordre social des évadés fiscaux, du CAC 40 et des marchés financiers.

Quelques devantures de banques, d’assurances ou de supermarchés cassées ne sont rien comparées à cette violence. Quoi qu’on pense de leur pertinence, ces actions sont au fond surtout des questions : qu’est-ce qu’une banque et ce qu’il y a derrière, la tragi-comédie financière ? Brecht l’avait résumé d’un trait : « Il y a pire que braquer une banque, c’est d’en fonder une ». Comment pourrait-on nous faire croire que la violence de ce monde serait dans ces vitrines brisées ? Les médias sont doués pour ça, avec leurs scoops et leurs images en boucle, leurs sélections éhontées. Mais vient un temps où ça ne marche plus : il semble que ce temps soit venu.

Les patrons peuvent s’arrêter de patronner ; nous n’avons pas besoin d’eux. Mais quand les éboueurs, les dockers, les électricien·ne·s, les cheminot·e·s, les raffineur·se·s, les personnels hospitaliers, les personnels de l’éducation, les postier·e·s, les intermittent·e·s s’arrêtent, tout ce qu’elles et ils nous apportent devient soudain plus visible, plus évident. Quoi qu’il advienne de ce gouvernement, nous continuerons de manifester – et comment ! Mais pas seulement. Nous poursuivrons grèves, blocages et occupations. Ce sont les armes de celles et ceux qui en ont peu. Mais elles peuvent frapper bien plus fort que leurs matraques et leurs tonfas.

Signataires
Pierre Alferi (écrivain), Jean-Claude Amara (porte-parole de Droits devant !!), Nathalie Astolfi (enseignante), Ana Azaria (présidente de Femmes Egalité), Igor Babou (universitaire), Etienne Balibar (philosophe), Ludivine Bantigny (historienne), Amal Bentounsi (Urgence Notre Police Assassine), Eric Beynel (porte-parole de Solidaires), Daniel Blondet (militant anti-impérialiste), Antoine Boulangé (enseignant), Claude Calame (historien), Laurent Cauwet (éditeur), Manuel Cervera-Marzal (sociologue), Déborah Cohen (historienne), Christine Delphy (sociologue), Alain Dervin (enseignant), Paul Dirkx (sociologue), Joss Dray (photographe), Julien Dufour (doctorant en sociologie), Jules Falquet (sociologue), Eric Fassin (sociologue), Samantha Faubert (hispaniste), Sophie Fesdjian (anthropologue, enseignante), Alain Frappier (illustrateur), Désirée Frappier (scénariste), Bernard Friot (sociologue), Luc Gaffet (militant CGT), Fanny Gallot (historienne), Franck Gaudichaud (politiste), Valérie Gérard (philosophe), Céline Gondard-Lalanne (porte-parole Solidaires), Nahema Hanafi (historienne), Samuel Hayat (politiste), Eric Hazan (auteur et éditeur), Catherine Jardin (éditrice), François Jarrige (historien), Fanny Jedlicki (sociologue), Claude Kaiser (militant anti-nucléaire), Leslie Kaplan (écrivaine), Patrice Lardeux (militant CGT), Mathilde Larrère (historienne), Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire), Pascal Maillard (universitaire et syndicaliste), Philippe Marlière (politiste), Bénédicte Monville-De Cecco (conseillère régionale IDF (EELV)), Olivier Neveux (historien d’art), Ugo Palheta (sociologue), Willy Pelletier (sociologue), Irène Pereira (sociologue), Roland Pfefferkorn (sociologue), Christian Pierrel (PCOF) ; Christine Poupin (NPA), Théo Roumier (appel des syndicalistes « On bloque tout ! »), Omar Slaouti (enseignant), Federico Tarragoni (sociologue), Jacques Testart (biologiste), Julien Théry-Astruc (historien), Michel Tort (psychanalyste), François Tronche (directeur de recherches au CNRS), Marlène Tuininga (4ACG), Béatrice Turpin (réalisatrice militante), Sophie Wauquier (linguiste)
un collectif

Messages

  • Bonjour,

    Je souhaite m’associer à ce message qui reprend bien ce qui se passe en France avec le projet de Loi EL KHORMI et l’obstination du Gouvernement à rester "droit dans ces bottes" malgré les puissantes actions, grèves et manifestations intersyndicales depuis début mars 2016.

    HOLLANDE et son GOUVERNEMENT ONT RENIE TOUS LES ENGAGEMENTS DE CAMPAGNE de 2012 AVECLVEUR POLITIQUE LIBERALE ET EN FAVEUR DU PATRONAT et se sont mis à dos une frange très importante de la GAUCHE, la VRAIE ;

    L’obstination du 1er Ministre a mener cette politique libérale avec le soutien d’HOLLANDE et de ses MinIstres les a conduit droit dans le mur.
    Le non dialogue avec les organisations syndicales sur la Loi EL KHORMI montre
    tout le mépris de la classe ouvrière.

    ILS VONT LE PAYER EN 2017 !

    Retraité, militant syndical à Sud Solidaires

    • bizarre , il y a du baston tout les jours dans leur eurofoot néonazi et pas d’interdiction
      une bombe artisanale agricole jetee sur un terrain, preque tous les suporters se réclamant de la droite la plus haineuse de cette europe chaque jour plus fasciste et anti pauvre
      toujours pas d’interdiction
      donc toutes les instances du sport et du gouvernement sont d’accord avec ça
      toujours pas d’interdiction
      donc au prochaines élections les 3/4 qui se présentent sont d’accord avec ça
      toujours pas d’interdiction pour ces candidats ?
      a vous de jouer les gars carton rouge pour ces individus

    • ILS VONT LE PAYER EN 2017 !

