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quand besson ment ...

Publie le mercredi 25 mars 2009 par Open-Publishing
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Besson avait reproché à Lioret le réalisateur du film Welcome, d’avoir mis
en parallèle les juifs de 1943 et les réfugiés de Calais.
Pendant ce temps,
Besson et son associé anglais Woolas nous préparaient le premier camp pour
afghans.
Démenti aussitôt par Besson, ce futur camp a l’allure juridique d’un
camp de masse avant expulsion vers un pays à haut risque. Le jour même de ses
saintes protestations un hélicoptère de la gendarmerie survolait le port de
Calais pour y prendre des clichés.

Le Courrier International dément Besson :

"Courrier international" (France), 25 mars 2009

Guantanamo en Calaisis[translation of a paper of "the Independent" -
below]

Le projet d’implanter dans le port français un centre de
rétention sous juridiction britannique soulève bien des questions. Londres et
Paris espèrent ainsi s’affranchir des lois et traités internationaux et expulser
plus facilement les demandeurs d’asile

par John Lichfield & Ben Russell

Londres et Paris ont engagé des discussions sur la création
d’un nouveau centre pour immigrés clandestins sur les docks de Calais.

Un centre
qui serait un bout de territoire britannique pour tout ce qui concerne les lois
sur l’immigration et permettrait de renvoyer facilement chez eux les déboutés du
droit d’asile. Même si les deux gouvernements ne se sont pas encore entendus sur
tous les termes de l’accord, ils comptent exploiter l’ambiguïté du statut légal
de la "zone de contrôle" britannique créée en 2003 sur le port de Calais [les
officiers d’immigration britanniques peuvent y effectuer des contrôles
d’identité et y "pratiquer des recherches au moyen de matériels électroniques ou
d’équipes cynophiles"], pour surmonter les difficultés juridiques qui empêchent
actuellement l’expulsion des demandeurs d’asile vers leur pays
d’origine.

L’idée – dont ont débattu les ministres de l’Immigration
britannique et français en février – est de battre à leur propre jeu les
demandeurs d’asile et les passeurs qui les amènent dans le nord de la France. A
l’heure actuelle, les immigrants rassemblés à Calais, pour la plupart
originaires d’Afghanistan, du Kurdistan et de la corne de l’Afrique, profitent
des contradictions et des zones d’ombre dans les législations européenne et
internationale sur l’immigration et l’asile pour éviter d’être expulsés de
l’Hexagone. Peu importe qu’ils se fassent prendre à de multiples reprises ; à
chaque fois, ils sont libérés et tentent de nouveau d‘entrer illégalement au
Royaume-Uni.

Si le projet se concrétise, il ne manquera pas d’attirer
l’attention des organisations de défense des droits de l’homme et des libertés
civiques. Celles-ci pourraient établir un parallèle entre la création de ce
centre doté d’un statut extraterritorial en territoire français et la prison de
Guantanamo [sise en territoire cubain, sous juridiction américaine, mais dont
l’"exterritorialité" lui a permis d’éviter pendant des années d’appliquer la
justice ordinaire des Etats-Unis]. Même si les demandeurs d’asile ne devraient y
séjourner que pour une courte période et y recevraient un traitement humain, ils
se retrouveraient dans un vide juridique.

L’existence de discussions
franco-britanniques sur ce sujet a été révélée par le ministre de l’Immigration
britannique Phil Woolas. Selon lui, les clandestins seraient gardés dans ce
nouveau "centre de détention [sic], après être passés par les services
d’immigration britanniques" sur les docks de Calais. Déboutés, ils seraient
alors renvoyés vers leurs pays d’origine sur des vols charters. Londres et Paris
comptent ainsi "adresser un message" aux immigrants et à leurs passeurs, pour
reprendre les termes de Woolas. "Nous voulons braquer les projecteurs sur les
expulsions, pour qu’il soit bien clair en Afghanistan et en Irak que le
Royaume-Uni n’est pas la Terre promise."

La presse britannique a tourné
en ridicule les commentaires du ministre, après qu’il eut essuyé le soir même
une rebuffade de son homologue français Eric Besson. En réalité, Besson n’a pas
démenti les propos de Woolas. Il a simplement expliqué que la France n’avait pas
l’intention de construire un nouveau Sangatte – ce qui n’est pas la même chose.
Le gouvernement français est furieux et embarrassé, parce que l’expression
"centre de détention" a une sinistre connotation historique à l’oreille des
Français. Paris préfère parler de "centre de rétention". Les termes les plus
importants employés par Woolas sont passés inaperçus au milieu des railleries
dont il a fait l’objet. Le nouveau centre – de détention ou de rétention –
serait construit au-delà de la ligne délimitant les services d’immigration
britanniques sur les quais de Calais.

Changer la règle du jeu

La
UK Border Agency, l’agence des frontières britannique, a également fait allusion
au projet. "Nous sommes décidés à travailler avec les Français pour faire en
sorte que nos frontières soient parmi les plus difficiles à franchir dans le
monde, et nous envisageons toutes les possibilités", a déclaré l’agence. "Le
ministre de l’Immigration a rencontré le mois dernier son homologue français
pour réfléchir aux différentes options, et des discussions sont en cours sur les
infrastructures à bâtir dans le port de Calais."

En 2003, la France et le
Royaume-Uni ont conclu un traité sur des "contrôles frontaliers juxtaposés",
dans le cadre d’un accord permettant la fermeture du camp de Sangatte. La police
des frontières française opère, armée, à Douvres dans une "zone de contrôle" qui
reste partie intégrante du Royaume-Uni mais qui est pour certains aspects sous
juridiction française. Les agents de l’immigration britannique, eux, ont la
haute main sur une "zone de contrôle" similaire sur les quais de Calais, où
s’appliquent certains aspects de la loi britannique mais sur laquelle la France
continue d’exercer sa souveraineté.

Les négociations portent donc sur le
statut binational ambigu de cette zone "britannique" à Calais, première
"incursion" britannique dans cette ville depuis près de cinq cents ans. [Calais
a été repris à l’Angleterre en 1558.]

A l’heure actuelle, les tribunaux
français refusent de renvoyer les clandestins dans leurs pays, où ils risquent
la persécution. Ceux qui cherchent à entrer au Royaume-Uni ne veulent surtout
pas demander l’asile en France. Car, en cas de refus de l’administration – et en
vertu des traités internationaux et européens –, ils n’auraient plus le droit de
déposer une demande au Royaume-Uni. Or ces candidats à l’immigration restent
convaincus que ce dernier leur offre de bien meilleures perspectives que la
France.

Généralement, les candidats à l’immigration arrivent sur les
docks de Calais et se font arrêter avant ou après avoir pu se cacher dans un
camion. Relâchés par les autorités françaises au bout de quelques jours, ils
reviennent à Calais et tentent leur chance une nouvelle fois. Le plan
franco-britannique permettra, espère-t-on officiellement, de changer la règle du
jeu. Reste à savoir dans quelle mesure. Les illégaux pourraient être renvoyés
dans leur pays sans relever de la loi française ou britannique – mais une telle
éventualité sera contestée par les défenseurs des droits de l’homme. Par
ailleurs, un centre de rétention dans les docks permettrait aux autorités de
faire pression sur les immigrants pour qu’ils demandent l’asile en France, faute
de quoi on les renverrait directement d’où ils viennent. Londres et Paris
espèrent avoir suffisamment avancé sur ce dossier pour faire une déclaration
commune quand le président Sarkozy et le Premier ministre Brown se
rencontreront, en mai.

 http://www.courrierinternational.co...

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