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Procès sans appel de l’Europe forteresse

Publie le mardi 24 janvier 2006 par Open-Publishing
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Immigration . Au Forum social mondial, à Bamako, cinglante mise en cause des politiques migratoires de l’UE. Les témoignages de centaines de Maliens "refoulés" à Ceuta et Melilla.

de Thomas Lemahieu Bamako (Mali)

Lui a tout perdu, sauf un pantalon qu’il porte encore aujourd’hui. Juste sous le genou, deux trous dans la toile : l’empreinte indélébile d’une balle, réelle, entrée et ressortie. Comme des dizaines et des dizaines d’autres "refoulés" aux murs des enclaves espagnoles en Afrique à Ceuta et Melilla, présents, avec leur association Retour, travail et dignité (lire ci-dessous), depuis le début du Forum social mondial (FSM) "polycentrique" sur le champ hippique de Bamako, Amadou Sangaré est un miraculé. "Cette balle m’a frôlé, raconte-t-il en bambara. On partait aux grillages, il y avait des tas de policiers marocains et espagnols. Ils ont lancé des gaz lacrymogènes, puis ils ont tiré sur nous. Je me suis couché au milieu d’autres gens. Il y avait six cadavres, nous étions cinq encore en vie, un autre camarade du Mali était là. J’ai passé la nuit comme ça, sans bouger. Le lendemain matin, les Espagnols ont lancé de l’eau froide sur nous pour voir qui il restait de vivant."

L’UE sous-traite son carnage

Ce récit parmi d’autres recueillis au cours du FSM n’est qu’une goutte dans un océan de sang, juste quelques heures particulières dans un calvaire qui dure souvent plusieurs années : l’exil contraint d’un commerçant en faillite à Bamako, d’un paysan asséché près de Kayes ou d’un adolescent sans travail dans la région frontalière avec la Côte d’Ivoire, les promesses d’eldorado où on ramasserait l’argent en se baissant dans la rue, les extorsions des passeurs ou de l’armée, les longues marches dans le désert parfois sans eau ni nourriture, l’errance de plusieurs années parfois entre Algérie et Maroc, l’attente encore interminable dans les forêts à quelques kilomètres des grillages, les « assauts » enfin, les discrètes expulsions par des portes dérobées de ceux qui parviennent à rentrer dans l’Union européenne, et les charters pour le renvoi du bétail humain survivant, au beau milieu de nulle part, dans le Sahara. A toutes les étapes du parcours, des morts et encore des morts - et ce, sans même parler des centaines de disparus naufragés au large des Canaries, dans le détroit de Gibraltar et le long des côtes de Lampedusa, du millier de sacs mortuaires offerts par l’Italie à la Libye pour effacer les conséquences de la lutte contre l’immigration, ou encore des demandeurs d’asile et réfugiés soudanais tués (plus de 200 selon les organisations et les médias, 27 selon les autorités) au Caire à la fin du mois de décembre dernier. C’est un carnage à grande échelle que l’Union européenne et les Etats qui la composent sous-traitent, en toute impunité jusqu’ici, à l’extérieur de leurs frontières.

Effet tangible et bénéfique du processus du FSM : quelques mois après la découverte dans l’opinion publique de l’existence des « murs » entre l’Afrique et l’Europe, le Forum pour un autre Mali (Foram) animé par Aminata Dramane Traoré (lire en page 3), la toute jeune Association des rescapés à Ceuta et Melilla, des groupes maghrébins, et en particulier marocains, travaillant sur les droits de l’homme, plusieurs mouvements de défense des immigrés en Andalousie et le réseau transversal d’expertise et d’action sur les politiques migratoires de l’Union européenne (Migreurop) ont utilisé le forum de Bamako pour échanger leurs analyses globales de la situation et coordonner mieux leurs actions dans l’urgence. Pour Filippo Miraglia (ARCI Italie), « ce FSM constituera probablement le véritable début d’un changement vers une alternative à ces politiques répressives qui n’arrêtent pas de tuer partout dans le monde : pour la première fois, à travers les voix des « refoulés », les Africains prennent la parole au niveau international sur ces questions d’émigration ».

