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Publie le vendredi 27 février 2009 par Open-Publishing
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GEAB N°32 est disponible ! 4° trimestre 2009 - Début de la phase 5 de la crise systémique globale : la phase de dislocation géopolitique mondiale

 Communiqué public GEAB N°32 (15 février 2009) -

Depuis Février 2006, LEAP/E2020 avait estimé que la crise systémique globale se déroulerait selon 4 grandes phases structurantes, à savoir les phases de déclenchement, d’accélération, d’impact et de décantation. Ce processus a bien décrit les évènements jusqu’à aujourd’hui. Mais notre équipe estime dorénavant que l’incapacité des dirigeants mondiaux à prendre la mesure de la crise, caractérisée notamment par leur acharnement depuis plus d’un an à en traiter les conséquences au lieu de s’attaquer radicalement à ses causes, va faire entrer la crise systémique globale dans une cinquième phase à partir du 4° trimestre 2009 : la phase dite de dislocation géopolitique mondiale.

Selon LEAP/E2020, cette nouvelle phase de la crise sera ainsi façonnée par deux phénomènes majeurs organisant les évènements en deux séquences parallèles, à savoir :

A. Deux phénomènes majeurs :
1. La disparition du socle financier (Dollars + Dettes) sur l’ensemble de la planète
2. La fragmentation accélérée des intérêts des principaux acteurs du système global et des grands ensembles mondiaux

B. Deux séquences parallèles :
1. La décomposition rapide de l’ensemble du système international actuel
2. La dislocation stratégique de grands acteurs globaux.

Nous avions espéré que la phase de décantation permettrait aux dirigeants du monde entier de tirer les conséquences de l’effondrement du système qui organise la planète depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Hélas, à ce stade, il n’est plus vraiment permis d’être optimiste en la matière (1). Aux Etats-Unis comme en Europe, en Chine ou au Japon, les dirigeants persistent à faire comme si le système global en question était seulement victime d’une panne passagère et qu’il suffisait d’y ajouter quantité de carburants (liquidités) et autres ingrédients (baisse de taux, achats d’actifs toxiques, plans de relance des industries en quasi-faillite,…) pour faire repartir la machine. Or, et c’est bien le sens du terme de « crise systémique globale » créé par LEAP/E2020 dès Février 2006, le système global est désormais hors d’usage. Il faut en reconstruire un nouveau au lieu de s’acharner à sauver ce qui ne peut plus l’être.

Evolution des commandes à l’industrie au cours du 4° trimestre 2008 (Japon, Etats-Unis, zone Euro, Royaume-Uni, Chine, Inde) - Sources : MarketOracle / JPMorgan
L’Histoire n’étant pas particulièrement patiente, cette cinquième phase de la crise va donc entamer ce processus de reconstruction mais de manière brutale, par la dislocation complète du système préexistant. Et les deux séquences parallèles, décrites dans ce GEAB N°32, qui vont organiser les évènements promettent d’être particulièrement tragiques pour plusieurs grands acteurs mondiaux.

Selon LEAP/E2020, il ne reste plus qu’une toute petite fenêtre de tir pour tenter d’éviter le pire, à savoir les quatre mois à venir, d’ici l’été 2009. Très concrètement, le Sommet du G20 d’Avril 2009 constitue selon notre équipe la dernière chance pour réorienter de manière constructive les forces en action, c’est-à-dire avant que la séquence cessation de paiement du Royaume-uni, puis des Etats-Unis ne se mette en branle (2). Faute de quoi, ils perdront tout contrôle sur les évènements (3), y compris, pour nombre d’entre eux, dans leurs propres pays, tandis que la planète entrera dans cette phase de dislocation géopolitique à la manière d’un « bateau ivre ». A l’issue de cette phase de dislocation géopolitique, le monde risque de ressembler à l’Europe de 1913 plus qu’à la planète de 2007.

Ainsi, à force de tenter de porter sur leurs épaules le poids toujours croissant de la crise en cours, la plupart des Etats concernés, y compris les plus puissants, ne se sont pas rendu compte qu’ils étaient en train d’organiser leur propre écrasement sous le poids de l’Histoire, oubliant qu’ils n’étaient que des constructions humaines, ne survivant que parce que l’intérêt du plus grand nombre s’y retrouvait. Dans ce numéro 32 du GEAB, LEAP/E2020 a donc choisi d’anticiper les conséquences de cette phase de dislocation géopolitique sur les Etats-Unis et l’UE.