      Les larbins socialistes vont payer, tant mieux.

      Mais leurs maîtres, les capitalistes, seront toujours aux commandes, avec de nouveaux larbins pour servir leurs intérêts.
      Ils en ont plein en réserve, des serviteurs zélés. Ils savent où ils vont, ce sont des gens intelligents et organisés. Et si puissants, économiquement et militairement... Seules les masses déterminées et unies autour d’un projet alternatif pourront leur arracher le pouvoir.
      En attendant, on essaie de résister, de ne pas reculer trop vite trop fort...

    • "En attendant, on essaie de résister, de ne pas reculer trop vite trop fort..."

      En attendant quoi ?
      Si nos anciens avaient adopté la stratégie du recul, ils n’auraient pas conquis les droits que nous avons.
      Depuis combien de temps "résistons-nous" pour perdre un à un tous ces conquis ?

      Il me semble que le 14 juin, lorsque la milice a attaqué les dockers, les dockers n’ont pas résisté, ils ont attaqué. C’est pour cela qu’on les traite aussi de "casseurs".
      Un bon prolo est-il un prolos soumis qui doit défiler sagement encadré par la milice ?

    • Exactement et pour eux l’essentiel est de continuer à nous faire participer à leur farce électorale pour asseoir leur leur légitimité "démocratique" .
      Seule la révolution sociale et libertaire nous libérera et nous permettra d’inventer un monde nouveau initié en Espagne par les anarchistes de la FAI et les anarcho-syndicalistes de la CNT ou bien en Ukraine avec la makhnovtchina .
      Vite l’anarchie "le plus haut degré de l’ordre" selon Elisée Reclus .

    • Si nos anciens avaient adopté la stratégie du recul, ils n’auraient pas conquis les droits que nous avons.

      Je me demande si le monde n’a pas légèrement changé...

      Par exemple chute du bloc soviétique, par exemple mondialisation capitaliste, deux éléments qui changent beaucoup de choses dans le rapport de force entre les classes.

      Nos anciens ont gagné des acquis car ils voulaient se battre, on est d’accord, mais aussi parce que la situation s’y prêtait.

      Bref, si on recule, si on résiste, c’est qu’on n’a pas les moyens de faire autre chose, pour l’instant, c’est pas un choix, c’est le fruit d’une situation bien réelle.

      Mais bon, si on se place hors-sol, on va être d’accord pour dire que c’est mieux de progresser que de pas trop reculer, mais ça fait guère avancer le schmilblick...

    • Évidemment le monde a changé .
      Évidemment l’existence du bloc Soviétique incitait la classe dominante a des concessions. (La mondialisation ne date pas des années 30, elle a pris une forme particulière avec la libre circulation des capitaux et la mise en concurrence des travailleurs dont on perçoit déjà les limites d’ailleurs)
      Mais le monde a changé dans tous les sens.
      Il y a beaucoup d’autres faits qui devraient nous réveiller , par exemple :
       la croissance à tout prix ne rend pas heureux mais aliène et détruit la planète à une vitesse que nos parents ne pouvaient imaginer.
       le travail peut conduire au suicide et à la rue parce que nous sommes jetables.
       l’idéologie du travail se fissure justement parce que la division du travail et les méthodes de contrôle (management) ont détruit les métiers et que désormais nous travaillons d’abord pour gagner notre vie et les objets souvent inutiles qui vont avec (par exemple la TV de propagande et non de culture), rarement pour le plaisir de créer.
      Nos parents travaillaient dur mais c’était dans l’espoir d’un avenir meilleur et ils étaient souvent fier de ce qu’ils faisaient.
      Et il y a beaucoup d’autres raisons de se battre dont les jeunes sont très conscients, les ouvriers comme la petite bourgeoisie dont les années d’étude ne mènent souvent à rien.
      A eux d’abord les emplois précaires, sous-payés, et les matraques des flics ou pire s’ils se rebellent.

      Or la loi « Travaille ! » nous met vraiment au pied du mur : c’est la fin du syndicalisme de lutte et la précarisation généralisée. Je ne sais pas si la situation s’y prête, mais nous n’avons tout simplement pas le choix.

      " Si on recule, si on résiste, c’est qu’on n’a pas les moyens de faire autre chose, pour l’instant ... "
      C’est totalement faux ! Il suffit de voir ce qui s’est passé en 2010 où les centrales syndicales ont épuisé un mouvement puissant qui pouvait parfaitement l’emporter . C’est une erreur qui ne peut pas être répétée.

      «  … ce sabotage capitaliste qui imprègne la société actuelle, qui constitue l’élément dans lequel elle baigne, - comme nous baignons dans l’oxygène de l’air - ce sabotage, qui ne disparaîtra qu’avec elle, est bien autrement condamnable que le sabotage ouvrier. Celui-ci - il faut y insister ! - ne s’en prend qu’au Capital, au coffre-fort, tandis que l’autre s’attaque à la vie humaine, ruine la santé, peuple les hôpitaux et les cimetières. »
      Émile Pouget (CGTiste ), Le sabotage

      "Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un seul pas." (Bakounine)