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Italie : Berlusconi accepte de démissionner

par Rome

Publie le mardi 8 novembre 2011 par Rome - Open-Publishing

Les jours de Silvio Berlusconi sont désormais comptés à la tête du gouvernement italien. La présidence de la République italienne a en effet annoncé mardi soir que le Cavaliere « remettra son mandat au chef de l’Etat » après l’adoption par le Parlement des mesures d’austérités promises à l’Union Européenne à Cannes pour éviter la contagion de la crise de l’euro.

Le calendrier actuel prévoit l’approbation de ces mesures d’ici au 18 novembre au Sénat et d’ici à la fin du mois à la Chambre des députés. Il pourrait toutefois être modifié. « Le gouvernement n’a plus la majorité qu’il pensait avoir. L’important c’est de faire le bien du pays », a déclaré par téléphone le chef du gouvernement à une de ses chaînes télévisées.

Le président du Conseil italien venait en effet de connaître une journée tumultueuse au cours de laquelle il a perdu sa majorité absolue à la Chambre des députés. Le bilan 2010 de l’Etat italien a pu néanmoins être adopté, grâce à l’abstention des députés de centre-gauche. Mais le compte des voix est là et l’opposition a demandé de plus belle sa démission. Le départ du président du Conseil italien était réclamé aussi par son alliée, la Ligue du Nord.

Depuis que l’Italie a été placée le 4 novembre sous la surveillance du FMI, de Bruxelles, ses taux d’emprunts tutoient des sommets. Ce mardi, ils ont atteint 6,76%, un niveau insoutenable sur la durée au regard de la dette colossale du pays (environ 120% du PIB), alors que les marchés attendent vivement la démission de Berlusconi. La situation économique est qualifiée de « très inquiétante » par la Commission européenne, qui a envoyé dans la soirée une mission à Rome. Si la crise de la dette affectait la 3e économie de l’Union, personne sait si la zone euro aurait vraiment les moyens ou non de financer un plan de sauvetage.

Une décision prise à la présidence italienne. Reçu pendant une heure environ par le président Giorgio Napolitano, Berlusconi est « conscient des conséquences du résultat du vote » de ce mardi, révèle un communiqué de la présidence. Il a « exprimé sa vive préoccupation face à l’urgente nécessité de donner des réponses concrètes aux attentes des partenaires européens avec l’approbation de la loi de finances (2012), amendée à la lumière des observations et propositions de la Commission européenne ». Une fois les mesures adoptées (cession d’actifs publics, libéralisation de professions réglementées, notamment), le président du Conseil démissionnera et consultera tous les partis pour voir s’il est possible de constituer un gouvernement avec une nouvelle majorité ou pas.

Berlusconi : « Faire la démonstration que nous sommes sérieux ». « Il faut se préoccuper de la situation italienne, de ce qui se passe sur les marchés, du fait que les marchés ne croient pas que l’Italie soit capable ou ait l’intention d’approuver ces mesures que l’Europe a demandées », a déclaré le chef du gouvernement lors d’un appel téléphonique à Canale 5, une de ses chaînes de télévision privée. Il a jugé nécessaire de « faire la démonstration au contraire » : « Nous sommes sérieux et c’est la première chose dont nous devons nous préoccuper ». Ensuite,« il y a les autres choses comme de savoir qui dirige ou pas le gouvernement », a-t-il ajouté. Il a néanmoins tenu à souligner que « le parlement est paralysé avec la défection de sept membres de notre majorité », en reconnaissant qu’il devait en « prendre acte ».

Qui lui succèdera ? La Ligue du Nord souhaite, à ce jour, qu’Angelino Alfano, le dauphin de Silvio Berslusconi et secrétaire général du Peuple de la liberté (PDL) lui succède. Il pourrait diriger un exécutif élargi aux centristes. Gianni Letta, bras droit de l’actuel chef de gouvernement a aussi été pressenti. Des noms comme celui de l’ex-commissaire européen et économiste Mario Monti circulent également pour mener un éventuel gouvernement d’union nationale qui serait soutenu aussi bien par des formations de droite que de gauche.

Une loi adoptée mardi par abstention. Le bilan 2010 de l’Etat italien a été adopté par 308 voix, nettement en-dessous des 316, seuil de la majorité absolue. Avant le vote, cinq élus du parti de Berlusconi, le Peuple de la liberté (PDL), avaient officiellement annoncé qu’ils ne prendraient pas part au scrutin Le rejet de ce texte, un simple bilan consolidé de l’exercice budgétaire 2010, aurait provoqué un blocage total des finances de l’Etat italien. Une épreuve que les opposants au président de Conseil ne pouvaient imposer à leurs concitoyens. Aussi les députés de centre-gauche se sont-ils abstenus. Silvio Berlusconi a demandé à voir les relevés de ce vote nominatif pour identifier les 8 « traîtres » qui l’ont prive de la majorité absolue puis il s’est rendu chez le président Giorgio Napolitano.


Un leader de l’opposition : « Ce gouvernement n’est pas capable de gérer la situation et de l’affronter ».
« Le gouvernement n’a pas la majorité dans cette assemblée », a lancé Pierluigi Bersani, le chef du Parti démocrate (PD), principal parti d’opposition, dès les résultats du vote connus. Cette constatation a été immédiatement suivie par une demande de démission adressée au Cavaliere. « Nous avons un problème de crédibilité avec ce gouvernement. Ce gouvernement n’est pas capable de gérer la situation et de l’affronter. Ce déficit de crédibilité est fondé sur des chiffres », a poursuivi le leader du PD. « Je vous demande, M. le Président (du Conseil, ndlr), de toutes mes forces, de prendre finalement acte de cette situation. On ne peut pas continuer à avancer de cette façon. Vous devez démissionner », conclut-il.

Bossi, son principal allié, demande la démission du Cavaliere.
Umberto Bossi, chef de la Ligue du Nord, le principal allié de Silvio Berlusconi dont il assure la survie politique au Parlement, lui a demandé mardi en milieu de journée « de faire un pas de côté », à savoir démissionner via des journalistes présents à la Chambre des députés. Il a clairement fait savoir que son parti, souvent qualifié de populiste, soutiendrait à la tête d’un nouveau gouvernement Angelino Alfano, le dauphin de Silvio Berlusconi. Ce dernier a immédiatement organisé une réunion avec les principaux dirigeants de la Ligue du nord, Umberto Bossi, le ministre de l’Intérieur Roberto Maroni et le ministre des Finances Giulio Tremonti pour décider de la marche à suivre, démissionner ou tenter de résister encore.

La Commission européenne « très préoccupée ».
« La situation économique est très inquiétante » en Italie, a déclaré ce mardi le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn. D’autant plus qu’elle est marquée par une envolée « dramatique » des taux d’emprunt du pays qui se rapprochent de 7%. Pour cette raison, Rome a accepté de se placer sous la surveillance conjuguée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI, alors même qu’il n’a pas fait appel à l’aide internationale. Une mission part de Bruxelles mardi soir pour Rome et se mettre immédiatement au travail. « Nous voulons aider l’Italie au travers d’une surveillance rigoureuse et c’est pourquoi nous dépêchons notre mission à Rome », a déclaré Olli Rehn.

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