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Pauvreté

Publie le mardi 4 avril 2006 par Open-Publishing

Ne vous inquiétez pas, la grippe aviaire ne tue que les pauvres.

Avant la période des fêtes, nous avons subi de plein fouet la propagande sur une probable nouvelle pandémie : la grippe aviaire. Arrivant des contrées asiatiques, portant au plus profond de leurs corps de volatiles le virus mortel, les oiseaux migrateurs sont la cible de la presse européenne. Outre la peur panique qui a conduit les citoyens à se procurer le médicament miracle - qui notons-le au passage n’a aucune efficacité sur le virus H5N1 incriminé - la consommation de volaille, avant les fêtes de fin d’année, n’a fait que chuter. Du jour au lendemain, il n’était donc plus question de grippe aviaire, et chacun retourna à ses préoccupations de consommateur occidental.

Aujourd’hui, ce n’est plus l’Asie qui est pointée du doigt mais la Turquie. Depuis quelques jours, en très peu de temps, de l’Est à l’Ouest du pays, des foyers infectieux émergent emportant au passage les premières victimes turques. La psychose est tout de suite relayée par nos médias et nos politiques. Mais, après l’émotion planétaire, intéressons maintenant à ce fameux virus. Les premières victimes du phénomène sont-elles vraiment mortes de la grippe aviaire ou sont-ce leur condition de vie qui a précipité le virus ?

Retour en Asie au début du problème. Les paysans locaux qui élèvent depuis des décennies leurs volailles affirmaient connaître ce phénomène de mort subite des pauvres bêtes. Mais, jamais l’homme n’avait alors contracté la maladie. Ce qui est intéressant de souligner, ce sont les conditions misérables dans lesquels ces mêmes paysans élèvent leurs enfants. Souvent, les poulaillers font partie intégrante du foyer familial, ce qui occasionne une promiscuité entre l’homme et la bête. Ces personnes sont au quotidien en contact avec les plumes par dizaines et les fientes qui tapissent les habitations. Le véritable problème que nous, occidentaux, nous ne voulons pas voir, c’est l’extrême pauvreté de ces populations qui vivent à « l’état sauvage ». Il est alors indispensable de mettre en relation l’accroissement de la population mondiale avec celle de la pauvreté. Aujourd’hui, en 2006, il y a de plus en plus de gens pauvres donc de plus en plus de chances de connaître des passages infectieux de l’animal à l’homme. En Turquie, ce sont les mêmes conditions dont souffre le peuple kurde, première victime de la paupérisation.

Au niveau mondial, cette grippe aviaire ne fait qu’accroître un sentiment de peur envers ces pays ; c’est de la pauvreté que naissent les problèmes. Mais, par notre cynisme de pays riche, nous pouvons largement nous rassurer face à l’épidémie, car ne vous inquiétez pas, la grippe aviaire ne tue que les pauvres.

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