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8 FEVRIER : une pensée pour ceux de CHARONNE...

9 février 2011, 19:21, par Alain Chancogne

Il ne s’agit nullement bien sur de "polémiquer" sur qui a fait"quoi"

Mais ayant moi aussi fait des recherches et essayé de me repérer dans ce qui fut à la fois "feu vert" du pouvoir, " consignes de fachos de la Préfecture De paris", "haine bestiale de quelques ordures qui sortaient, bave ux lèvres leurs bidules au seul mot d’"Arabes" ou de"Communistes"....cet extrait d’un vieux papier de février 62-

(Quel que soit le jugement qu’on porte "globalement" sur Servan Schreiber, rappelons qu’il dénonça la torture en Algérie

Il était à la manif de Charonne, je crois me souvenir.)

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/le-massacre-de-charonne_492191.html?p=4.

Coincé contre la grille latérale de l’entrée, M. Fernand Werthé, militant C.G.T. du bâtiment, a vu mourir une mère de trois enfants sur qui on tentait vainement de pratiquer la respiration artificielle à l’intérieur de la station où flottait du gaz lacrymogène.

"Sans pouvoir avancer ni reculer, raconte Mme Thérèse Douaire, qui se trouvait également prise au piège du métro, j’ai vu des policiers choisir des victimes en tournant autour des balustrades. J’ai même vu l’un d’entre eux casser sa longue matraque sur la tête d’une femme, puis enfoncer le bout taillé en biseau dans le crâne d’un homme et s’y attarder, le malheureux ne pouvant ni se déplacer, ni se protéger. Quatre fois, ils ont lancé en travers des morceaux de grille d’arbre, là où il y avait le plus de monde entassé. Je tenais dans ma main un visage méconnaissable de femme. Cela a duré dix minutes. Vingt minutes de plus, nous y passions tous."

"Comme l’un des flics semblait taper assez mollement d’une seule main, un autre, qui portait des moustaches à la Brassens et un casque trop grand, est venu l’encourager en criant : "allez-y les gars, tapez dur ! ", précise M. Claude Lerouxel, ébéniste de 18 ans, hospitalisé à Saint-Antoine.

M. H. Martel a également vu des policiers s’acharner sur des gisants : "J’avais l’impression d’être enfermé dans un charnier vivant. Des pieds, des mains vous poussaient, vous enfonçaient. Et toujours de plus en plus, le poids des corps s’accentuait. Il y en avait bien trois mètres de hauteur. Je croyais me retrouver dans ce wagon qui nous conduisait à Buchenwald. J’évitais de crier pour faire l’économie de mon souffle. Je pouvais voir de lourdes grilles apparaître sur la rambarde et basculer sur nous. Une pièce de fonte atterrit sur le visage de l’homme dont le corps couvrait le mien. Sa tête est retombée. J’ai entendu "han ! " et du sang coula sur moi. Un couple près de moi, les yeux révulsés, semblait anéanti. Au départ des policiers, j’ai pu me redresser. Un ami m’a entraîné dans un immeuble. Par la fenêtre, nous les avons vus revenir au métro, lancer des grenades lacrymogènes. Avec les policiers en tenue, des civils donnaient des ordres et des coups de sifflet."

Compagnies de district

Qui a donné ces ordres, quels étaient les exécutants ? La formation qui, pendant 10 à 15 minutes, s’est livrée au massacre du métro Charonne comprenait une trentaine d’hommes. Le détachement policier engagé au carrefour Voltaire-Charonne n’appartenait ni aux C.R.S. - reconnaissables à leurs leggins et à leurs casques de tankistes, et dont deux compagnies sont restées, ce soir-là en réserve - ni aux pelotons de gendarmerie mobile, implantés ailleurs ; mais aux compagnies de district, issues des compagnies d’intervention créées en 1953 par le préfet Baylot.

Ces compagnies assurent les services extérieurs et toutes les réserves, sans être affectées à un secteur déterminé, ce qui leur garantit une sorte d’anonymat. En période calme, elles peuvent être réinjectées comme force d’appoint pour la voie publique dans les arrondissements. En cas de manifestations, elles interviennent en priorité en un point quelconque du district, et le "bidule" (manche de pioche de 1 m 20) est devenu, depuis M. Baylot, leur outil ordinaire de travail.

