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Communiqué FA CGA GDALE : Il n’est pas de sauveur suprême !

Publie le samedi 10 février 2007 par Open-Publishing
15 commentaires

L’hebdomadaire Politis daté du 1er février 2007 publie une tribune intitulée "Peut-on être libertaire et soutenir la candidature de José Bové ?" Cet appel aux libertaires cosigné par Michel Onfray et Yannis Youlountas entend nous convaincre d’accorder nos faveurs électorales au dernier candidat en date à la Présidence de la République, en l’occurrence le syndicaliste et médiatique José Bové.

La lecture de cet appel nous laisse perplexe et nous interroge, non pas que nous n’ayons jamais été conscient du potentiel déterminant de l’électorat libertaire, d’ailleurs ce n’est pas la première fois que l’on vient solliciter les suffrages libertaires mais plutôt sur la pertinence de la candidature de José Bové et surtout sur les stratégies et les finalités politiques qui en découlent.

En effet les libertaires n’ont pas l’habitude de voter. Ils ne défendent pas l’abstentionnisme en vertu d’une tradition ou d’un dogme quelconque, mais parce qu’ils militent pour une société où les décisions sont prises par tous plutôt que confiées à quelques spécialistes par une délégation de pouvoir.

En tant qu’anarchistes nous privilégions la recherche du consensus, mais nous ne rejetons pas a priori le vote comme un moyen parmi d’autres de gérer la vie collective. Aussi, si nous exprimons avec une certaine constance notre refus d’élire et notre boycott des urnes, c’est d’abord que nous ne souhaitons ni encourager, ni légitimer l’escroquerie électorale et démocratique. Ensuite nous sommes convaincus que quelque soit le candidat élu et son programme, aussi courageux et sincère soit-il, il ne pourra s’attaquer concrètement et efficacement aux fondements mêmes de la société d’injustice et d’oppression.

A chaque échéance électorale, on nous promet le candidat du changement, de l’alternative, de la rupture et de la révolution... Alors que le battage médiatique et la surenchère démagogique atteignent des sommets, est-il vraiment nécessaire d’ajouter à la confusion et au bourrage de crâne au nom d’une hypothétique et incertaine urgence politique la candidature autoproclamée des luttes et des mouvements sociaux (d’autant plus que nous aurons une fois de plus droit aux candidatures de rassemblement des concurrents Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, et du lambertiste Gérard Schivardi).

Encore une fois nous constatons que la vieille chimère du prolongement politique et électoral des luttes sociales et de la transformation de la société par la prise du pouvoir étatique reste malheureusement bien vivace. Cette logique illusoire et dangereuse a le goût amer du déjà-vu : de la conception totalitaire marxiste-léniniste des Lénine et Mao, à la conception gestionnaire de la social-démocratie des Mitterrand et Blair en passant par des versions bâtardes des Lula et Chavez, toutes démontrent implacablement que toute volonté de transformer la société par la prise du pouvoir aboutit au mieux à la gestion tranquille du capitalisme, au pire à des dictatures tragiques.

Les anarchistes développent et luttent pour une conception toute différente de la transformation de la société actuelle qui s’oppose à la conquête du pouvoir tout autant par la violence que par les urnes et propose des perspectives concrètes d’organisation que sont l’autogestion, le fédéralisme et le communisme libertaire.

Les libertaires participent de toutes leurs forces aux mouvements de résistance et de transformation de la société, et ceci dans toute la diversité de leurs sensibilités et de leurs tendances qui les caractérisent et nous savons aussi dans les combats que nous menons nous associer et lutter en commun avec des non-libertaires. Pour autant, nous restons lucides et ne voulons pas nous retrouver instrumentalisés par des causes que nous ne cautionnons pas. Parmi celles-ci, aucune bonne raison ne nous convaincra de donner notre blanc-seing et notre soutien à une quelconque candidature à la magistrature suprême de l’appareil d’Etat d’autant plus que conformément aux déclarations de José Bové et Michel Onfray, ceux-ci appelleront de toute façon à voter pour la candidate du Parti socialiste au second tour des présidentielles.

Nous ne pouvons accepter de soutenir cette initiative trompeuse en contradiction avec notre conviction fondamentale que les moyens doivent être compatibles avec les fins et que la fin ne justifie pas les moyens. Aussi, nous nous impliquerons à notre manière dans cette campagne, en popularisant les concepts d’abstention active, révolutionnaire et libertaire, c’est à dire la promotion de l’action directe menée par les individus eux-mêmes dans une perspective de rupture avec cette société qui n’est pas réformable.