Des plaintes en préparation

Puis, fait nouveau et décisif dans un contexte de radicalisation des politiques répressives sur toute la planète, les réseaux altermondialistes qui travaillent sur ces drames s’apprêtent à lancer ensemble des procédures exigeant des réparations pour les « refoulés » aux portes de l’Union européenne, des plaintes devant la Cour européenne des droits de l’homme (Conseil de l’Europe à Strasbourg) ou peut-être même devant la Cour de justice européenne (Union européenne à Luxembourg), ainsi qu’une requête pour la mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante ou encore d’une espèce de « tribunal des peuples » sur les « événements » de Ceuta et Melilla et, plus globalement, sur les conséquences tragiques en Méditerranée, mais aussi à l’Est (comme, d’ailleurs, entre les Etats-Unis et le Mexique ou encore en Australie), des politiques européennes d’« externalisation » des frontières. Evidemment la partie est loin d’être gagnée : « L’exigence de réparations, c’est un moyen de continuer à faire travailler tout le monde ensemble, explique Emmanuel Blanchard (Gisti). Nous voulons une reconnaissance du préjudice subi, mais en même temps, sans rétribution financière car ce serait faire le jeu de l’Union européenne qui, sous des prétextes humanitaires, cherche à conforter ses politiques d’externalisation des frontières et d’immigration « choisie » en triant les migrants sur le volet. Ce forum nous aura permis d’avancer : il faut bien comprendre que ces politiques migratoires de l’Union européenne ne peuvent se mettre en place qu’en divisant le monde en aires géographiques séparées et en négociant bilatéralement avec les Etats ; or, à Bamako, nous avons jeté un pont durable entre nous tous. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-01-23/2006-01-23-822462

Messages

  • Comment lutter contre cet apartheid qui se généralise dans toutes les têtes : " la misère existe, soyons tolérants, laissons-la exister, pourvu qu’e les misérables nous foutent la paix."

  • Monsieur Jacques Chirac à Taroudant De son repos à " La gazelle d’or " à la prière pour Jésus à " l’église catholique " de la ville.

    Chaque année Mr Jacques Chirac passe ses vacances d’hiver à Taroudant au Maroc, à "la gazelle d’or", un grand hôtel situé au sein d’une ferme des agrumes. Comme d’autres fermes, implantées sur la pleine de Souss au sud du Maroc, après avoir raser la plante biosphère " l’arganier " par les grands agriculteurs. Cette ferme est un milieu favorable de l’exploitation multiple de la femme ouvrière. Cet hôtel/palais n’ouvre ses portes qu’aux ouvrières et ouvriers qui sont à la disposition des clients, qui sont uniquement de la classes supérieure, la grande bourgeoisie, les grands agriculteurs et hommes d’états. Quelle contradiction qui peut unir deux classes contradictoires, dans un état non démocrate ! Comment vivent des masses populaires dont la majorité de femmes ouvrières, au quartier " douar Zaouia " dans des circonstances de pauvreté musclée, face à "la gazelle d’or" milieu de repos de la bourgeoisie, le comprador et les grands agriculteurs ? Ils ont dis que cet établissement touristique privée est appartenu à un homme d’état arabe ou marocain, murmurent les "roudanais".

    Quelque soit le propriétaire de " la gazelle d’or ", il appartient enfin à la famille des grands agriculteurs au Souss dont Taroudant constitue un milieu populaire dela femme ouvrière, qu’est disponible à l’exploitation forte dans des fermes des agrumes aux banlieues de la ville : Ahmar, Ait Iaazza, Sebte El Gerdan, Lastah et partout au Souss. C’est une ville ouvrière, de la classe ouvrière agricole et notamment des femmes "roudanaises" et ses camarades qui viennent des quartiers populaires d’autres villes marocaines, comme Marrakech, Essaouira, Safi … La femme ouvrière agricole à Taroudant est soumise à la marchandisation disponible à l’exploitation des grands agriculteurs. Transportée sur des camionnettes de la ville vers les champs d’exploitations, chaque jours depuis le levé de la journée jusqu’au couché du soleil, par un salaire qui ne dépasse pas cinq dollars dans des meilleures conditions.

