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le gloubiboulga de Libe

Publie le lundi 30 juin 2003 par Open-Publishing
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Les intermittents troublent leur bon déroulement.

Menaces d’orage sur l’été des festivals
Montpellier-danse annule son édition 2003 et marque son soutien avec
le mouvement.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par Marie-Christine VERNAY et Edouard LAUNET et Annick PEIGNE-GIULY

Le mouvement des intermittents contre la réforme de leur
assurance-chômage, signée vendredi par le Medef et trois syndicats
minoritaires, a commencé ce week-end à bloquer les festivals, qui
jettent l’éponge les uns après les autres : annulation du festival
Montpellier-danse (lire ci-contre), « suspension » du Festival
d’Aix-en-Provence, ouverture tumultueuse de Jazz à Vienne au sort
incertain (lire page 3). Annulation également à Tours de la dernière
journée du festival Jazz d’Europe et, à Paris, des derniers
spectacles de la saison au Châtelet et au Théâtre de la Ville,
occupés hier. Hier soir, des manifestants se sont rendus à la
Comédie-Française, où les comédiens ont fait grève par solidarité. A
Avignon, une soixantaine de techniciens ont voté samedi une grève
générale reconductible, alors que le festival doit commencer le 8
juillet. En Bretagne, la CGT a appelé au boycott des « Vieilles
Charrues » (14-20 juillet à Carhaix) et des « Tombées de la nuit » (8-13
juillet à Rennes). Quant à la 8e édition du Festival de Marseille
(2-20 juillet), consacrée à la création contemporaine, elle devrait
être annulée à l’issue d’un conseil d’administration extraordinaire
ce jour. Pour la directrice, Apolline Quintran, « il est de notre
responsabilité d’éviter que les choses ne dérapent entre
artistes. » Hier, le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, a
« regretté que le travail d’artistes et que le public soient pris en
otages » par une « protestation irréfléchie ».

Dimanche, 16 heures aux Ursulines, ancien couvent devenu le lieu phare
de la danse à Montpellier. Jean-Paul Montanari, directeur général du
festival Montpellier-danse (23e édition), prend le micro lors d’une
conférence de presse impromptue et annule officiellement la
manifestation qui devait s’ouvrir le 26 juin et se terminer le 5
juillet. Hormis une unique représentation de Michèle Murray, aucun
spectacle n’a pu y avoir lieu, du fait de la grève des intermittents
techniciens, bientôt rejoints par les artistes, contre l’accord
conclu entre le Medef, la CFDT, la CGC et la CFTC dans la nuit de
jeudi à vendredi (lire page 4). « Même si nous n’avons pas de
positions identiques, la décision d’annuler le festival est prise à
Montpellier, quitte à ce qu’elle effondre le château de cartes des
festivals d’été, assure Jean-Paul Montanari. Elle vise directement le
responsable de la situation, l’ennemi : il s’agit bien de la
politique de Raffarin, élu à cause d’un certain nombre d’entre nous
qui ont oublié de se réveiller un certain dimanche. Non, la gauche et
la droite, ce n’est pas la même chose. »

Pétition. De son côté, Mathilde Monnier, directrice du Centre
chorégraphique national de Montpellier - qui devait présenter un
spectacle au festival et a rallié la grève avec son équipe -, a lu un
texte diffusé depuis hier matin et qui a déjà réuni plus de 150
signatures, toutes disciplines du spectacle vivant confondues. Le
texte est tout aussi clair que la décision d’annulation : « Nous
assistons aujourd’hui à une dégradation rapide de la politique
culturelle française, dont la réforme du régime d’indemnisation n’est
que l’un des signes manifestes. Dans le contexte actuel de cette
politique inacceptable de droite, nous demandons à messieurs Raffarin
et Aillagon de se positionner en refusant de donner leur agrément à
l’accord conclu. » Les signataires de cette pétition demandent
l’ouverture immédiate d’un débat national sur les conditions
d’existence et de développement de la création contemporaine.

