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Trois questions à Jean Voirin

Publie le mercredi 2 juillet 2003 par Open-Publishing

Trois questions à Jean Voirin

(Fédération des syndicats CGT du spectacle)

En tant que secrétaire général de la Fédération des syndicats CGT du spectacle, majoritaire, vous avez refusé de signer l’accord modifiant le régime des intermittents, vendredi 27 juin. Que lui reprochez-vous ?

C’est un accord qui restreint considérablement l’entrée à l’indemnisation chômage : il diminue la durée de versement des indemnités (huit mois contre les douze actuels) et ampute la période de référence pour l’ouverture des droits (à dix mois pour les techniciens et dix mois et demi pour les artistes contre douze aujourd’hui). Enfin, les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociations sont une mascarade. Les propositions de la CGT remises le 3 juin n’ont jamais été prises en compte. Le Medef s’est contenté de discuter de ses propres propositions. Et il a pérennisé le doublement des cotisations jusqu’à la fin décembre 2005.

Quelles étaient les propositions de la CGT ?

Le maintien des conditions d’entrée et la durée de l’indemnisation, en ajoutant parallèlement une réforme du calcul des allocations par le biais de plafonds. Je militais aussi pour la pleine déclaration des activités salariées dans ces secteurs. Je souhaitais donc une réforme selon les spécificités professionnelles, avec la mise en place d’un système visant à juguler les pratiques négatives, qui viennent essentiellement des employeurs. Depuis des années, les grandes sociétés audiovisuelles publiques et privées, les grandes sociétés de production et certains gros établissements culturels comme l’Opéra de Paris ont recours de façon abusive aux intermittents. Ce sont des "permittents", des intermittents permanents. Avec le nouvel accord, ces sociétés vont continuer à pouvoir tricher. Sans compter que ce sont les employés qui vont payer l’addition, ceux qui seront virés du régime ne gagnent déjà que 15 euros par jour d’indemnité.

Vous appelez à une mobilisation générale, qui risque de perturber la tenue des festivals. Qu’en attendez-vous ?

Ce mouvement est déjà très largement suivi, à Montpellier-Danse, à Aix-en-Provence, où les techniciens ont voté la grève pour les cinq premières représentations, en Avignon, où ils ont voté samedi une grève reconductible chaque jour, au Festival de Marseille, où la grève est votée pour les 1er et 2 juillet, à Aubagne, à Caen, au Mans, à Lille, à Paris. Nous appelons à généraliser le mouvement dans la durée parce que nous demandons au ministre, et plus précisément à la délégation à l’emploi - une sous-direction sous la tutelle de François Fillon -, de ne pas donner son agrément à l’accord signé le 27 juin. Cet agrément est nécessaire à la mise en application de l’accord.

Le site de la Fédration des syndicats CGT du spectacle : http://www.fnsac-cgt.com/sommaire.htm

Propos recueillis par Nicole Vulser