Evolution de la base monétaire des Etats-Unis - (12/2002 – 12/2008) - Source US Federal Reserve / DollarDaze
Il est donc temps pour les personnes comme pour les acteurs socio-économiques de se préparer à affronter une période très difficile qui va voir des pans entiers de nos sociétés telles qu’on les connaît être fortement affectés (4), voire tout simplement disparaître provisoirement ou même dans certains cas durablement. Ainsi, la rupture du système monétaire mondial au cours de l’été 2009 va non seulement entraîner un effondrement du Dollar US (et de la valeur de tous les actifs libellés en USD), mais il va aussi induire par contagion psychologique une perte de confiance généralisée dans les monnaies fiduciaires. C’est à tout cela que s’attachent les recommandations de ce GEAB N°32.

Last but not least, notre équipe considère désormais que ce sont les entités politiques (5) les plus monolithiques, les plus « impériales », qui vont être les plus gravement bouleversées au cours de cette cinquième phase de la crise. La dislocation géopolitique va ainsi s’appliquer à des états qui vont connaître une véritable dislocation stratégique remettant en cause leur intégrité territoriale et l’ensemble de leurs zones d’influences dans le monde. D’autres états, en conséquence, seront projetés brutalement hors de situations protégées pour plonger dans des chaos régionaux.


Notes :

(1) Barack Obama comme Nicolas Sarkozy ou Gordon Brown passent leur temps à invoquer la dimension historique de la crise pour mieux cacher leur incompréhension de sa nature et tenter de se dédouaner à l’avance de l’échec de leurs politiques. Quant aux autres, ils préfèrent se persuader que tout cela se règlera comme un problème technique un peu plus grave que d’habitude. Et tout ce petit monde continue à jouer selon les règles qu’ils connaissent depuis des décennies, sans se rendre compte que le jeu est en train de disparaître sous leurs yeux.

(2) Voir GEAB précédents.

(3) En fait il est même probable que le G20 aura des difficultés croissantes à tout simplement pouvoir se réunir, sur fond de « chacun pour soi ».

(4) Source : New York Times, 14/02/2009

(5) Et cela nous paraît vrai également pour les entreprises.

Dimanche 15 Février 2009

Messages

  • Le LEAP est un laboratoire à visée capitaliste.

    Que leur système se fissure de part en part et mette en péril l’équilibre même des sociétés qui vivaient tant bien que mal sous leur dogme libéral, on le sait ! On a pas besoin qu’un laboratoire de prospective politique nous l’explique sur tous les tons... semaine après semaine.

    On sait aussi que les puissants - financiers et hommes politiques à leur botte - sont aujourd’hui incapables de trouver des solutions valables pour sortir de cette crise, pour la bonne raison qu’il n’y pas de solutions à ce qui est le casse le plus monstrueux ayant jamais existé (des milliards d’actifs pourris, montage à la Murdoff, remboursement de ces mêmes actifs pourris par des fonds publics, socialisation des pertes, etc...) ! Même leurs replâtrages sont pourris !

    Car ce sont les règles intrinsèques du capitalisme, de son système bancaire qui autorisent par exemple à jouer et à tricher avec des "titrisations" qui n’ont pas d’équivalent en richesses produites qui est l’origine de ce désastre. C’est un des principes de base de la spéculation boursière. Un autre est par exemple de licencier à tour de bras pour faire monter le cours d’une action...

    Le LEAP dénonce-t-il ces pratiques et la logique même du système ? Apporte-t-il des solutions ? Ce laboratoire conseille simplement aux patrons de se préparer à changer de région du monde, à faire les valises et le dos rond. Il nous abreuve de nouvelles catastrophistes... sans jamais analyser les véritables causes de ce gâchis planétaire.

    Donc pour le constat, c’est bon, on a notre dose ! Mais pour les solutions, rien à attendre d’eux... C’est à la critique radicale du système capitaliste, de ses fondements mêmes qu’il faut s’atteler et à l’invention d’un nouveau système économique et politique qui mette la satisfaction des besoins humains au centre, en rendant au domaine public les grands organismes financiers.

    A sa manière, les informations récurrentes du LEAP nous détournent de cet objectif en affirmant que ce sont les insuffisances des acteurs (qui n’auraient pas pris leurs mises en garde au sérieux) qui seraient à l’origine de ce marasme et en nous jouant la partition d’une refondation nécessaire du capitalisme.

    "Le monde va changer de base, nous ne sommes rien, soyons tout !".
    Osons nous aussi faire de la prospective. Rêvons tout haut d’un autre monde !