Régine Chopinot, chorégraphe et directrice du Centre chorégraphique
national de La Rochelle, a elle rappelé que même privilégiée, parce
que faisant partie des dix-neuf Centres pour la danse en France, son
« institution » ne serait pas épargnée. En grève, sa compagnie, le
Ballet atlantique, qui emploie douze permanents et trente
intermittents en moyenne par mois, n’a pas joué Chair-Obscur. « Le
risque, a-t-elle souligné, même si une annulation est tragique, ce
n’est pas de ne pas jouer un soir mais de ne plus jouer du tout. »
Selon elle, ce mouvement est le relais des mouvements sociaux de
mai-juin contre la réforme des retraites. Et n’est donc pas
corporatiste : « C’est un acte politique fort qui nous grandit,
a-t-elle conclu. Et qui agrandit l’espace de la pensée et de la
réflexion. » Jean-Claude Falle, directeur du Centre dramatique
national de Montpellier, approuve Jean-Paul Montanari : « C’est un
acte public d’éclat qui interroge le gouvernement et sa
responsabilité directe. Nous avons demandé, en même temps que la
négociation sur l’indemnisation, un débat sur le financement des
politiques culturelles, car nous pensons la réforme nécessaire. Cela
n’a pas été pris en considération. »

Soulagement. Dans le jardin des Ursulines, chorégraphes et danseurs
invités, européens ou étrangers, semblaient soulagés par cette
décision, après les tensions et les déchirements. En plaçant la lutte
sur un terrain plus politique, « on va sortir de cette logique maso,
car annuler est une automutilation dont nous ne voulons pas », espère
Matthieu Doze, artiste chorégraphique. Et Mathilde Monnier d’ajouter
 : « La question posée est celle de la culture. Laquelle veut-on
protéger ? Sans intermittents, le Centre de Montpellier ferme, pas
seulement pour des raisons financières mais parce que c’est un choix
artistique que nous avons fait, de travailler avec des gens d’ici et
d’ailleurs, qui ont une grande liberté de mouvement, parce que notre
choix c’est la circulation des oeuvres et des artistes. »

En attendant de faire les comptes, et avant de pouvoir juger de
l’effet boule de neige de sa décision sur les festivals suivants
(lire ci-contre), Jean-Paul Montanari a d’ores et déjà annoncé le
programme de l’an prochain : sauf indisponibilité des compagnies, ce
sera exactement le même.
Montpellier envoyée spéciale

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Jazz à Vienne se poursuit sous la pression

Samedi, la soirée d’ouverture a été fortement perturbée.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par Edouard LAUNET

Vienne envoyé spécial

Le festival Jazz à Vienne a été ouvert samedi soir par un concert
singulier : le grand ambassadeur de la bossa nova, João Gilberto au
chant et à la guitare (sur scène), accompagné à la corne de brume et
aux percussions par une centaine d’intermittents (dehors, réclamant
l’annulation du festival). Las, ces derniers étaient rarement dans le
ton, si bien que le Brésilien déserta la scène du théâtre antique
après 40 minutes (prétextant être incommodé par les odeurs de tabac
 !). Il était déjà étonnant qu’il y soit monté : João Gilberto est
réputé interrompre ses prestations dès qu’il entend une mouche voler.

Beuglement. Résultat : un public consterné et des organisateurs
effondrés. Avant le concert, le directeur du festival, Jacques
Launay, s’alarmait : « Nous nous autofinançons à 85 %. L’annulation de
plusieurs concerts pourrait être fatale à Jazz à Vienne. » La centaine
d’intermittents employés par le festival avaient accepté de
travailler « pour sauver le spectacle ». Ils avaient lu un communiqué
sur scène en début de soirée, sous les applaudissements des 5 000
spectateurs. Mais le beuglement insistant des cornes de brume de
leurs collègues « extérieurs » a fini par énerver une fraction du
public, qui se mit à scander « CRS au boulot » (les forces de l’ordre
tentaient de contenir les manifestants à une cinquantaine de mètres
derrière la scène), tandis qu’une autre partie de l’assistance leur
répondait « Fa-chos ! » Pendant ce temps, Gilberto faisait mine
d’accorder sa guitare, l’air ailleurs.

Dehors, venus de Lyon et de Grenoble, désespérés par le sort qui leur
est fait à l’Unedic, les manifestants avaient la ferme intention
d’interrompre le spectacle. Ils s’y employèrent pendant quatre
heures, en retardant d’abord le début de la soirée aux cris de
« Santé, culture, éducation, solidarité ! » Puis en accordant le
traitement qu’ils réserveraient ensuite à João Gilberto au concert
programmé en première partie, Ryuichi Sakamoto et Jaques Morelenbaum.
Ils tinrent bon, soutenus par un public applaudissant à tout rompre
leur stoïcisme plus que la qualité de leur musique (qui évidemment
s’étiolait). Puis arriva le roi de la bossa dont le filet de voix ne
parvint pas jusqu’aux derniers gradins de l’amphithéâtre. Cris,
fureur et fin.

