Accueil > le 3 septembre 1938 : proclamation de la IVe Internationale
le 3 septembre 1938 : proclamation de la IVe Internationale
par Charles
Publie le samedi 3 septembre 2011 par Charles - Open-Publishing6 commentaires
Ci-dessous le dernier chapitre du « Programme de Transition », rédigé par Trotsky début 1938, et qui fût le « Manifeste » de la nouvelle Internationale.
Sous le drapeau de la IVe Internationale
Des sceptiques demandent : mais le moment est-il venu de créer une nouvelle Internationale ? Il est impossible, disent-ils de créer une Internationale « artificiellement » ; seuls, de grands événements peuvent la faire surgir, etc. Toutes ces objections démontrent seulement que des sceptiques ne sont pas bons à créer une nouvelle Internationale. En général, ils ne sont bons à rien.
La IVe Internationale est déjà surgie de grands événements : les plus grandes défaites du prolétariat dans l’Histoire. La cause de ces défaites, c’est la dégénérescence et la trahison de la vieille direction. La lutte des classes ne tolère pas d’interruption. La Troisième Internationale, après la Deuxième, est morte pour la révolution. Vive la IVe Internationale !
Mais les sceptiques ne se taisent pas : « Est-ce déjà le moment de la proclamer maintenant ? » La IVe Internationale, répondons-nous, n’a pas besoin d’être « proclamée ». ELLE EXISTE ET ELLE LUTTE. Elle est faible ? Oui, ses rangs sont encore peu nombreux, car elle est encore jeune. Ce sont, jusqu’à maintenant, surtout des cadres. Mais ces cadres sont le seul gage de l’avenir. En dehors de ces cadres, il n’existe pas, sur cette planète, un seul courant révolutionnaire qui mérite réellement ce nom. Si notre Internationale est encore faible en nombre, elle est forte par la doctrine, le programme, la tradition, la trempe incomparable de ses cadres. Que celui qui ne voit pas cela aujourd’hui reste à l’écart. Demain, ce sera plus visible.
La IVe Internationale jouit dès maintenant de la haine méritée des staliniens, des sociaux-démocrates, des libéraux bourgeois et des fascistes. Elle n’a ni ne peut avoir place dans aucun des Fronts populaires. Elle s’oppose irréductiblement à tous les groupements politiques liés à la bourgeoisie. Sa tâche, c’est de renverser la domination du capital. Son but, c’est le socialisme. Sa méthode, c’est la révolution prolétarienne.
Sans démocratie intérieure, il n’y a pas d’éducation révolutionnaire. Sans discipline, il n’y a pas d’action révolutionnaire. Le régime intérieur de la IVe Internationale est fondé sur les principes du centralisme démocratique : liberté complète dans la discussion, unité complète dans l’action.
La crise actuelle de la civilisation humaine est la crise de la direction du prolétariat. Les ouvriers avancés réunis au sein de la IV° Internationale montrent à leur classe la voie pour sortir de la crise. Ils lui proposent un programme fondé sur l’expérience internationale de la lutte émancipatrice du prolétariat et de tous les opprimés du monde. Ils lui proposent un drapeau que ne souille aucune tache.
Ouvriers et ouvrières de tous les pays, rangez-vous sous le drapeau de la Quatrième Internationale !
C’est le drapeau de votre victoire prochaine !
8888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888888
Extrait du l’exposé du Cercle Léon Trotsky n° 27 du 30 septembre 1988 :
50 ans après la fondation de la IVe Internationale.
Quelles perspectives pour les militants révolutionnaires internationalistes ?
C’est à nous, trotskystes, tels que nous sommes, autant que nous sommes aujourd’hui,
que revient la tâche de faire retraverser aux vieilles expériences révolutionnaires,
c’est-à-dire au savoir-faire prolétarien et internationaliste, le no-man’s land entre les
générations militantes, pour permettre enfin au mouvement ouvrier mondial de redémarrer
sur des bases politiques supérieures à celles des années 30.