Le 9 février 2007,

Fédération anarchiste

http://www.federation-anarchiste.org/

relations-exterieures(a)federation-anarchiste.org

Coordination des groupes anarchistes

http://www.c-g-a.org/

relationsexterieures(a)c-g-a.org

Groupe des anarchistes de Lille et environs

http://lille.cybertaria.org/

1groupeanarlille(a)no-log.org

Messages

  • Michel Onfray qui se dit clairement "partisan du capitalisme" (voir son intervieuw au Nouvelobs) dit aux anarchistes de voter pour son poulain comme si Michel Onfray était des leurs.
    Il y en a qui n’ont pas honte.

    A.D.

    • Onfray se "clairement partisan du capitalisme" ? J’aimerais bien lire ses paroles en version originale, quelqu’un aurait-il un lien à ladite interview ? Merci.

    • http://bellaciao.org/fr/article.php...

      Tu liras qu’Onfray se déclare non seulement défenseur du capitalisme mais aussi gaulliste et partisan de la 5eme République.

      Jips

    • Oui, Onfray est "antilibéral", mais défend la capitalisme. C’est son droit.

      Au fait, sur son blog : http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com/ (Nouvel Obs, bouhhhhh !), il explique - plus ou moins - sa vision de l’anarchie, et pourquoi il pense que José Bové est le meilleur candidat actuel à l’élection présidence, même si "on défend les biotechnologies contemporaines, le nucléaire , les OGM, l’excellence de la V° République comme machine à générer une souveraineté populaire stable ou l’esprit de la présidentielle comme la rencontre d’un individu et d’un peuple".

      Je crois qu’Onfray est libertaire dans le sens où il pense comme il veut, il ne sent contraint par personne (et encore moins par un programme) d’exprimer ses opinions.

    • Antilibéral et procapitaliste, cela n’a aucun sens. La marchandise produite dans un cadre de propriété privée des moyens de production a besoin du marché libre et non-faussé pour s’écouler ; l’un ne va pas sans l’autre............vieux débat du mouvement ouvrier réglé à la fin du XIX ème siècle en même temps que Engels réglait son compte à Duhring. Duhring, philosophe branché de l’époque dans les milieux bobos de son temps qui pouvait séduire par un discours ronflant et "tendance" ..............cela ne vous dit rien !!

      Jean-Philippe VEYTIZOUX

      PS : Duhring fut aussi durement frappé par l’université impériale de son temps et défendu pour cela par Engels !

    • D’après "Le Plan B" , n° 6, p.6, rubrique "La laisse d’or" qui est décernée à l’intellectuel "le plus servile", Michel Onfray aurait déclaré sur l’un des plateaux médiatiques qu’il fréquente assidûment pour semer les "microrésistances" : "Moi, je suis capitaliste, pour le capitalisme, mais je ne suis pas libéral". La référence précise de ces propos n’est pas mentionnée, mais "La laisse d’or" lui est précisément attribuée pour dire tout et son contraire à quelques jours d’intervalle et sur n’importe quel micro.

    • C’est la fameuse interview au nouvelobs où il dit qu’il est gaullo-gauchiste. Il dit aussi qu’il est contre le libéralisme mais que le capitalsime est un système de production basé sur la propriété privée sur lequel il n’a rien dit ou n’a rien à dire. Je dirais que Michel Onfray est un authentique social-démocrate tendance libertaire qui trouve qu’un Etat monarchiste républicain comme la 5e république convenable il suffit d’avoir l’homme, le tribun qui convient à sa tête.

      Entre Marx et Bakounine, sur la question de l’Etat, il y a plus de proximité qu’entre Onfray et Bakounine.