Sécurité renforcée. Hier, les organisateurs, une association loi
1901, annonçaient dans un communiqué qu’ils poursuivraient le
festival, avec une sécurité renforcée. « En refusant [samedi], en
concertation avec les autorités, que la force publique intervienne,
nous avons pris nos responsabilités. » Mais, « tout en étant
sensibilisés à la situation des intermittents, nous ne pouvons
accepter d’être victimes de pressions visant purement et simplement à
annuler le festival. ».

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A Avignon et dans le Sud, le risque de l’onde de choc
Les retombées des festivals y sont considérables.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par René SOLIS

« Si nous perdons la totalité des recettes 2003, il n’y aura pas de
festival en 2004. » Bernard Faivre d’Arcier, directeur du Festival
d’Avignon

’annulation du festival Montpellier-danse va-t-elle créer une onde de
choc susceptible de toucher tous les autres festivals de l’été ? Si
c’était le cas, ce serait un séisme majeur, tant en termes culturels
qu’économiques.

Dévastateur. Dans son Guide culturel de l’été, paru à la fin du mois
de mai, le ministère de la Culture fait état de plus de 650 festivals
en France. Tous, du plus modeste au plus prestigieux, ont ce point
commun : artistes et techniciens intermittents y travaillent ou s’y
produisent. Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers le plus
emblématique : Avignon, prévu du 8 au 28 juillet.

Le coût de son annulation serait considérable. Selon une étude,
publiée en 1995 par l’association de gestion du festival, la
manifestation génère 40 millions d’euros de retombées économiques sur
l’agglomération avignonnaise, dont 6 millions d’euros de dépenses
directes des festivaliers. Un gros manque à gagner, dans une ville
par ailleurs fortement endettée. Pour les participants, et notamment
pour la majorité des 500 compagnies du « off », Avignon est le seul
endroit où se faire connaître et vendre leurs spectacles, et beaucoup
s’endettent pour pouvoir s’y produire : vu les circonstances,
certains se disent prêts à y renoncer.

Quant au festival « in » il n’a, depuis sa fondation en 1947, connu
qu’une annulation, en 1968. Bernard Faivre d’Arcier, l’actuel
directeur, qui achève son dernier mandat, ne cache pas son
inquiétude. « Je trouve cela complètement fou, suicidaire. On risque
de se réveiller dans huit jours avec une terrible gueule de bois. »
S’il se déclare « solidaire » des intermittents et prêt à leur offrir
« tous les moyens d’expression possibles », il estime aussi qu’il
faudrait prendre le temps d’« analyser l’accord avec plus de calme » et
de « trouver d’autres moyens de pression », en direction des
politiques. « J’ai peur que les intermittents se trompent de cible. »

Contrats. En cas d’annulation, le festival, qui emploie environ 250
intermittents et 300 vacataires, serait tenu de respecter les
contrats déjà signés avec son personnel. Et avec les quelque 40
compagnies qu’il invite. Les recettes de billetterie représentent un
tiers de son budget, qui s’élève à 8,5 millions d’euros. « Si nous
perdons la totalité des recettes 2003, il n’y aura pas de festival
non plus en 2004 - ou alors il faudrait une énorme rallonge, de la
part de la ville en particulier. » La maire d’Avignon, Marie-José Roig
(UMP), ne s’est pas encore exprimée sur le sujet.

