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DERNIERE LONGUEUR POUR CESARE BATTISTI

Publie le jeudi 10 décembre 2009 par Open-Publishing

Pour signer la pétition brésilienne adressée au Président Lula pour la non-extradition de Cesare Battisti et son maintien au Brésil ici

LES BRÉSILIENS ONT APPELÉ FRED VARGAS A NOUS FAIRE SIGNER MASSIVEMENT LA PETITION SUIVANTE... S’IL VOUS PLAIT, SIGNEZ ET / OU TRANSMETTEZ ! LE PRÉSIDENT LULA SUBIT DES PRESSIONS TERRIBLES DE L’INTERIEUR ET DE L’EXTERIEUR : NOUS DEVONS TEMOIGNER DE NOTRE SOUTIEN PERSISTANT POUR BATTISTI DEPUIS LA FRANCE ET L’EUROPE.

La situation italienne à l’oeuvre d’ingérence dans tous les pays concernés par des réfugiés (dont la France il y a quelques années) est celle-ci : condamner face au doute, en déclarant sans preuves qu’il n’y a pas de doute, mais les témoignages ne sont pas des preuves et il n’y a plus de pièces à conviction (et même les anciens témoins ont disparu).

Cesare Battisti nie avoir commis des meurtres qu’on lui a mis sur le dos quand il était en fugue, mais il n’y aura jamais de procès équitable pour se reprendre justement de cette affaire, car ce ne sont plus que des cadavres exquis.

Le condamner et l’extrader ce n’est pas exprimer la justice mais l’arbitraire post-démocratique électoraliste.

Sauver Cesare Battisti, l’insoumis qui n’est pas un assassin, c’est perpétuer le sens "juste" de la justice en démocratie face à l’infamie d’une accusation, un formidable coup d’énergie et d’espoir à tous pour l’avenir de l’Europe et de l’Amérique du Sud au-delà de la personne de Battisti, dont le calvaire est une persécution. Il n’est qu’un bouc émissaire en pâture. S’il rentre en Italie son incarcération sera un martyre et il sera la proie d’une vengeance passionnelle sans objet. Un jour on le découvrira suicidé mais il aura été assassiné dans sa cellule par des forces réactionnaires extrêmes du lynchage.

Il y a encore une situation interne du Brésil dangereuse pour la démocratie restaurée, qui menace de laisser divisés les pouvoirs exécutif judiciaire et législatif ordinairement séparés à juste titre, si l’extradition avait lieu. Car le président du tribunal suprême, personnalité de la coalition d’extrême droite qui précéda la présidence de Lula, a voté et emporté la majorité pour abolir le statut de réfugié politique déclaré par le ministre de la justice, décision qui avait été d’abord acceptée par Lula avant la décision majoritaire finale du tribunal suprême.

Il y a enfin un enjeu international à ce qu’une démocratie véritable et intégrée, qui demeure le seul lieu non voyou du monde à avoir prévu légalement la possibilité du refuge politique pour les insoumis des pouvoirs en place, poursuive d’exister. Sinon ce serait la fin de la question relative de la justice et du témoignage, sans laquelle l’erreur judiciaire et le déni du droit de libre opinion deviendraient monnaie admise : la justice au nom des droits de l’homme serait forclose.

Louise Desrenards

(Le texte d’appel brésilien a été écrit par le Pr Carlos Lungarzo (membre d’Amnesty International, qui publie au Brésil un livre sur le cas de Cesare) et le journaliste Celso Lungaretti (information donnée dans Rue89, Cabinet de lecture du 7/12/09, Une pétition pour Battisti lancée au Brésil)

TEXTE DE LA PÉTITION (traduite en français pas Fred Vargas) :

Au Président du Brésil, Son Excellence Luiz Inácio Lula da Silva

Les soussignés viennent, très respectueusement, présenter à Votre Excellence toute la force et l’aide pour que votre gouvernement REJETTE les pressions intenses et arrogantes qui tentent d’imposer l’extradition de l’écrivain et du persécuté politique, Cesare Battisti.

Nous demandons à Votre Excellence, qui préside le gouvernement le plus populaire de l’histoire du Brésil, que, au moment voulu, Elle ACCORDE L’ASILE POLITIQUE SOUS RESPONSABILITÉ PRÉSIDENTIELLE à Battisti, en lui garantissant, ensuite, une formule migratrice permanente, pour qu’il puisse faire venir sa famille dans ce pays et travailler dans la paix. Comme Votre Excellence le sait, Cesare Battisti a été condamné à la prison à perpétuité sans lumière solaire (une punition qui n’existe plus maintenant dans aucun pays civilisé !) pour quatre crimes POUR LESQUELS IL N’EXISTE PAS UNE SEULE PREUVE NI UN SEULTÉMOIN OCULAIRE, toute la procédure ayant été forgée à partir de DÉLATIONS PREMIÈRES [note =équivalent brésilien de « témoignages des repentis »].

Outre que les instigateurs italiens ont, ridiculement, attribué à Battisti deux homicides s’étant produits dans un intervalle de temps insuffisant pour couvrir la distance entre les deux villes, de sorte que l’accusation a dû être réécrite quand cette impossibilité matérielle fut démontrée, son principal délateur en arriva à être réprimandé par le magistrat d’une autre procédure en contumace dans laquelle il énonçait de fausses accusations.