Une gageure ? Oui, sans doute. Comme toutes les entreprises humaines qui valent la
peine qu’on se batte pour elles. Mais une gageure en effet. Car cet héritage politique
que nous a légué Trotsky avant son assassinat et dans lequel les différents groupes
trotskystes ont puisé plus ou moins partiellement, n’est pas simplement une doctrine ou
un programme de formules toutes faites à adapter au goût du jour.
Le bolchévisme, disait Trotsky pour son propre compte, « n’est pas une doctrine, mais
un système d’éducation révolutionnaire pour l’accomplissement de la révolution proléta-
rienne ». Nous pouvons en dire tout autant du trotskysme.
Et toute la question est là : nous, les trotskystes, aurons-nous la volonté, l’âpreté, l’au-dace
intellectuelle et politique et l’acharnement humain pour retrouver, pour réinventer
dans l’action militante et l’action révolutionnaire, ce système d’éducation révolutionnaire
dont parlait Trotsky, afin de le communiquer à toute la génération combattante qui surgit
aujourd’hui dans les rangs des opprimés ?
Un défi à relever
Voilà le défi que nous, révolutionnaires internationalistes actuels, avons à relever :
enflammer pour nos idées internationalistes toute cette génération combattante, qui
malgré l’épreuve de l’histoire et des révolutions nationales fourvoyées, a acquis artificiel-lement
une nouvelle tradition selon laquelle le nationalisme serait progressif.
Du temps des IIe et IIIe Internationales, l’internationalisme, comme la conscience de
classe, c’étaient les organisations ouvrières qui le véhiculaient. Aujourd’hui, ce sont les
conditions techniques et économiques de l’impérialisme qui rendent la nécessité du
combat internationaliste plus évidente que jamais. Mais plus que jamais aussi, il est
rejeté par les appareils militaires ou bureaucratiques qui encadrent les masses ou se
précipitent à leur tête.
En fait, le problème n’est pas tout-à-fait nouveau. Lénine aussi, en son temps, bien
avant 1917, avant 1905, dut combattre la politique de ces « libéraux armés de bombes »,
comme il disait, de ces militants étrangers au prolétariat même si pour se mettre au goût
de l’époque ils s’intitulaient socialistes-révolutionnaires, et qui voulaient faire le bonheur
du peuple malgré lui.
Aujourd’hui, là précisément où la révolution est à l’ordre du jour dans bien des pays du
monde, nous avons à combattre la politique des mêmes libéraux bourgeois, non seule-ment
armés de bombes, mais disposant désormais de petits appareils militaires et
bureaucratiques, et surtout, surtout, y compris quand ils ne disposent pas encore de tels
appareils, d’un savoir-faire dans l’art d’encadrer les masses et l’art d’en prendre la direc-tion
sans craindre qu’elles les débordent.
Notre tâche, c’est d’acquérir le savoir-faire inverse. « L’émancipation des travailleurs
sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ». C’est cette conviction profonde qui doit gui-der
nos interventions politiques et militantes. Partout où nous sommes. En quelques cir-constances
que ce soit, y compris au cours des luttes les plus modestes, ici même.
L’une de nos tâches, c’est de permettre aux masses dès lors qu’elles se mettent en
mouvement, et elles se mettent en mouvement dans bien des pays, et elles se mettront
en mouvement ici aussi, d’apprendre à déborder leurs appareils réformistes ou nationalistes,
ou tout simplement les hommes qui se sont empressés de se mettre à leur tête.
Car ces gens-là, immanquablement, inévitablement, leur disent à un moment ou à un
autre au nom d’un prétendu intérêt supérieur, celui de la nation, de l’économie de la
nation, de la religion de la nation, qu’elles doivent rentrer dans le rang, dans le rang de
l’ordre bourgeois.
***
La tâche paraît grande, en regard des faibles forces des trotskystes et parmi eux, de
ceux qui ont conscience de cette tâche. Mais sa réalisation est peut-être plus proche
que jamais. Car les circonstances objectives ne nous sont pas défavorables, bien au
contraire. Elles sont au moins aussi favorables qu’elles l’étaient pour Lénine en 1902.
