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la faim

Publie le samedi 3 mai 2008 par Open-Publishing

texte écrit en 1997... un peu en avance ?

LA FAIM JUSTIFIE LES MOYENS

Oublié des derniers regroupements, il marchait. Seul. Dans le désert. Exsangue, affamé. Espérant.
Hélas ! Sur les dunes : rien ! Du sable, à perte de vie !
De l’enfance, il retrouva le pouce. Sa succion. Pour survivre, ce fut insuffisant. Alors, il entama le doigt. Puis, la main. Le bras. Il se connaissait bien : par le menu. Très vite, il ne lui resta que les dents. Cela suffit, pour sourire aux anges.
Dieu (on le nommait ainsi dans cette contrée), occupé depuis quelques millénaires à régler d’importantes questions de droit divin, n’avait pas eu le temps de s’occuper du solitaire. D’une décision sans appel, il usa de l’intemporel : il appela les mâchoires au Paradis.
Grincements de dents de quelques sommités célestes : Quoi ! Un cannibale au ciel ! (Lequel en avait vu d’autres).
Dieu, simple et débonnaire :
- Tout le monde ne peut pas multiplier les pains.
Soit.
Il est heureux que l’affamé n’ait pas eu de pain (surtout à multiplier) : il l’aurait mangé. Et serait mort de soif ! Imprévoyance des pauvres !
Les mâchoires l’avaient échappé belle : si, exhalant l’âme dans un dernier soupir, elles avaient dévoré celle-ci d’un coup de dent final... Quel enfer ! Et embarras du Lucifer local !
Une seule question resta posée, à laquelle ne répondirent ni les bons pères ni les théologiens expérimentés :
- Dieu aurait-il, (le cas échéant), admis une prothèse parmi les bienheureux ?
On oublia l’événement. Il y avait tant de bouches à accueillir.

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