Votre décision, M. le Président, sera aussi une attitude de PROTECTION de l’INSTITUTION du REFUGE/ASILE, sérieusement menacée par l’invasion du STF [note : Tribunal Suprême Fédéral] dans le secteur de l’Exécutif. Ce sera aussi une démonstration d’affection envers notre peuple, humilié, insulté et injurié de manière obscène par les autorités italiennes, avec l’aide des élites brésiliennes colonisées et servantes (spécialement les médias).

Battisti a écrit 17 livres, a fondé deux revues virtuelles, a organisé de nombreux congrès culturels et la 1ª Bisannuelle d’Arts Graphiques du Mexique. Il sera aussi utile pour notre culture que le fut, quand il s’est réfugié au Mexique, l’auteur Gabriel Garcia Márquez (signataire, d’ailleurs, d’un message d’aide à Battisti). Le salut de Battisti sera le couronnement de HUIT ans de lutte pour la conservation de la dignité, de l’indépendance et de la générosité de notre peuple. Respectueusement,

les Soussignés (...)


Pour signer la pétition brésilienne adressée au Président Lula pour la non-extradition de Cesare Battisti et son maintien au Brésil, voici la marche à suivre :

 Aller sur le site :

http://www.petitiononline.com/btstl...

 cliquez sur “Read the Asilo Presidencial para Battisti Petition”

 le texte de la pétition apparaît en portugais (voir ci-dessus le texte en français)

 encodez votre prénom et votre nom

— ajoutez dans le champ commentaires votre pays, et si vous le désirez votre statut professionnel, suivi d’un commentaire dans la même fenêtre éventuellement.

 adresse mail

 cliquez sur “Preview your signature”

 puis cliquer sur “Approve votre signature”


L’appel explicatif de Fred Vargas :

Nos amis Brésiliens viennent de mettre en place une pétition adressée au président Lula, lui demandant d’accorder à Cesare Battisti l’asile présidentiel. En effet, l’extradition de Battisti vers l’Italie dépend seulement à présent de la décision du président Lula, qui l’annoncera vers février 1010.

Vous savez que Cesare Battisti fut condamné, en son absence, à la prison à perpétuité en 1988, pour deux crimes directs et deux complicités de crimes commis en 1978 et 1979, il y a trente ans, durant les années de plomb italiennes. Vous savez que Battisti fut jugé en Italie lors d’un premier procès, entaché de nombreuses tortures avérées, qui ne le condamna pour aucun des quatre crimes commis par le groupuscule des PAC. Vous savez que Battisti a toujours nié avoir tué quiconque. Et en effet : le second procès, mené en son absence, n’apporta pas la moindre preuve matérielle contre lui, ni un seul témoignage oculaire. Battisti fut condamné exclusivement sur la “parole” des membres du groupe accusés, qui avaient choisi le statut de “repentis”, c’est-à-dire qui gagnaient de considérables remises de peine en échange de leurs accusations. Ce fut essentiellement le chef du groupe, Pietro Mutti, qui chargea Cesare Battisti de ses propres crimes et de ceux de ses camarades. Il ne fit que huit années de prison.

Il est essentiel de rappeler, concernant le premier homicide des PAC, que Pietro Mutti fut accusé par deux enquêtes policières d’avoir tiré sur Santoro, concernant le 2e homicide, que Memeo, Fatone, Massala et Grimaldi composèrent seuls le commando contre Torregiani, concernant le 3e homicide, que Giacomin avoua avoir tiré sur Sabbadin, et concernant le 4e homicide, que l’arme qui tua Campagna appartenait à Memeo, et que l’agresseur mesurait vingt centimètres de plus que Battisti.

Tout au long de ce procès italien, on prit soin de représenter Battisti en fabriquant trois procurations, afin de rendre la sentence irréversible. Une expertise attesta en 2005 la falsification de ces procurations, visible à l’œil nu. Cet usage de faux démontre à lui seul le piège des repentis dans lequel tomba Battisti.

Face à cet ensemble de faits et à la démesure de l’acharnement politique du gouvernement italien contre cet homme, devenu un trophée-symbole pour l’Italie, le ministre de la justice brésilien, Tarso Genro, accorda le refuge politique à Battisti en janvier 2009, ce qui devait éteindre légalement le procès d’extradition en cours. Mais, pour des raisons de luttes politiques internes, le Tribunal Suprême Fédéral du Brésil décida de passer outre et de poursuivre, et une courte majorité de ses juges (5 à 4) choisit d’ignorer tous les faits convergeant vers l’innocence de Battisti, de nier la nature politique des crimes (ce qui empêche l’extradition au Brésil), de déclarer “illégal” l’acte de refuge du ministre de la Justice, et de l’extrader. Sentence exclusivement politique, sans aucun respect pour la vérité des faits.

Nos amis Brésiliens, mobilisés pour la défense d’une véritable Justice et non pas d’une justice politique, mobilisés pour la défense d’un homme qui n’eut jamais dans sa vie l’occasion de répondre à un juge, qui servit de bouc émissaire à ses anciens camarades puis d’enjeu politique en Italie, en France et au Brésil, ont à présent besoin de notre aide. Nous pouvons la leur apporter en signant la pétition brésilienne.