Et puis, il y a des circonstances où le problème n’est pas d’être nombreux, mais d’être
là, seulement lié à sa classe, et de savoir ce qu’on veut.
[...]
Oui, c’est possible, si nous avons suffisamment confiance en nos propres idées, pour
être convaincus comme Marx nous l’a appris, que les idées deviennent des forces
quand elles s’emparent des masses. Mais pour qu’une telle réaction en chaîne se pro-duise
encore faut-il que ceux qui détiennent ces idées n’y renoncent à aucun prix.
***
Première chose, donc, tenir à nos propres idées, plus qu’à tout :
— Seul le prolétariat peut être l’artisan de la révolution socialiste communiste.
— La classe ouvrière, la classe des prolétaires, celle de ceux qui n’ont rien à perdre,
qui n’ont ni patrie, ni propriété à défendre, est la seule classe révolutionnaire jusqu’au
bout.
— Le prolétariat devra certes s’allier à d’autres classes sociales pour remporter la victoire,
mais il ne devra pas être à leur remorque, même quand il participera à des com-bats
communs.
— La révolution socialiste peut éclater dans un seul pays. Mais aucun pays ne peut
vivre par lui-même. Car le rôle historique de la bourgeoisie, son seul rôle progressif en
fait, c’est, on le voit encore aujourd’hui, d’avoir créé une économie qui fait éclater les
frontières.
Et le socialisme qui veut survivre à l’intérieur de certaines frontières, que ce soit celles
de l’URSS immense, du continent chinois, ou de la minuscule Cuba, ne peut être qu’un
socialisme de la misère et au bout du compte une utopie réactionnaire.
— Cela fait près d’un siècle que le capitalisme arrivé à son stade impérialiste se survit
en passant d’une crise à l’autre, d’une guerre mondiale à l’autre, sans résoudre aucune
de ses contradictions.
Cela fait depuis le début du siècle que la crise du capitalisme est plus ou moins permanente
et le monde plus ou moins vivable. Car s’il vaut sans doute mieux vivre aujourd’hui
à Berlin qu’à Mexico, entre 1944 et 1945, quand l’aviation alliée bombardait les
villes allemandes, il valait sans doute mieux vivre à Mexico qu’à Berlin. Aucun endroit du
monde n’est épargné. Même pas ces Iles Malouines, au bout du monde, on l’a vu il n’y a
pas si longtemps.
Il n’y a pas d’évasion possible.
— Toutes les revendications prolétariennes restent à l’ordre du jour. Seul le prolétariat
mondial sera en mesure de faire sauter les chaînes des frontières nationales.
— Seule une économie planifiée à l’échelle mondiale sur la base de la technologie la
plus avancée, permettra à l’Humanité de franchir un nouveau pas dans la maîtrise de
son histoire et de son évolution. Cela signifiera une production non pas pour le profit,
mais une production pour les besoins dans la limite de ces besoins, en trouvant un équi-libre
entre les besoins matériels et l’exploitation des ressources naturelles de la planète,
tout en permettant enfin l’essor illimité des besoins intellectuels et artistiques de l’en-semble
de l’Humanité.
La société impérialiste, elle, n’est capable que de créer une abondance à caractère
pathologique à un bout, la misère et le dénuement concentrationnaire à l’autre. On ne
peut pas imaginer que l’Humanité puisse continuer à vivre ainsi : avec la famine au Sou-dan
et la jachère en Europe ; avec une saison de sécheresse aux Etats-Unis qui a fait la
fortune de quelques exportateurs de blé en Argentine, alors même qu’en Argentine la
misère s’installe brutalement avec la nouvelle dévaluation de la monnaie qui suit plu-sieurs
années d’inflation galopante.
Toutes ces inégalités, ces injustices : les restaurants du coeur et la charité pour la
recherche médicale, mais les impôts pour fournir des armes lourdes aux dictateurs qui
envoient leurs peuples s’entretuer, sans parler de ces frontières nationales qui dans certains
endroits font revenir les peuples au Moyen Age, tout cela ne durera pas. Cela ne
peut pas durer.
