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8 syndicalistes de Goodyear condamnés comme des criminels

par Olivier Morin

Publie le jeudi 14 janvier 2016 par Olivier Morin - Open-Publishing

Les ex-salariés de l’usine d’Amiens-Nord ont écopé de 9 mois de prison ferme. Une première, alors que les cadres « séquestrés » et l’entreprise avaient retiré leur plainte. Le prétexte de la séquestration cache mal une volonté de criminaliser l’action syndicale.

L’infamie. Hier, traduits devant le parquet, ce sont des travailleurs que la justice a décidé d’enfermer en prison. Les huit ex-salariés de l’usine Goodyear d’Amiens-Nord (Somme) ont été condamnés à neuf mois de prison ferme pour la «  séquestration  », durant 30 heures, en 2014, de deux cadres dirigeants de cette usine qui a fermé en 2014. Les militants accusent le coup d’une décision qui en dit long sur l’état du rapport de forces dans le pays.

Les patrons de l’usine de production de pneus agricoles Goodyear d’Amiens-Nord, promise à la fermeture en janvier 2013, allaient laisser 1 173 travailleurs sur le carreau. Durant six années, les projets de restructuration et le manque d’investissement dans l’outil de production avaient été combattus et dénoncés par la CGT. À la fin de 2013, les salariés ont décidé de bloquer les stocks de l’usine, ne laissant ni rentrer ni sortir aucun pneu du dépôt, afin de mettre une pression supplémentaire sur la direction pour qu’elle rejoigne la table des négociations. En janvier 2014, la direction du site d’Amiens-Nord consent à rencontrer les salariés et leur organisation syndicale, «  mais nos questions sont restées une nouvelle fois sans réponse  », racontait alors Franck Jurek, élu CGT et secrétaire adjoint du comité d’entreprise. Si bien que, le 6 janvier, à 10 h 30, «  les 200 salariés de l’équipe de nuit présents sur le site n’ont laissé repartir ni le directeur de la production, Michel Dheilly, ni le directeur des ressources humaines, Bernard Glesser  », rapportait alors l’Humanité. Une décision sans préméditation, d’après les salariés. Car «  si des gens avaient été préparés à une telle action, les deux cadres de Goodyear n’auraient pas donné un rendez-vous dans une salle bondée de salariés déjà très remontés  », expliquait hier l’avocat des prévenus, Fiodor Rilov. L’objectif revendiqué à l’époque était d’obtenir des conditions de départ dignes, «  c’est-à-dire avec plus que les 20 000 euros que nous proposait la direction  », précisait Franck Jurek. Changeant de braquet, la CGT avait décidé cette action avec amertume malgré tout, faisant dire à Mickael Wamen, responsable de la CGT Goodyear et un des huit condamnés  : «  On s’était jamais battu pour de l’argent, car avant, on se battait pour du travail.  » Au bout de 30 heures, les deux cadres étaient ressortis, laissant les salariés sans garantie d’obtenir de meilleures indemnités. Même si les cadres avaient commencé par porter plainte, le directeur de la production reconnaissait qu’il n’y avait «  pas eu de comportement qui (avait) porté atteinte à (notre) intégrité physique  ».

http://www.humanite.fr/8-syndicalistes-de-goodyear-condamnes-comme-des-criminels-595462

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