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Editorial
Désarroi
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par de GAUDEMAR Antoine

La précarité a toujours été le lot des artistes et des travailleurs
de la culture. Jusqu’ici, cette précarité était un tant soit peu
organisée, à travers un système particulier d’indemnisation du
chômage, le plus souvent récurrent et forcé dans ces métiers. Ce qui
faisait de la France un des rares pays à protéger autant le monde de
la création artistique. La loi sur le prix unique du livre ou le
système de financement du cinéma sont d’autres exemples de cette
politique culturelle favorisant une diversité très enviée à
l’étranger. Ce système est aujourd’hui en partie remis en cause,
parce que trop déficitaire. Si apurer les comptes est une bonne idée,
épurer la création du même coup en est une mauvaise. Car ce qui
inquiète aujourd’hui, c’est que la réduction des indemnités-chômage
des intermittents s’inscrit dans un contexte général de baisse des
budgets de la culture. A de rares exceptions près, le monde du
spectacle et de la culture n’est pas la sinécure que dénoncent ses
contempteurs, par ignorance ou poujadisme anti-intellectuel. Le
Medef, par exemple, devrait mieux se renseigner : réaliser un film,
monter un spectacle, ce sont des heures, des jours, des semaines de
préparation, d’attente, de négociations, de recherche de fonds, tout
un temps de travail intense et souvent épuisant. Considérer que ce
temps, jamais ou très peu pris en compte dans la rémunération des
artistes et des techniciens, mérite un minimum de protection sociale,
n’a rien en soi de scandaleux. Le scandale, il est plutôt du côté de
cette nébuleuse d’entreprises de spectacle et de chaînes privées (le
service public n’est malheureusement pas innocent) qui rognent sans
cesse sur les conditions de travail et ont transformé nombre de leurs
employés en éternels intermittents alors que ces personnels
travaillent très souvent à l’année. Pour que des artistes qui y ont
travaillé d’arrache-pied toute l’année en arrivent à renoncer à leur
propre spectacle et à s’exposer à la colère de spectateurs frustrés,
pour qu’ils en viennent à une telle « automutilation » comme ils
disent, il faut qu’ils soient en proie à un profond désarroi. Au-delà
de sa crainte de voir la saison des festivals tourner au fiasco,
Jean-Jacques Aillagon, homme de culture, ferait bien de prendre en
compte cette violence.

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Intermittent, une précarité encadrée
Créé en 1969, ce régime, déficitaire mais envié, est remis en cause.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par Edouard LAUNET

lundi 30 juin 2003

Personne ne contestera que le spectacle est une activité
professionnelle fort particulière, où l’alternance de périodes
d’emploi et de chômage est inévitable. C’est pourquoi ceux qu’on
appelle les « intermittents » - terme affreux - disposent d’un régime
d’assurance-chômage spécifique depuis 1969 (régi aujourd’hui par les
annexes 8 et 10 de l’Unedic), différent de ceux des intérimaires. En
revanche, côtés retraite ou congé maternité par exemple, les
intermittents subissent de plein fouet la précarité de leur mode
d’emploi.

Ce régime spécifique, sans strict équivalent en Europe, a porté ses
fruits : la France bénéficie aujourd’hui d’une diversité culturelle
que beaucoup de nos voisins nous envient, et les régions peuvent
proposer des centaines de festivals au fort impact sur le tourisme et
l’économie locale. Pourtant, ce régime fait débat depuis près de
quinze ans. Déficitaire par nature, il est devenu de plus en plus
lourd à porter par l’Unedic : en 2002, la différence entre
cotisations versées et allocations allouées était négative de 828
millions d’euros (contre 646 millions en 2000). Une « logique
comptable » dénoncée par la CGT (majoritaire), qui stigmatise un
mauvais raisonnement : « Appliqué à l’ensemble de l’assurance-chômage,
toutes les annexes à la convention de l’Unedic seraient dans le rouge
et plus personne ne serait indemnisé. »

Raidissement. Toujours est-il que le nombre d’intermittents croît
plus vite que le « stock » d’heures de travail, donc le chômage
augmente. Le Medef hurle, pointant que le revenu annuel moyen d’un
intermittent est composé à 40 % d’Assedic. Mais raisonner en moyennes
est peu pertinent dans un secteur où les situations personnelles sont
extrêmement contrastées.

Le débat s’est raidi depuis quatre ans. En 2000, trois syndicats (la
CGT, la CFDT et la CGC) avaient trouvé un terrain d’accord avec la
Fesac, fédération des principaux syndicats d’employeurs du spectacle.
Mais le trouvant trop favorable au secteur culturel, le Medef l’a
refusé. Depuis, le sort des annexes 8 et 10 est en suspens. L’an
dernier, quelques semaines avant de quitter le pouvoir, la gauche
faisait voter un texte maintenant ce régime tant qu’aucun accord
n’aurait été trouvé entre les partenaires sociaux. Dès Raffarin aux
affaires, le Medef menaçait de basculer tout le monde dans l’annexe 4
des intérimaires. En septembre, les cotisations chômage des
intermittents étaient doublées. Les négociations, et les manifs,
continuaient. La Cour des comptes y allait de son pavé dans la mare
en janvier 2003, dressant un tableau alarmant de la situation de
l’assurance-chômage des intermittents et appelant à une maîtrise des
dépenses, au renforcement des contrôles et à une réglementation plus
stricte.

