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Sortir la tête du sable

par ROBERT/ montbuzat

Publie le mercredi 28 janvier 2015 par ROBERT/ montbuzat - Open-Publishing

C’était il y a très longtemps, c’est-à-dire plus de trois semaines. On entendait alors en boucle : « Rien ne sera plus comme avant ». Les rassemblements de masse que nous avons connus en France début janvier ont eu une vertu cathartique. Les participants se sont rassurés collectivement plus qu’ils n’ont témoigné d’une volonté de changer vraiment la vie. Aujourd’hui, des hommes politiques expriment leur impatience de passer à autre chose. Les débats autour du mot « apartheid » marquent à cet égard une diversion significative. Des attitudes de déni des réalités ou de transfert de responsabilités se manifestent également. Des commentaires sans nuances continuent à alimenter la spirale de la haine, tandis que beaucoup s’en remettent aux représentants qu’ils n’ont pourtant cessé de dénigrer depuis des mois. D’émouvantes références à l’école républicaine remplacent aussi pour un temps les attaques diverses qui l’ont souvent accablée. Ceux qui ignorent son fonctionnement deviennent des prescripteurs zélés de remèdes incertains.

Le recours à la bienveillance - qui ne préserve pas de la démagogie - est tout à coup avancé comme une panacée, ce qui laisse donc supposer que la malveillance était jusqu’ici de règle. En fait, on attend juste que l’école résolve des problèmes qui la dépassent quitte, en toute incohérence, à entraver dans le même temps son fonctionnement.

Les difficultés économiques et sociales avec, notamment, le chômage et l’accroissement des inégalités frappent des populations dont on ne prend pas assez en compte la grande diversité. Elles sont renvoyées à leurs origines, qu’elles revendiquent parfois dans un comportement de repli sur une appartenance urbaine, ethnique, sociale, religieuse. Dans une situation de souffrance dont l’économie souterraine est l’un des symptômes, elles sont particulièrement vulnérables à l’instrumentalisation de fragments de croyances.

Bien sûr, la situation que l’on connaît au Moyen- Orient alimente ces tensions. Un discours seulement victimaire serait stérile. En revanche, quelques perspectives positives restent entrouvertes à moyen terme, si l’on réaffirme des repères comme l’Etat de droit, la laïcité, la solidarité, à moins que l’on s’en tienne une fois de plus à la politique de l’autruche, au risque d’en subir davantage les funestes conséquences.