      M. Onfray. - Je défends la Constitution de 1958. Je suis gaullien, « gaullo-gauchiste » aurait dit Maurice Clavel ! Le Clavel de Mai-68 meplaît bien. Je ne suis pas pour laVIe République ni pour un changement de Constitution. Je pense que la présidentielle, c’est, de fait, la rencontre d’un homme et d’un peuple. Aujourd’hui, c’est devenu une affaire de partis politiques et d’états-majors. A cause d’une espèce de pudeur libertaire du « je voudrais bien le pouvoir, mais j’aimerais qu’on me le donne sans faire ce qu’il faut pour l’avoir », certains n’y sont pas allés, et l’union ne s’est pas faite. L’extrême gauche manque d’une figure en phase avec le peuple par l’incapacité de tel ou tel à proposer clairement la cristallisation.
      Derrida aurait pu être cette figure sur le terrain de l’intellectuel de gauche en phase avec le peuple. Bourdieu a failli l’être, mais sa mort a stoppé net cette aventure. Nous manquons du désir politique qui a rendu possible le Sartre de Billancourt ou le Foucault de Fresnes. Le gauchisme de certains intellectuels dont votre livre fait l’inventaire est souvent un gauchisme de bibliothèque, d’Ecole normale supérieure ou d’université.

      Michel Onfray. - Le titre de votre livre, assezgénial, désigne des composantes différentes d’une même chose. C’est sa pluralité qui fait son incapacité à être gouvernementale. Mais elle pourrait le devenir s’il existait un jour l’équivalent d’un François Mitterrand capable de faire une union des gauches de gauche sur une base opposée à la ligne libérale du Parti socialiste qui est devenu uneespèce de gauche de droite. La gauche altermondialiste est une composante qui recycle les thèmes antinucléaires, anti-OGM, anti-nano-technologies, bref les combats antimodernité au sens large. Il existe aussi une gauche communiste néomarxiste. Puis l’extrême gauche, avec la formule trotskiste intégriste de Lutte ouvrière ou mouvementiste de la LCR. Enfin une sensibilité hors cadres, hors partis, une gauche libertaire ou libre, la mienne, qui, hors appareil, se soucie du peuple, du prolétariat, de la justice sociale. Toutes entrent sous la rubrique « gauche antilibérale ».
      Certes, droite et gauche, c’est une convention, mais qui signifie pourtant deux conceptions du monde toujoursvalables et antinomiques. Il existe une ligne de partage claire entre une droite libérale et une droite qui ne l’est pas, puis entre une gauche libérale et une gauche qui ne l’est pas. Ce qui fait d’ailleurs que parfois, sur des positions antilibérales, on retrouve réunis l’extrême droite et l’extrême gauche : guerre du Golfe, Irak, sionisme, Europe...
      L’extrême gauche plurielle est un vrai concept, très opératoire. Il manque quelqu’un capable de lier cette pluralité. Il y eut Mitterrand en son temps et pour son camp. Et c’était quand même nettement plus difficile de faire l’union de la gauche avec le Parti communiste stalinien de Georges Marchais et un pharmacien radical de sous-préfecture ! C’était beaucoup plus ardu que de fédérer une extrême gauche plurielle qui dispose d’un point commun, l’antilibéralisme. Par ailleurs, cetteextrême gauche plurielle confondcapitalisme et libéralisme. Or le capitalisme est un mode de production des richesses par la propriété privée et le libéralisme, une modalité de leur répartition par le marché libre. On peut donc être, ce qui est mon cas, antilibéral et défenseur du capitalisme.

      cégétiste je discute souvent avec mes camarades anarcho-syndicalistes de la question du vote et des institutions. Ils refusent de mon point de vue l’usage de moyens démocratiques très limités pour les remettre en cause dans une visée révolutionnaire. Cela dit, cette démarche est risquée car on peut devenir électoraliste et perdre de vue le but en utilisant un moyen qui pousse à l’intégration dans le système. C’est Marx qui écrit que la démocratie bourgeoise est le mode de transformation de l’ancien régime mais n’est pas son mode de conservation (Le 18 brumaire de Louis bonaparte). Les anarchistes sont un aiguillons pour les communistes pour qu’ils ne perdent pas de vue le but partagé.

      Claude (PCF Massy)

  • Quel pourcentage représente les anarchistes à ce jour dans le pays ? Merci de l’info .

  • ONFRAY c’est la marionnette du moment dans les mains du MEDEF et de la droite réac.
    Dès l’élection passée, ses donneurs d’ordre le renverrons à ses chères études.

    parlons d’autre chose....

    Roger de ANDRADE de Pluvigner en Morbihan

  • Ensuite nous sommes convaincus que quelque soit le candidat élu et son programme, aussi courageux et sincère soit-il, il ne pourra s’attaquer concrètement et efficacement aux fondements mêmes de la société d’injustice et d’oppression.