Ces différents points sont censés avoir trouvé un début de solution
dans l’accord qu’ont signé vendredi le Medef et trois syndicats
minoritaires (CFDT, CFTC et CGC). Mais la CGT, FO et nombre de
coordinations locales d’intermittents le refusent (lire ci-contre),
n’y voyant qu’une nouvelle tentative d’aligner le spectacle sur le
régime général. Le texte prévoit notamment une réduction de la durée
d’indemnisation et de nouvelles règles pour l’ouverture des droits.

Agrément.le débat s’est envenimé depuis avec l’intervention
d’Ernest-Antoine Seillière, patron du Medef, qui déclarait vendredi :
« Le milieu du spectacle est habitué à ce qu’on ne touche pas à ses
privilèges, on y touche comme à d’autres et c’est ça qu’on appelle la
réforme. » Celle du ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, qui
voit dans cet accord « de véritables avancées », n’a rien arrangé. La
Culture et les Affaires sociales analysent le texte. Le gouvernement
a un mois pour donner son agrément, ou pas.

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Les désaccords sur l’accord
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par François WENZ-DUMAS

La mesure la plus contestée par les intermittents est le
raccourcissement de la durée d’indemnisation. Elle passe de douze à
huit mois, ce qui a pour effet immédiat de briser le cycle annuel sur
lequel reposait l’activité de nombre d’entre eux. Comme par ailleurs
la période pendant laquelle ils doivent justifier de 507 heures
d’activité est ramenée de douze à dix mois (techniciens) ou dix mois
et demi (artistes), il leur faudra justifier de davantage de
contrats, sans avoir l’assurance d’un revenu garanti pendant une
année entière.

Dans le précédent dispositif, en effet, trois mois de travail (ou
l’équivalent en cachets) généraient une année complète
d’indemnisation. Après l’accord du 27 juin, cela ne sera plus
possible. Or avec les festivals et le rythme annuel des créations, la
saisonnalité est souvent forte.

Cela pourrait également avoir une incidence sur le montant des
cachets, et donc des allocations chômage. La Cour des comptes
relevait en janvier que 50 % des intermittents payés au cachet
travaillaient juste le minimum pour ouvrir les droits. Les
employeurs, pour conserver ces intermittents, vont pour une part
s’adapter en déclarant davantage de cachets. Mais comme leurs budgets
sont limités, ils en réduiront d’autant le montant.

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Les syndicats rejouent l’opposition frontale
Après les retraites, la CGT s’en prend à la CFDT, signataire de l’accord.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par François WENZ-DUMAS

Un opposant à nouveau le camp des syndicats « négociateurs » (CFDT,
CFTC et CGC) à celui des « protestataires » (CGT et FO), le conflit des
intermittents joue les prolongations de celui des retraites. Des
groupes se réclamant de la CGT s’en sont pris ces derniers jours aux
locaux et aux militants cédétistes dans plusieurs villes, provoquant
une vive réaction de la CFDT, qui dénonce les « violences
intolérables » venant de « pseudo-défenseurs des intermittents du
spectacle ».

« Illégitime ». L’incompréhension est d’autant plus vive que la CGT est
très majoritaire chez les intermittents. Tandis que la CFDT est en
position de décideur, puisqu’elle préside l’Unedic, qui gère
l’assurance chômage, en alternance avec le Medef.

Dénonçant la faible représentativité de la CFDT chez les
intermittents, la CGT conteste au nom de la « démocratie sociale » un
accord qu’elle juge « illégitime » : selon elle, les syndicats qui l’on
signé représentent « moins de 10 % des salariés de la profession ». Ce
à quoi la CFDT a beau jeu de répondre qu’elle essaie de défendre les
intérêts bien compris des 15 millions de cotisants de l’Unedic, qui
paient au bout du compte le déficit du régime particulier des 75 000
intermittents que recense l’Unedic. Or la légitimité des trois
syndicats qui constituent la majorité de gestion de l’Unedic est
moins contestable : ils représentent 42 % des salariés du privé. Ils
peuvent, comme pour les retraites, plaider qu’ils ont signé pour
sauver l’assurance chômage de la faillite. Et que, s’ils ne l’avaient
pas fait, les intermittents se seraient vu imposer les mêmes règles
que les intérimaires, beaucoup moins favorables.

