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fiasco de la visite du pape en ESPAGNE

Publie le lundi 8 novembre 2010 par Open-Publishing
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Il y a seulement une décennie la visite d’un pape aurait suscitée un grand engouement et des déplacements de foule considérables , or la visite que vient d’effectuer BENOIT XVI se révèle être un fiasco tant populaire que politique :

sur les 400000 milles personnes espérées par la municipalité et la chambre de commerce , à peine 100000 se sont déplacées , selon le plus grand quotidien espagnol " EL PAIS" . A noter une manifestation de 200 homosexuels qui se sont embrassés au passage du pape en criant " dehors les pédophiles" .
Mais le fiasco est également politique : le président du gouvernement le socialiste ZAPATERO n’ a pas accueilli le pape, n ’ a pas assisté à la messe et n a assuré le service minimum qu’ au départ du souverain pontife .

Les déclarations du pape lors de la messe comparant la laîcisation actuelle du pays à la période de 1930 pré-franquiste ou les catholiques auraient été selon lui persécutés par les républicains a fait un flop car même les partis de droite n’ ont pas osé les utiliser , tant ces propos ont choqué la population .

Les espagnols les plus anciens n’ont pas la mémoire courte et ces propos leur ont rappelé le soutien inconditionnel de l’église au régime fasciste et putchiste de FRANCO .

Mais ce changement d’attitude des espagnols au regard de la religion est la résultante de divers facteurs :
1) alors qu’ au début de la démocratie , les critiques du régime franquiste et de son alliée l’église étaient au nom du concensus et du maintien de la paix civile, très rares et édulcorées ; depuis une décennie les médias , les historiens, les intellectuels , traitent de ces problèmes , disent la vérité sur le rôle de l’église et participent ainsi à l’éducation de la jeunesse qui n ’a pas connue le franquisme .

2) le gouvernement ZAPATERO , il faut au moins lui reconnaître ce mérite, a promulgué des lois progressistes sur l’avortement et le mariage des homosexuels , sur la mémoire historique , et a également favorisé l’accession a des responsabilités a de nombreuses femmes .Toutes ces mesures ont été combattues avec virulence par le parti de droite le PP et l’église , les évêques prennant même la tête des manifestations .
ZAPATERO se déclarent agnostique et laîque ainsi que de nombreux membres du gouvernement ainsi que la femme du prince PHILIPPE ex-journaliste de gauche , ces exemples venus " d en haut" permettant de libérer la parole de ceux qui n’osaient pas exprimer leur conviction anti-religieuse .
Un mariage sur deux n ’est pas célébré à l’église et chose impensable il y a quelques années, de nombreux enterrements sont civils.
La jeunesse espagnol s’éloigne de plus en plus de la religion catholique qu’elle juge archaîque et trop marquée politiquement à droite voire l’extême droite .

3) la crise économique joue également un grand rôle dans cette désaffection religieuse : dans un pays ou +de 25% est au chomage , que des millions d’autres connaissent la précarité et le surendettement , DIEU n’est pas la préoccupation première .Ce que souhaitent les espagnols, c’est que les politiques leur donnent du travail en mettant en place des mesures pour lutter contre la crise et non pour l’accompagner . Et c’est là que le bât blesse : la droite et en particulier le PARTI POPULAIRE ( PP) qui a toujours soutenu la haute finance responsable de la crise a perdu la confiance des espagnols, mais la gauche socialiste au pouvoir n’a pas su conserver cette confiance en adoptant des mesures d’austérité essentiellement supportées par les travailleurs et en cédant aux injonctions de l UE et du FMI .

En réalité les espagnols ne croient plus à rien , ni en dieu , ni à la droite, ni à la gauche ...politiquement l ESPAGNE est en jachères avec tout de même quelques lueurs d’espoir : le rapprochement des deux grandes centrales syndicales , les commissions ouvrières ( tendance communiste) et l UGT (socialiste) organisent des actions dans l’unité y compris des grèves générales . A noter également le sursaut du PCE qui a repris la direction de IZQUIERDA UNIDA (gauche unie composée du PCE , d écologistes et de divers gauche) pour lui redonner une ligne plus indépendante vis à vis du PSOE .

Mais il reste beaucoup à faire pour que les espagnols sortent du fatalisme dans lequel les politiques de droite et de gauche les ont plongés afin qu’ils retrouvent le goût du combat pour construire une ESPAGNE plus démocratique, laîque et libérée du carcan que font peser sur elle les oligarchies financières de la mondialisation .

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