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A la gauche du PS, les candidats victimes du "vote utile"

Publie le mardi 24 avril 2007 par Open-Publishing

Amertume à la gauche du Parti socialiste.
Les six candidats en lice totalisent un score de 10,88 %, un score particulièrement faible au regard de celui de 2002. Victimes des appels répétés au "vote utile" en faveur du Parti socialiste, l’extrême gauche et les Verts paient aussi le prix de leurs divisions.

La LCR tire son épingle du jeu. En rééditant son score de 2002, Olivier Besancenot point à la cinquième place (4,28 %), dans un contexte difficile pour la gauche de la gauche. Sa ligne d’indépendance vis-à-vis du Parti socialiste a séduit l’électorat d’extrême gauche. Dimanche soir, il a appelé à "battre cette droite brutale dans la rue et dans les urnes". Une manière pudique d’appeler à voter pour Ségolène Royal, sans prononcer son nom. La LCR se place ainsi en leader de la gauche antilibérale et se voit bien en centre névralgique de la recomposition à gauche du PS. La direction de la LCR, qui a refusé toute initiative unitaire, se dit confortée dans sa stratégie et affirme vouloir présenter des candidats dans le plus grand nombre de circonscriptions possibles pour les législatives.

Déroute au Parti communiste. Avec 1,92 % des voix, le PCF obtient le score le plus bas de son histoire. Le positionnement de Marie-George Buffet, rassembler au-delà du Parti communiste, est un échec. Dans l’électorat communiste, la peur de 2002 a attisé le réflexe du "vote utile". Dimanche soir, à la télévision, c’est Robert Hue, le candidat à la présidentielle de 2002, qui, le premier, a représenté le PCF sur les plateaux de télévision. Un signe d’un changement de stratégie. Contrairement à Mme Buffet, qui souhaitait organiser un rassemblement avec la gauche du "non", M. Hue a toujours défendu une alliance privilégiée avec le Parti socialiste. "Je veux saluer la performance de Ségolène Royal, une performance que certains n’imaginaient pas. Tout cela doit nous conduire sans ambiguïté à un large rassemblement", a lancé Robert Hue sur TF1. Mardi, le PCF réunit son Conseil national, qui promet d’être houleux. Pour les législatives, il faudra décider de la stratégie à suivre : une alliance avec les autres composantes de la gauche antilibérale semble compromise. Mais un accord avec le Parti socialiste sera forcément défavorable au PCF.

La nécessaire recomposition des Verts. Avec 1,57 % des voix pour Dominique Voynet, les écologistes sont atomisés. Ils n’ont jamais réussi à capitaliser sur le succès du Pacte écologique de Nicolas Hulot, alors que tous les candidats, pour la première fois, se réclamaient de la défense de l’environnement. Une grande partie de l’électorat des Verts semble avoir été séduite par Ségolène Royal, une autre, plus marginale, se tournant vers José Bové. Le parti écologiste ne pouvait pas aborder les législatives de manière plus inconfortable. Il ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour négocier avec le Parti socialiste, et s’expose au risque de perdre tous ses députés. Déjà, lundi matin, des militants de l’intérieur et de l’extérieur des Verts appelaient à une recomposition du courant écologiste, avec les Verts, CAP 21 de Corinne Lepage, le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d’Antoine Waechter et des associations.

Arlette Laguiller finit sa carrière politique par la petite porte. Avec 1,41 % des voix, la candidate de Lutte ouvrière obtient son score le plus bas à une élection présidentielle. Pour sa dernière campagne, Arlette Laguiller savait que son score serait bas. Mais elle espérait dépasser les 3%, pour ne pas laisser une organisation en lambeaux. Si Lutte ouvrière a certainement souffert du "vote utile", la formation trotskiste paie aussi son refus d’appeler à voter pour Jacques Chirac au soir du 21 avril. Dimanche soir, Arlette Laguiller n’a pas tergiversé : elle a appelé à voter Ségolène Royal "sans réserve et sans illusion". Même si, pour LO, la reconstruction risque d’être difficile.

Il n’y a pas eu d’effet José Bové. Parti tard dans la course à l’Elysée, rassemblant des courants hétéroclites, le candidat altermondialiste n’a pas réussi à créer la dynamique espérée. Avec 1,35 % des voix, il est bien en deçà de ce qu’espéraient ses partisans. Après l’annonce du résultat, il appelle à "battre Sarkozy" . Ses options sont limitées : la recomposition avec le reste de la gauche antilibérale ne se fera pas en sa faveur. Pour les législatives, il lui sera difficile d’imposer sa vision unitaire à la LCR ou au PCF. Le leader paysan aura du mal à entrer dans l’arène politique.

La candidature Schivardi est restée anecdotique. Le candidat soutenu par le Parti des travailleurs plafonne à 0,35 % des voix. Inaudible, le maire de Mailhac fait moins que Daniel Gluckstein en 2002. Il n’a pas donné de consigne de vote pour le second tour, affirmant qu’il allait décider, dans les jours qui viennent, avec les maires qui ont soutenu sa candidature. Il a également annoncé la création d’un nouveau "parti ouvrier".

Gaïdz Minassian et Nabil Wakim
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