    Le visiteur de Taroudant qui vient découvrir le secret de son calme tranquille en pleine nuit. Celui qui se déplace au moment de son calme absolu, il va voir comment cette ville est vraiment belle, sage et domestique. C’est une ville qui déteste la violence, elle accueille ses visiteurs par sa simplicité populaire, tout cela à cause de son expérience très profonde dans l’histoire qui tend vers l’ère primitive. Elle est domestique, elle prend son repos, car elle n’est plus forte pour continuer sa lutte, après son grand effort perdu pendant sa lutte contre les colonialistes depuis "Mogador" jusqu’à "Jabal Saghrou"…

    Le visiteur de cette ville historique découvre en première vue, ses remparts délaissés, touchés par des habitats clandestins, risque de tomber dans la plupart de ses coins marginalisés 07 kilomètres et demi. Presque un kilomètre seulement a subis des petites retouches de " Bab Izergan " à " Bab El Kassaba " en face à la province, la partie vitrine de la ville. Tout cela ne provoque aucune réaction honteuse des responsables de l’état marocain.

    Pour le visiteur de la ville qui aime découvrir l’énigme de ses secrets, celui qui aime passé des nuits blanches. Il sera parmi les chanceux, pour voir à ces cinq portes principales, ses autres portes crées par la municipalité, ses deux principales places, ses boulevards et ses rues, comment le mouvement de la femme ouvrière active la circulation dans la ville avant le levé du jour. Les hommes retournent à la maison après la prière du bon matin. Après le petit déjeuner l’activité règne dans toute la ville, cafés, hôtels, boutiques et ateliers artisanaux. Le visiteur découvre Taroudant en plein jour où l’activité des passagers en mouvement partout dans la ville.

    Je cherche parmi ses genres de visiteurs dont on a parlé sans avoir une place à Mr Jacques Chirac. Même les visiteurs de la ville qui passent leur séjour à hôtel " Es-salam ", ancien maison/palais d’un comprador/Caid allier du colonialisme français. Même parmi ces visiteurs qui sortent le matin à pieds pour découvrir la ville historique, je ne trouve pas de place à Mr Jacques Chirac.

    Monsieur le président a passé son séjour cette année dans des circonstances de sécurité très forcées, la ville n’a jamais connue de telle sorte de situation sécuritaire comme celle-ci. Toutes les sortes de forces sont implantées dans tous les coins de la ville. Les roudanis ont l’habitude de recevoir l’information du séjour de Mr Chirac normalement chaque année, mais sans que sa présence attire l’attention de quelqu’un comme année. Le nombre des forces de sécurité set plus lourd dans une ville populaire simple et tranquille.

    Mr le président comme d’habitude, fait la prière pour l’âme de Jésus à l’église catholique de la ville au 25 décembre de chaque séjour à Taroudant. Cette année, c’est un dimanche qui passe dans des circonstances de sécurité très musclées dans une petite ville domestique. Toutes les portes et fenêtres qui s’ouvrent aux boulevards du trajet du convoi de Mr le président sont obligatoirement fermées. Pour cela, tous les cafés, boutiques, passages, rues et boulevards sont fermés à voie de la circulation normale à ce moment, sur une trajectoire de presque deux kilomètres, de " La gazelle d’or " hors de la ville à " l’église catholique " au centre ville. Ils ont dit que les haut-parleurs des mosquées ont diminué leur volume ce jour-ci, Mr le président est en vacances.