Le département de la Seine est divisé en six districts de police qui relèvent directement de l’autorité de six contrôleurs généraux. ll y a deux compagnies par district. Une compagnie représente l’effectif de quatre cars T 15 et de deux cars-radio. Elle comprend en principe quatre sections de 18 gardiens, 6 brigadiers et 1 officier de paix chacune, groupées deux par deux par demi-compagnie sous le commandement d’un officier de paix principal.

Elle est commandée par un commandant et mise à la disposition du commissaire de voie publique qui en demande l’intervention. La constitution des compagnies varie selon qu’elles sont en formation de marche, en formation statique, ou en formation de soutien, en fonction du caractère du service demandé. Pour une manifestation comme celle du 8 février, elles opéraient en trois sections "triangulaires".

e recrutement de ces formations spéciales fait qu’elles sont composées de 80% de jeunes, dont la plupart ont maintenant fait leur service en Algérie. A l’issue d’un stage de 5 à 6 mois à l’Ecole de Police de Beaujon, les recrues de la Préfecture trouvent toujours des services vacants dans les districts que les gardiens qui ont 8 à 10 ans d’administration désertent volontiers pour être affectés dans les services d’arrondissement. Le comportement des compagnies de district dépend du climat psychologique et politique créé par l’encadrement, soit en permanence à l’état latent, soit à l’occasion d’une action dans laquelle elles sont engagées.

Le quartier Charonne relevant du 3° district (qui couvre les 11°, 19° et 20° arrondissements, ainsi que les communes de Pantin, Noisy-le-Sec et Les Lilas), ce sont les deux compagnies cantonnées au poste de police de la Porte de la Villette qui ont dû être engagées dans ce secteur. Le secteur opérationnel Nation-Léon-Blum se trouvait placé sous les ordres du contrôleur général M. Gaveau, et le service d’ordre, commandé par le commandant Defrance, sous ceux du commissaire principal Dauvergne.

La formation qui a pris part au massacra du métro Charonne correspondait à l’effectif d’une demi-compagnie ou d’une section en formation de marche. Le magistrat instructeur n’aura aucune difficulté à identifier celui ou ceux des 6 officiers de paix et des deux officiers de paix principaux de la compagnie engagée, qui ont interprété - comme un appel au meurtre - la consigne transmise par le "patron" : "Maintenant vous pouvez y aller, il ne reste plus que les cocos et le P.S.U."

Nous connaissons le nom d’un des principaux exécutants du massacre. C’est le même qui, le 17 octobre 1961, a tué de ses mains un Algérien dans un commissariat de Paris. Il milite au sein de l’ancien syndicat du commissaire Dides. Puisqu’une enquête est ouverte, nous en attendons les résultats avec confiance. Le nom que les enquêteurs de L’Express ont réussi à apprendre en moins d’une semaine, nul doute que les enquêteurs officiels le sachent déjà - sinon nous le tenons à leur disposition.

La parole est maintenant à la justice. Frapper impitoyablement les assassins du métro Charonne est le seul moyen d’assainir le corps des policiers qui est républicain dans son immense majorité, le seul moyen aussi d’éviter le retour de semblables horreurs.

Ce récit est terrible..

je crois que l’Histoire a tranché : la tuerie de Charonne ne pouvait que précipiter les discussions d’Evian et aboutir au cessez le feu du 19 mars
Ce fut aussi, selon moi, en raison des causes de la manif-attentat antiMaraux défigurant Delphine Renard,- de la manif de masse du 8 et de cette horreur- et ensuite du caractère impresionnnt des obsèques ile 13..(l’huma parla d’un million de personnes) , que l’OAS ,n’a pas pu réussir son rêve fou.

Cela .aurait nécessité des soutiens que la sauvagerie de Charonne ne permettait plus d’obtenir dans tels et tels milieux antigaullistes....et "AlgérieFrançaise"

Nos Camarades sont morts pour NOUS..et c’est en cela qu’ils sont à jamais vivants dans nos mémoires révolutionnaires

On reverra 1m30 des obsèques sur les archives de l’I.N.A.

http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/AFE85009405/les-obseques-des-victimes-de-la-manifestation-du-8-fevrier.fr.html