Coordinations. Autre similitude avec le conflit des retraites : la
CGT craint d’être débordée par ses troupes. Les actions pour empêcher
la tenue des festivals sont souvent menées par des coordinations qui
se sont créées à côté des structures syndicales. La CGT, si elle ne
voit pas d’un mauvais oeil les intermittents dénoncer les « trahisons »
de la CFDT, est plus inquiète sur les conséquences d’un mouvement qui
mettrait en péril l’emploi des intermittents au cas où la plupart des
grands festivals ne pourraient se tenir.

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Chantage et triche à la télé
L’audiovisuel emploie un tiers des intermittents.
<http://www.liberation.fr/page.php?A...>

Par Raphaël GARRIGOS

Dans la production télé, le deal est toujours le même : « Tu
travailles tout le mois mais on ne te déclare que quinze jours »,
témoigne une documentaliste. A prendre ou à laisser. Les quinze jours
restants seront payés par les Assedic. Au bout du compte,
l’intermittent - décorateur, monteur, cameraman... - aura fait assez
d’heures pour toucher les Assedic. La société de production, elle,
bénéficie d’un salarié à plein temps qu’elle ne rémunère qu’à
mi-temps . « Si jamais on a le malheur de dire qu’on creuse le trou de
l’Unedic avec ce genre de pratiques, rapporte un cameraman employé
dans une grosse boîte de prod’, c’est la porte et il y en a plein qui
attendent derrière. »

A la télé, et plus généralement dans l’audiovisuel, ce type de
situation est devenu la norme. L’Inspection générale des affaires
sociales et la Cour des comptes ont pointé, dans deux rapports, les
« comportements frauduleux » régnant dans ce secteur (qui emploie un
tiers des intermittents du spectacle) et « fondés sur la connivence
entre employeurs et salariés ». Connivence ? Plutôt « marche et tu
atteindras tes 507 heures, ou crève ». Un chantage issu du dumping
frénétique auquel se livrent les sociétés de production et leurs
prestataires pour décrocher un contrat. Certains intermittents
tempèrent cependant : « Il n’y a pas qu’Endemol sur le marché de la
télé, il y a aussi des petites boîtes qui n’ont pas les moyens de
faire autrement que de gruger sur le salaire des intermittents. » Le
schéma est simple : les chaînes font baisser les prix et les
producteurs répercutent la baisse sur les intermittents, ou plutôt
sur l’Unedic...

Ces pratiques ne sont pas l’apanage du privé. A France 3, par
exemple, de 25 à 35 % de l’effectif serait composé d’intermittents du
spectacle : scriptes, éclairagistes, machinistes affectés,
ponctuellement ou non, à la fabrication d’émissions. Dans le service
public, il ne s’agit pas de faire payer une partie du salaire par les
Assedic, mais de pallier des budgets insuffisants. Jean-Jacques
Aillagon vient d’écrire à tous les présidents de l’audiovisuel public
pour les prévenir qu’il « ne tolérerai[t] pas que le service public ne
soit pas exemplaire » sur le cas des intermittents. Encore faudrait-il
que le ministre de la Culture augmente sérieusement la redevance ou
les budgets.

Messages

  • Pourquoi gloubiboulga ? pour quelqu’un qui ne connait pas bien le problème, ce sont des articles intéressants. Ca rend audible la question, et attire la sympathie sur le mouvement. Pas plus gloubiboulga que ce qu’on peut lire sur ce site ou sur d’autres. J’en peux plus de cette critique simpliste et systématique des MÉDIAS. Quand ils ne parlent pas de qq chose, on leur reproche. Quand ils en parlent, c’est idem ! Il faut piocher ici et là l’info pour se faire son idée, selon ses convictions. Qui peut prétendre posséder la vérité sur les événements !? La réalité est toujours complexe. Il est effectivement plus aisé de la simplifier par des slogans.
    Roger