***
Et c’est là où le rôle des individus, de quelques dizaines de milliers d’individus à
l’échelle de la planète, peut être déterminant. Car justement, un parti révolutionnaire ne
peut pas être un parti de masse. Il ne peut l’être seulement qu’au travers de la révolution.
Et en dehors de telles crises révolutionnaires, le rôle des individus, des militants, du
volontarisme, est un rôle important, déterminant. Les classes dominantes l’ont su elles
qui ont toujours tenté de se protéger de ces minorités révolutionnaires dans les périodes
critiques.
Un parti révolutionnaires, une Internationale, c’est cela, une organisation de quelques
dizaines de milliers d’individus : pas n’importe qui, des gens qui se sont donné un but
véritable dans la vie, en un mot, une organisation qui est capable, quand elle devient
une organisation de masse, de vaincre là où d’autres ont dégénéré.
Voilà notre ambition.
Vive l’Internationale du prolétariat
Vive la IVe Internationale !
Messages
1. le 3 septembre 1938 : proclamation de la IVe Internationale, 4 septembre 2011, 15:09
"un savoir-faire dans l’art d’encadrer les masses et l’art d’en prendre la direction sans craindre qu’elles les débordent." C’est exactement ce qui se passe avec les directions syndicales.
1. le 3 septembre 1938 : proclamation de la IVe Internationale, 4 septembre 2011, 19:06, par Charles
Je ne vois aucun rapport entre des directions syndicales acceptant le système tel qui est en négociant des miettes aux marges, et un regroupement de révolutionnaire, un parti ouvrier qui se donne comme objectif de détruire ce système et de permettre aux travailleurs de diriger la société....
Mais bon, ce doit être cette période de merde qui permet d’aussi énormes confusions........
2. le 3 septembre 1938 : proclamation de la IVe Internationale, 4 septembre 2011, 19:29, par GGrun
Putain quelle charge
c’est pas la lettre qui compte, c’est la démarche, de l’analyse concrète de la situation concrète à l’utopie révolutionnaire SEULE REALISME
3. lvive le sectarisme, une réussite, indébiablement, 4 septembre 2011, 20:50, par patrice bardet
je cite ces parole hallucinantes
La messe est dite...et la démonstration faite
Pour finir comme tant de troskos dans les allées du pouvoir...un peu à "gôche", un peu à droite
1. lvive le sectarisme, une réussite, indébiablement, 4 septembre 2011, 21:33, par Copas
L’existence d’individus qui vont à droite et dans les allées du pouvoir ne ressort ni de près ni de loin du trotskysme .
Pas de spasme sectaire ...
j’ai désaccord avec une partie de ce qu’il est convenu d’appeler le trotskysme , mais les poubelles n’en font pas partie .
Il n’y a rien d’hallucinant dans l’approche des cataclysmes que ce petit mouvement voit arriver de compresser au maximum le ressort. Après tout à l’époque de la conférence de Zimmervald la situation a été comparable.
Je ne parlais pas de ceux qui débarquèrent à 70 dont une partie fut éliminée dés l’arrivée sur une plage de Cuba.
Le problème vient plus dans des insuffisances programmatiques et dans la puissance du nomenclaturisme sur le mouvement ouvrier dont le cout sera important pour la résistance efficace au fascisme, ainsi que l’impasse dans laquelle elle plongea l’espérance communiste pendant des dizaines d’années et pour laquelle nous ne sommes pas encore completement sortis.
Tous les courants de gauche, minuscules, qui s’opposèrent au nomenclaturisme et sa collaboration de classe, quoiqu’ils se prétendent ou prétendirent, de quelque façon qu’ils se reluisent ou se reluisirent ou se gargarisèrent, ne furent pas plus avancés, et en général plutôt ils firent moins bien .
Il fallait un certain courage.
Et un grain de folie.
C’est exact.
Qui sommes-nous là et qu’aurions nous fait ?
4. Actualisons !, 4 septembre 2011, 23:27, par Justin
Rôle et tâches de la IVe Internationale
Résolution du 16e Congrès mondial
http://orta.dynalias.org/inprecor/article-inprecor?id=945