    La j’aimerais que l’on m’explique comment on peut dans une meme phrase dire qu’un programme peut etre courageux et sincere tout en prétendant qu’il ne peut s’attaquer vraiment au systéme

    la sincérité et le courage c’est précisément les bases sur laquelles on doit se reposer pour s’attaquer au capitalisme, camarades

    je dis camarades, car je crois que les anars sont aussi sinceres et courageux que d’autres

    pour moi les urnes et la rue ca marche ensemble depuis la nuit des temps

    amitiés révolutionnaires

    louis coconuts

    • Salut !
      Le problème l’ami c’est que la classe ouvrière elle a le droit de vote depuis un moment et qu’elle jamais rien fait avec celui-ci (car 36 sans la pression des usines occupées n’aurait sans doute pas été une réussite, ... réussite relative bien sur au vue des évenements qui ont suivis).

      Heureux d’entendre que les anarchistes sont considérés par les "communistes" (je mets des guillemets parce que je suis communiste aussi, mais communiste libertaire) comme des camarades et pas comme des parasites ou je ne sais quoi comme on a put l’entendre ici où là.
      Reste que je ne crois pas que les urnes apporteront quoi que se soit et sont avant tout un piège qui nous éloigne de la lutte.

      Sinon pour répondre plus sérieusement au message d’Ascaso je dirais que les anarchistes divergent très fortement des communistes de Parti/s en cela qu’ils pensent le changement à partir de la base et non pas à partir de la tete, un mouvement "horizontaliste" et non pas comme cela est le cas avec les systèmes politiques représentativistes - directionnalistes un mouvement du haut vers le bas (quand au mouvement de lutte du bas vers le haut il est insuffisant et ne peut pas permettre à mon sens l’instrauration d’une société communiste, sans classes, ni Etats).

      Frat’
      Markhus Gaunt. Content de voir que coco et anar peuvent se parler sans s’envoyer des claques toutes les deux secondes.

  • de toutes façons les "125 propositions"qu’elles soient portées par Buffet ou Bové n’ont rien d’anticapitaliste.

    l’espoir unitaire s’est fait relativement à minima, et c’est normal. être anti-libéral c’est facile et ça répond à la situation actuelle de la France (parti au pouvoir et dépolitisation des masses).
    Mais être anti-capitaliste, cela signifie porter un projet précis en ce qu’il a d’excluant le projet des autres mouvances, capitalistes ou anticapitalistes.
    Face au capitalisme, se sont dressés à une époque le "socialisme" au sens XIX° siècle et le "communisme autoritaire". On sait maintenant que "communisme" et "autoritaire" sont antinomiques. On sait aussi que le "socialisme" n’existe plus en France que dans le nom du "PS", parti éminemment capitaliste duquel on apprécierai qu’il s’assume et se renomme en "Parti Social Capitaliste".

    aujourd’hui face à la dérive autoritaire et anti-démocratique du capitalisme, il faut réagir.

    Si un mouvement populaire se créé, il est trop tôt pour faire la synthèse de nos utopies et être en mesure de structurer un projet de société anticapitaliste. alors il nous reste 2 choix,

     soit on se recroqueville chacun sur son propre projet anticapitaliste et on compte les points
     soit on met ça de côté un moment et on bosse dans l’urgence pour faire émerger une force non pas de contestation mais de construction à "gauche". non pas pour chercher à constituer un parti mais pour que le peuple se réapproprie le politique, qu’il s’appercoive qu’il est bien plus capable de gérer ses propres affaire que les pourris qui se réfèrent plus aux lobbys industriels et médiatique qu’à leurs électeurs. non pas pour faire de ces élections un but en soit, mais comme le "début de l’histoire".

    En tous cas, en tant qu’anar, je préfère voir aux responsabilités les gens qui portent les 125propositions des collectifs antilibéraux plutôt que royal ou le comte sarkozy
    Mais en cas de "victoire" (ce terme m’énerve, comment peut-on parler de victoire alors que rien n’a été fait, que c’est le moment de se mettre au travail ?) que ca soit Buffet ou Bové, la vigilance serait toujours de mise.

    Les "125 propositions" en tant que jalon, une première étape : oui, mais ...
    Les "125 propositions" en tant que dogme, que frontière à ne pas dépasse : non !