    Mais, ce n’est pas une visite officielle ? Pourquoi ces différentes sortes de forces et ce genre de protocole très exagérée ? Est-ce que la peur de " Al Kaaida " arrive à ce degré chez les chefs d’états ? Est-ce que Mr Chirac n’est pas en vacances et doit être resté tranquille pendant son séjour ? Ou bien à cette occasion des vacances, il va au même temps savoir la situation de l’ancienne colonie, qui se considère comme l’une de ces fermes ? Ou bien il est dans un visite d’affaires avec ses amies et alliers au cœur de la pleine de Souss ? Ils ont dit que Bush le père est à sa compagnie comme d’autres hommes d’états marocains et arabes ? Ou bien le fantôme de " Al Kaaida " poursuit les chefs d’états même dans leurs repos et rives ? Un tas de questions qui se pose devant une réponse et une seule, mais son énigme ne le connaît que les masses populaires qui travaillent pour le bonheur de la bourgeoisie. Elles travaillent aux fermes des grands agriculteurs pour l’assurance des agrumes, légumes frais et roses pour les habitants des "champs d’Elisé" et d’autres quartiers bourgeois des villes occidentales. Elles vivent dans les quartiers populaires à Taroudant sans avenir pour l’amélioration de leur situation économique et sociale, qui va assurer les droits humains et libertés pour leurs enfants. Elles travaillent depuis le levé du jour jusqu’au couché du soleil, la vie continue, l’exploitation continue.

    Jusqu’à quand continue l’exploitation ? L’exploitation de la classe ouvrière et à sa tête la femme ouvrière dans les usines d’emballage et les fermes des agrumes. L’exploitation des enfants aux ateliers artisanaux, sans parler de double exploitation (travail et sexe). Jusqu’à quant les chefs d’états et à leur tête Mr Chirac ferment leurs yeux et sourdent leurs oreilles envers les catastrophes du libéralisme sauvage ? Jusqu’à quand l’exploitation des masses populaires se poursuite aux banlieues de Paris, des grandes villes occidentales et aux pays soumis à la pauvreté continue pour l’accumulation des capitales aux mains de la bourgeoisie ? Jusqu’à quand l’exploitation de l’homme par l’homme pour l’homme, des ressources naturelles, de l’histoire et de la religion continue contre les intérêts des masses populaires ?

    Il est évident que Mr le président regarde un petit moment autour de lui à " La gazelle d’or " comment le pouvoir de la pauvreté et de la marginalisation a pu dominer la vie des masses populaires au quartier " Zaouia " en face de son palais " La gazelle d’or ". Il peut aussi faire une recherche sur le sens théologique de ce mot " Zaouia " et comment il a été transformé en un lieu d’exploitation de l’homme par l’homme pour l’homme pour sauver la vie des hommes d’états et de la bourgeoisie.

    Il est évident pour Mr Chic d’aller visiter les quartiers populaires marginalisés à Taroudant et qui sont peuplés par des enfants délaissés (garçons et filles), avant d’aller faire la prière pour l’âme de Jésus.

    Il est évident pour Mr Chirac d’aller visiter la femme ouvrière dans les usines d’emballages et les fermes des agrumes pour voir le niveau d’exploitation musclé, avant d’aller faire la prière.

    Il est évident pour Mr Chirac d’aller visiter les enfants ouvriers dans les ateliers artisanaux et filles exploitées dans les maisons des bourgeois pour savoir à quel niveau arrive l’exploitation des mineurs, avant d’aller faire la prière.

    Il faut que Mr le président fasse tout cela pour savoir combien il est chère l’assurance des agrumes, légumes frais et roses pour les habitants des " champs d’Elisé ".

    Il faut qu’il fasse tout cela pour savoir le degré de la catastrophe sociale du système libéral sauvage adopté par la France des années lumières, de la révolution bourgeoise, de la démocratie, de la France coloniale, de Napoléon, de De gaulle, de Mitterrand, de Chirac… Tout cela, avant de faire la prière pour l’âme de Jésus et lancer l’écho de la voix libérale de son discoure de l’an 2006.

    Taroudant le 31 Décembre 2005

    Amal Lahoucine